Chapitre III

Par @no'

C'était comme une drogue. Je ne pouvais pas me passer de ma dose de Matt, sinon je ne passais pas une bonne soirée. Je l'appelais tous les soirs et quand il voyait que je ne l'appelais pas, lui m'appelait. Et à chaque fois, dès que j'entendais le son de sa voix, je me détendais tout de suite. Tous mes problèmes disparaissaient d'un coup. J'expirais un bon coup et tout allait mieux. Tout ce que je savais c'est que j'avais besoin de lui. J'avais besoin de son existence dans ma vie. Peu importe de quelle façon, c'était tout simplement une évidence.

J'adorais remettre ses croyances en question. J'adorais le questionner sur tout, le faire se remettre en question en permanence et réfléchir à mes questions. Lui qui est aussi buté que moi, c'était beau à voir. Mais je continuais à le voir comme mon meilleur ami, quelqu'un avec qui je pouvais être entièrement moi-même sans aucune honte que ce soit. Alors que ça faisait si peu de jours qu'on parlait, je commençais déjà à le connaître très bien, à savoir précisément ce qu'il avait en tête sans même qu'il ait à le dire, je savais ce qu'il ressentait, je savais ces arguments à l'avance. De son côté je pense que c'était pareil. Il disait ce que je pensais avant même que je n'ai eu à le dire, il contrait si vite mes arguments au point que je n'avais même pas commencé à les formuler, il savait exactement quels mots employer et ce que j'avais en tête. Il me connaissait mieux que personne alors qu'on ne s'était même encore jamais vus.

Je me souviens que c'était une période où j'étais complètement perdue, je ne savais pas si je devais continuer à persister à échouer dans mes études ou simplement partir et commencer ma vie ailleurs. J'ai toujours adoré pratiquer mon anglais et j'avais l'idée d'aller dans un pays anglophone pendant un an mais ça me paraissait fou et infaisable. En tout cas  pas pour quelqu'un comme moi qui ne savait pas prendre la moindre décision ni se gérer toute seule. Je lui en ai parlé. Et il a prit le sujet avec un tel sérieux, comme si c'était sa propre décision. Et il m'a fait voir les choses d'une autre façon. Avec un plan A et B, en me faisant réfléchir d'une façon plus concrète et mature, attrapant toutes les opportunités qui s'offraient à moi.

Alors je lui ai posé cette question : pourquoi est-ce que ça l'intéressait autant ? Pourquoi ça lui tenait tellement à coeur de passer autant d'heures au téléphone à discuter de mes doutes ? À une heure du matin? Alors qu'on ne se connaissait que depuis à peine une semaine? Plus tard il m'a dit que c'était après cette question qu'il s'était rendu compte de ses sentiments.

Moi, ça a mis plus de temps. En fait, quelques jours après, on parlait de nos exs, et il m'a demandé si j'aimais toujours le miens. Et c'est à ce moment précis que je me suis aperçue que je l'avais complètement oublié. Qu'il était sorti de ma tête sans même que je m'en rende compte et qu'à la place Matt s'y était introduit. Et qu'en un claquement de doigts, il a fait disparaître mes soucis et à apporté le calme et l'apaisement dans ma vie. Qu'il a débarqué de nul part et qu'il a tout changé. Qu'en fait plus qu'un ami, qu'il est la personne qui est la clef de belles choses. La personne qui a su devenir indispensable à ma vie en bien moins d'une semaine. Et ça ne peut pas être que de l'amitié. Impossible. Peut être que je le savais depuis le premier jour mais que je me voilais la face, tout simplement.

Et à partir du moment où j'en ai prit conscience, tout s'est développé vitesse grand V.

Mais comme dans toutes relations, il y a un hic. Oui, sinon vous vous rendez bien compte que ce n'est pas drôle et que ce serait bien trop facile. Depuis le premier jour où on a commencé à se parler je savais qu'il allait y avoir un moment où on allait devoir d'une façon ou d'une autre arrêter de se parler. Étant mi français mi écossais, il avait aussi bien de la famille en France qu'en Écosse. Pour le mois de Juillet il était en vacances sur Paris, ce qui faisait que par miracle, il était proche de moi. Mais au mois d'Août il devait aller dans le sud pour voir sa famille maternelle qu'il n'avait pas vue depuis un petit bout de temps. Pour cette raison, il ne serait plus sur son téléphone et directement après il retournerait en Angleterre pour continuer ses études à Londres et qu'il ne parlerait plus à personne, pour s'y concentrer à fond.

On a commencé à parler mi-Juillet et depuis le début on savait que tout ça allait prendre fin très rapidement et que ça ne servait à rien de s'attacher. Mais aussi bêtes qu'on a été, on a laissé les sentiments s'installer, sans trop se questionner. On s'est laissés emporter dans une spirale de sentiments, s'enfermant dans notre propre bulle sans penser aux conséquences.

Mauvaise idée me diriez-vous ? Pure connerie ? Oui, peut-être. Mais je vous avais prévenus, dès qu'il s'agit d'amour je suis aveugle et plus que ça, je ne veux passer à côté de rien et encore moins d'une histoire aussi belle que promettait d'être celle-là.

Alors, fidèle à moi-même j'ai foncé tête baissée, telle le bélier que je suis. Tel le bélier qu'il est.

 

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Pouiny
Posté le 08/04/2021
Là encore, c'est dingue mais j'avais eu le même problème avec mon ex qui étudiait en Belgique. On s'était appelé en juin, en juillet on s'avouait nos sentiment pour se rendre compte qu'en Septembre on aurait plus de 700km entre nous... Beaucoup de gens ont peur des relations à distance, mais je pense qu'elles sont, d'autant plus aujourd'hui à une époque où il est aussi facile de communiquer de manière instantanée, tout aussi légitime et vraies que les autres. Elles sont mêmes, parfois, par certains aspects, beaucoup plus intenses. Elles nécessitent une force et un aplomb monstrueux. ^^
@no'
Posté le 19/05/2021
Ca pour parler d'intensité... C'est même un euphémisme. La passion n'est que décuplée j'imagine, quand on sait que ce qu'on veut plus que tout au monde est inaccessible. Ca ne fait qu'intensifier l'envie folle de l'avoir.
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