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Par Bleiz
Notes de l’auteur : Bonne lecture !

22 Octobre :

Mon frère n’a aucun sens pratique et je viens d’en avoir une preuve supplémentaire. Il est entré dans ma chambre il y a moins de dix minutes -sans s’annoncer, bien évidemment-, mon téléphone en main :

« Tu m’expliques pourquoi je l’ai retrouvé enfoui dans le canapé ?

-Non. Remets-le là où tu l’as trouvé. »

François ouvrit la bouche, prêt à rétorquer, quand le téléphone vibra. Il fronça le nez en découvrant le nom affiché.

« C’est Monier. Qu’est-ce qu’il te veut ? T’es dans les délais pour ta prédiction.

-Il veut que je le tienne au courant de l’avancée de mes projets, or c’est hors de question. J’ai presque fini, »dis-je en désignant d’un large geste la pile de papiers chancelante sur mon bureau, « et je tiens à mon effet de surprise. Va lui expliquer. »

L’appareil atterrit sur mon lit et sans autre commentaire, il s’en fut. Et le téléphona vibra à nouveau. Urgh. Est-ce qu’il serait statistiquement intéressant de calculer la durée de temps avant qu’il ne se lasse, pour de futures occurrences ? Un chronomètre suffirait sans doute mais la migraine qui me grimpe au cerveau ne me laissera pas la patience suffisante pour une expérience. Un instant, je vous prie.
 
Je suis heureuse de vivre dans notre époque moderne. Certes, nous avons nos problèmes, mais les métiers intellectuels sont bien plus reconnus et accessibles qu’auparavant. C’est une chance car avec des doigts comme les miens, je n’aurais pas atteint l’âge adulte. En voulant raccrocher au nez de ce fouineur de Monier, mon gros pouce maladroit a glissé sur le petit téléphone vert.

« Mademoiselle Ingrid ! Enfin j’arrive à vous joindre. »

S’en est ensuivie une longue, si longue discussion... majoritairement des courbettes verbales et des questions plus ou moins discrètes sur où j’en étais. Quelle fatigue, vraiment ! J’ai rarement dû autant me taire que pendant ces vingt minutes. Pendant un moment j’ai même bien cru qu’il ne lâcherait pas le morceau ; il a cependant fini par abandonner, comme toujours, de peur d’irriter la prophète. Ils abandonnent toujours. Une chance, car je n’aurais pas tenu dix secondes de plus.

Pourquoi les gens sont-ils comme ils sont ? Je reformule : pourquoi doivent-ils être si prévisibles ? Avec quelques questions et quelques calculs, je saisis leur routine, leur mode de pensée, leur essence. Les humains ne sont qu’une suite de calculs, même pas complexes. Au plan génétique, de l’ADN qui décrit leurs capacités, leur histoire. Les mathématiques sont supérieures en cela qu’elles n’ont pas besoin de planter d’aiguilles dans qui que ce soit : des données et c’est tout. Il me suffit de comparer leurs antécédents familiaux, leur apparence, la façon dont ils bougent pour connaitre leur futur médical. Un coup d’œil sur leurs livres de comptes et leurs habitudes de shopping, et je peux prévoir le jour et l’heure à laquelle ils feront faillite. C’est passionnant ! Mais alors pourquoi est-ce que je m’ennuie autant ? 

Les informations de la boîte de Monier jonchent dans ma chambre du sol au plafond. Il ne me reste plus qu’une poignée de détails à régler et ma mise en scène à mettre en place. Je touche au but ! Cette étape de mon plan sera bientôt atteinte. Alors pourquoi je ne ressens que de l’écume d’intérêt ? Un relent qui me lèche la gorge, sans goût ni forme. 
Pardon lecteur, je radote. La gloire ne vient pas facilement et la paperasse est une étape essentielle bien que barbante, surtout dans ce beau pays. 
Je me retire finir mes calculs ; je crois avoir une idée qui pointe le bout de son nez.... À creuser.

