CHAPITRE 7 ET FIN: Un pluvieux mardi.

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      Le refus de la captive fut rapidement contré par son ravisseur qui tenta plusieurs fois de la nourrir de force, aidé de sa femme, à l’aide d’un gros entonnoir. Iris ne pouvait plus lutter et plutôt que de souffrir plus qu’elle ne le faisait déjà, elle céda une fois de plus et laissa le temps à nouveau s’écouler sous ses yeux.

      Du côté de la mielleuse Rosie la vie avait été confortable jusqu’à l’annonce de l’arrivée du bébé qu’Hedga avait surnommé « Prince de Noël ». La petite fille voyait cela d’un mauvais œil et angoissait terriblement à l’idée de devoir partager son statut avec ce nouvel enfant qu’elle considérait comme celui qui lui volerait sa place. Chaque dimanche depuis qu’ils avaient appris la nouvelle la famille revêtait sa plus belle tenue pour venir remercier Iris ; leur « vaisseau sacré », ainsi que leur dieu dont elle n’avait jamais entendu parler et qui leur avait permis de retrouver leur Olivia mais aussi d’accueillir leur futur fils. Ils offraient à Iris de petits sablés en forme de flocon, faits par Hedga et Rosie, et dont l’immonde goût de la mort était couvert par une généreuse dose de cannelle ou encore de chocolat.

      La sordide scène se répéta chaque dimanche jusqu’au milieu du septième mois de grossesse de la jeune femme où cette dernière connu la délivrance tant attendue. Par un pluvieux mardi matin, tandis qu’Hedga dormait et que son mari était sorti, Rosie se glissa dans la cave. Bien qu’elle n’eût le droit d’y descendre seule et qu’elle n’avait d’ailleurs jamais ressenti la moindre envie avant ce jour, la fillette brava l’interdiction au risque d’être punie à son tour. Elle fit part de ses peurs naissantes à sa mère et lui demanda pardon dans un torrent de larmes et de regrets. Iris ne ressentait aujourd’hui plus qu’un profond dégoût pour Rosie mais étant donné la situation dans laquelle elle se trouvait ; ainsi que dans l’espoir de mettre fin à son calvaire, elle accepta les excuses de sa fille. Cette dernière lui promis qu’elle la délivrerait et lui offrit en gage de paix une poignée de chocolats et quelques friandises qu’elle avait dérobé à l’étage. Elle jugeait que sa mère avait besoin de prendre des forces afin de se préparer à partir. Iris refusa d’abord de les goûter mais face au désarroi de Rosie prête à l’abandonner définitivement à son sort, elle n’eut d’autre choix que de les manger. Elle était sa dernière chance de s’échapper. Lorsqu’elles entendirent le tremblement du traîneau au-dessus de leur tête, Rosie promis à sa mère qu’elle reviendrait et referma la porte de la cave aussi vite et minutieusement qu’elle le pût.

      Dans la journée qui suivit la visite de sa fille, Iris fut prise d’impressionnants tremblements qui la conduisirent à de terribles vertiges et de sanglantes crises de vomissements. Hurlant à l’aide jusqu’à ne plus être capable d’émettre le moindre son, elle finit par lâcher prise. Mais une fois le soir venu, alors que l’homme descendait apporter le repas à Iris, il la trouva sans vie, à même le sol froid de la cave. Il prit aussitôt la décision de lui ouvrir le ventre sur place afin de tenter de sauver l’enfant qu’elle attendait mais pour lui aussi il était trop tard. Il ouvrit la trappe qui reliait le lieu à la grange et monta le petit escalier reliant les deux lieux tandis qu’il trainait le corps froid et déchiré d’Iris qui se vidait de ses entrailles à mesure qu’il avançait en direction de la grange.

      Arrivant au terme de son parcours et une fois la porte de la pièce de découpe ouverte, l’homme souleva ensuite le dégoulinant cadavre pour le déposer sur sa table de métal et le préparer à subir le même sort que celui de Luc. Le devenir d’Iris se scella ici, la condamnant à devenir les futurs repas de la famille pour les semaines à venir. Le Prince de Noël, quant à lui, avait été soigneusement enveloppé dans un linge immaculé avant de rejoindre le sépulcre dressé à son effigie dans le jardin, aux côtés de leur défunte Olivia dont on ne connut jamais la raison de la disparition.

      Ni Hedga ni son mari ne surent de quelle façon Iris et son enfant périrent mais Rosie, elle, en savait long sur le sujet puisqu’elle en était la cause. Quand du haut de ses sept ans elle avait senti que les choses ne tourneraient plus en sa faveur une fois l’enfant venu au monde, elle avait imaginé et mis à l’œuvre un plan des plus diaboliques et digne de sa vieille âme. Alors que deux jours avant l’incident Hedga faisait fondre du chocolat pour les sablés réservés à leur « vaisseau sacré », la petite Rosie lui en avait volé. Elle qui grâce à son père avait beaucoup appris sur les dangers de certains mets sauvages depuis son plus jeune âge, avait secrètement trempé quelques douces baies de belladone du jardin dans quelques restes du chocolat fondu. Elle les avait arrangés de la plus minutieuse des façons, à la manière d’un simple jeu d’enfant, afin de tromper sa mère. Ainsi Rosie avait mortellement empoisonné Iris afin de rester le seul précieux et unique centre d’attention du foyer. Elle occupait maintenant la place la plus importante ; celle qui, indéniablement, assurerait l’avenir et la survie de la magie de la plus précieuse des fêtes de l’année. Puisqu’un jour, à son tour, elle deviendrait la Mère Noël.

