Aussi rare que cela était, le vent s’était transformé en brise lorsque De Northwood sortit pour sa promenade. Les volatiles en profitèrent pour habiter le ciel qui d’ordinaire leur était dérobé, et les arbres, bien calmes, retrouvèrent une courbure moins acharnée. On entendait leurs feuilles bruisser, se caresser les unes contre les autres là où trop souvent elles se déchiraient et s’entre-lacèraient. L’homme foulait l’herbe de ses hautes bottes noires, habillé d’un simple gilet de laine grise décolorée, parcourant le chemin que tant d’années de promenades avaient fini par dessiner entre les herbes folles.
La broussaille, haute comme la moitié d’un homme, dessinait sur ses flancs une ligne alors qu’il progressait vers les falaises. La pluie avait cessé, ainsi bourdons et abeilles peuplaient la hauteur du sol, leur abdomen jauni par leur labeur fructueux. Les rayons de soleil restaient imaginaires, bien que De Northwood s’en contenta ; il préférait cela à l’éblouissement agaçant de l’astre jaune.
Arrivé au bord de la falaise, là où il avait fait construire un escalier de bois pour rejoindre l’étroite plage de sable, il s’étonna de constater l’océan aussi calme alors que quelques heures auparavant, les eaux s’y déchaînaient. Il envoya alors un regard vers sa demeure, qui quelques dizaines de mètres plus loin s’élevait, et craignant que cette Victoria ne l’aperçoive depuis l’une des fenêtres, il gagna l’escalier et le descendit en hâte.
C’était une mer calme, trop calme, qui l’accueillit en bas. Pas de rouleaux d’eaux ni de monstrueuses éclaboussures contre les rochers, on y imaginait facilement une foule s’y baigner en s’amusant. Lui ne foula pas l’eau de ses pieds ; se tenant tout près de la falaise, il préférait entendre l’écho de ses pas lorsqu’il approchait d’une voûte plutôt que les vagues affamées. « C’est un temps à sortir lire dehors » affirma-t-il à voix haute, avec lui-même comme seul interlocuteur. Malheureusement, il ne portait pas de livre sur lui, et était condamné à ne se distraire qu’avec sa seule pensée.
Cette visite impromptue continuait de le remuer lorsqu’il y pensait. Qu’on lui annonce un passage une semaine à l’avance, c’était une chose, que l’on vienne frapper à sa porte sans sommation en était une autre. Cette idée l’agaçait. Y demeurait une impolitesse déplacée, ou même une authentique volonté de nuire. C’est pourquoi il avait l’habitude de proposer à ses invités improvisés de revenir la semaine suivante, après avoir établi une date bien précise, et cela de manière polie. En cas de visiteur effronté, il n’hésitait pas ensuite à élever la voix, devenir sec et autoritaire, et lorsqu’un individu se décidait à lui tenir tête (ce qui relevait de l’exception), il lui suffisait de gagner une des nombreuses pièces de son manoir pour y disparaître. Alors, pourquoi n’avait-il pas réagi en conséquence auprès de l’enquêtrice, cela restait un mystère pour lui. Sans doute craignait-il d’être considéré d’office comme un suspect de cette fausse affaire de meurtre. Ou alors l’autorité de cette femme l’acculait à la manière d’un chien piégé entre son maître en colère et une cheminée crépitante. Cette seconde possibilité restait la plus probable, ce qui l’agaça d’autant plus qu’il n’avait pas l’habitude de se faire tenir tête.
Ce n’était pourtant pas faute d’avoir essayé. Après avoir regagné sa chambre, alors qu’il avait accordé à contrecœur l’état des lieux à l’enquêtrice, il fit plusieurs fois les cent pas en faisant miroiter dans sa tête agitée mille idées qui le sortiraient de cette situation. Des excuses bas de plafond, comme la venue d’un prétendu jardinier au domaine, une visite de courtoisie qu’il aurait omise. Toutes ces idées se butaient contre la réticence qu’émettait De Northwood à parler avec sa convive. Probablement se sentait-il davantage capable de déplacer une montagne que de frapper à la porte de Victoria pour lui annoncer une fausse nouvelle. Alors il avait gagné sa bibliothèque, d’un pas silencieux ; il y consulta deux ou trois livres poussiéreux qui traitaient de la flore de la région, des champignons aux plus hauts arbres. Il s’attarda sur les pages d’avertissement, celles qui mettaient en garde face aux spécimens toxiques, car un authentique problème intestinal était une excuse idéale à ne pas être présentable. Or, même ce projet semblait hors d’atteinte, peut-être trop dangereux ou chronophage. Il ne lui restait qu’une solution, la fuite, et il l’avait appliquée aussitôt.
