DANS LE BLANC
Elle est revenue.
Dans le noir de ma chambre, mon réveil vient de sonner. Je suis sous mes couvertures et je n’ai pas encore ouvert les yeux, mais je sens que l’air est plus dense, plus moite qu’à l’accoutumée.
Le silence est trop épais.
Je me lève, mais n’ouvre pas la fenêtre, ne cherche pas à la voir, je retarde volontairement notre rendez-vous.
Je sors de ma chambre et descends prendre mon petit déjeuner. Des tartines de beurre trempées dans un chocolat bien chaud. Je relie mentalement les points du jeu au dos de la boîte de cacao ; comme chaque matin se dessine un crocodile à côté d’un palmier. Je remonte en me demandant si le jeu sera un jour renouvelé. Combien de temps avant un nouveau dessin ? Un mois ? Un an ?
Je ramasse le pantalon que j’ai laissé par terre la veille, attrape culotte, chaussettes dans le placard et finis par choisir un t-shirt – celui avec un koala - avant de partir pour la douche.
Je laisse couler l’eau brûlante depuis plusieurs minutes sans me lasser de son réconfort, quand la voix de ma mère me crie du rez-de-chaussée que ce n’est pas moi qui paye les factures. Je coupe à regret, sors de la douche, m’essuie, m’habille et me brosse les dents. Devant la glace, j’attache mes cheveux d'une couette rapide, ils sècheront en route.De retour dans ma chambre je fourre dans mon cartable les affaires que je n’ai évidemment pas préparées la veille. Je n’ai pas fait l’exercice de géométrie que le prof nous avait donné, lui préférant un jeu vidéo. Cela n’avait pas l’air trop long, je m’y mettrai rapidement à midi. Je n’oublie pas de prendre ma boîte de cartes, j’espère pouvoir faire échange avec Lou aujourd’hui.Je dévale l'escalier, saisis dans le couloir d’en bas ma veste bleu marine, l’enfile, ainsi que mes baskets et mon sac. Prête à partir, je me pose quelques secondes, la main posée sur la poignée de la porte d’entrée. Je l’ouvre.
Elle est bien là.
Une brume laiteuse, presque opaque, a envahi le paysage.
Ma maison et quelques autres se trouvent légèrement en hauteur par rapport au reste du village. A une dizaine de mètres seulement en contrebas, des filaments blancs commencent déjà à estomper les contours des arbres, des bâtisses et des voitures. Au pied de la colline, on ne distingue presque plus rien.
Elle est basse, au ras du sol, forme une fine fumée claire par endroits, de gros rouleaux à d’autres. Elle ne s’accroche pas à la route qui semble lui déplaire, mais s’attache aux maisons, submerge les jardins, s’enroule autour des lampadaires et enlace les pieds des passants.
Avant de partir à l’école, je fais le tour de la maison pour aller jeter un œil dans la cabane de notre voisine. Au fond, cachés dans l’ombre d’une vieille tondeuse à gazon, trois adorables petits chats s’agitent dans le creux d’un vieux chapeau de paille. Leurs yeux se sont ouverts il y a quelques jours à peine. Je les grattouille et joue un peu, mais ils sont encore trop jeunes. Je les abandonne à regret ; peut-être que maman me laissera en adopter un, ce serait bien.
Sur le chemin, je suis rattrapée par Coline ; elle reprend son souffle après avoir couru.
"Tu m’as pas entendue ? Je t’ai appelée !"
Transpirante dans sa doudoune rouge, elle réajuste ses grandes lunettes rondes sur son nez et son sac en plastique transparent sur ses épaules avant de reprendre la route à mes côtés.
"Alors cet exercice de géométrie, ça a été au final ?"
Je connais Coline depuis toujours. Nos mères sont amies, nous avons passé notre enfance à jouer ensemble. Elle a deux ans de plus que moi, mais ça ne pose pas vraiment de problème. Je ne la vois plus très souvent cette année car depuis la rentrée, nos chemins se séparent. Arrivées en bas de la rue, je vais marcher tout droit pour aller à l’école du village. Elle prendra à gauche pour rejoindre le bus qui l'emmènera jusqu’au collège. Quelques fois par semaine, nos horaires concordent et nous marchons un peu ensemble.
Plus nous descendons, plus la brume se fait épaisse, les sons étouffés. Seule la route reste à peu près dégagée. Sur le trottoir, il me devient difficile de voir mes propres chaussures, immergées dans une nappe de fumée blanche. Les maisons ne sont plus que silhouettes perdues dans le nuage.
La brume nous est familière. Il est impossible de prévoir sa venue, ou la durée de son séjour, mais nous ne nous étonnons plus de la voir arriver, rester un temps, puis repartir. Emportant avec elle son butin.
En descendant, Coline me dit :
"Au fait, je t’ai dit que je ne parlais plus à Johanna ?"
Je ne sais pas vraiment qui est Johanna, c’est une nouvelle amie de Coline, rencontrée au collège. Elle me parle beaucoup d’elle, et je l’imagine comme une fille très importante, qui m’impressionne un peu.
"Figure-toi qu’elle me reproche de parler avec Camilla avec qui elle s’est disputée la semaine dernière. Moi je lui ai dit que la dispute ne concerne qu’elle, que je n’ai rien à voir là-dedans, et qu’en plus je ne lui avais parlé que pour lui demander les devoirs à faire pour le lendemain. Je ne peux pas me permettre un nouveau mot dans mon carnet, sinon mes parents me priveront de la soirée chez Clothilde. Mais cette andouille ne veut pas comprendre… forcément c’est facile pour elle qui a toujours des bonnes notes sans rien faire !
_ Oui je comprends…
Je ne comprends pas vraiment, mais je n’ai pas envie de passer pour une andouille moi aussi. Depuis que Coline va au collège, sa vie me semble assez compliquée. A chaque fois que l’on se voit, de nouveaux évènements très importants s’ajoutent aux précédents, et elle m’en parle d’un air grave. Je me demande s’il est obligatoire d’aller au collège, car je ne suis pas sûre d’en avoir envie. Pour la première fois depuis que nous nous connaissons, je me sens un peu petite. J’hésite à lui parler des trois chatons de Mme Renard mais j’ai peur que ce ne soit pas assez important et je ne veux pas passer pour une enfant.
Arrivées au carrefour du bas, nous nous séparons avec grands sourires et signes de main, puis je traverse la route, seule.
Sur le trottoir d’en face, je continue tout droit. La route se transforme en chemin de gravier, et traverse une petite forêt. Si je regarde droit devant, je vois apparaître l’école en bout de trajet, mais de chaque côté, dans les arbres, deux gigantesques murs de vapeur blanche imprègnent la végétation et réduisent mon champ de vision à quelques mètres.
