Chapitre II (dernière partie)

Les gémissements étouffés de Larry se firent plus rauques, mais ses plaintes, comme de lamentables supplications, ne trouvaient nul écho. Oui, sa mère préférait le savoir mort que banni. C’était là, la terrible vérité de la zone grise, celle qui sommeillait en Jasper, sa mère et tout un bataillon d'ouvriers. 

Tandis qu’il suffoquait, il pensa à cette fille, Nina, sale, seule et pourtant plus courageuse que tous ici réunis. Une dernière fois, il se mit à espérer la revoir et se promit de tous savoir de ses rêves.

On frappa tout à coup à la porte. Alexandra sembla se réveiller d’un long et tortueux sommeil. Elle relâcha son fils, gardant les mains levées, désorientée face à Larry dont la toux et la respiration saccadée le firent tomber au sol. Elle avait l’air complètement à bout de nerfs, sur le point de craquer et lorsqu’elle observa son fils, elle put lire l’horreur dans ses yeux noirs.

Les coups retentirent de nouveau à la porte.

- Alex ! ouvre, vite !

Larry reconnût la voix de Mitch, un autre big de l’atelier de son père. Alexandra resta quelques secondes, interdite, comme si elle venait d’être prise en flagrant délit, puis bondit en direction de la porte.

Elle poussa un cri de stupeur tandis que Mitch et le vieux Goose transportèrent son époux, quasi-inconscient, dans la pièce.

Larry n’en croyait pas ses yeux. Il croisa le regard implorant de sa mère, mais n’osa pas bouger et se tint recroquevillé contre le mur de la fenêtre.

Ils le déposèrent sur son lit, à bout de souffle.

- Rich ! Rich tu m’entends ? s’écriait Alexandra en lui donnant quelques claques sur les joues, qu’est-ce qu’il a bon sang qu’est-ce qu’ils lui ont fait !

Larry voyait la poitrine de son père se soulever frénétiquement au rythme de râles qui lui râclaient la gorge et les poumons.

- Les boosts, répondit Mitch, ils l’en ont gavé depuis trois jours.

- Rien à manger, seulement cette salop’rie d’café ! s’indigna le vieux Goose, l’gamin a enchainé les rondes !

- En guise de compensation, tu comprends, ajouta Mitch.

- Alors… ça veut dire qu’il est toujours… demanda Alexandra implorant du regard Mitch de lui annoncer une bonne nouvelle.

- Ouais. Je n’sais pas par quel miracle mais il s’trouve que le Comité a décidé de ne pas nous sanctionner, dit Mitch.

- Mais on n’a pas eu à s’plaindre nous autres, lança Goose, Rich s’est dénoncé. On a eu droit à nos rations et à quelques heures de som’, mais lui… pauvre gars.

Alexandra observa tour à tour son fils, toujours tétanisé dans un coin et Richard, complètement amorphe.  

- Je suppose qu’il est attendu demain matin ? demanda-t-elle, soucieuse.

- A la première heure, tu te doutes qu’une nuit et un jour de plus auraient pu l’tuer et un ouvrier de moins, faut pouvoir l’justifier !

Elle soupira.

- Larry, apporte de l’eau et ma ration, il en aura plus besoin que moi.

Larry sursauta lorsqu’il entendit son prénom. Il croisa le regard amical de Mitch, puis celui de sa mère, emplit de brouillard.

- Larry dépêches-toi ! s’écria-t-elle.

Alors le garçon se releva d’un bond et s’empara, tremblant, d’une ration et d’un verre d’eau.

Elle se tourna vers son époux qui ouvrit légèrement les yeux.

- Rich… tu m’entends ? manges, il le faut ! 

Mitch et Goose échangèrent un regard furtif.

- Cette merde de boost l’empêche de parler Alex. Avec les doses qu’il a prises tu f’rais mieux d’le laisser dormir.

- S’il ne mange pas il ne se réveillera jamais demain ! s’indigna-t-elle.

Larry apporta un gobelet d’eau qu’elle s’empressa de lui faire boire en lui soulevant la tête sans le moindre tact. Mitch tenta de lui rappeler qu’il venait de subir quatre jours et trois nuits de travail et qu’elle devait se montrer patiente, mais s’abstint devant le regard noir d’Alexandra.

