Les jours passèrent, ma gueule de bois avec, et je me sentais de plus en plus honteuse. Elizabeth avait d’autres chats à fouetter que se préoccuper de mes états d’âme. Elle avait un travail qui lui prenait toutes ses nuits et un fils qui lui prenait tout son temps libre. Et moi qu’est-ce que j’avais ? Un appartement miteux, aucun ami et une affinité particulière avec la bouteille. J’aurais aimé qu’elle me sauve, mais au fond de moi je savais que ce n’était pas son rôle.
Au quatrième jour je sortis enfin de ma grotte et je toquai à sa porte. Un grand homme barbu ouvrit, les yeux fatigués et le corps à demi-nu.
« Ouais ?
— Est-ce qu’Elizabeth est là ?
— Ouais.
— Est-ce que je peux la voir ? »
L’homme renifla fort et gratta l’arrière de son crâne en regardant l’intérieur de l’appartement. Il décida finalement de me laisser entrer et repartit se coucher en grognant.
J’étais déjà venue des dizaines de fois, mais jamais après un client. L’air moite puait la bête et le sol était jonché de vêtements froissés. Les volets étaient fermés et ne faisaient filtrer qu’une fine source de lumière sur la table de la cuisine vide de toutes les broderies d’Elizabeth. Le bois collait. Ils avaient fait l’amour ici.
« Malina ? »
La voix d’Elizabeth m’avait fait l’effet d’une balle en plein cœur. Jamais elle n’avait prononcé mon nom avec autant de distance. Je me tournai lentement face à elle.
« Qu’est-ce que tu fais là ?
— Je suis venue m’excuser pour la dernière fois, quand j’étais bourrée. Et je m’excuse encore, je pensais que tu serais seule.
— T’en fais pas pour Pedro, c’est toujours un gros dormeur. Et c’est un excellent client, très poli quand il est réveillé. »
Son sourire était merveilleux. Elle rayonnait. Elle s’approcha de moi comme si j’étais un animal apeuré et elle me prit les mains.
« Je suis contente que tu sois venue me voir. J’ai hésité à passer chez toi hier matin, tu sais ? Tu m’as inquiétée l’autre jour. Ce que tu disais…
— Je le pensais. »
Les mots étaient sortis tous seuls et je serrais à présent ses mains entre les miennes, priant qu’elle ne s’éloigne pas.
« Je voulais dormir avec toi. Sentir ta peau contre la mienne. Voir tes cheveux blonds voiler tes yeux dans ton sommeil. Serrer mon cœur contre le tien. »
J’avais approché mon visage du sien au fur et à mesure de mes paroles. Je sentais son cœur battre de plus en plus fort, ses pupilles se dilater et son souffle se saccader.
« Je le voulais il y a quatre jours, comme je le voulais déjà il y a une semaine, comme je le voulais aussi il y a un an, comme je le veux toujours et ce depuis que t’as passé le palier du bar après ta première nuit sans ton fils. Je te veux toi, Elizabeth. »
C’est là qu’elle m’embrassa. Elle me serra au plus près d’elle et pressa ses lèvres contre les miennes. La chaleur qui brûlait nos joues se mit à embraser nos deux corps et je n’avais plus aucune autre envie que de glisser mes doigts sur sa peau. Ce baiser était tout ce dont j’avais rêvé et ses mains fines perdues dans mes cheveux bouclés m’emmenaient au paradis.
J’avais seulement oublié que le paradis était un lieu réservé aux anges.
Alors l'écriture est fluide, ça se lit vite, on est dedans facilement.
Après c'est bizarre qu'un client aille ouvrir la porte, qu'elle reçoive les clients chez elle, que les client dorment chez elle. Après, je ne suis pas très familière avec le travail du sexe, mais recevoir des clients dans son intimité, là où on élève son fils, au détriment de la moindre notion de sécurité, ça m'a sorti de l'histoire.
Par ailleurs le baisé arrive très vite, objectivement c'est sensé être émouvant, mais je ne me suis pas encore assez attaché aux personnages (à par que la narratrice est alcoolique et amoureuse de sa voisine on ne sait rien) pour que ça me touche.
Bref, pour moi ce 2e chapitre est mitigée.
Merci pour ce texte
A la base c'est une nouvelle que j'ai écrit sur un coup de tête, sans savoir où ça allait, ni quand ça se terminerait. Je pensais qu'il y aurait beaucoup plus de chapitres et dans cette histoire développée on y voyait Pedro comme un client qui est devenu un ami, et le fils vit surtout chez son père. Je me doute qu'en ayant stoppé l'histoire ici, ce n'est pas très clair ahah
Je note pour le baiser, merci pour tes retours et le temps que tu as pris pour les écrire !!