Chapitre 8 - “Telle mère, tel fils”

Notes de l’auteur : Les guillemets autour du titre des chapitres sont là pour souligner que tout est sous-entendu et qu'aucune vérité n'est établie dans ce récit.

« Le prêtre doit mourir. Le meilleur moyen de foutre la pagaille et de commencer une série de meurtres est de s’attaquer aux officiers de Dieu. Les hommes comprendront donc que, même lui, il est incapable de protéger ses missionnaires. C’est le meilleur moyen de semer la terreur dans le cœur des populations. Donc, ce soir, je tuerai le prêtre de la paroisse », conclut Garnacho, un bistouri entre les mains.

 

Chapitre 2, Paragraphe 10, Page 5

 

Guadeloupe, Îles Caraïbes 

24 Juillet 2023, 10h30

 

« Chers frères en notre Seigneur, aujourd’hui, notre communauté est en deuil. Nous avons perdu une sœur. Margarita Sanchez, de son nom de jeune fille, veuve de Rodolfo Gutierrez, nous a quittés hier. Elle n’est peut-être plus là avec nous physiquement, mais elle reste dans nos cœurs pour toujours... » avança le prêtre.

Une veuve était bel et bien morte. C’était le deuxième meurtre qui avait eu lieu à Pointe-à-Pitre en l’espace de 18 heures seulement. Le quartier n’était pas particulièrement réputé pour sa criminalité ; donc, ces deux décès avaient de quoi affoler la tranquillité des résidents.

 

« Je sais que beaucoup d’entre vous sont troublés par cette situation. Avant-hier, nous avons perdu le prêtre principal de notre paroisse ; et ce deuil est encore tout récent, que nous perdons une chrétienne. Cependant, le Seigneur me charge de vous dire de ne pas avoir de craintes. Tout fait partie de son plan. Dieu a donné, Dieu a repris. Mes frères, concentrons-nous dans la prière et laissons notre Seigneur combattre pour nous », conclut le prêtre sur ces dernières paroles, clôturant la messe de requiem de Margarita Gutierrez.

 

...

 

Guillermo était avec Montserrat. Elle avait été mise à la porte de la maison des Ortega par Sofia et il l’avait suivie. Les deux s’étaient installés dans une chambre d’hôtel, et Guillermo comptait bien profiter de ce moment pour renouer avec l’amour de sa vie.

- Je ne comprends toujours pas pourquoi tu es si gentil avec moi, Guillermo. 

- Au contraire, je pense que tu le sais très bien, Montserrat. Tu sais parfaitement que je t’ai toujours aimée. 

- Hier, lorsque tu es passé me déposer et que tu es retourné à la maison, j’ai cru que tu m’abandonnerais ici. 

- Jamais, je ne t’abandonnerai. Plus jamais. 

- Tu es conscient que je suis la femme de ton frère ? 

- Tu es la veuve de mon jumeau ; et j’ai été celui qui t’a aimée le premier. Ou alors, devrais-je te rappeler qui est l’homme qui t’a faite femme ? 

- Je sais, mais je m’en veux pour ce qui s’est passé entre vous. J’ai l’impression d’avoir été celle qui vous a séparés. 

- Tu n’as pas à t’en vouloir pour ça. Si j’ai quitté la Guadeloupe il y a huit ans, c’est parce que j’avais mes propres raisons. 

- D’accord. 

- Je t’aime vraiment, Montserrat. 

- Merci de toujours prendre soin de moi, malgré tout ce qui s’est passé. Je t’en serai toujours reconnaissante, Guillermo.

 

...

 

De retour à la maison, Guillermo tomba sur des agents de police qui sortaient du domicile familial. À la porte, il retrouva Oncle Oscar et sa mère, laquelle ne le laissa pas indemne.

 

- Tu ne peux pas faire ça. 

- Bonsoir aussi, mère. 

- Lorsque toi et moi avons parlé à ton retour, je pensais qu’on avait enfin réussi à se mettre d’accord sur ce sujet. C’est la femme de ton frère.

Gêné sur le moment, Oncle Oscar se retira pour laisser Guillermo et sa mère parler en toute intimité.

 

- Je ne te ferai plus de faveur cette fois-ci. Tu m’as contraint à accepter leur union avant même que Montserrat n’épouse Rodrigo. Aujourd’hui, il est mort. 

- Mais ça reste sa femme. Tu peux en trouver une autre. Tu es un bel homme, tu n’en es pas incapable. 

- C’est elle que j’aime et tu le sais. Vas-tu encore tenter de mettre fin à mon amour pour elle, comme tu l’as fait quand tu l’as poussée à avorter mon enfant ? 

- Je pensais qu’on avait déjà enterré cette histoire. 

- J’en connais un autre qui est sous terre, également. 

- Guillermo, ne sois pas si cruel. Cette femme appartient à ton frère. Même mort, il reste son mari. Si elle souhaite refaire sa vie, elle pourrait le faire avec l’homme de son choix. Mais, toi, tu es le frère jumeau de son mari et tu sais que ce genre de liaison est interdit chez les Ortega. 

- Telle mère, tel fils. 

- Guillermo, je ne te permets pas de me... 

- Je trouve vraiment hypocrite, venant de toi, de me faire la leçon sur le sujet, sachant que tu as fait exactement la même chose.

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