- Je t’interdis de me reprocher quoi que ce soit Mitch ! Pas après ce que j’ai subi pendant tout ce temps ! pas après ce que… ce que j’allais faire…

Les deux big restèrent silencieux. A nouveau, Mitch lança un regard en direction de Larry et ce dernier eu l'impression qu'il lisait en lui comme dans un livre ouvert.

- Alex… ton fils et toi n’y êtes pour rien, tu…

- Ton fils à toi, il a quel âge Mitch ? quinze ans ? c’est un homme, il travaille ! et toi Goose ? tu es si vieux que tu te fous sûrement de crever la bouche ouverte en zone noire !

- Attends Alex… tenta d’intervenir Mitch.

- Vous n’êtes qu’une bande d’égoïstes !

Lorsque Richard eu finit de boire, elle laissa sa tête retomber massivement sur le maigre matelas. Richard se mit à tousser puis tenta de parler mais Alexandra l’en empêcha.

- Non. Je ne veux pas t’entendre. Qu’est-ce que tu croyais ? Que Monsieur et Madame Ruppert and Graam allaient venir en personne pour causer avec toi ? Tu pensais qu’ils t’accorderaient le droit de dormir deux heures de plus et une miche de pain deux fois par semaine ?

Richard lui attrapa la main. 

- Je… je vais bien, Alex… marmonna-t-il.

Mais Larry savait qu’elle ne s’inquiétait pas pour lui. Sa mère avait montré son vrai visage durant ces quelques jours interminables et son portrait lui faisait froid dans le dos.

- ferme-la et repose-toi ! s’écria Mitch, j’te jure celui-là…

- Alex… reprit quand même Richard, on a réussi…

Devant le mutisme de sa femme, il ajouta La grève.

Il ferma les yeux et sombra dans un sommeil profond. Larry détailla son visage. Un sourire effacé se discernait sur ses lèvres. C’était la première fois que Larry le vit aussi heureux.

 

 

Le vent chaud des hauteurs d’Haïfa faisait galoper l’emblème du drapeau de l’état du Moyen Orient, un fier cheval noir sur un fond vert émeraude. Les étendards délimitaient l’enceinte d’un gigantesque campement aménagé de tentes luxueuses couleur sable qui dissipaient les rayons d’un soleil de plomb. Chaque tente abritait une suite confortable, meublée de fournitures en bois noble, de tapis savamment tissés et d’étoffes si chatoyantes et soyeuses qu’elles eut été dignes d’avoir été portées par d’antiques souveraines. Des robots ménagers glissaient sur les motifs persans, déambulant de-ci de-là au gré de leur dieu et maitre, un garçon chétif et pâle qui passait ses journées le nez fourré dans leur intelligence artificielle à leur faire faire toutes sortes de tâches inutiles. Les robots étant pourvus de bras articulés et de mains presque aussi fonctionnelles que celles d’un humain, il était enfin parvenu à leur faire servir le thé, l’auriculaire gracieusement relevé, tel que le servait toujours sa défunte grand-mère. C’était la seule occupation qu’il avait trouvée pour tromper son ennui. Il n’y avait pas école les samedis et, comme tous les jours de la semaine, tout le monde était trop occupé à surveiller de pauvres gens fouiller chaque centimètre carré de terre - dépourvu de la moindre parcelle d’ombre - pour passer du temps avec lui. Il se répétait souvent qu’il était chanceux d’être un génie car sans cette qualité il aurait été forcé de participer aux fouilles avec les autres.

Depuis sa tente, il pouvait entendre le moteur des pelleteuses se fondre avec les voix des paysans que l’état réquisitionnait pour les fouilles. Toute cette agitation le mettait mal à l’aise et lorsqu’un bruit de pas crissa sur le sol terreux devant sa tente, il se précipita dans sa chambre pour s’y cacher. Certains robots, ainsi abandonnés, continuèrent leurs trajectoires, se heurtant les uns aux autres, ainsi qu’au mobilier, de part et d’autre de la pièce.

- Karl ! hurla une voix familière, bon sang de robot… Karl ! tu vas tout rater !

Excédé, le garçon soupira dans son coin.

- Laisse-moi deviner, vous avez trouvé des débris de poterie ayant sans doute appartenu à un potier ? ironisa Karl.

Soudain, une tête passa à travers les rideaux de sa chambre. Celle de sa sœur jumelle, Norma, toute aussi passionnée d’histoire que leurs parents. Elle lui lança un sourire radieux avant de se planter face à lui.

