Le vaisseau Nyx était redevenu une structure semi-opérationnelle, flottant au-dessus des eaux sombres de la planète océanique. Le calme qui régnait à bord n’était troublé que par les légers bourdonnements des réacteurs secondaires récemment réparés. À présent, l’enjeu était de tester leur capacité à faire bouger le vaisseau, même si ce n’était qu’à la surface. Mickaël, debout devant les consoles centrales, observait les écrans holographiques déployés autour de lui. Les données des capteurs, fraîchement réactivés grâce aux efforts combinés des nanorobots et de ses nouvelles capacités de scan, s’affichaient en temps réel.
“Nous sommes prêts, Mickaël, déclara Ève d’une voix calme. Les réacteurs secondaires ont suffisamment de puissance pour nous déplacer à la surface.
-Je vais les activer doucement. Nous ne savons pas encore comment ils réagiront après tant de temps sans fonctionnement, répondit Mickaël, son regard fixé sur les indicateurs de puissance.”
Les doigts métalliques de Mickaël effleurèrent les commandes du vaisseau. Il sentit presque immédiatement une connexion se former, une fusion entre ses propres systèmes internes et ceux du Nyx. Chaque donnée captée par les capteurs était ressentie comme un flux d’informations intégrées à son esprit, comme une extension de ses perceptions. Cela le surprit au début, mais il s’y adapta rapidement, se concentrant sur l’objectif immédiat : faire bouger le Nyx.
“Activation des réacteurs secondaires… maintenant, murmura-t-il, tout en abaissant doucement le levier virtuel de la console.”
Un grondement sourd traversa le vaisseau alors que les réacteurs secondaires se mirent en marche. D’abord hésitants, ils trouvèrent progressivement leur rythme, une énergie stabilisée circulant à travers les conduits. Mickaël ressentit la légère vibration du sol sous ses pieds, signe que les moteurs étaient désormais pleinement fonctionnels. Le Nyx commença à bouger lentement, comme un géant s’éveillant après un long sommeil.
Après avoir localisé un morceau du réacteur dans la zone submergée, Mickaël descendit du Nyx en utilisant l’exo-armure pour explorer les environs. Ses capteurs étaient en alerte constante, et il restait concentré sur sa mission. Les structures submergées autour de lui étaient anciennes, en ruines, mais certaines parties semblaient encore fonctionnelles. En s’approchant de la source d’énergie détectée, il sentit une tension dans l’air. Alors qu’il avançait, un mouvement rapide attira son attention sur la gauche. Il se tourna, et son regard rencontra celui d’un robot sous forme de chien. Ses yeux rouges lumineux le fixaient avec une intensité malveillante. Mickaël ne bougea pas, mais avant qu’il ne puisse réagir, la créature métallique bondit dans sa direction, suivie de plusieurs autres, formant une meute.
“Qu’est-ce que… ?! s’exclama-t-il, surpris.”
Les robots, en parfaite synchronisation, attaquaient sans relâche. Mickaël esquiva de justesse l’un d’eux, mais un autre se rapprochait dangereusement. Dans un réflexe instinctif, il leva la main, tentant de se protéger. À cet instant, une explosion glaciale jaillit de sa paume, frappant l’un des chiens-robots de plein fouet. Le robot se figea immédiatement, son corps métallique pris dans une gangue de glace. Il s’effondra au sol avec un bruit sourd. Mais au lieu de les dissuader, cet acte ne fit qu’énerver davantage le reste de la meute. Les chiens-robots grognèrent, leurs crocs mécaniques s’entrechoquant avec un bruit métallique, et ils se mirent à courir vers lui à une vitesse effrayante.
“Je ne peux pas les attirer vers le Nyx, réalisa Mickaël, le souffle court. Il devait les éloigner.”
Il tourna les talons et s’enfonça plus profondément dans les ruines, ses pas rapides résonnant sur le sol. Les chiens-robots le poursuivaient sans relâche, et leurs aboîments mécaniques résonnaient dans l’air froid et humide. Cherchant un endroit pour se cacher ou les semer, il aperçut une structure massive, partiellement effondrée. C’était une annexe de la tour qui avait été traversée par le morceau du réacteur.
“Cette zone semble partiellement active. Le réacteur pourrait encore contenir une quantité d’énergie résiduelle, suffisamment pour alimenter certains systèmes secondaires. C’est peut-être pour cela que nous captons ces signaux. Cela signifie que cette partie du réacteur est encore en état de fonctionnement, ou au moins partiellement opérationnelle.”
