L'âme du phœnix - Yuston XIII
Léna
— J'en ai rien à foutre putain !
Un frisson me parcourt d'un seul coup. Je sens que je suis au bord du gouffre et que je vais bientôt basculer dans une colère froide. Le genre de moment où tu pourrais dire n'importe quoi sans réfléchir à ce que tu dis. À la base j'étais juste passé prendre des affaires pour sortir avec les filles ce soir. Elles m'attendent en bas, je ne peux pas les faire attendre éternellement.
— Tu dois te ressaisir Léna ! Ce n'est plus possible ton état léthargique, tu nous inquiètes, on n'en peut plus.
Je sers les dents. Non Léna, tais-toi. Ne dis rien.
— La situation nous fait souffrir.
Okay c'est la goutte d'eau.
— Attends, toi, tu souffres ?
J'entends mon rire m'échapper, un rire hypocrite et tellement faux qu'il me surprend. Les yeux que j'avais gardés baissés tout ce temps se relèvent pour s'ancrer dans ceux de ma mère. Maman bordel, comprends ce que je vis au lieu de me pousser à me réparer comme ça.
— Tu crois que j'aime vivre comme ça ? Tu crois que je kiffe vivre par intermittence, par intérim alors que je pourrais m'éclater comme tous ceux de mon âge ? Oh bah oui j'adore ça. J'adore pleurer chaque soir comme une pauvre merde juste parce que je n'arrive pas à me débarrasser de cette putain de culpabilité qui me ronge les os.
Mes paroles sont comme un venin pour elle, je le sais mais je m'en fous complètement. Je lui tourne le dos pour sortir.
— Je n'ai pas...
Je m'arrête.
— Si tu as dis ça. Je vous aime sincèrement mais laissez-moi me réparer dans mon coin, en paix, si vous ne voulez pas d'une bombe à retardement comme fille. Donc ce soir je vais en boite, que tu le veuilles ou non.
Je pars pour de bon de ma chambre sans me retourner et sans adresser un regard à mes amies quand je sors de la maison et qu'elles me suivent comme mon ombre.
Et une petite description de sa maison d'enfance pour se représenter un peu plus les lieux de la scène.
Merci <3