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Dzêtagon
Posté le 31/01/2023
Bonjour :)

Première fois que je me frotte à un récit d’horreur depuis très longtemps. Déjà, très jolie couverture, j’aime beaucoup le style macabre du renne au nez rouge. Ça donne à la fois un effet clownesque et sanglant, qui donne le ton pour la suite de l’histoire !

Je souligne une richesse de vocabulaire qui fait plaisir à lire. Les mots sont variés, adaptés, ça permet de donner une atmosphère à ton récit et c’est quelque chose qui permet d’aller dans des tas d’ambiances différentes.

En lisant, j’ai eu l’espoir que ça finisse bien malgré tout… mais non ^^’’. Ça rend la chose d’autant plus dramatique. J’ai vraiment espéré tout du long, mais tu as été impitoyable ahah.
L’ambiance et les horreurs du récit m’ont beaucoup fait penser à l’un des derniers jeux Resident Evil. Une famille désaxée, des animaux familiers démoniaques, des mutilations, des fuites, des cachots… On est vraiment dans le domaine de l’horreur visqueuse et moite.

J’ai adoré l’histoire du pâté pour rennes. Pour Noël, on les représente d’ordinaire mignons et pelucheux… mais en vrai, un renne… ça reste une bête sauvage. Le doter de crocs et d’un goût prononcé pour la chair fraîche, j’aime beaucoup l’idée.

Je me permets quelques petits conseils qui, à mon sens, permettraient peut-être de mettre encore plus en valeur le côté horreur de ton récit :)

Comme dit dans un autre commentaire, certaines phrases me semblent un peu longues. Quand je suis arrivée à la fin, j’avais presque oublié ce qu’il se passait en début de phrase. Tu gagnerais certainement en rythme en coupant quelques phrases trop longues. Quand j’ai un doute, il m’arrive de me relire à voix haute pour savoir si je peux tout lire d’une traite ou si c’est trop long ^^ (si je m’étouffe, c’est que je dois revoir ma copie ;) ).

Dans le même ordre d’idée, peut-être serait-il intéressant de rajouter quelques phases de dialogue pour aérer la lecture. Tu racontes ce que dit Iris, ses échanges avec les différents protagonistes, mais pourquoi pas la faire parler directement ? Ça pourrait aussi être une possibilité pour créer de l’attachement entre ton personnage et le lecteur. J’ai ressenti plus d’horreur en lisant les paroles de Rosie, ou plus de compassion et d’attachement envers Zack, comparé à Iris.
Cela dit, pour le coup, c’est une préférence personnelle ^^. J’aime bien quand les dialogues et les descriptions se succèdent, mais d’autres adorent les descriptions longues ou, à l’inverse, font la part belle au dialogue. C’est un partie pris à prendre ;)

Un dernier point qui m’a un peu gênée, c’est l’expression des sentiments d’Iris. Je pense que tu peux te lâcher concernant ses émotions, vu ce qu’elle subit. C’est un récit d’horreur, c’est l’occasion de sonder les tréfonds de l’esprit humain et de s’y donner à cœur joie en descriptions ^^. D’autant plus que tu déroules efficacement la gradation dans l’horreur. D’abord on a l’angoisse, quand Luc disparaît. L’incompréhension quand elle retrouve ses enfants qui se sont joints à ce père Noël monstrueux. La peur, le doute, le désespoir, la résignation. Ce sont des sentiments très forts, qui sont propices à une profusion de pensées et de ressentis, aussi bien physiques que mentaux.
J’ai constaté sa peur et ses angoisses, sans toutefois entrer complètement dedans. Elle découvre les restes de son mari. Réalise ensuite qu’ils l’ont mangé. Il y a la « trahison » de sa fille, certes étrange, mais qui reste sa fille. Le terrible destin de son pauvre garçon, mutilé puis dévoré ! Il y a de quoi devenir fou de rage, voire de quoi perdre la raison. A côté de ça, la résignation dont elle fait preuve à la fin du récit m’a parut naturelle. Son mental a été brisé par ce qu’elle a vécu et elle laisse tout tomber.
J’ai trouvé très intéressants certains moments de dualité dans la façon d’agir ou de penser d’Iris. Notamment quand elle fuit en pensant que rester n’aiderait pas ses enfants, qu’elle pourrait être plus efficace à aller chercher de l’aide. Ou quand elle commence à éprouver de la répulsion pour sa propre fille. Ce sont des éléments psychologiques qui m’ont rapprochés d’Iris, qui la rendent très humaine, avec ses failles.

Pour conclure, j’ai bien aimé cette lecture :).
Il y a un bon potentiel horrifique, d’autant plus que tu as la plume pour enrichir la psychologie de ton personnage principal. N’hésite pas à la secouer (est-ce qu’elle tremble ? S’étouffe ? Son rythme cardiaque, comment est-il ? A-t-elle des envies de meurtres ? Transpire-t-elle ?). Le langage du corps est un bon moyen d’appuyer les ressentis des personnages :)
Bonne continuation pour tes futurs projets ^^/
VioletteMarion
Posté le 28/02/2023
Bonjour,

1000 mercis, ce commentaire est extraordinaire ! Je compte reprendre cette histoire en prenant en compte ce genre de commentaires constructifs, c’est à la fois très motivant et à la fois ça va beaucoup m’aider à améliorer mon histoire.

Encore merci d’avoir pris le temps de me lire et de me faire ce super retour, vraiment,

À bientôt ! :)
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