Un projet qui tient à cœur,
Parfois même une obsession.
Fabuler pendant des heures,
Mélanger réalité et fiction.
Voyager, partir à l’aventure.
Découvrir un autre pays.
Se prouver à soi-même
Que même si c’est dur,
On est capable d’affronter la vie.
Et puis finalement,
On pose son dossier,
Pour partir à l’étranger.
Le stress, l’angoisse.
Et si je ne suis pas pris ?
Et si je le suis ?
Pas le temps de réfléchir, c’est trop tard.
Prendre son billet d’avion, son passeport
Eviter de se demander si on a tort.
Et puis finalement,
On part.
On s’envole à l’autre bout de la Terre,
Avec pour seul bagage
Un cœur plein d’espoir.
Là-bas, tout est nouveau,
Tout est étrange.
La langue et les traditions,
Les mentalités et les saisons.
Les paysages et les petits plats,
Exotiques et délicieux à la fois.
Il y a les joies, les belles rencontres,
Quelques soucis, le mal du pays.
Mais plus que ça,
La découverte de soi.
Dire oui à tout, faire des folies,
Ne pas se poser de questions, sourire à la vie.
Car on sait que bientôt tout cela va se terminer.
Et pas question d’avoir des regrets.
Et puis finalement,
C’est la fin.
Le cœur gros, on rentre à la maison,
A la fois heureux de retrouver sa famille,
Ses amis, son pays,
Et terriblement triste de quitter ce monde
Qui pendant un temps nous a accueilli.
Pas facile de rentrer,
Retrouver sa vie inchangée.
Diner en famille, voir ses amis et étudier,
Tant de choses anodines,
Retour à la routine.
Pas facile de faire comprendre à ceux qui nous entourent,
Tout ce qui s’est passé pendant notre séjour.
Tenter d’expliquer, de partager,
Tout ce qu’on a vu,
Tout ce qu’on a vécu.
Mais autant parler à un mur,
Qui aurait cru que ce serait si dur ?
Comme si on avait changé,
Mais pas eux.
Comme si on n’était plus une personne,
Mais deux.
Pas facile de retrouver sa place,
Toujours en décalage, tout le monde s’agace.
On ne peut pas s’empêcher de comparer
La vie ici et la vie là-bas.
On ne peut pas s’empêcher de vouloir y retourner
Et de s’en sentir coupable, quelques fois.
On doit se réadapter et personne ne le comprend.
On nous fait même des remarques, en rigolant.
« Puisque c’était si bien, t’y retournes quand ? »
Ah, si seulement !
Ni vraiment rentré, ni vraiment resté,
Un pied ici et un pied là-bas.
Alors, enfouir ses souvenirs au fond de soi,
Ses soucis, et ses joies.
Faire comme si tout cela n’avait jamais existé,
Jusqu’à finir par douter.
Est-ce que ça s’est vraiment passé ?
Besoin d’un nouvel objectif, d’un nouveau projet,
N’importe quoi, peu importe.
Pourvu qu’on ne reste pas sur le pas de la porte,
Coincé dans une vie qui ne nous correspond plus.
A ressasser ses souvenirs et sa vie disparue.
Et puis finalement,
Les jours, les mois, les années passent.
Se rendre compte qu’on vit toujours des années en arrière.
A stagner sans savoir où aller.
Comme si tout le monde continuait d’avancer,
En nous laissant derrière.
Seul,
Incompris,
Frustré.
A essayer de garder le contact avec ses amis étrangers.
A se plonger pendant des heures dans des photos par milliers,
Tout ce temps à vivre dans le passé,
A chercher tous les moyens possibles d’y retourner.
Comme si c’était possible de retrouver sa vie,
Comme si c’était possible de faire comme si ça ne s’était jamais fini.
Comment laisser tout ça derrière soi ?
Comment oublier la personne qu’on était là-bas ?
Et puis finalement,
On se réveille un matin et on se rend compte,
Qu’il n’est nul besoin d’oublier le passé,
Pour continuer à vivre.
Qu’il suffit simplement d’accepter,
Que l’aventure est terminée.
Qu’on a appris plein de choses,
Qu’on a évolué.
Que ce n’est pas grave de tourner la page,
Que c’est comme redescendre d’un nuage.
Qu’on peut enfin aller de l’avant.
Sans se retourner trop longtemps.
Car tout cela nous a rendu plus fort,
Pour vivre d’autre aventures, plus belles encore.
Très beau poème, il m'inspire beaucoup. Je reconnais moi aussi l'expérience d'un proche ( il faudra que je lui montre ce poème d'ailleurs ).
Une petite coquille :
"On doit se réadapter et personne ne le comprends."=> comprend
Je reconnais là l'expérience d'une personne qui m'est très proche, moi même n'ayant jamais voyagé loin et longtemps.
Cela s'apparente au phénomène de la "descente", et doit être douloureux.
Tu exprimes d'une manière poétique et très réaliste en même temps le ressenti des voyageurs, comme une perte d'identité peut-être ?
Figure-toi que je n'ai pas vécu comme toi ce genre d'expérience directement, j'ai passé un peu de temps à l'étranger, mais 4 mois seulement, ce qui n'est pas suffisant pour être vraiment déphasée. Et pourtant ton texte m'a vraiment beaucoup beaucoup touchée. Il n'y a pas que les voyages qui peuvent s'y rattacher, mais aussi les diverses expériences de la vie, les époques aimées et passées (lycée, études,...) ou les relations humaines (personnes perdues, coeurs brisés...) donc non vraiment c'est suffisamment bien écrit pour être absolument universel !
Comme souvent, quand le coeur y est, la qualité suit et c'est vraiment ce que l'on ressent à la lecture. Ce texte est une vraie réussite, bravo, bravo !!
J'en suis encore toute émue ,^^
Tu as raison, ce genre d'expérience n'est pas lié qu'aux voyages mais finalement plutôt à tout ce qui touche de près ou de loin au deuil, que ce soit d'un être cher ou d'une période de sa vie.
Je suis vraiment heureuse que ce texte t'ait plu autant et surtout qu'il ait réussi à te toucher :)
(Je verrai bien un slam là-dessus, genre Grand corps malade - ou autre mais je connais pas trop ce domaine)
Et ça me touche d'autant plus que je vis à l'étranger, et quand je repasse en France, au delà de la joie de revoir ma famille et mes amis, je ressens un peu ce truc aussi...
Bravo !!
(juste une petite coquille relevée : Pas facile de faire comprendre à ceux qui nous entoureNT)
Bisouuu !
J'avais peur que ce soit un texte trop personnel et que finalement, la plupart ne s'y retrouvent pas. Je suis contente que tu aies réussi à t'identifier à ce texte :)
Pour le côté slam, j'ai justement essayé de faire en sorte que ça sonne comme une chanson lorsqu'on lit le texte à haute voix mais moi non plus, je ne m'y connais pas trop. J'ai juste fait attention au rythme et aux rimes (petit traumatisme du concours Halloween ? haha)
J'ai corrigé la coquille, merci d'avoir relevé !
Bisouuuuu