23 Octobre :

Jour de festivités ! J’aurais bien demandé à faire péter le jus de pomme dès maintenant mais d’après ma mère, mettre la charrue avant les bœufs est une mauvaise habitude dont je ferais bien de me débarrasser. Bah, ça peut bien attendre cet après-midi. En effet, vous avez bien compris : le dossier Monier est finalement bouclé ! Allumez le feu de joie ! J’y jetterai bien ces satanés papiers mais je comprends bien que ce serait contre-productif. La joie que cela me procurerait serait intense et brève... trop brève... mais intense... Non, non, c’est une mauvaise idée. Passons. Monier a retenu un créneau de deux heures rien que pour moi, dans son grand bureau dans la tour de verre couleur pétrole.  Cette fois-ci d’ailleurs, ce sera mon père qui m’accompagnera ! Ma mère s’est retrouvée à l’improviste coincée avec un patient qui aurait un rhume carabiné pile au mauvais moment. Nul doute qu’elle aurait souhaité se trouver avec moi en face de Monier plutôt que de laisser mon père avec les rênes en main, aussi lui ai-je affirmé :

« Pas de souci, maman. C’est moi qui mènerai la conversation, Papa n’aura pas un mot à dire ! »

Étrangement, cela n’a pas semblé la rassurer. 

Je suis dans ma chambre en ce moment. Mon frère n’a pas encore débarqué comme un sauvage mais je sens que cela ne saurait tarder. Après tout, malgré ses airs de je-m’en-foutiste, lui aussi est curieux de savoir comment mon destin sur les réseaux sociaux va tourner. J’ai installé l’application désirée sur mon téléphone spécialement pour l’occasion. Je me suis même créée un compte, privé, pour mon usage seulement ! Je pourrais ainsi suivre mon compte officiel. Oui, comme vous l’aurez compris, je ne serais pas la personne derrière le profil tout neuf et flamboyant de la Pythie ! Ce sera Charlotte. Je lui ai bien glissé l’idée de me donner le mot de passe mais elle a fait la sourde oreille, allez savoir pourquoi. Toujours est-il qu’il est 12 :02 et aucun signe de mon compte officiel à l’horizon ! Rester près de ce journal de bord, lecteurs, je m’en vais chercher des nouvelles de mon agent.

« S’lut Karlsen.

-Bon sang Marchand, qu’est-ce que tu fais ? Je m’épuise la rétine depuis tout à l’heure à attendre le lancement de cette satanée page Instagram !

-On dit un compte, pas une page, » me corrigea-t-elle. « C’est un réseau social, pas un document Word.

-C’est du pareil au même. Pourquoi tu ne passes pas à l’action ?! » demandais-je en tapant du pied.

« Enfin, Karlsen ! Réfléchis deux secondes ! Si on veut faire une entrée remarquée, on n’arrive pas à l’heure. On prend son temps, on fait languir le public et quand ils se rongent les ongles d’impatience, là on se lance ! 

-Une devineresse n’est jamais en retard ni en avance, elle arrive précisément à l’heure prévue... » murmurais-je en saisissant la démarche de Charlotte.

Et dire que sans elle, j’aurais raté une occasion de mettre mon personnage en scène ! Mon entrée dans le monde informatique doit être majestueux et impressionnant, tout en me créant une image plus accessible. Un équilibre fragile que seule cette fille peut créer. 

« Je vois que tu as compris, » fit la voix satisfaite de Charlotte à l’autre bout de mon téléphone.

« Oui. Du coup, qu’est-ce que je fais en attendant ?

-Tu relis le plan d’attaque que je t’ai envoyée et cet après-midi, je veux que tu me mettes Monier au tapis, kapich’ ?

-Mmm. À plus tard ?

