Châtiment

Par Anne CB
Notes de l’auteur : Attention, le chapitre suivant contient une scène de torture à caractère sexuel.

Flavia ne s’appartenait plus, elle allait retrouver l’homme qu’elle aimait, fût-ce en le bravant effrontément… Mais il fallait pour l’instant réprimer la puissante exaltation qui la possédait.

 

Elle se découvrit des trésors de courage, même si c’était le courage donné par l’inconscience, pour honorer ses obligations au restaurant.

La seule manière de se maîtriser était de s’immerger totalement dans son travail et d’avancer tâche après tâche, commande après commande, se concentrant exagérément sur la moindre fourchette qui traînait.

 

Plus la fin du service approchait, plus son cœur balançait, partagé entre l’envie et la peur de l’inconnu. Se déroberait-elle ? Il serait facile de sortir par la porte de devant quand les derniers clients quitteraient le restaurant pour ensuite suivre un itinéraire détourné jusqu’à chez elle.

 

Mais elle risquerait de causer du tort à Fabio, et elle ne pouvait admettre que sa lâcheté lui nuise, alors qu’il avait intercédé en sa faveur par pure gentillesse.

Elle alla se changer, pliant son uniforme avec soin, car elle n’était pas certaine de revenir. Elle enfila la robe polo blanche qu’elle avait en venant et ses ballerines de toile ajourée assorties.

Il était temps d’y aller, elle ne pouvait reculer davantage.

Quand elle ouvrit la porte de service, il ne restait plus rien de l’ivresse qui l’avait portée toute la soirée, il n’y avait plus que la terreur d’avoir à affronter Malaspina.

Mais désormais, il fallait boire le calice jusqu’à la lie et s’armer de bravoure, même s’il ne s’agissait que d’un courage de façade.

 

Elle tenta alors de se composer un visage impavide pour faire face à Leandro, mais celui-ci lui porta l’estocade sans attendre.

—  Tu as fait une grossière erreur, et elle va te coûter cher, la prévint-il sèchement.

—  Je le sais, assuma-t-elle avec humilité.

L’avertissement donné par Leandro n’était pas à prendre à la légère, elle le savait. L’homme ne s’était jamais départi de sa rude franchise, elle exprimait à présent la fureur du capo devant ce qu’il devait considérer comme un grave outrage à son autorité.

La seule question qui subsistait était de savoir jusqu’où il irait pour l’en punir.

Cela la plongea sans un état de nervosité extrême, qui détourna son attention de toute autre chose, elle ne percevait plus rien autour d’elle.

La réalité se rappela à elle brutalement quand Leandro lui retira son bandeau devant Malaspina, qui la crucifia d’un regard où le mépris le disputait à la colère.

—  A genoux, exigea-t-il froidement.

Flavia s’exécuta sans discuter car tout dans l’attitude de l’homme indiquait qu’il ne fallait pas tenir tête sous peine de recevoir un effroyable châtiment en retour.

 

Sans que rien ne le laisse prévoir, il lui asséna une gifle sonore qui l’envoya choir aux pieds de Leandro, qui ne bougea pas, impassible. Flavia sentit le goût du sang se répandre dans sa bouche et porta la main à sa joue pour calmer la brûlure qui l’enflammait.

—  Ne t’avais-je pas dit de ne plus jamais recroiser mon chemin ? Et tu te permets de manipuler Fabio, et d’exploiter son bon cœur pour l’apitoyer afin de servir tes projets, sale petite traînée ?

Je ne sais pas ce que je déteste le plus entre la désobéissance et le fait qu’on trompe la fidélité de mes hommes.

En tout cas, cette fois, tu as dépassé les bornes, je vais te punir, et très durement. Je vais te faire souffrir au-delà de toutes les limites, en étais-tu consciente quand tu as demandé à Fabio de te ramener à moi ?

—  Oui, répondit-elle piteusement.