- Tu te souviens de mon rêve ? dit-elle sans relever le cynisme de son frère, mon rêve sur cette crypte ensevelie ?

- Ah, oui, ton rêve, dit Karl en levant les yeux au ciel.

- Ils ont trouvé une nouvelle cavité sous les ruines du monastère ! n’est-ce pas incroyable ?

Elle sortit le carnet à dessin qu’elle emportait partout avec elle, chercha rapidement dans ses pages avant de lui mettre sous le nez le croquis d’une grotte.

- C’est quoi ce truc ? demanda Karl en pointant du bout de son nez ce qui ressemblait à un sarcophage.

- Aucune idée mais dans mon rêve c’était gigantesque et le granit était parfaitement lisse, tu t’souviens ?

- C’était juste un rêve Norma, si ça se trouve il n’y a rien dans cette cavité.

- C’est pour ça que je suis venue te chercher, mère et père ont ordonné l'exploration sous-marine, dit-elle avec un grand sourire.

- Ça va leur prendre des jours et des nuits avant de pouvoir y mettre un pied, tu le sais très bien. Répondit son frère avec lassitude.

Sans prendre en considération ses paroles, elle s’allongea sur le lit avec un air rêveur.

- Imagine qu’il y ait un arcane dans cette crypte, dit-elle en écartant les bras, et que des hommes et des femmes ont vécu durant des siècles, non, des millénaires sans le savoir ! les premières personnes qui auront la chance de le voir seront papa et maman…

- Tu n’as qu’à y aller avec eux, lança Karl qui s’allongea à côté d’elle.

- Tu sais bien que c’est impossible. En tant qu’archéologues en chef ils ne prendraient pas le risque que quelqu’un détériore ou souille les lieux avant de l’avoir scanné et photographié. Chaque objet, chaque vestige de couleur sur un mur peut avoir une signification…

- En fonction de sa position et de ce qui l’entoure, je sais… poursuivi Karl en soupirant.

Norma et lui se regardèrent en souriant puis celle-ci lui donna un baiser sur le front.

- Tes lunettes sont encore de travers, dit-elle en caressant ses cheveux fins.

Il resta silencieux quelques instants. Lorsqu’il observait sa sœur il se demandait quel dieu pouvait être aussi cruel pour avoir fait d’elle une force de la nature et lui un être aussi fragile. Elle si belle et lui si ingrat, que tous avaient du mal à croire à leur lien de parenté. Malgré tout, Norma ne s’en formalisait pas. Leurs parents étants toujours occupés, elle était sa seule amie, son bouclier contre le monde extérieur. Si cette excavation comptait beaucoup pour elle, il devait faire l’effort d’être à ses côtés.

- Tu comptes faire une sieste ou trouver un trésor petite feignante ? lança-t-il en se redressant d’un seul coup, personnellement j’espère qu’il y aura des diamants, c'est un matériau fantastique pour la méca-électronique. 

Ravie de voir le soudain entrain de son frère, Norma bondit sur ses pieds et lui empoigna le bras pour quasiment le trainer hors de la tente.

- Des diamants je n’sais pas, mais un trésor bien plus précieux, ça j’en suis sûre !

Les ruines du Monastère du Stella Maris datait du début du dix-neuvième siècle et étaient implanté sur les pentes du Mont-Carmel. Il était l’héritage de l’installation des premiers ermites du Mont Carmel, fondateurs de l’ordre carmélite du douzième siècle. Abandonné à l’occasion des Croisades lors de la reconquête musulmane ce ne fut que plusieurs centaines d’années plus tard qu’ils revinrent à Haïfa pour construire au-dessus de plusieurs grottes le Stella Maris. Hermione et son mari, Elias, travaillaient depuis trois ans sur ce site, intrigués par l’histoire de la grotte d’Elie, située aujourd’hui sous le niveau de la mer et que les légendes et les mythes qualifiaient de sacrée. Hermione Rey était une femme brillante, d’une quarantaine d’années que le métier d’archéologue, à la fois physique et éprouvant, avait malgré tout entretenue. Ses cheveux noirs noués en une longue natte étaient recouverts d’une épaisse couche de poussière ocre et ses yeux, recouverts de lentilles scanners parcouraient le sol du monastère, au-dessus de cette cavité qu’ils venaient de découvrir. Son mari, Elias, un homme élégant et directif, donnaient des ordres aux plongeurs qui allaient devoir installer le cordage et les lampes jusqu’à l’entrée de la cavité. Néanmoins, il était difficile d’affirmer que l’entrée serait accessible à la nage. Tout ce dont il était certain, c’était que celle-ci n’avait pas été inondée, or, une excavation depuis le monastère était non seulement risquée, mais surtout  trop chère pour espérer être subventionnée. 

