Chapitre 8 - Samedi 20 Mars 2137
PDV LUCAS
J'ai les yeux fatigués et les muscles engourdi à cause du mauvais confort de la banquette où je me suis endormi, j'ouvre finalement les yeux, et me relève pour être droit, dans le camion tout le monde est réveillé, la grille est ouverte, le conducteur parle.
– Je fais partie de la résistance, je vous emmène en sécurité, la base de notre groupe est à côté d'une ancienne ville, la 1010, elle s'appelait Westminster avant, explique l'homme, Rick je crois.
– Je croyais qu'elle avait été détruite avant les Années Noires, intervient une fille.
– Pas exactement, bon je vais devoir faire une pause, je dois remettre de l'essence, on roule depuis très longtemps.
C'est ainsi que quelques minutes plus tard, le camion se gare sur le bas-côté de la route, devant un vieux bâtiment, noir avec devant des anciennes pompes à essence, vide j'imagine, nous descendons, et je décide d'aller jette un coup d'œil à l'intérieur, quant à l'homme il sort un bidon.
A l'intérieur, des étagères en fer avec quelques conserves et plein d'autres choses, je parcours les rayons et tombe sur Liliane.
Je m’avance prudemment et la regarde, Liliane a toujours été dans le tableau de ma vie, alors je me lance.
– Tu ne regrettes pas d'avoir tout abandonné, demandé-je.
– Non, le foyer c'était bien, mais je ne sais pas, je me sentais pas à ma place, mais en même temps j'étais obligée d'y être, explique-t-elle plongée dans ses souvenirs. Et toi, tu regrettes ? D'être parti loin de ton père et des souvenirs de ta mère ?
– J'ai appris à mes dépens de ne pas voir de père à proprement parler, et pour ma mère, les souvenirs je les transporte avec moi et même s'il y a une tombe avec son nom, il n’y a rien en dessous, euh je suis désolé si ça te blesse, dis-je me rendant compte de mes paroles et leur impact.
– T'inquiète pas, tu as eu quelque chose puis, on te l'a arrachée, ça fait mal, me rassure-t-elle.
– Merci, dis-je, ma mère me manque parce que je n'étais pas prêt à la voir partir, alors que papa, je ne sais pas, ça s’est fait progressivement.
– J'ai compris l'idée, dit-elle avec un sourire léger.
Nous sommes interrompus par la voix de Rick qui crie :
– COURREZ !! Tous au van ! Continue-t-il aussi fort.
Liliane m'attrape la main et court vers la sortie entre les rayons, nous voulons passer par celle de derrière, mais je reste bloqué sur la vitre.
A l'extérieur, ce trouve un homme ou une femme, les cheveux sales, crépus, des cernes, le teint noir, à peine de vêtement sur le dos, la créature frappe contre la porte et fini par sauter au travers.
Liliane m'attrape l'épaule, je me retourne et nous nous enfermons dans les toilettes, elle verrouille la porte et place un vieux balai dans la poignée. Je respire vite, mon cœur bat encore plus, qu'est-ce que c'était ? Nous nous cachons dans une cabine et nous essayons d’être silencieux. J'essaye de respirer normalement mais je suis paniqué, je ferme les yeux, en essayant de me calmer. Inspire, expire Lucas, je tiens fort la main de Liliane puis, d'un coup je pense à Eeva ! Où est-elle ?
XXX - PDV EEVA
– COURREZ !! Tous au van ! Crie Rick.
Je me retourne vers la forêt et voit quelques hommes et femmes courir vers nous, ou essayer de courir, leurs bras se balancent devant eux, plus ils se rapprochent, plus je les distingue, et plus ils ne sont pas humain.e.s.
Rick commence à tirer sur eux avec son arme de la milice. Je me reprends et cours au camion, plusieurs enfants sont dedans, tous paniqué.e.s mais je ne vois ni Lucas, ni Liliane, j'attrape le sac et cours dans l'autre sens.
Je rentre dans l'ancienne station précipitamment, je crie leurs prénoms, et parcours les rayons. Je m'arrête net de crier et de courir, devant moi une des choses, il ou elle frappe une porte, je recule rapidement, mais me cogne contre un des meubles. Il se retourne vers moi. Il se désintéresse de la porte d'un coup et part vers moi en lançant des cris même pas humains, je cours dans l'autre sens, je le sème dans les rayons, et passe de l'autre côté d'une étagère, et la pousse d'un coup, il y a un grand boum puis, silence.