-C’est ça, à plus. »

Troublés, lecteurs ? Oui, c’est normal, je n’ai pas pris la peine de poser un contexte auparavant. Puisque vous insistez : mon agent faisait référence à un email qu’elle m’a envoyé au petit matin, concernant des demandes de royalties et une légère modification à mon contrat pour y rajouter le nom de Charlotte Marchand en tant que ma représentante officielle (ne me demandez pas quelles embrouilles administratives elle a dû fabriquer pour arriver à ses fins, moins nous en savons et mieux nous nous porterons, croyez-moi). J’ai donc une série de phrases et de termes à éviter expressément ainsi qu’un papier à lui faire signer. Je m’imagine déjà la tendre à Monier, un stylo à la main... Serais-je devenue la secrétaire du diable ? Non, j’exagère ; Charlotte n’a pas besoin d’une secrétaire. 

« Ça y est ! » s’écria mon frère.

-Quoi donc ?

-Ta pote a ouvert ton compte Insta... »

Je me jetais aussitôt sur mon téléphone, me jurant de le corriger plus tard : Charlotte n’est pas ma « pote », elle est ma collègue de travail et ce de plus en plus officiellement. 
En quelques clics, Internet déposait dans mes mains le résultat tant attendu. Il faut dire que ce fut chose facile : la campagne marketing qui avait eu lieu durant les trois derniers jours avait dépassé toutes les attentes. Je noterai en passant que j’avais reçu, au cours de la même période de temps, plus d’un message vocal plein d’injures que je me refuse à retranscrire ici. Provenant tous de Charlotte. La raison de sa rage ? Elle prétexte que j’aurais dû lui en parler plus tôt ! Soi-disant que les délais étaient trop courts ou je-ne-sais-quoi. Cette tendance que les gens ont, à ne voir que du négatif partout ! Tout d’abord, personne ne l’a forcé à accomplir cette tâche, et en aucun cas aussi rapidement. C’est un simple signe de son efficacité professionnelle et de son enthousiasme pour le projet. Belles qualités à inscrire sur un CV ! Un cadeau que je lui fais. Non, attendez : ce sont de bonnes choses pour elle car cela lui créée de l’expérience. Elle n’aura pas besoin de CV si elle travaille pour moi, suis-je bête. Mais permettez-moi de vous décrire la page.
Tout d’abord, la photo de profil. Ma première idée en la voyant a été de réclamer des droits d’images, juste avant de me souvenir qu’officiellement, le compte m’appartenait. Damnée Charlotte. On voyait ma tête, à moitié de dos et plongée dans l’ombre, de manière à ce qu’on ne distingue que le dessin de mon visage. Celui-ci était artistiquement agrémentée de mes cheveux qui, pour une raison ou une autre, flottaient avec une théâtralité telle que je n’aurais jamais pu obtenir un résultat semblable volontairement. Rajoutez à cela un filtre outrageusement sombre et faussement étincelant dans les tons noir et violet et vous aurez une idée plutôt précise de ce que j’ai vu. J’ai passé une main songeuse sur mon visage, le contour arrondi de ma joue, le trait de mes sourcils. J’avais beau savoir à quoi je ressemblais, et la jeune fille sur l’écran était moi, pas de doute, c’était le jeu des cent mille différences entre elle et moi. Comment peut-on changer autant de choses sur un nombre aussi réduit de pixels ? Encore une raison pour laquelle j’étudie les maths, pas l’informatique. Il y avait aussi une courte citation, en-dessous de la photo : « Ingrid Karlsen, parfois connue sous le nom de Pythie. Devineresse professionnelle. » Y était accolée l’adresse email de Charlotte.

Tant de choses que je pourrais dire et pourtant, ma générosité naturelle m’empêche de lâcher un quelconque commentaire sarcastique. Pourtant, lecteurs, je vous connais un peu à présent, je suppose que vos pensées ne sont pas loin des miennes. Et pour cause ! Enfin, ne nous lançons pas sur ce sujet, ce n’est pas une bonne idée.
Mais franchement, devineresse professionnelle ?! Allons. Il devait y avoir un autre moyen de formuler cela. Mais ce n’est pas le pire selon moi : « parfois connue sous le nom de Pythie ». Qu’est-ce que c’est que ce ton pompeux ? Pas la peine de se faire d’illusions, je le sais, Charlotte le sait (elle doit le savoir !), le public le sait, même vous lecteurs vous le savez ! On ne me connaît plus que comme Pythie ! Il serait plus honnête d’inverser la phrase pour former un « Pythie, parfois connue sous son nom de baptême et de papiers Ingrid Karlsen ». 
Et ces tons sombres ! Où est passé mon image sympathique et abordable dont je rêvais tant ? Aux oubliettes de la conscience de mon agent, voilà où elle a disparu. Et surtout : quand diable avait-elle pris cette photo ?