Je m’avance dans ce couloir, les pieds perdus dans des remous de brouillard. Autour de moi, les arbres ne sont plus que silhouettes blanchies. La nature est muette, l’air compact. Il n’y a pas de vent.
À mon passage, un frémissement parcourt les feuillages.
Ce frisson est communicatif, car la brume ne nous rend jamais visite sans conséquence.
L’année dernière, Robin Chevalier a disparu.
Il a été vu marchant vers le brouillard. Il s’y est engouffré, et n’est jamais revenu.
Personne n’a vu Mélodie Roche s’en aller. Un soir de brume, elle n’est simplement jamais rentrée chez elle.
Je me souviens aussi de Cerise et Olivier. J’étais très jeune, et ils me semblaient déjà presque adultes. Cette année-là, le nuage est resté plusieurs semaines je crois, le temps semblait ralenti. Au retrait, trois personnes nous manquaient ; dont le frère et la sœur, que l’on voyait souvent jouer au foot dans le vieux terrain jouxtant la forêt. Je me souviens très bien d’eux car ils me donnaient envie de les rejoindre ; ils avaient un beau ballon bleu avec des étoiles d’or qui brillaient, et avaient l’air de beaucoup s’amuser. Mais ils étaient trop grands, couraient trop vite. Et puis ils ont disparu. La troisième personne partie cette fois-là, je ne la connaissais pas, ou en tout cas je ne m’en souviens pas.
Elle flotte, elle s’insinue, autour des corps et dans les esprits.
Un coup vif vient me frapper à la tête.
À peine le temps de me retourner que je suis dépassée en trombe par les frères Roussel. C’est l’aîné qui m’a gratifiée de cette attaque moqueuse, juste de quoi me surprendre et m'ébouriffer les cheveux. Juste de quoi faire presque mal, mais pas vraiment. Je souris et m’élance à la poursuite du trio infernal, faisant semblant d’être en colère. Nos bruits de courses et nos cris résonnent mat ; nos cartables brinquebalants font chanter nos crayons dans leur trousse.
À ce rythme, nous arrivons rapidement au pied de l’école où nous nous séparons. La grille est déjà ouverte, des petits groupes d’élèves se sont formés dans la cour, discutant, chahutant ou somnolant. Je les contourne, à la recherche d’un solitaire à capuche. Je trouve Lou assis par terre, près du grand chêne, jouant à la console.
Je regarde par-dessus son épaule, et attends qu’il ait fini sa partie pour l’interpeller.
Hier j’ai dépensé mes économies pour m’acheter un nouveau paquet de cartes. Comme toujours, un lot fait surtout de monstres sans valeur, et de seulement quelques créatures plus rares. Après un examen minutieux et à ma grande déception, aucune carte que je n’avais déjà. Passés un geignement de frustration et un soupir de résolution, me voici le lendemain devant un grand collectionneur dans l’espoir de faire échange.
Lou est dur en affaire. Nous bataillons depuis plusieurs minutes lorsque le deuxième des frères Roussel nous rejoint pour participer aux transactions. Lorsque la cloche sonne, j’ai eu le temps d’échanger une bonne carte que j’avais en double contre trois des siennes. Une plutôt bonne affaire.
J’ai du mal à me concentrer en classe aujourd’hui. Assise près de la fenêtre, je laisse mes yeux se perdre vers la forêt dont le dessin s’estompe de plus en plus. Je n’ai pas souvenir d’avoir été perturbée lors des précédentes venues de brume. Cette fois quelque chose est différent. Je la regarde, et pour la première fois, je la trouve belle et troublante. Mon corps est bien assis, sur une chaise solide de ma salle de classe. Mais mon esprit s’évapore.
La voix de M. Prince est très lointaine, elle nous parle de la Révolution, je crois.
Sa paire de lunettes nous surveille, balayant la pièce de gauche à droite. Elle se tourne régulièrement vers le tableau, une craie se met alors à danser sur l’ardoise pour y écrire une série de dates et de lieux.Suspendue dans le vide, comme tenue par une main invisible, elle trace sur le noir des traînées de poussières blanches avant de se laisser tomber sur le bureau de mon professeur.
Ce spectacle nous est si familier que personne n’y prête attention. Pas plus qu’à la paire de lunettes, flottant à une vingtaine de centimètres au-dessus d’une chemise à carreaux bien tendue mais n’habillant aucun corps.
Lorsque la brume emporte l’un d’entre nous, elle prend beaucoup, mais ne prend pas tout. Il reste un fragment, une persistance ; un écho. Comme si l’univers hésitait.
M. Prince est parti il y a bien longtemps, et pourtant chaque jour de semaine, quelque chose de lui nous fait cours, nous compte, nous gronde, nous surveille à la récré.
Une mallette en cuir, une paire de petites lunettes rondes, une chemise à carreau, une voix calme et une craie qui danse sur le tableau. M. Prince est le professeur de l’école du village, et il y a des empreintes que même la brume ne peut effacer.
L’après-midi, quand le cours de mathématiques commence, je me rends compte que j’ai complètement oublié de me replonger dans l’exercice de géométrie. J’essaye de le commencer en hâte, utilisant les toutes premières minutes du cours pour jeter rapidement quelques lignes sur mon cahier et espérer éviter la punition. Technique rodée que j’abandonne pourtant assez vite, mon esprit est trop engourdi, mes pensées trop lointaines. Tant pis, avec un peu de chance, M. Prince ne passera pas dans les rangs mais corrigera directement au tableau.
Le soir, à la fin des cours, mes camarades passent la grille puis se dispersent en courant. Leur silhouette et leurs cris se diluent dans le blanc.
Je traverse le trottoir et emprunte le chemin de gravier pour rentrer chez moi. Je m'enfonce alors dans un monde flottant, indécis. Dans le tunnel de nuage les sens sont diminués ; entre les arbres, le silence se fait, l’instant se dilate. Seuls quelques bruissements de feuilles, loin au-dessus de moi, m’accompagnent. La distance de l’entrée du bois à sa sortie semble s’allonger au fur et à mesure que je progresse, comme si le temps et l’espace s’étiraient. Mes enjambées rétrécissent, mes pas ralentissent, et je finis par m’arrêter totalement, en plein cœur du bosquet. Je me tourne vers les arbres, figures pâles à la ligne brouillée. Que se passerait-il si je plongeais dans le blanc ? Dans cette direction, continuer droit entre les troncs devrait me faire ressurgir sur le vieux terrain de football. Mais aujourd’hui, maintenant, serait-ce le cas ? Isolée dans ma bulle de fumée, le monde pourrait tout aussi bien ne pas exister.
"Arrête t’es chiant, rends-moi mon sac !
_ Viens le chercher ! Si tu m’attrapes pas je le garde !"