Je fais le tour, et trouve la chose bien morte écrasée sous l'étagère.
– Liliane ! Lucas ! Vous êtes là ! Crié-je.
– Eeva, c'est toi ? Entends-je d'une faible voix.
– Oui c'est moi, vous êtes dans les toilettes ? Demandé-je.
– Oui !
– J'arrive ! Dis-je. Je donne deux ou trois grands coups de pied dans la porte, et elle finit par céder, je rentre dans la pièce, et voit Liliane et Lucas sortir d'une cabine.
Je me précipite pour les prendre dans mes bras, j'ai eu peur, chuchoté-je.
– On va bien, ne t'inquiète pas, dit Lili'.
Je prends une dernière fois Lucas dans mes bras, et nous sortons de la pièce, nous nous arrêtons devant l'étagère couchée et la créature écrabouillée.
– C'était quoi ? Demande Lucas.
– Je ne sais pas, mais ça ressemble à des Hommes mais...
– Décomposé, fini Lili.
– Ouais, bon venez, dis-je, nous avons un plus gros problème.
Nous sortons hors de la station, et il n'y a rien, juste deux bidons, un vide et l'autre à moitié plein se vidant sur le sol, avec à côté l'arme de la milice vide.
– Le camion est parti... Dit Lucas regardant vers la route.
XXX
Désespéré.e.s, nous sommes assis contre le mur de la station essence, je garde un œil sur la forêt au cas où, je ne sais pas quoi faire, enfin si je sais, mais c'est de la folie.
– On ne va pas rester indéfiniment ici, tenté-je puis, nous ne pouvons pas retourner à la ville, les portes seront fermées et nous pouvons nous faire arrêter par la MCPV, alors il faut bouger d'ici.
– Tu ne proposes pas sérieusement de partir à ce refuge nous-même, dit Liliane.
– Pourquoi pas ! On a sa localisation, on peut peut-être trouver une carte ici, des ressources à manger et de l'eau, et on part, expliqué-je.
J'attends leurs réactions, Lucas a la tête dans ces bras et Liliane alterne entre moi, le bâtiment, et la forêt.
– Tu sais que c'est de la folie, et si on recroise, des trucs en décomposition !
– Vous voulez peut-être attendre ici qu'ils reviennent ?
– Mais...
– Et pourquoi on n'attend pas le retour de Rick, parle enfin Lucas.
– Je ne pense pas qu'il va revenir, surtout, comment tout s’est passé vite, il faudra attendre longtemps, et il a à sa charge une dizaine de jeunes, prend la parole Liliane avant que je le fasse.
Elle se relève.
– Allez viens, dis-je en tendant la main à mon petit frère. Il relève la tête, me regarde et prend ma main.
Nous nous serrons les mains en signe de soutien et nous rentrons dans le magasin.
– On ramène tout ce qui peut être utile et on le met ici, devant l'entrée, dis-je.
Et nous nous séparons dans les rayons.
XX
Une quinzaine de minutes plus tard, nous nous retrouvons tous devant l'entrée, j'ai trouvé dans la caisse plusieurs cartes et un vieux pistolet dans un tiroir fermé, nous avons en plus quelques conserves de nourriture, des petites bouteilles d'eau, un sac de sport et un plaid.
Nous répartissons nos trouvailles dans les deux sacs, et j'observe les cartes. Cartes de tout le pays mais bien trop jaunies pour les lire, j'arrive quand même à distinguer Westminster sur l’une d’entre elles.
– Bon regardez, dis-je, je n'ai pas trouvé de carte avec nos villes mais il y a celle-là mais elle est ancienne, il n’y a pas nos villes dessus, et donc les mises à jour d’aujourd’hui, sûrement des routes en plus ou enlevées, continué-je.
– Ok, donc on fera attention, et on évite de prendre les routes surveillées par la milice, dit Liliane, nous allons où ?
– Ici, dis-je en pointant un point sur le fameux bout de papier.
Nous calculons le meilleur itinéraire, en essayant de faire le moins de chemin et trouver le moins dangereux.
Sacs prêts, itinéraire prêt aussi, nous sommes dehors et nous commençons à avancer en file indienne, Liliane, Lucas puis, moi derrière. Nous longeons la forêt pas très longtemps, nous sortons de l'aire pour la station et nous nous retrouvons sur une grande route. Il n’y a plus qu’à marcher.