- Il dort ?
- Oui, il était très fatigué ; et après avoir pris un calmant, il n’a pas pu tenir éveillé bien longtemps.
Jasmine, la fille qui, jadis, souriait à la vie, était rentrée du marché une heure après l’arrivée de Graham. Elle se dirigea dans une chambre d’amis, où le trentenaire faisait sa sieste.
« Pourrais-je le supporter ? », s’intima-t-elle devant le corps en repos de l’homme qu’elle aime.
Voyant Graham, allongé devant elle, si innocent et imperturbable, la jeune femme ne pouvait s’empêcher d’imaginer le jour où elle ferait face à la même situation et où Graham ne pourrait plus ouvrir les yeux. À cette idée, elle retint un sanglot et hésita à passer sa main dans les cheveux de son amoureux avant de finalement la poser sur son ventre.
- Comment vas-tu ? avança Graham, sortant de son sommeil.
- Pa… pardon, se laissa surprendre Jasmine, avant de rencontrer le regard faible et inquiet du trentenaire.
- Je… Je vais bien. Et toi ? répondit-elle, le regard fuyant.
- Ça va. Mais, si je te demande comment tu vas, c’est parce que ta mère a dit que… s’interrompit Graham, constatant que Jasmine l’évitait du regard et que ses yeux avaient tendance à se retrouver vers la même direction.
- Quand comptais-tu m’en parler, Jasmine ?
- Graham, je… je ne comprends pas de quoi tu…
- Je sais que je n’ai pas été correct envers toi en te cachant mon état de santé et je ne cesserai sans doute jamais de m’en vouloir pour cela, mais j’ai besoin que tu me le dises, s’il te plaît. Je veux te l’entendre dire, mon amour.
- Graham, je t’assure que…
- Depuis combien de temps ?
- Euh... hum ! Ça… ça fait deux mois. La dernière fois, au parc, je venais de l’apprendre. Je porte ton enfant, Graham Barnes.