Enfin. Pythie existe à présent pour de bon, sur la toile et dans l’esprit des gens. Mais moi, où suis-je ? Ingrid Karlsen, mathématicienne de génie pleine d’ambition, où est-elle ? Pas la moindre trace d’elle sur ce compte Instagram.

« Wouah. Ça me convaincrait presque que tu es une vraie devineresse. J’aime bien la vibe qui ressort ! » avoua mon frère avec un sifflotement admiratif.

« La vibe ? 

-Ouais, c’est un peu... » Il fronça les sourcils un instant avant d’agiter les mains devant lui, comme s’il jetait un sort. Les yeux plissés, il me lança avec un accent des plus improbables : « Tou es oune vrrrrraie sorcière, maintenant. »

-Tu m’as prise pour Madame Irma ou quoi ?! 

-Promis, la prochaine fois, je demande au père Noël de t’apporter une boule de cristal. »

J’ouvris la bouche pour lui assener une tirade offusquée mais déjà il était sorti, ricanant dans sa barbe. À un autre moment, sans doute me serais-je lancée à sa poursuite, mais pas cette fois. Mon attention devait se consacrer à mon problème le plus urgent : le gouffre entre mon identité médiatique et ma personne.
Je me retins de hurler en rationalisant. Pour l’instant, il n’y avait qu’une seule photo affichée. Il ne tenait qu’à moi de changer la donne. Le monde découvrait une Pythie mystérieuse et mystique, j’allais lui présenter une version plus chaleureuse. Enfin, dès que j’aurais eu Charlotte au téléphone : elle seule avait le mot de passe. `


Me revoilà ! Cette fois, c’est clair, Charlotte et moi n’avons pas du tout la même approche. 

« Qu’est-ce que tu ne comprends pas quand je te dis qu’on change mon image ? J’ai l’impression d’être revenu à la case départ ! »

Un soupir me fut servi en guise de réponse. Je m’enflammais aussitôt :

« Marchand ! Explique-toi !

-Ça ne servirait à rien de tout transformer aussi brutalement. Les gens se sont fait une idée de toi, il faut la renforcer pour graver ton nom dans leurs esprits. Après, si c’est toujours ce que tu souhaites, on rajoutera des fleurs et des licornes à ton profil.

-Ne sois pas ridicule, » sifflais-je. « La seule chose que je voulais-

-Le problème Karlsen, c’est que tu veux tout et son contraire. Si tu crois que ce que tu as achevé jusqu’à maintenant est suffisant pour garder ta position, tu te trompes. Lourdement. Pourquoi crois-tu que les gens te respectent ?

-Parce que je vois l’avenir et que cela les intéresse, je ne suis pas naïve.

-Parce qu’ils ont peur, bon sang ! Plus tu gagnes en crédibilité, plus tu représentes une menace pour absolument tout le monde ! Le temps passe et personne n’a pu prouver que ton affaire était du cinéma. » 

Mon cœur rata un battement. Charlotte, insensible à mon trouble, poursuivait. 

« Je prendrais même pas la peine de faire un pari avec toi sur ce coup-là : dans un mois, deux max, un mot de toi suffira à réduire un business en poussière. Mais pour l’instant, on n’a rien sous la main ! Juste ton braquage de banque magique et la menace diffuse que tu représentes. C’est pas suffisant, tu le comprends ça ?

-...Oui, » soufflais-je.