Elle aurait voulu se défendre d’avoir tenté de se servir de Fabio, mais cela serait revenu à charger ce dernier, ce à quoi elle se refusait.

—  Leandro, tu peux y aller, je t’appellerai tout à l’heure, puis se tournant vers Flavia.

—  Suis-moi.

Il la mena à sa chambre, où il lui ordonna de se dévêtir entièrement, ce qu’elle fit avec peine, tant elle était affolée par la terrible annonce qu’il lui avait faite.

—  Allonge-toi et ramène tes mains ensemble au-dessus de la tête.

 

Il alla ouvrir un tiroir de sa commode, où il prit des menottes, puis les passa aux poignets de Flavia, et les tira pour les lier à un crochet qu’elle n’avait jamais remarqué, fixé à la tête de lit. Il se saisit ensuite d’un bout de tissu mais au lieu d’en faire un bandeau pour les yeux, il le plaça sur la bouche de la jeune fille à la manière d’un bâillon.

— Les cris ne me gênent pas, bien au contraire, mais j’ai peur qu’ils alertent mes hommes pour rien, expliqua-t-il obligeamment.

Pourquoi crierait-elle ? Cette question fondit sur elle comme un aigle sur une proie et l’épouvante la gagna du même coup. Ses yeux s’écarquillèrent d’effroi et d’incompréhension.

Malaspina sortit une seconde de la chambre et revint poser un objet de petite taille sur le chevet à sa gauche.

Il retira tous ses vêtements en prenant son temps, couvant Flavia d’un regard intense.

Puis, il s’étendit sur le flanc à son côté.

—  Tu te demandes certainement ce que je suis allé prendre dans la salle de bain. Vois-tu, je pourrais te baiser brutalement, mais j’ai remarqué que tu appréciais ça, alors j’ai pensé à un petit subterfuge pour être sûr que tu n’éprouverais pas une once de plaisir. Et aussi te laisser un petit souvenir de ce qu’on encourt quand on me désobéit, et qu’on se sert de mes hommes.

Il mit alors sous les yeux paniqués de Flavia une lame de rasoir, brillante et affûtée.

—  C’est dommage que tu ne voies pas ce que je m’apprête à te faire, mais tu vas le sentir sans aucun doute.

Il en promena le plat autour du cou de la jeune fille.

—  Ne t’inquiète pas, ce n’est pas sa destination, sinon les choses seraient bien trop rapides, dit-il un sourire cruel aux lèvres.

 

Elle sentit le froid métal taquiner un mamelon, descendre un peu, puis une douleur la déchira, car il avait tranché juste sous l’aréole. Le bâillon étouffa le hurlement qui jaillit de la bouche de Flavia. L’opération fut bientôt réitérée impitoyablement sous l’autre mamelon, arrachant un autre cri silencieux.

Malaspina vint ensuite doucement poser les lèvres sur les seins de Flavia, les lécha et les suça lentement, pour prolonger la souffrance qui la tenaillait.

Le plat de la lame finit par reprendre son chemin et vint caresser le clitoris de la jeune fille, longuement. Celle-ci fermait les yeux sous l’appréhension de la douleur qui la frapperait bientôt.

En effet, Malaspina incisa d’un coup sec le renflement du sexe de Flavia, des deux côtés de la fente.

Cette fois, elle ne cria pas mais son corps se convulsionna et les larmes qui perlaient déjà à ses yeux commencèrent à s’écouler sans retenue.

Tout comme il l’avait fait la première fois, il glissa vers le pubis et repassa interminablement de sa langue les nouvelles plaies qu’il avait infligées.

Mais la torture n’était pas terminée, il ne s’agissait que des préliminaires. Malaspina se débarrassa de la lame et vint écarter les cuisses de Flavia d’une main dure, pour forcer le passage vers l’intimité de la jeune fille.

 

Il commença à la pilonner bestialement, chaque poussée térébrant les estafilades, maintenant la douleur à son paroxysme. Il la haïssait, il voulait sa mort… Flavia s’abîma dans cette pensée qui était presque plus insupportable que le châtiment, et perdit bientôt conscience sous la violence du supplice.

