Si j'avais su - Claudio Capéo
Léna
Je suis dans le déni constant. Un déni puissant et enveloppant. Il me tient fermement et je n'arrive pas à m'en défaire. Il est mou et confortable. Dans mon état, mon Julien est encore là, avec moi. Quoi ? Je ne te permets pas de me juger. Façon je m'en tape de ce que tu penses. Je parle beaucoup à la voix dans ma tête, celle qui affirme que je vais aller le voir juste après les cours, celle qui me dit qu'il m'attend devant ma salle.
Tout le monde n'a pas l'air de comprendre parce qu'on ne me regarde pas toujours d'un très bon œil. La plupart du temps, celui-ci est plein d'une pitié que je déteste. Je me surprends encore quand je sors des phrases comme si de rien n'était et que mes interlocuteurs froncent les sourcils. Ça met arrivé pas plus tard qu'hier quand j'ai dis aux filles que j'allais demander à Julien s'il voulait nous accompagner quand elles m'ont proposé un cinéma. En me détournant d'elles, je n'ai comprit que trop tard ce qui s'était passé et évidemment je n'ai récolté que des regards alarmés. Pardonnez-moi mais je n'arrive pas à me détacher de tout cela.
Les souvenirs n'irriguent pas mon cerveau. Je n'arrive pas à me souvenir de quelque chose de précis. Tout est comme sous cloche. Dans un flou constant. Comme si mon esprit se barricadait derrière un mur de brique pour ne pas affronter la réalité. Mais je sais qu'à un moment les souvenirs vont m'assaillir et me détruire. J'espère pourvoir me relever. Si les Dieux le veulent, comme on dit.