« On va essayer de te descendre. Pas physiquement, enfin pas que je sache, mais ta réputation ? Attends-toi à ce qu’on lui balance de la boue et des ordures. La peur que tu inspires est la seule arme dont on dispose, alors on l’utilise. Tu es la Pythie du XXIème siècle, tu vois l’avenir, tu remportes des richesses en une poignée de chiffres ; tu es forte et le monde doit savoir que tu en as conscience ! Alors jusqu’à nouvel ordre, tu es l’effrayante sorcière du Nord de la capitale. Reste polie avec tes fans, sympathique s’il t’en prend l’envie mais reste sur tes gardes et souviens-toi : tu n’as peur de rien. Ok ? »

Je gardais un silence que certains qualifieraient de vexé. Je pencherais plutôt pour « froid ». La voix de Charlotte, un peu radoucie, retentit dans ma chambre :

« Toujours là Karlsen ?

-Oui. Ne t’en fais pas, j’ai bien compris la situation.

-Écoute, je sais pas ce qui te prend ces derniers temps, mais si c’est l’idée de te rapprocher de ton public qui te pousse à vouloir ruiner mon dur travail, t’as pas à t’en faire. Ça va bien se passer. Franchement, lis les messages qu’on t’envoie, réponds à quelques-uns quand ça te chante, moi je continuerai de poster régulièrement... c’est largement suffisant pour que tu deviennes ami-ami avec tes fans ! 

-Mais si ce n’était pas suffisant ?! » m’exclamais-je avec fureur.

Aussitôt, je compris que j’avais surréagi. Tout du moins, je n’aurais pas dû me laisser aller à exposer mes sentiments ainsi. Je n’avais nul besoin de la pitié de mon agent, particulièrement en connaissant sa langue de vipère. J’essayais de me rattraper :

« Je veux dire- le lien qui va se créer, avec les gens, ça va être pour de vrai. S’ils ont peur de moi, ou si juste, s’ils me voient comme quelqu’un d’effrayant… Ils ne vont pas m’aimer ? » dis-je d’une petite voix.

Un ange passa. Je fermais les yeux. Pourquoi est-ce que j’avais dit ça ? Elle n’avait pas besoin de savoir ça ! Cependant, au lieu de me balancer une réplique cinglante au visage, Charlotte dit :

« Ingrid, qu’est-ce que tu racontes ? Ils t’aiment déjà ! »

Et elle raccrocha sur ces mots. Je restais un instant, plantée là dans ma chambre, le téléphone à la main. J’étais dévorée par le doute et, peut-être, un peu de peur. Il ne restait plus qu’à attendre les réactions médiatiques. On verrait bien qui avait raison…


1 million. Grosso modo. En moins d’une demi-heure.
Pardon, je crois que vous n’avez pas compris (moi-même je ne suis pas certaine d’avoir compris alors vous, n’y pensons pas). Il y a un million de gens qui me suivent sur Instagram, qui bombardent de petits cœurs roses mon unique photo. Si je suis prophète, est-ce que cela fait d’eux des apôtres ? Non, Jésus n’en avait que treize et il a trainé une Église derrière lui. Non, non, ce sont mes followers. Clavier sous la main gauche, smartphone dans la main droite, lecteurs, vous vivez ma révélation au fur et à mesure que je la vis. Combien de génies étaient aussi assidus dans leurs carnets de bord, je vous le demande !
Une pluie de compliments, d’affection et d’encouragements s’abat dans les messages. Mes yeux ne pouvaient se fixer sur un seul d’entre eux tant ils se succédaient rapidement. Certains mots revenaient fréquemment : « Incroyable ! » « Merci » « Magie » et bien sûr, « Pythie ». Je parvins enfin à en lire un entièrement. Il était bref et résumait, je crois, ce que tous les autres mots cachaient. 
« Pythie, j’espère que tu liras ça. J’ai hâte de voir ce que tu vas faire maintenant ! »