Je sursaute, arrachée à mes pensées par les chamailleries de trois garçons de ma classe, qui se poursuivent et me dépassent en se lançant sacs, vannes et coups de poing.
Je me retrouve à nouveau seule, un peu hébétée, mais décidée à grimper la route pour rejoindre ma maison.
L’air est devenu très humide et le bout de mon nez est froid. Je me sens à l’étroit dans mes vêtements qui me collent un peu à la peau.
J’avance sans visibilité, les yeux concentrés sur le bord du trottoir que je longe consciencieusement, évitant les lampadaires de justesse. Alors que je suis perdue dans mes pensées, une grande masse jaillit tout à coup du brouillard, me bloquant le passage. Je m’arrête brusquement pour ne pas la percuter. Tout sourire, Pierre s’excuse de m’avoir surprise et se décale de quelques pas pour me laisser passer. Il a des kilos en trop, un petit nez au milieu d’un visage tout rond, des yeux effilés en amandes et le regard toujours rigoleur. Il est difficile de lui donner un âge. En général, nous nous entendons plutôt bien.
Avant de s’éloigner, il capture mon regard et me dit : “T’es pas encore partie toi, c’est bien. Moi je ne crains rien, moi. Je serai toujours là. Mais toi… je ne sais pas.” Puis regardant le bas de la colline : “On commence à voir flou, et c’est là qu’il faut être prudent. Ne te perds pas !” Puis il s’en va.
Je reprends ma route.
J’arrive presque chez moi quand le silence est enrayé par des aboiements et des cris. Deux bolides à fourrure, l’un petit et gris, poursuivi par une énorme bête orange aux poils longs, me croisent en galopant, me renversant presque.
"Malbrough ! crie Madame Renard que je vois émerger du brouillard en clopinant, essoufflée après seulement quelques mètres. Roooh, j’ai laissé le portail entrouvert deux minutes et le voilà déjà parti courir le lièvre. Malbrough !"
Je me retourne pour tenter de suivre le chien du regard, mais je ne le vois déjà plus, la distance l'a effacé. L’oreille alerte et les yeux plissés, nous attendons de le voir ressurgir mais le silence se fait. Sa proie a sûrement traversé un talus, inutile de les poursuivre dans les champs.Je me retourne finalement vers ma voisine.
"Il reviendra Madame Renard, il connaît le chemin."
La vieille Renard reste les yeux dans le vague ; elle est aussi petite que son chien est énorme, je la dépasse presque déjà. Son dos, complètement replié, me fait parfois mal rien qu'à le regarder.
Après un silence, elle me répond doucement : “j’espère que tu as raison”. Puis s’en retournant vers chez elle : “mais je ne suis pas rassurée”.
J’ai hâte de rentrer chez moi. Je passe le portillon et accélère mes pas jusqu'à la porte d’entrée. Enfin vendredi soir, pas d’école demain, et je sais qu’un grand bol de chocolat chaud m’attend dans la cuisine pour me réchauffer. Accompagné d’une ou deux crêpes ; ou de gaufres, ou peut-être d’un gâteau au chocolat tout juste sorti du four. Oui, je suis sûre que ce sera un gâteau, et j’ai bien envie d’une grosse part.
À peine j’ouvre la porte qu’une merveilleuse odeur vient confirmer mon présage. L’éclairage du couloir m'éblouit un peu, je me dépêche de quitter mes chaussures, d’accrocher ma veste, de monter dans ma chambre pour y jeter mon sac avant de redescendre en courant dans la cuisine.
La pièce est éclairée d’une lumière chaude. Par temps de brume, impossible d’y voir à l’intérieur sans tout allumer.
Sur la table ronde, en face de ma chaise, m’attend un grand bol dont s’échappe une fine fumée. Placée dans une petite assiette, une énorme part de gâteau au chocolat l’accompagne. Délice.
Alors que je m’installe pour entamer la pâtisserie encore chaude, la voix de ma mère me demande depuis le salon si j’ai passé une bonne journée. Je réponds vaguement, oubliant de préciser que j’ai trois exercices de mathématiques supplémentaires à faire pour la semaine prochaine en punition de cet après-midi. Quand je vais raconter ça à Coline, elle va se moquer de moi.
Les vues aux fenêtres sont bouchées par le voile blafard du brouillard. Enveloppée dans les lumières du foyer, je me sens comme dans un cocon, protégée.
Je plonge mes lèvres dans le chocolat fumant et sucré qui me réchauffe immédiatement. Le tablier de ma mère entre dans la cuisine, vert avec un motif de petites pommes blanches. Le livre qu’elle lisait dans le salon se pose sur la table, ainsi que ses lunettes qui se posent à leur tour sur le livre. Le tablier traverse la pièce jusqu’à l’arrosoir posé dans le coin près de la fenêtre. L’ensemble se dirige, flottant de plante en plante, pour déverser un peu d’eau dans chaque pot de fleurs de l’appui de fenêtre.
Le temps de finir mon goûter, le tablier est reparti tranquillement s’asseoir dans le salon, accompagné du livre et des lunettes.
Je me lève et me dirige vers le couloir, mais une réflexion venue du séjour me signifie que je pourrais au moins mettre mon bol et mon assiette dans le lave-vaisselle. Je m’exécute en râlant intérieurement et me replie rapidement avant qu’une autre remarque puisse être faite.
J’ai hâte d’être à demain, Coline doit venir jouer à la maison. Je pourrai enfin lui montrer les petits chatons ; elle avait annulé la semaine dernière à cause d’une importante rédaction de français pas encore entamée.
Dans ma chambre, j’attrape le roman que j’ai commencé il y a trois jours et me jette sur le lit pour continuer ma lecture. Tout le village des Ktipitti est en désarroi, car il n’a pas plu depuis des mois et des mois. Un soir, le grand chef Choani a une vision et donne au petit Nimo en secret une mission. Il doit galoper sur son mustang fougueux jusqu’aux rivières brumeuses, trouver la pierre Totem et la ramener au village. De nombreuses épreuves l’attendent mais il se montre chaque fois très courageux.
Je l’admire beaucoup. Je me demande si j'aurais autant de bravoure face à de tels obstacles. Les personnages de romans ont toujours la bonne idée au bon moment. J’aimerais être si astucieuse et mériter de vivre des aventures aussi extraordinaires.
La journée se termine tout simplement. Une pause dans ma lecture pour le dîner, et je me couche alors que Nimo doit prouver son courage au Grand Aigle pour mériter de passer la Porte de l’Envol. J’éteins la lumière, pressée de savoir quelle nouvelle astuce il trouvera cette fois.