De nombreux crabes verts, à peine de la taille d’une paume de main, jonchaient le sable, parfois les uns sur les autres dans les recoins des rochers. De Northwood, en menace qu’il était, prenait garde à ne pas les écraser de ses épaisses bottines. Progressant de plusieurs centaines de mètres tout en évitant les crustacés, la tête aussi vide que possible, il s’arrêta sur un long banc de sable, que la marée basse avait dévoilé récemment. Des bulles ne cessaient de s’en échapper, comme d’une immense soupe en train de mijoter, et ses pieds s’enfonçaient avec une facilité confortable. Il était agréable d’y vagabonder. De là, le propriétaire pouvait observer sa demeure de plus loin que la plage ne le lui permettait. Le promenoir du Zéphyr, celui que les domestiques avaient l’habitude d’occuper lors des heures creuses, était éclairé de toutes ses lanternes. On y apercevait plusieurs groupes de silhouettes profitant des dernières heures de lumière de la journée. En dessous s’étendaient les fenêtres de la cuisine, à travers lesquelles une lumière tamisée filtrait ; les quartiers des domestiques, derrière le promenoir, semblaient inoccupées.
Autant de personnes qu’il peinait à comprendre. Des individus parfois voués à un grand avenir, à une réussite indubitable, des années d’études, des mois à la guerre (même ci pour ce cas présent, il était fier de les en préserver), des reconnaissances parfois internationales dans leur domaine, tout cela pour finir ici, à Windrose, là où il était moins rare de rencontrer un loup sauvage qu’un humain.
Et souvent, il se lamentait sur leur sort. Dans ses journées les plus sombres, il se sentait coupable de les retenir coincés ici, sous le service d’un homme taciturne, émotif, parfois froid. Son majordome aurait pu devenir concierge pour la famille royale d’Angleterre. Anne avait les compétences pour diriger les cuisines des plus beaux hôtels de Paris. Phantom, avec ses doigts de fée, tissait les fils les plus fragiles pour en faire de somptueux costumes. Toute cette famille, qu’il dirigeait sous le nom de Sieur De Northwood, présentait d’illustres qualités qui faisaient du manoir de Windrose un établissement à la frontière du royal. Malheureusement, isolé à l’extrémité de cette baie, le nom de Windrose rayonnait à peine autant que le soleil qui le visitait si rarement. Une demeure fantôme au premier abord, intimidante, seule.
Et malgré tout, il en était le fier propriétaire. Malgré la barrière qui le séparait de cette grande famille, malgré l’isolement qui avait enclavé sa vie, c’était avec fierté qu’il se présentait à ses invités, même indésirables, comme le propriétaire du domaine de Windrose.
Il progressait sous un ciel de plus en plus sombre, en direction du manoir. Les crabes remuaient, les mouettes en profitaient, et lui longeait les murs en appréciant l’écho de ses pas qui lui revenait. Ses pensées vagabondaient, et la crainte de rencontrer cette Victoria à nouveau lui fit ralentir le pas. Il n’avait pas demandé à Cierge où elle dînerait, ce soir, ni à quelle heure, ni quelle chambre elle occuperait cette nuit, ni rien du tout. Le vent se relevait doucement, lui rafraîchissant les oreilles ; il se mit à radoter dans sa barbe tout ce qu’il avait l’habitude de dire lorsqu’il était contrarié. Qu’il aurait aimé qu’on le laisse tranquille éternellement, qu’il aurait dû poster des gardes armés à l’entrée de son domaine, comme à l’époque de Cahill ; bref, qu’il souhaitait qu’on lui fiche la paix.