 

La sensation d’un gant mouillé qui circulait sur son corps l’éveilla de l’évanouissement où elle était plongée. Le bâillon ne ceignait plus sa bouche, ni les menottes les poignets meurtris. Malaspina tordait le tissu dans une petit bassine pour le débarrasser de la sueur sanglante qu’il avait épongée.

 

Lui-même avait le torse et les cuisses barbouillés d’auréoles de couleur brun rouge, correspondant aux endroits où il s’était plaqué aux coupures administrées à la malheureuse.

Il se saisit d’un coton imbibé d’alcool et désinfecta les incisions, faisant jaillir un gémissement des lèvres que Flavia gardait closes à grande peine.

 

Il appliqua enfin des bandelettes adhésives qu’il recouvrit de compresses de gaze maintenues à l’aide de scotch médical.

Ce ne fut qu’une fois ce rituel achevé, qu’il tourna son regard vers le visage toujours désemparé de la jeune fille.

 

—  Redresse-toi, lui intima-t-il pour lui enfiler sa robe. J’ai bien peur que que tu ne puisses supporter le frottement de la culotte, ajouta-t-il.

 

Flavia craignait de le voir reprendre son ton sarcastique, mais ce ne fut pas le cas.

Sur ce, il disparut un moment et revint revêtu de son peignoir bleu.

—  J’appelle Leandro, n’essaie pas de te lever, il va venir te chercher directement ici et te déposer dans ton appartement, annonça le capo muni de son téléphone.

Ne voulant pas que Leandro la voit dans cette position humiliante, Flavia tenta de poser un pied à terre, mais dût se rallonger, prise d’un étourdissement.

Malaspina se rassit près d’elle, la dévisageant d’un air impénétrable.

—  Tu es têtue… Mais j’espère que tu as compris la leçon, conclut-il avant de la planter là.

 

L’homme de main pénétra dans la pièce, fronça les sourcils en découvrant la jeune fille étendue, pantelante, sa robe tâchée du sang qui transpirait à travers les pansements. Il parut hésiter un instant mais il lui banda les yeux et la saisit avec un soupir.

 

A partir de là, Flavia, la tête vide, n’eut plus que la sensation de la chaleur de la poitrine de l’homme contre elle, entrecoupée parfois par un élancement quand un mouvement aiguillonnait les lacérations.

Elle s’agrippait de toutes ses forces à cette impression de douceur pour ne pas sombrer, si bien que ce fut pour elle un arrachement quand il l’abandonna sur la banquette de la voiture pour passer à l’avant.

 

En conséquence, quand il voulut se retirer après l’avoir déposée délicatement sur son lit, elle ne put supporter cette ultime séparation.

« Restez avec moi ce soir, je vous en prie, ne me quittez pas » le supplia-t-elle des sanglots dans la voix, sans réfléchir à ce qu’elle disait. Elle se suspendit à son col et appuya sa tête contre le poitrail imposant de l’homme de main.

 

Dans un premier temps, Leandro ne réagit pas à cette supplique, cependant, sa main serra la taille de la jeune fille et il s’allongea à ses côtés en silence.

 

Bercée par cette étreinte, elle parvint à se rasséréner et s’assoupit dans les bras de l’homme.

Dans l’obscurité, Flavia avait lové son visage dans son cou, leurs respirations s’entremêlant en silence. Leurs lèvres étaient si proches, qu’il lui aurait suffi de se pencher légèrement pour cueillir un baiser. Un frisson parcourut sa colonne vertébrale, elle semblait si vulnérable qu’elle attirait l’envie irrépressible de la protéger.

 

Il resta quelques heures ainsi, n’osant bouger de peur de la réveiller ou d’effleurer les meurtrissures qu’il devinait sous les vêtements, embrassa le front de la jeune endormie puis se dégagea sans bruit, et regagna sa place auprès du capo.

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