Le lendemain, je me réveille assez tard. J’émerge doucement, j’enfile un gros pull moelleux dont je rabats la capuche sur ma tête pour conserver un peu de la chaleur de mon lit et descend dans la cuisine au ralenti. Heureusement, il me reste assez de temps avant l’arrivée de Coline pour prendre tranquillement mon petit déjeuner. C’est de loin le meilleur moment de la journée ; suivi de près par le goûter. Je m'assois et entreprends la confection d’énormes tartines de beurre, que je recouvre d’une généreuse couche de confiture de fraises. Alors que je trempe le tout dans mon bol de chocolat, mon regard se pose sur la boîte de cacao, dont le jeu au dos me propose toujours de dessiner l’éternel crocodile, gueule ouverte, à côté de son palmier.
Trois tartines plus tard, et après m’être resservie d’une part du gâteau de la veille, je termine mon bol par lentes gorgées pour finalement quitter la table en me laissant glisser mollement de ma chaise.
Alors que j’arrive au pied de l’escalier pour retourner dans ma chambre, le téléphone sonne dans le salon. Je me fige ; à ce son, un poids soudain vient s’appuyer sur tout mon corps. Lasse, je me dirige vers le combiné et décroche. Un appel à cette heure, je suis sûre que c’est Coline qui va annuler ; cela fait trois fois d’affilée.
Après un bref échange, je raccroche. C’est la soirée chez Clotilde demain soir, et Coline n’a plus rien à se mettre. Sa maman l’emmène ce matin au grand centre commercial de la ville voisine pour faire un peu de shopping. Elle est vraiment désolée mais viendra la semaine prochaine, promis.
Je reste quelques secondes immobile, mon corps se fait encore plus mou et paresseux. Je me traîne jusqu’à ma chambre et m'enfouis sous les couvertures, pour me rendormir jusqu’au déjeuner.
En début d’après-midi, je décide de faire un tour dans la cabane de Mme Renard, pour prendre des nouvelles de la portée. J’enfile ma veste et mes baskets, et décide de rajouter un bonnet. Cela fait deux jours que la brume freine les rayons du soleil, la température a dû commencer à chuter.
Au moment de franchir la porte d’entrée, une recommandation venue du salon me prie de ne pas trop m’éloigner, de ne pas descendre dans la ville, de juste faire un tour chez la voisine et de revenir sans trop trainer.
"Oui, oui, je vais juste voir les chats !"
Et je claque la porte derrière moi.
Le contraste entre intérieur et extérieur est impressionnant. Je quitte une bulle de lumière chaude où tout est limpide, familier et réconfortant ; pour un décor blanchâtre, voilé et diffus, qui brouille mes sens et mon attention. La vue est incertaine, hésitante. L’oreille approximative. Je respire un bon coup et me jette dans le blanc.
Je m’approche du jardin de la voisine, à l’entrée duquel je distingue soudain une silhouette fantomatique. Mme Renard est là dehors, elle se tient accrochée à la barrière de son jardin, le regard en vigie. Je me rapproche de plus en plus, mais elle ne tourne pas les yeux vers moi ; son attention est portée au loin. J’essaye d’entrer dans son champ de vision pour ne pas la brusquer, avant de l’interpeller :
"Bonjour ! Vous attendez quelqu’un ?"
Elle ne sursaute pas, mais tourne enfin le visage.
"C’est Malbrough, me dit-elle, il n’est pas revenu.
_ Pas depuis hier soir ? Il n’est pas rentré de la nuit ?
_ Non. J’avais pourtant laissé le portillon ouvert, pour qu’il puisse nous rejoindre quand la maison lui manquerait..."
Sa voix est calme, mais son regard est inquiet. A peine a-t-elle fini de me répondre qu’elle se tend de nouveau vers le lointain, cherchant un dessin familier dans cette peinture à demi effacée. Je ne sais pas si je dois m'inquiéter, je l'ai toujours connue comme cela, un peu égarée. Maman me dit qu'elle n'a plus toute sa tête.
En tout cas pour moi, une fenêtre vient de s’ouvrir.
"Mme Renard, je vais le chercher, d’accord ? Il y a forcément un moyen de le retrouver, il ne peut pas être loin.
_ Tu penses ?" me répond-elle vaguement, sans m’avoir vraiment écoutée.
La conversation n’ira pas plus loin, je vois qu’elle a déjà oublié ma présence. Je m’éloigne des maisons pour rejoindre le bord de la route. Je m’y tiens immobile un moment ; maintenant que je me suis engagée, j’ai besoin de réfléchir.
La dernière fois que je l’ai vu, Malbrough coursait un lièvre qui est sûrement parti à travers champs retrouver sa tanière. L’idée de m’aventurer sans visibilité sur une grande étendue de terre creusée de profonds sillons peu praticables ne m’enchante pas tellement, mais je n’ai pas d’autres pistes pour le moment. Je m’approche du bord de la route et agrippe une poignée d’herbes folles pour m’aider à escalader le talus. Dérangée par mon passage, une minuscule souris s'enfuit plus loin, petite silhouette couleur d’herbe qui disparaît en un éclair.
Une fois en haut de la butte, je m’essuie les mains sur ma veste et me redresse.
Devant moi, un océan de blanc.
Mon regard vient buter contre un mur impalpable et infini. Je prends conscience qu’en l’absence des lumières de la ville et du moindre élément d’architecture, je suis rendue aveugle. L’interminable étendue de ciel qui s’étale d’habitude au-dessus des champs à perte de vue a été remplacée par une énigme.
Mais il faut bien commencer quelque part. Je regarde derrière moi à la recherche d’un repère, et choisis la lumière du plus proche lampadaire qui perce péniblement la couche de brouillard ; elle sera mon phare.
Je me positionne pour la placer dans mon dos, et avance droit, à travers champs. Régulièrement, je me retourne afin de vérifier que son feu est toujours visible. Plus j’avance, plus ce qu’il restait de la ville disparaît ; quelques pas encore, et il ne me reste plus que la lueur faiblissante du réverbère comme point de repère.
Devant moi, autour de moi, un blanc insondable. Je ne peux poser mes yeux nulle part, alors j’essaye de fixer la terre juste devant mes pieds, mais le sol lui-même se dérobe à mon regard.
Je ne vois rien, je n’entends rien. J’essaye de crier, appelant Malbrough de toutes mes forces, mais ma voix ne porte plus du tout ; elle est étouffée à peine sortie de ma gorge. J’avance encore, mais lorsque je jette une fois de plus mon visage en arrière, mon cœur se serre d’un coup. Pendant une fraction de seconde, je crois avoir perdu la lampe des yeux.
Affolée, je balaye les alentours du regard et finis par la trouver, très pâle et si diffuse que le soulagement n’est que de courte durée. Le temps de reprendre mon souffle, et je dois me rendre à l’évidence, c’est fini. Si je continue, je ne pourrai plus revenir.