Mickaël zooma sur la carte pour obtenir plus de détails. La structure qui abritait le morceau du réacteur semblait être une ancienne section du Nyx, une partie perdue lors du crash ou pendant le dérèglement des systèmes. Des relevés d’énergie résiduelle clignotaient sur les écrans, confirmant que quelque chose se passait là-bas.
“Nous devons explorer cette zone. Si nous pouvons récupérer ce morceau de réacteur, cela pourrait nous aider à restaurer le réacteur principal du vaisseau, dit Mickaël avec détermination.
-D’accord, mais sois prudent, Mickaël. Ce n’est pas seulement un débris. Cette zone active pourrait contenir des dangers que nous ne pouvons pas prévoir, répondit Ève, sa voix empreinte d’une légère inquiétude.
-J’en suis conscient. Mais c’est peut-être notre meilleure chance de redonner au Nyx toute sa puissance, répliqua Mickaël.”
Il activa les commandes pour rediriger le Nyx vers la zone identifiée par les scanners. Tandis qu’il se rapprochait de l’objectif, les relevés des capteurs devenaient de plus en plus clairs, confirmant la présence d’une source d’énergie encore active.
“Prépare-toi à une mission de récupération, Mickaël. Nous devons savoir exactement ce qui se trouve là-bas, conclut Ève.”
Il se jeta à nouveau dans l'eau à bord de son scaphandre et s’approcha du signal mais à peine s’avança-t-il dans cette cité submergée qu’un courant étrange se glissa entre les murs des bâtiments figé dans les profondeurs. Le silence fut brisé par un éclat d’émeraude, deux yeux luisants comme des lanternes dans la nuit, émergeant d’un recoin d’obscurité. Un souffle métallique précéda un grondement sinistre.
Un premier spectre d’acier apparut, un chien mécanique aux crocs de fer. Il n’était pas seul. Dans une danse d’ombres, d’autres surgirent, cernant Mickaël de leur regard écarlate, avides de l’arracher à son destin.
“Qu’est-ce que… ?”
s’étonna-t-il, mais déjà, la meute fondait sur lui.
D’un geste instinctif, il leva la main. Un éclat glacial jaillit de ses doigts, frappant l’un des assaillants et le figant dans une mort figée. Mais loin de les détourner, cela ne fit qu’attiser leur rage. Ils grognèrent en chœur, leurs pattes métalliques résonnant en une symphonie menaçante. Mickaël comprit que fuir était sa seule issue.
Il se propulsa sans se retourner son instinct en alerte. Derrière lui, les chiens de fer le poursuivaient, prêts à lui arracher son destin. Il plongea dans un passage béant, se frayant un chemin entre les débris du temps. Une structure se dressait devant lui, l’ombre d’un sanctuaire oublié. Il força l’entrée, un soupir d’effort s’échappant de ses lèvres. Là, dans la pénombre d’une annexe aux allures de laboratoire déchu, il trouva refuge. Le silence, fragile et suspendu, s’installa de nouveau mais un éclat attira son regard. Dans un compartiment entrouvert, un halo bleuâtre pulsait doucement, comme une étoile en sommeil. Curieux, Mickaël s’approcha et découvrit un être de métal, un chat mécanique au corps raffiné, semblable à une sculpture oubliée. Ses yeux, encore éteints, semblaient attendre un murmure du destin.
“Qu’est-ce que c’est que ça ?”
chuchota-t-il. Il effleura la surface froide du petit robot, et aussitôt, la lumière s’intensifia. Un clignotement… puis un éveil. Deux yeux lumineux s’ouvrirent, et un miaulement robotique joyeux résonna dans la pièce. L’être d’acier s’étira avec grâce avant de fixer Mickaël d’un regard brillant d’intelligence. Il s’approcha, observa son sauveur, puis, dans un mouvement aussi noble qu’inattendu, vint frotter sa tête contre lui. Mickaël sourit. Un compagnon inattendu venait de naître dans cette nuit de dangers.
“Je suppose que tu veux rester avec moi, hein ? murmura-t-il. Le petit robot inclina la tête, émettant un nouveau miaulement amusé. Alors, je vais t’appeler… Thémis.”
Un nom inspiré d’un lointain souvenir, celui d’une déesse d’équilibre et de justice. Ainsi naquit leur lien, dans les ombres d’un monde noyé, parmi les vestiges d’une civilisation disparue, une alliance se formait, fragile et lumineuse. Les ténèbres n’avaient qu’à bien se tenir. Et alors que la meute de chiens d’acier rodait encore au loin, Mickaël et Thémis, désormais liés par le destin, se préparèrent à poursuivre leur quête…