La première semaine de cours s’acheva dans un mélange d’épuisement et de soulagement, surtout pour les élèves de seconde. Ils avaient enchaîné des journées longues, chargées, et un peu déroutantes. Certaines matières, comme les mathématiques, frôlaient un niveau bien au-delà de ce que l’on attendait normalement à leur âge. D’après Jordan, c’était à se demander si le programme n’était pas celui d’une préparation à un concours d’élite. Officiellement, ces exigences visaient à leur faire mieux comprendre les subtilités de l’alchimie. Officieusement, on aurait cru que l’académie cherchait à les écrémer dès la première semaine.
Le vendredi soir, le dernier cours de la journée — et de la semaine — fut celui de Madame Lisse. Pour beaucoup d’élèves, ce fut un véritable moment de détente. Madame Lisse savait comment partager son humeur joviale à son auditoire. Sauf pour Adaline pour qui le cours fut une torture. Entendre les gloussement incessant de Madame Lisse l’agaçait au plus point. Elle avait passé la semaine entière à répéter à Jordan que pour elle, ils devraient prêter attention à leur professeur au sujet de la disparition de l’œuf d’or. Jordan trouvait cette théorie toujours autant tirée par les cheveux et Isabella— lorsque Adaline lui raconta l’histoire — répondit simplement : « possible… possible » sans vraiment prêter attention à ses paroles ; « de toute manière l’ordre des gardien s’en charge. Il le retrouveront vite » avait-elle ajouté.
Durant le cours, il semblait évident que Madame Lisse tentait à tout prix de de faire apparaitre le même sourire qu’elle sur le visage fermer d’Adaline. Souriante, chaleureuse, elle la sollicitait à la moindre occasion, surtout lorsqu’il s’agissait de pratiquer des enchantements qu’on pouvait qualifier « d’élégant » ou de « mignon ».
À force d’être sollicité pour ces « chose », la patience de la jeune vampire céda. Lorsque Madame Lisse lui demanda de matérialiser des papillons de lumière, Adaline, d’un geste sec, son regard noir comme l’orage, invoqua à la place… un immense dragon de lumière. La créature, brillante et éthérée, se déploya avec majesté dans toute la salle, projetant des éclats dorés sur les murs et le plafond et crachant des étincelles de lumière sur madame Lisse.
— Je vous avais demandé des papillons, mademoiselle Scrim, déclara Madame Lisse avec un sourire rayonnant. Mais un dragon… ça vole, alors pourquoi pas, c’était formidable. Dit madame Lisse en faisait disparaitre le dragon d’un geste.
Le calme de la professeure n’avait fait qu’ajouter à la frustration d’Adaline, qui espérait la provoquer ou au moins la faire sortir de ses gonds
—cette femme est un monstre, dit Adaline sur le chemin du dortoir
—Je pense que tu as décidé de la détester.
—Non, pas dut tout. Ce que tu dois comprendre Jordan, c’est que j’ai grandit dans un environnement politique. J’ai l’habitude de voir des gens qui jouent un rôle et elle, c’est sans aucun doute la meilleur comédienne que je n’ai jamais vu. Je trouve ça même terrifiant.
Le lendemain matin, les portes de l’école s’ouvrirent enfin pour permettre aux élèves de descendre dans la ville basse. Le samedi, les élèves étaient libres de quitter l’enceinte, à condition de revenir à la tombée du jour. Jordan et Adaline s’étaient donné rendez-vous tôt devant les grilles. Quand ils arrivèrent, un troisième élève les rejoignit à pas rapides. C’était Nathan.
— Bonjour, tous les deux, dit-il d’une voix timide.
— Bonjour, répondit Jordan, surpris mais cordial.
Adaline, elle, ne dit rien. Elle le fixa longuement, le détaillant de la tête aux pieds comme si elle cherchait une raison suffisante pour le répondre.
Nathan baissa les yeux vers ses chaussures.
— Adaline, je suis désolé… J’ai beaucoup de pression sur moi... Je me met trop de pression. Et j’ai réagi n’importe comment. J’ai été injuste, et je t’ai blessée. Je ne voulais pas... Je suis désolé.
Elle le fixa encore un moment sans rien dire et Jordan lui jeta un regard en coin.
— Pourquoi tu te mets autant de pression ? C’est la première semaine de cours, demanda-t-elle, d’un ton moins tranchant mais encore méfiant.
— Adaline… souffla Jordan, comme une tentative d’apaisement.
Elle leva les yeux au ciel, soupira.
— D’accord. J’accepte tes excuses. Je ne suis pas rancunière.
Nathan releva la tête, surpris.
— Heu… merci.
Il n’était pas sûr d’avoir gagné sa clémence, mais au moins, il n’était plus un ennemi