Je reste plantée. Cela ne mène à rien. Cette quête n’a aucun sens ; en tout cas pas si j’essaye de la résoudre de cette manière. Je me tourne vers la faible lueur que je devine maintenant à peine, et m’assois par terre, face à elle, pour réfléchir.
Mes pensées restent engluées un moment, mais je finis par me rendre compte que je ne suis tout simplement pas au bon endroit. C’est le calme plat. Pas de frissonnement. Pas de remous. Rien ne bouge. Je suis perdue au milieu de nulle part, mais je n’ai pas été happée. Le paysage a simplement été effacé. Ce n’est pas ici que je pourrai me confronter à la Brume. Je suis à sa périphérie, pas en son cœur.
Je me relève, époussette ma veste et mon jean, et me dirige vers la lumière pour rejoindre la ville.
Le retour me semble très long. Je marche, le regard porté vers le halo, mais il ne semble pas vouloir se rapprocher. Mes jambes s’affaiblissent parfois, lorsqu’une illusion d’optique me donne la sensation que le sol défile à l’infini sous mes pieds, sans que mon objectif ne se rapproche le moins du monde. Prise d’une angoisse, j’essaye de courir pour réduire la distance mais je me fatigue vite et dois reprendre une marche normale. Je porte alors mon regard vers le bas pour me concentrer sur les gros morceaux de terre bien réels que je vois passer sous mes chaussures.
Après un temps que je ne saurais définir, la lumière s’intensifie enfin et je vois se dessiner les ombres diffuses des premières maisons.
Me revoici dans le village. Je n’ai aucune idée de l’heure qu’il est, mais je n’imagine pas rentrer chez moi. Car je sais maintenant où aller. Là où j’ai toujours su que je devais aller.
Je descends la rue, arrive au grand carrefour du bas ; je traverse la route, tout droit, et m’engage sur le chemin de gravier.
La forêt est immergée dans la nébuleuse. Aucun souffle de vent, et pourtant ses rouleaux, en suspension, ondoient lentement.
À ma venue, les arbres murmurent. Je me tourne vers eux, sur ma droite. Des filaments blancs serpentent à mes pieds et entre les troncs, l’humidité fait briller les feuillages. Je contemple ce spectacle, envoûtée.
Sous mon regard, une houle tranquille vient lentement séparer deux vagues de fumée pour dessiner un chemin au milieu du brouillard.
Paralysée, je reste plantée devant cette invitation. Je distingue alors une forme ronde, qui roule sur le sol en ma direction pour s’arrêter à quelques mètres devant moi. Je mets un peu de temps à comprendre, mais reconnaîs tout à coup l’objet. Un ballon bleu avec des étoiles d’or. J’avance entre les arbres, le ramasse, et m’embarque sur le chemin éphémère que la brume m’a dessiné.
De chaque côté de ce passage, les troncs forment une armée de figures délavées, une haie d’honneur fragile et fantomatique.
Un regard en arrière, et je vois que le passage se referme sur mes pas. Le chemin de gravier a disparu. Troublée, je tente de réfléchir à ma décision, mais avant d’avoir pu rassembler mes pensées, mes inquiétudes me sont délicatement volées, et je me surprends à reprendre la marche, droit devant, attirée par la sérénité de la forêt.
Les herbes se couchent sous mes pieds, les buissons s’écartent, et j’avance sans aucune difficulté.
Loin devant, une lumière commence à percer. Le chuchotement des arbres s’intensifie alors que je m’en approche, j’arrive bientôt à destination.
Je passe le dernier chêne et me retrouve devant une étendue de lumière blanche, opaque.
J’ai besoin d’un temps pour comprendre où le passage m’a menée.
Derrière moi le bosquet, devant, le vieux terrain de football. J’ai simplement traversé le bois comme je l’ai fait mille fois avant cela. Je reste un temps hébétée, perdue entre mes interrogations et mes sentiments de soulagement et de déception.
Et quoi maintenant ? Quel était le message ? Je viens de traverser la brume, et rien.
Complètement déboussolée, je regarde, défiante, le ballon que je tiens encore entre mes doigts.
Le mystère est d’un coup rompu par un aboiement lointain. Du fond du vieux terrain de foot, le timbre rauque d’un gros chien vient percer le voile.
Je lâche la balle et cours vers le bruit.
Je tourne et zigzague un moment avant de trouver l’endroit. Je n’ai que les appels de l’animal pour m’orienter, et les herbes hautes ne facilitent pas ma progression. Je sens mes pieds se refroidir, l’humidité s’est infiltrée dans mes baskets et mes chaussettes sont maintenant trempées.
Plus j’approche et plus je m’en veux de ne pas y avoir pensé plus tôt.A l’autre bout, envahie de ronces et de lierre, se trouve une petite construction défraîchie, dont le béton des murs s'effrite. Quand le terrain vague était encore un terrain de foot, les enfants se changeaient avant et après les matchs dans ces petits vestiaires. Aujourd’hui, l’accès est officiellement interdit. Résultat logique, tous les jeunes du village y entrent régulièrement par effraction pour s’approprier les lieux le temps d’un goûter ou d’une soirée à se faire peur.
Je m’approche de la porte en fer rouillée, si familière. A mon arrivée, les aboiements du chien redoublent ; comme je l’avais deviné, Malbrough est enfermé à l'intérieur. J’ouvre sans difficulté le cadenas censé maintenir la porte fermée. Cela fait bien longtemps que la clef a disparu et que le mécanisme a été cassé. Tous les enfants savent que la consigne est de le replacer en partant, pour faire croire aux adultes que le scellé est toujours d’actualité.
Dans les vieux vestiaires poussiéreux, le chien a été attaché à un banc à la va-vite, des affaires d’écoliers traînent encore sur le sol. Les kidnappeurs amateurs ont dû quitter les lieux en vitesse dans l’intention de revenir plus tard. À côté du molosse, une gamelle d’eau, une autre de croquettes. Le chien, au caractère accommodant, ne semble pas franchement traumatisé par l’aventure ; content de me voir il remue la queue en me reconnaissant.
Avant de le détacher, je fouille les affaires au sol, et ne suis pas surprise de tomber sur un paquet de cartes dans lequel je reconnais la créature rare échangée ce matin avec le frère Roussel. Sans penser à mal, ils auront simplement voulu faire une mauvaise blague à ma voisine. Je lève les yeux au ciel en souriant et défais les nœuds de la corde qui retient Malbrough par son collier aux planches abîmés.