Soudain, quelques cinq mètres au dessus de lui, sur les hauteurs, une voix lui parvint. C’était une voix de femme, familière et plutôt douce, et même s’il se sentait de l’ignorer pour enfin rentrer chez lui, il finit par lever la tête et la voir, elle : Victoria, l’enquêtrice qu’il accueillait. Une part de lui se figea, comme congelée, un battement de cœur avait fait rentrer ce givre par une porte dérobée. Il reconnaissait cette sensation des rares fois où il fréquentait des villages animés, mais cette fois-ci, ils n’étaient que deux. L’enquêtrice portait un béret brun qu’elle tenait fermement sur sa tête du plat de sa main. Le reste de son corps était enroulé dans un long manteau beige des plus élégants, surmonté d’une écharpe qu’il reconnaissait ; Cierge lui avait probablement confiée.
« Par où êtes vous descendu, Sieur de Northwood ? Je souhaitais également visiter cette douce plage, mais je ne me sentais pas de sauter du haut de la falaise. »
Son accent était chantant, mais sa voix monotone, ce qui l’énerva.
Il répondit gravement, de sa voix la plus basse, et reprit son chemin d’un pas qu’il subissait. Il sentait la présence de l’enquêtrice le traquer du haut de la falaise, il perçut même sa voix progresser difficilement à travers le vent, mais se contenta de fixer le sol, toujours attentif à épargner les crabes verts. Cette étrange manie qu’avait cette femme de le suivre à la trace l’irrita sérieusement, mais il redoutait davantage l’instant où ils devraient enfin se croiser. Probablement qu’elle avait déjà noté son nom dans son registre des suspects pour l’affaire de meurtre, ou alors allait-elle le sermonner pour avoir négligé sa question à propos de la plage. Malheureusement, là où il était, il n’existait aucune cachette, aucun chemin dérobé, et Victoria le dominait de plusieurs mètres, ce qui lui permettait de le pister sans difficulté. De Northwood prépara plusieurs excuses, comme quoi il peinait à s’exprimer sous le vent, qu’il souffrait d’un mal de gorge, qu’il ne l’avait ni vue ni entendue. Son esprit s’enflamma jusqu’au moment où le bois de l’escalier apparut dans son champ de vision. Victoria était déjà en bas, ses mains dans les profondes poches de son manteau.
« C’est attentionné de votre part de m’y a voir emmené. Je vous remercie. »
De Northwood se figea à nouveau, confus, car non seulement ses excuses ne lui serviraient à rien, mais il s’était en plus mépris sur la situation. Se sentant idiot pour la seconde fois de la journée, il s’énerva, mais n’en démontra rien. La femme reprit, ses cheveux d’écorce malmenés par le vent :
« - A quelle heure dînerez vous ? »
« - A neuf heures », répondit-il automatiquement, la voix basse. Victoria confirma sa présence au repas avant de suivre seule les pas du maître des lieux, encore marqués dans le sable.
Le cliquetis des couverts, l’entrechoquement des poêles et casseroles et les pas énergiques des domestiques retentissaient dans l’allée menant à la cuisine et au garde manger. L’effort des commis semblait décuplé, ce que le propriétaire releva avec une pointe de contrariété. Il s’adressa à Cierge, l’interrogeant sur la cause de tout ce raffut (même s’il s’en doutait bien), ce à quoi le majordome répondit : « Ce n’est pas souvent que nous recevons, les domestiques ont tenu à s’investir pour le repas de ce soir ». De Northwood serra les points au dessus du feu de l’âtre, frustré par l’influence de sa nouvelle invitée, mais se réjouit malgré tout de pouvoir l’accueillir en bonne et due forme.
L’homme et son majordome se tenaient dans le salon de thé, De Northwood debout face à la cheminée crépitante ; Cierge assis près de la fenêtre arquée, une partition musicale entre les mains, qu’il essayait visiblement de lire comme on lisait une équation mathématique.
Le salon de thé était une pièce des plus reposantes, marquant la séparation entre le quartier alimentaire et le quartier de vie. De la taille de deux chambres tout au plus, sa grande fenêtre étendait la large peinture du domaine verdoyant qui séparait le manoir des terres. Non loin s’élevait le grand chêne d’un âge bien supérieur à celui de l’édifice, ses nuances de vert et de brun vaguement dépeintes contre le carreau battu par la pluie à la manière d’une aquarelle. Par temps clair, on appréciait le large terrain, ses bancs clairsemés, ses quelques lampadaires, le sentier qui sinuait comme une goutte le long d’une feuille de tilleul.