- Tu sais où est passée Norma ? s’écria Hermione en direction de son époux, c’est elle qui a mon Interface.

Elias releva la tête du bureau de fortune qu’il s’était créé à partir d’une magnifique pierre de taille qui revêtait autrefois l’édifice et fit un geste de main aux plongeurs en guise d’excuses.

- Non, elle est partie en courant tout à l’heure et je ne l’ai plus revue ! répondit-il avant de se replonger sur les plans de la grotte.

Hermione souffla, prête à sortir des ruines pour aller à la recherche de Norma, lorsqu’elle aperçut sa fille qui courait vers elle, totalement surexcitée.

- Ah, enfin te voilà, toi ! veux-tu bien me donner mon Interface, je te prie, je dois avertir la Capitale de nos découvertes. Dis Hermione avec un grand sourire.

- Karl est entrain d’arriver, lui répondit-elle à toute vitesse, il ne pouvait pas rater cette fantastique découverte ! tiens, mère, je suis certaine que cette excavation fera de vous deux les futurs Garants de l’Histoire !

- Que vas-tu chercher là, ma chérie ! Pour le moment il n’est pas question de parler de cette cavité. Rien n’indique actuellement qu’elle contienne autre chose que de l’air ! sois patiente, ton père s’entretient avec les plongeurs, d’ici ce soir nous saurons si nous pouvons y accéder.

Norma eut l’air légèrement déçue. Cette découverte c’était avant tout la sienne et elle était convaincue qu’elle serait spectaculaire.

- Mais mère, c’est impossible qu’il n’y ait rien en bas ! nous sommes sur le tracé de Michael, parmi tous les monuments de la ville aucun n’est aussi parfaitement aligné avec les six autres sanctuaires ! Si votre théorie est juste, et je suis sûre qu’elle l’est, c’est là-dedans que se trouve l’Arcane ! enchaina Norma.

Devant le sourire fier de sa mère, la jeune fille renchérit.

- Ce rêve, mère, je suis certaine qu’il est réel…

Hermione soupira. Elle était ravie que sa fille soit aussi investie dans ses recherches mais elle craignait que celles-ci ne lui envahissent un peu trop l’esprit.

- Tu sais, comme l’Histoire ne s’est pas faite en un jour, l’archéologie demande beaucoup de patience et surtout beaucoup de réserves, dit Hermione, il arrive que l’on soit trompés par nos propres désirs, nos croyances ou par les contraintes que l’on nous impose. Tu devrais peut-être essayer de t’amuser, de penser à autre chose. Si cette découverte en est réellement une, tu auras l’immense satisfaction d’avoir eu raison. Si ce n’est pas le cas, alors tu auras la joie de reprendre les recherches. Tu as treize ans, tu as tout le temps pour devenir la meilleure archéologue de ta génération. Et qui sait ? un jour tu auras sûrement le titre de Garante de l’Histoire. En attendant, je vois ton frère qui arrive, le pauvre est tout essoufflé… alors profitez-en pour passer du temps ensemble.    

Elle fit un signe de main en direction de Karl puis tourna les talons en direction de l’ancienne chapelle. Norma regarda autour d’elle l’équipe s’affairer et les plongeurs se répartir en groupes de deux avec un sentiment d’injustice. Si elle n’avait jamais parlé de ce rêve récurrent à ses parents, jamais Hermione n’aurait eu l’idée de se pencher sur l’éventualité d’une continuité de la grotte d’Elie, pas plus que son père n’aurait envoyé un plongeur explorer le récif pendant plus d’une semaine pour y trouver finalement un tunnel.

Elle chassa ses pensées vaniteuses de son esprit et alla rejoindre son frère qui grogna lorsque celle-ci lui confia qu’il n’y aurait aucune avancée jusqu’à ce soir.