À peine libéré, le chien sort en trombe du bâtiment. Toujours accrochée à la corde et embarquée à sa suite, je tiens ma prise afin que l’animal ne puisse pas de nouveau s’échapper. Mais Malbrough s’avère impatient de rentrer chez lui et file droit à travers le terrain. Je me laisse tracter par cette boule de feu, laissant mes jambes me porter à sa suite sans résister et me fiant à ses sens pour slalomer en aveugle entre les obstacles. En un temps record, nous passons la route, remontons la colline, et débarquons devant le jardin de Mme Renard. Le portillon est ouvert, je lâche la corde et regarde le cabot gratter à la porte de sa propriétaire en aboyant pour manifester son retour.
Je m'éclipse ; je ne souhaite pas devoir expliquer l’endroit où je l’ai retrouvé, solidarité d’enfants oblige.
La course m’a trempée de sueur, je suis essoufflée, mes jambes faiblissent d’un coup après l’effort et je frissonne en rejoignant la porte de chez moi. Je me pose un peu sur les marches avant d’ouvrir, puis entre.
Il fait chaud à l’intérieur, j’allume le couloir et dois enlever bonnet et veste d’un seul geste, pour ne pas étouffer.
"Je suis rentrée !"
Je sors de mes baskets et enlève mes chaussettes trempées. Mes pieds sont tellement gelés que le parquet me semble chaud.
Une voix s’élève du salon.
"Je t’avais dit de ne pas rester trop longtemps dehors ; ça fait plus de deux heures que tu es partie !"
Je pose mes chaussures sous le radiateur de l’entrée.
"C’est Madame Renard, elle m’a invitée à prendre le thé. Malbrough avait disparu, mais finalement il est revenu.
_ Tu aurais pu me prévenir, il suffit d’un coup de fil."
Je me colle au chauffage et pose mes mains dessus. Pour mes doigts froids, le contraste rend le métal brûlant ; c’est agréable.
Réchauffée, je monte dans la salle de bain. J’ai besoin de vérifier quelque chose.
Je me place devant la glace. Et je me vois. Mon visage, mes mains, tout est encore là. Je me sens un peu idiote d’avoir douté. Je défais ma queue-de-cheval tout aplatie et ébouriffée et, me regardant dans les yeux, empoigne une brosse à cheveux pour me recoiffer. Je remets le vieil élastique en place, et sors de la pièce pour aller me jeter sur mon lit.
Je me sens vidée. Les yeux vers le plafond je soupire. Je crois que je ne vais pas très bien. J’ai retrouvé Malbrough, mais je n’en retire aucune fierté. Je suis déçue, sans trop savoir pourquoi. Qu'espéré-je, un événement, un grand bouleversement ? Une grande aventure peut-être. Retrouver plus qu’un chien sûrement. Mais je ne suis pas Nimo qui part sauver son village. Moi je retrouve les cabots égarés puis me retrouve seule dans ma chambre.
Quelque chose n’a pas été fini cet après-midi. Je ne peux pas croire que les événements s’arrêtent là. J’ai l’impression d’avoir raté un détail, d’être passée à côté de ce qui était à faire. Mais il est hors de question de ressortir, je suis trop vexée je crois.
Il ne s’est rien passé. Même la Brume n’a pas voulu de moi. J’aimerais pleurer un peu, mais les larmes ne viennent pas. Une partie de moi sait que ma frustration est un caprice, et que dans le fond, je suis tout de même bien contente d’être rentrée. Ce qui est encore pire.
Par habitude, je fais un geste vers mon livre, mais laisse retomber mon bras avant de l’avoir atteint. Je n’ose pas reprendre ma lecture. Je risque de jalouser les péripéties si admirables du petit Indien, alors je reste en étoile sur mon lit, laissant plutôt filer le temps.
Une sonnerie de téléphone vient me réveiller, je m’étais assoupie. Je regarde mon horloge, dix-sept heures passées. Je ne me sens pas concernée, pourtant la voix de ma mère me crie finalement “C’est pour toi !” depuis en bas. Je descends encore embrumée jusqu’au salon et prends le combiné.
Coline me demande si je souhaite venir avec elle à sa soirée chez Clothilde demain soir.
Je devine, malgré son ton encourageant, qu’elle a surtout peur d’y aller toute seule.
Moi je ne connais pas Clothilde, et je n’aime pas trop les soirées. Ce que Coline sait très bien.
Je suis contente qu’elle m’ait appelée, mais mon élan est cassé par une pensée amère. En fait, elle ne se souvient de moi que lorsque que je peux lui être utile, non ? Je reste distante et décline en expliquant avoir une punition de mathématiques à faire que je n’ai pas encore commencée… ce qui n’est pas vraiment un mensonge.
Coline comprend, mais semble déçue. Je sais pourtant qu’elle connaissait la réponse avant même de demander.
Je raccroche et retourne dans ma chambre. De retour sur le lit, je me demande si j’ai bien fait de refuser. Mais je ne regrette pas vraiment non plus, je n’avais franchement pas envie d’y aller et je commence à en avoir marre d’être prise ou jetée selon les envies.
J’ai quand même un peu peur que mon refus change quelque chose.
Ne sachant trop que faire de ma soirée, je finis par prendre mes cahiers de cours et me lance dans ma punition de géométrie. Quitte à rejeter l’invitation, autant faire de mon mensonge une réalité. Et puis comme ça je pourrai vraiment profiter de mon dimanche, en ne faisant vraiment rien de la journée sans culpabiliser.
Je finis juste avant de descendre pour le dîner, puis remonte jouer à un jeu vidéo jusqu’à ce que l’on me dise d’aller me coucher.
J’ai du mal à m’endormir. Je me retourne sous mes couvertures, j’ai chaud et je n’arrive pas à me calmer.
***
Elle est partie.
Dans le noir de ma chambre, mon réveil vient de sonner. Je suis sous mes couvertures et je n’ai pas encore ouvert les yeux, mais je sens que l’air est plus léger, plus sec que la veille.
Je me lève et vois des fines flèches de lumière traverser mes volets fermés. Des grains de poussière étincellent sur leur trajet.
Je sors de ma chambre et descends prendre mon petit déjeuner. Arrivée à la cuisine, je prends une bouteille de lait au frigo pour en remplir mon bol, que je mets à chauffer au micro-ondes. Sur la table m’attendent pain, beurre, chocolat en poudre et confiture. Un coup d’oeil à l’horloge, je ne suis pas en avance. Mais tant pis, je n’ai pas envie de me dépêcher.
À la fenêtre, je vois qu’il fait beau. La lumière du matin vient faire briller les petites plantes de maman.
Une fois fini, je remonte me doucher vite fait, m’habille, jette mes affaires d’école dans mon sac et je fonce, les cheveux encore humides.Dehors, les rayons bas du soleil viennent m’aveugler. Je plisse les yeux et m’engage sur le chemin de l’école.
Il fait encore un peu froid, je regrette de n’avoir pas pris mon bonnet. Tant pis, pas le temps de faire demi-tour.