Davantage intéressé par les flammes, De Northwood gagna un tabouret en bois de morta qui servait habituellement à déposer la théière. Depuis là il continua d’observer le feu subtil, ses ongles s’affrontant maladivement entre eux. Déposant son regard tout autour de lui, il essayait tant bien que mal de détourner ses pensées du repas de ce soir, qui le verrait confronté à une parfaite inconnue. La longue frise, gravée directement dans le bois qui composait le haut des murs, représentait une scène de chasse de la vierge Dictynna visant de son arc un furieux phacochère, qui de ses sabots de feu faisait brûler une terre que les hommes fuyaient, et ainsi de suite dans une histoire qui bouclait de manière éternelle autour de la déesse. De grands rideaux cramoisis encadraient la fenêtre, ravivant les émotions des convives pour le meilleur. De Northwood en avait fait confectionner plusieurs paires sur mesure pour toutes les pièces d’accueil -bien qu’elles ne servaient que très rarement- ainsi que pour les quartiers de ses domestiques. Ces derniers l’avaient remercié chaudement pour un cadeau aussi précieux, sauf un, Phantom, qui se réjouissait davantage à proximité des couleurs ternes de la nature ancestrale. De Northwood lui offrit alors une paire de rideaux originaux, en jute coloré de brun sombre, dont il était presque devenu jaloux.
L’heure du thé n’avait pas sonné, mais c’était ici que le maître des lieux voulait se tenir. Aux dernières nouvelles, Victoria n’était pas revenue, et il lorgnait parfois la fenêtre pour s’assurer qu’elle n’était pas sur le retour, du côté des terres. Il pesta tout bas, se rendant compte que son absence n’était pas plus apaisante que sa présence dans le manoir : il était moins inquiétant de connaître précisément son emplacement, si tant est qu’il fut proche.
« Désirez-vous les nouvelles de Dublin ? » demanda Cierge, qui avait déposé la partition sur ses genoux bien droits. De Northwood se tâta, déjà anxieux, son estomac noué en une pénible épine gesticulant d’elle même dans ses entrailles. Il craignait la mauvaise nouvelle, car en dehors des murs de Windrose, le temps n’était pas clément avec tout le monde, encore moins avec son frère. Mais il accepta, curieux malgré tout, des affaires sociales. Au lieu de réciter le courrier comme à son habitude, Cierge transcrit lui-même les informations.
« Elliott a acquis une nouvelle bakery, Townsend Street, pour 50 livres. Un bel édifice, dont il vous a joint une peinture fidèle. A l’instant, l’affluence serait d’une vingtaine de clients par heure. Ses employés ne s’ennuient pas, ça non, même si il paraît que l’un des deux fours n’est qu’un « vilain crachoir de cendre noire qui mérite grande réparation ». Elliott vous propose d’investir à hauteur de dix pourcents du prix d’achat de l’établissement ainsi que celui des inventaires, ou bien de négocier... »
De Northwood délogea un morceau d’ongle de son pouce, qu’il jeta dans les flammes, avant de couper son majordome. « Merci, Cierge, je m’informerai sur cette entreprise… plus tard. Lisez-moi donc la fin. Les politesse. »
Le concerné s’exécuta, plissant les yeux en remontant la lettre entre ses doigts. Ce qu’il lut lui demanda un court temps d’adaptation, le même qui le gagnait à chaque fois qu’il lisait ces lettres.
«J’espère que ta fortune durement gagnée séjourne bien au chaud… le reste, je ne peux pas vous le lire, Monsieur.»
La pluie se modérait au dehors, le rideau d’eau s’était transformé en une légère pluie d’épines, droite et silencieuse. De Northwood ignora les nouvelles de son frère et demanda celles de la ville, qu’il écouta avec une grande attention. Il se réjouit d’apprendre qu’une grande réception avait eu lieu au château, même si, par malheur, une célèbre actrice s’était étouffée jusqu’à la mort sur un morceau de saucisse de porc. Il ne la connaissait pas, mais lui adressa une pensée. De nouveaux bâtiments avaient également été construits en périphérie de la ville, avec eux de nouvelles rues et une nouvelle vague d’immigration depuis les hameaux voisins.