Moi aussi, j’ai hâte de voir ce que je vais faire. Bien sûr, il m’aurait été difficile de répondre ceci à notre inconnu. Rédiger un remerciement était également au-dessus de mes forces, à cet instant. J’ai les yeux qui picotent tant j’ai du mal à les arracher de l’écran. Ces chiffres qui s’ajoutent, ces messages qui se multiplient chaque fois que je rafraichis l’application, j’ai le cœur qui chauffe ! C’est ainsi que j’ai réalisé qu’il était bon que l’on ne s’intéresse pas de trop près à ma « véritable » personne. Si les gens aimaient Pythie, je n’avais aucune raison de ne pas la leur donner, n’est-ce pas ? Ce n’est pas comme s’ils rejetaient l’autre moi : aucun d’entre eux ne connaissait Ingrid Karlsen. C’est sain, même : séparer le privé du publique, tout ça tout ça...

« Ingrid, tu es prête ? On va pas tarder à partir. » 

Mon père est bien plus excité que moi à l’idée de revoir Monier. Maintenant que j’y pense, il ne l’a rencontré qu’une seule fois, en même temps que moi. Cela remonte à quoi, un mois ? Je ne m’en rappelle pas très clairement. Le temps devient flou... Ça ira mieux quand mon affaire avec cette entreprise sera achevée. Nul doute que de nouvelles opportunités viendront toquer à ma porte aussitôt !
On m’appelle à nouveau. Comme toujours, je viendrai retranscrire tout évènement que je juge d’importance à mon retour.
 

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sifriane
Posté le 29/01/2022
Salut,
Bon chapitre, toujours très agréable à lire. Malgré mes craintes, l'aspect journal fonctionne très bien.
A la place d'Ingrid, je me méfierais de Charlotte. Nous verrons...
Ingrid cherche trop l'admiration, ça va certainement lui jouer des tours. Tu fais constamment évoluer Ingrid, ce qui fais qu'on se n'ennuie pas.
A bientôt :)
Bleiz
Posté le 30/01/2022
Salut,

Merci pour ton commentaire ! Je suis contente que l'aspect journal te paraisse fonctionner. Et tu n'es pas la seule à te méfier de Charlotte, il y a beaucoup de suspicion dans les commentaires x) J'espère que la suite te plaira !

À bientôt :)
Edouard PArle
Posté le 25/01/2022
Coucou !
L'aspect réseaux sociaux prend de plus en plus de place, j'avoue que je ne pensais pas au début de ma lecture que ça prendrait cette place. J'aime beaucoup ce thème de gérer le popularité etc...
On s'aperçoit que la stratégie de Charlotte plaît de moins en moins à son amie qui, non contente d'être célèbre, veut aussi être aimée... Sa personnalité n'est pas que celle d'une génie qui se désintéresse de son rapport aux autres.
Le passage avec la description de son profil était amusante^^
J'ai hâte de voir le rdv avec Monier, je sens qu'on va s'amuser (=
Une petite remarque :
"le privé du publique, tout ça tout ça..." -> public
Un plaisir de te lire,
A bientôt !
Bleiz
Posté le 25/01/2022
Coucou !
Merci pour ton commentaire, comme toujours tes retours sont les bienvenus. Oui, j'essaie de développer les différentes facettes de la personnalité d'Ingrid au fur et à mesure de l'histoire. Merci pour la correction, je vais aller changer ça.

À bientôt :)
Benebooks
Posté le 12/01/2022
Un chapitre intéressant, qui soulève deux points importants :
Ingrid veut absolument se faire aimer de son public, chose que je trouve bien, on se détache un peu de la personnalité détachée et hautaine qu'elle nous présentait jusqu'à maintenant
La présence de plus en plus accrue de Charlotte, qui va sans doute être amené à prendre encore plus le contrôle pour son propre profit

J'attends de voir comment les choses évoluent
A bientôt !
Bleiz
Posté le 12/01/2022
Bonjour,
Merci pour ton commentaire ! Oui, de nouveaux éléments sur la personnalité des personnages sont introduits petit à petit, et la seconde partie de l'histoire se rapproche également...
J'espère que la suite de l'histoire te plaira !
À bientôt :)
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