Les ombres étirées des maisons et des lampadaires zèbrent le sol. Je jette un œil vers le jardin de la voisine, son chat se prélasse sur le petit toit en pente de la cabane, baigné de lumière. Je n’ai pas le temps non plus d’aller voir la portée, j’irai ce soir en rentrant.
Mme Renard, toujours aussi frêle et courbée, est déjà dans son potager. Malbrough trottine autour d’elle en quête d’attention.
Je descends la rue pour rejoindre l’école.
Dans le ciel bleu, quelques petits nuages par-ci par-là.
Arrivée en milieu de pente, j’entends derrière moi une voix familière et des bruits de course. Coline m'appelle et me rejoint en courant. Je ne suis pas sûre d’avoir envie de la voir ce matin. Je marche encore un peu sans me retourner, comme si j’étais perdue dans mes pensées, mais la manœuvre ne peut pas durer éternellement. Alors qu’elle me jette un nouveau “Hey !” juste dans le dos, je me retourne finalement en plaquant un début de sourire sur mon visage.
En la voyant, mon cœur se fige, mon sourire disparaît.
"Quoi, t’as vu un fantôme ? me dit la voix de Coline. Allez go, sinon je vais rater mon bus, moi."
La doudoune rouge de Coline et son sac en plastique transparent se détournent puis reprennent la route. Incapable de bouger, je reste plantée et me fais distancer. Mais la voix de celle qui était mon amie reprend son discours sans se rendre compte de mon absence à ses côtés.
"Tu as bien fait de ne pas venir chez Clothilde hier soir, c’était nul. Je suis partie avant la fin."
Mon cerveau et mes muscles se remettent en route et je la rejoins en trottinant. J’ai le souffle court, la tête qui tourne et je ne comprends rien.
"Qu’est ce qu’il s’est passé ?"
Ses grandes lunettes rondes ne se tournent pas vers moi, son chemin et sa conversation sont déjà tracés.
"J’en ai eu marre au bout d’une demi-heure, et mes parents ne devaient venir me chercher que beaucoup plus tard. J’ai pas voulu appeler, j’avais envie de sortir et de marcher seule. J’ai décidé de rentrer à pied.
_ Tu es rentrée seule à pied hier soir ?"
Nous arrivons en bas de la rue. Ses lunettes bougent un peu, et remontent sur un nez qui n’existe plus.
"Et je ne sais pas comment, j’ai réussi à me perdre. Pourtant, il suffit de suivre les lampadaires de la grande route pour revenir au village. Mais bon, peu importe, je me suis retrouvée dans le bosquet devant l’école figure toi ! Tu y as déjà été de nuit ? C’était magnifique. Tellement que j’y suis restée, je crois.
_Tu… tu quoi ? Comment ça ?
_ Haha, quand je suis rentrée mes parents m'ont engueul... mince, voilà mon bus, je vais devoir courir ! Au fait, mon emploi du temps va changer au second semestre, je ne suis pas sûre de pouvoir encore te croiser le matin, on verra ça une autre fois. Allez salut ! me crie la voix de Coline, dont la doudoune rouge agite un bras alors que l’ensemble s’éloigne en courant.
Je reste là, complètement perdue. Je crois que le monde vient de s’écrouler.
Telle une marionnette je traverse la route et m’engage sur le chemin de gravier. Les arbres sont calmes. L’allée est encore à l’ombre, il y fait froid. Je n’ai pas envie d’aller à l'école alors j’entre dans le petit bois, me faufile entre les troncs et y tourne en rond à la recherche d’une silhouette disparue.
Je marche sans but depuis de longues minutes, quand je finis par m’asseoir contre un arbre et me mets à pleurer.
Après un temps mes larmes s’arrêtent et lentement, je sèche mon visage.
Je me lève et me résigne à aller en cours. Je ne saurais pas trop quoi faire d’autre de toute façon.
En arrivant à la grille, je dois sonner pour demander son ouverture. Les cours ont commencé depuis un moment, il va falloir trouver une bonne excuse. Alors que j’allais poser le doigt sur l'interrupteur, des voix de garçons me crient “Attends !”. Les trois frères Roussel arrivent en courant, encore plus en retard que moi, ce qui ne m’étonne pas franchement.
"Prêts pour le savon, les gars ? Allez vas-y, sonne, dit le plus grand qui se compose à la va-vite un air de petit ange innocent et profondément peiné.
_ Merde ! dit le plus petit, j’ai laissé mon cahier dans le vieux vestiaire ! J’avais un devoir à rendre, je vais me faire tuer !"
Je retire mon doigt de la sonnette, dans l'attente d’une décision.
"Bon, soupire le cadet, moi je dis, c’est un signe. Ça vous dit, on sèche la matinée ?"
Les regards des deux autres s’illuminent.
"Allez salut la petite, bon courage pour aujourd’hui !" me dit le plus jeune en me donnant une tape sur la tête.
Ils repartent en courant.
Sans hésiter une seconde, je rattrape le groupe et cogne en retour le rouquin alors que je le dépasse. Surpris et amusé, le trio me poursuit et nous nous éloignons de l’école en rigolant.
Je découvre avec grand plaisir ta plume : quel régal !
Tu as réussi à me rendre un peu nostalgique de cet âge où l’imagination est telle que chaque instant est vécu comme une aventure. Et je me suis bien reconnue aussi au moment où finalement la jeune fille est un peu déçue par ses péripéties.
Ta manière de faire intervenir les personnages autour est très interessante. J’ai beaucoup aimé.
J’espère te lire à nouveau très prochainement !
C'est très gentil à toi d'être passée par ici ^^
Cela me fait un peu étrange d'avoir un retour sur un texte qui a aujourd'hui plus de 6 ans, mais ce n'est pas désagréable du tout, au contraire, j'ai l'impression de remonter à mes premiers temps sur PA ! (car oui, ce texte est le premier que j'ai posté sur la plateforme ^^).
Je suis ravie d'apprendre qu'il n'a pas trop vieilli puisque ta lecture semble avoir été bonne.
Merci mille fois d'être venue jusqu'à ce texte et de l'avoir commenté, cela me fait un petit rayon de soleil durant ces journées pluvieuses : )
itchane
C'est fou comme je suis contente de retrouver ta plume <3 Quelle bouffée de fraîcheur, cette nouvelle !
Remarques :
- mettre le texte en « justifier » faciliterait la lecture
- le silence est trop épais = c'est une formule de phrase magnifique, je trouve <3
- "elle" – dès le début du texte, je me suis demandée de qui/de quoi il s'agissait. Le suspense a été bellement mené et entretenu ! Puis j'ai compris que c'était la brume, cette mystérieuse « elle ». Puis je me suis demandée pourquoi l'héroïne toujours y revenait… De manière constante, en effet. Qu'avait-elle de si particulier, à la fin ? Pourquoi y avait-il autant de brume ? Ca, je ne l'ai finalement jamais su. *Dans le blanc* est une nouvelle bien mystérieuse ! Mais je pense que ce mystère constitue tout de même une abondante partie de son charme - et il ne faut pas la perdre, cette particularité.