Aux alentours de vingt heures, le dernier groupe de plongeurs remonta à bord du voileur. C’était un navire à voiles photovoltaïques, plus rapide et plus maniable qu’un voilier classique, idéal pour les expéditions de plongées. Cette-fois, ni Hermione, ni même le Haut Membre de l’Ordre aurait pu empêcher Norma d’attendre, impatiente, leur retour à quai. Sur le voileur se trouvait Elias, six plongeurs et un expert en faune marine, un certain professeur Constantine. Il était plutôt jeune, à la carrure sportive, mais avait néanmoins l’air renfrogné et hautain. Dès leur arrivée, Norma comprit qu’il y avait un problème. Monsieur Constantine, semblait très remonté, tandis qu’Elias tentait d’arrondir les angles avec l’un des plongeurs. Tandis qu’ils amarraient le voileur, Norma entendit son père demander à Monsieur Constantine une dérogation.

- Vous n’êtes pas en Europe ici, professeur Rey ! ces grottes constituent un habitat de premier choix pour ces familles de Centrostephanus longispinus ! grommela Constantine, vous vous rendez compte qu’il n’en existe quasiment plus de nos jours ? Savez-vous, en outre, qu’ils ne vivent que très rarement sur les côtes ?

- Mais n’avez-vous pas dit tout à l’heure qu’ils pourraient tout aussi bien mener leurs meilleures vies d’oursins dans les fonds sableux ? Or du sable, le sol en jonché ! s’exclama Elias qui commençait lui aussi à perdre patience.

- Ce ne sont pas de simples oursins, professeur Rey, se sont des Oursins Diadème bon sang ! une espèce en voie de disparition que l’état Moyen oriental à réussi à conserver et vous, vous voudriez les déloger pour atteindre je ne sais quelle grotte ! Qui me dit que vos hommes n’en ont pas blessés pendant leurs interminables vas et viens ?

Elias retint l’un des plongeurs de lui sauter à la gorge, tandis qu’Hermione et Norma s’avancèrent vers lui.

- Monsieur Constantine, intervint Hermione, ces hommes sont des professionnels, ils auraient pu ne pas vous dire que cette espèce d’oursins se trouvaient sur leur passage, ne voyez aucune malveillance de notre part…

- Monie, s’exclama soudain Elias en attrapant les mains de sa femme, il y a un passage ! il mène à une petite cavité où l’on peut facilement tenir debout. D’après Djameel, il y a un passage à l’intérieur qui peut s’emprunter à pied.

- Et ce passage, tu crois qu’il mène à la cavité ? demanda Norma, les yeux luisants d’excitation.

- Je ne le crois pas, j’en suis absolument certain !

Tous trois se sautèrent dans les bras tandis que Monsieur Constantine faisait grise mine.

- Monsieur Constantine, je vous en supplie, demanda Norma, demandez une dérogation, nous sommes à ça, dit-elle en figurant du pouce et de l’index un faible espace entre ses doigts, de trouver un inestimable trésor !

- Un trésor ? s’offusqua Monsieur Constantine, comment ça, quel trésor ? Professeurs Rey, quoi que vous trouviez à l’intérieur de cette cavité, cela appartiendra au trésor fédéral du Moyen Orient !

- Veuillez excuser ma fille professeur Constantine, elle n’a que treize ans et a tendance à prendre l’archéologie pour une aventure de contes pour enfant… rectifia Elias, mais…dois-je conclure que vous allez demander cette dérogation ?

- C’est absolument hors de question. Sur ce, je vous souhaite une bonne soirée.

Tous trois le regardèrent remonter le quai avec un sentiment d’impuissance. Norma était complètement dépitée.

- J’ai bien fait de ne pas parler de cette cavité dans mon rapport, murmura Hermione.

- Et si nous demandions cette dérogation nous-même ? proposa Elias.

- La piste est trop fragile. Ils ne nous laisseront jamais prendre le risque d’envoyer une équipe là-bas.

Norma regarda le voileur qui tanguait contre le quai. Elle était si déçue qu’elle aurait voulu embarquer et ne jamais revenir sur ces fouilles. Sans l’exploration de cette grotte, ces fouilles n’avaient plus de sens. Ils feraient tout aussi bien de faire leurs bagages et de rentrer à Athènes à la première heure demain. Elle sentit le bras de son père s’enrouler autour de ses épaules.

- On trouvera une solution, Norma, affirma Elias, je sens que nous sommes appelés à rester ici.

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