Anne, cheffe de cuisine du manoir de Windrose, apparut dans l’encadrement dans la porte alors que De Northwood s’imaginait la grande réception du château de Dublin. Des idées de peinture lui étaient venues, des idées de textes, mais la chevelure dorée de sa domestique accapara son attention. «Le dîner ne sera servi qu’à neuf heures trente aujourd’hui», s’excusa-t-elle, ce à quoi le propriétaire lui répondit en la rassurant. La cuisinière disparut à nouveau, laissant sur son passage un nuage d’effluves épicées ravivant les papilles. Au même moment, bien que trop tard, De Northwood aperçut la silhouette noire de Victoria sous son capuchon, qui longeait la fenêtre.
L’enquêtrice, qui n’était à l’instant qu’une promeneuse malgré son élégant manteau de daim, délia la capuche de sa tête et la confia à Cierge. Son arrivée était la même que la première fois : trempée, épuisée par une longue marche, mais un sourire naïf dessiné sur ses lèvres ainsi que des yeux vifs aux reflets ambrés. Il y avait quelque chose d’éreintant pour le maître des lieux à voir cette femme placée au dessus de tout, par elle-même ou par la nature en personne. Bien qu’elle ne le fut pas, il l’imaginait hautaine comme ces matrones londoniennes, son semblant d’autorité la plaçant au dessus des inquiétudes d’autrui sans qu’elle n’ait jamais à rendre la pareille.
Il se tenait à l’écart, aux portes du couloir donnant sur le quartier alimentaire, attendant une quelconque remarque de la part de son invitée. Observant le bout de ses chaussures, qu’une fine couche de poussière décolorait, il ne remarqua pas que Victoria lui tendait un objet.
« Monsieur de Northwood », commença-t-elle, « vous aviez laissé tomber quelque chose, sur la plage. C’est à vous, n’est-ce pas ? »
Un ouvre-lettre en bronze reposait dans les mains de sa convive lorsqu’il releva les yeux. Le sien, ses initiales effectivement gravées dans le métal. Il cacha ses mains dans son dos, frottant ses ongles entre eux, et s’éloigna d’un pas de la femme, incapable de croiser son regard. Elle dégageait une odeur de pluie profondément imprégnée dans son manteau, cela le dérangea, et ses fines mains de fouineuse semblaient dérober le petit objet aux reflets blancs. « Cierge, s’il vous plaît », demanda-t-il avec tout le calme qui lui restait, avant de remercier l’enquêtrice avec froideur. Le majordome récupéra l’ouvre-lettre, affichant un regard excusé vers la convive. Avant même qu’il n’eut le temps de rejoindre son maître, ce dernier avait déjà disparu dans le couloir.
Sa montre affichait neuf heures vingt, ses aiguilles de bois tournant à un rythme ralenti. Assis contre le mur dans le promenoir du Zéphyr, une lanterne fraîchement allumée au dessus de son épaule, il observait tour à tour la teinte orangée des nuages, puis le chemin des aiguilles de sa montre. Encore et encore il compara le bois de l’horloge à l’ambre du ciel, constatant, impuissant, que le temps ne faisait que de s’allonger. Victoria ne partirait jamais. Et bien qu’un jour, si éloigné, elle sera obligée de quitter cet endroit, d’autres prendront sa place et viendront frapper à la porte de Windrose, des revendications plein la gorge à l’image du serpent et de son venin. Il était inutile de se cacher. De Northwood se mit à taper du pied, nostalgique des jours où il était seul, jusqu’à ce que le son d’une cloche vienne se mêler au bruit de sa chaussure.
Je reprends ma lecture.
Encore beaucoup d'insistance sur le manoir et le caractère du propriétaire pour ce début de chapitre, que je pourrais presque résumer avec cette seule phrase "Malheureusement, isolé à l’extrémité de cette baie, le nom de Windrose rayonnait à peine autant que le soleil qui le visitait si rarement.". Je commence vraiment à me demander pourquoi une telle insistance sur la position isolée du manoir et le caractère taciturne de De Northwood. Je pense qu'à ce moment du récit, c'est suffisamment clair :)
Heureusement que Victoria n'a pas le même caractère, mais elle apparait bien peu ici. J'en retire cependant qu'elle semble le suspecter de quelque chose, et il faut dire que son côté fuyant le rend très suspect. Est-ce qu'il irait tuer un homme pour autant... Avec une personnalité comme la sienne, je dirai que non, sauf s'il a un quelconque dédoublement de personnalité.
À une prochaine !