Le suspense s'est donc prolongé jusqu'à ce qu'il fasse beau. La Brume, comme elle est venue, s'en est allée tout aussi inexplicablement.
- Tu emploies beaucoup l'adjectif « rond » tout au long du récit
- "Un coup d’œil à l’horloge, je ne suis pas en avance." (je ne trouve pas que la virgule ponctue bien la phrase (suggestion : Un coup d’œil à l’horloge : je ne suis pas en avance.) ?
Je rejoins également l'avis d'Espelette sur ce point : l'ambiance retranscrite s'avoue assez triste, finalement - mélancolique - comme si une pincée de nostalgie y venait s'y mêler. Or rassures-toi, c'es très joli ! ;) J'ai beaucoup apprécié ce petit voyage dans le quotidien de cette adolescente (il me semble que tu ne lui as pas donné de nom ? Si ?) même si, comme je disais, avec cette atmosphère aux reliefs un peu larmoyants, j'ai parfois eu peur qu'il arrive quelque malheur à l'héroïne. Merci infiniment pour cette aventure, c'est toujours un plaisir de rêver à travers ta plume, tes mots ! <3
Que le ciel de ton univers jamais ne grise !
Pluma.
Merci beaucoup d'être venue lire cette nouvelle,
je suis heureuse que ce texte t'ait plu ^^
C'était mon tout premier texte écrit et posté à mon arrivée sur PA, autant dire qu'il a une saveur particulière pour moi ^^
Je me demande parfois si cette nouvelle a bien vieilli, mais ton commentaire me fait voir qu'apparemment elle peut encore plaire pour ce qu'elle est aujourd'hui ^^
Je n'avais jamais remarqué pour l'adjectif "rond", ça alors ! Je vais aller voir ça !
Et je ne sais pas pourquoi je suis allergique aux deux-points, c'est inexplicable et sans doute pas très justifié, mais c'est ainsi, je n'y pense absolument jamais ! Je vais y réfléchir pour cette phrase : )
Oui, il est vrai aussi que l'ambiance est très nostalgique, c'est un sentiment qui m'est familier dans la vraie vie et qui transpire souvent, et malgré moi, de mes textes ^^"
Merci encore pour ton passage, ton commentaire et tes remarques qui me font encore réfléchir sur ce récit, ce qui est toujours passionnant.
À bientôt ♥
J'aime aussi tes ajouts de petits détails (le t-shirt koala, les points à relier de crocodile sur la boîte de céréales) et la référence à la souris verte :)
Et cette phrase terrible qui résumé toute l'histoire pour moi "J’hésite à lui parler des trois chatons de Mme Renard mais j’ai peur que ce ne soit pas assez important".
J'aurais aimé en savoir un peu plus sur le personnage de Pierre.
Et une petite coquille + répétition : "Je marche sans but depuis de longues minutes, quand je finiS par m’asseoir contre un arbre et me mets à pleurer.
Après un temps mes larmes s’arrêtent et je finiS par sécher mon visage." --> Après un temps mes larmes s'arrêtent et je sèche mon visage ?
Merci d'être passée par ma nouvelle, je suis désolée d'avoir mis si longtemps à répondre à ton commentaire, ma rentrée s'est faite un peu loin de PA je dois avouer.
Cela me fait beaucoup plaisir de savoir que tu as aimé l'ambiance et perçu ces notions de nostalgie et mélancolie (souvent très présentes dans mes textes ^^" )
C'est vrai qu'il y a pas mal de personnages et comme il s'agit d'une simple nouvelle, peu de temps est alloué à chacun d'entre eux, j'espère que ce n'est pas trop frustrant.
Merci aussi énormément pour les coquilles et répétitions relevées, je vais corriger cela tout de suite ! ♥
: )
La fin m'a d'abord semblé un peu abrupte, et puis on comprend que la narratrice décide de rester encore un peu dans le monde de l'enfance, elle n'est pas encore prête à affronter les affres de l'adolescence...
Bref, voilà une jolie nouvelle au rythme lent mais envoûtant !
Merci d'être passé sur ma nouvelle, je suis très contente que cela t'ait plu ^^
En plus tu as été, de tous les lecteurs passés par là, celui qui a le mieux perçu l'ensemble des petits indices disséminés dans le récit : les comptines, les noms de personnages représentatifs, la métaphore de l'enfance, ça me fait super plaisir ! ♥♥
(pour les comptines je crois bien que tu es même le premier à les avoir repéré ^^)
Merci encore pour ce très gentil commentaire, installe-toi bien sur PA, j'espère que ça te plaira ici ☼
quel gentil message, il me touche beaucoup !
Je suis heureuse que ce texte t'ait plu ; haha, toi aussi tu aimes les ambiances embrumées et intimistes, il faudrait donc que je fasse un tour du côté de ton travail alors ; )
Et par ailleurs, je tiens à t'annoncer que tu es la PREMIERE (!!) à avoir vu les références au monde de l'enfance via les clins d'oeil de comptines, trois petits chat, souris verte mais aussi - l'avais-tu vu celui-là ? - Malbrough qui s'en va et sa propiétaire qui ne sait quand reviendra : P
Je te remercie donc tout particulièrement pour ta précision de lecture, je me désespérai d'avoir bossé là-dessus pour rien, personne ne semblant avoir remarqué quoi que ce soit xDDD
En fait, si l'on se plonge dans la genèse du projet, j'avais au départ les comptines pour enfant comme fil rouge du récit, puis le scénario a complètement changé et ne reste plus que de vagues clin d'oeil que je voulais tout de même conserver, un peu par fétichisme, en rappel du concept de départ : )
Quand à la signification de la brume encore une fois ce n'est pas grave du tout de passer à côté au contraire, cela me rassure de savoir que le texte peut être lu dans les deux cas sans s'ennuyer, ainsi que de savoir que cette métaphore reste subtile et pas trop évidente car je ne voulais surtout pas faire quelque chose de démonstratif, donc c'est très très bien ! ^^
Pour la vieille femme, suite aux remarques des plumes j'avais fait quelques ajouts/retouches sur sa vieillesse et son début de légère sénilité pour renforcer le lien avec l'enfance, je suis contente de voir que ce point passe de mieux en mieux. Je remercie encore les lectures et remarques des plumes à ce sujet et sur tout le reste !
Merci encore pour ton commentaire et de nouveau félicitations pour ton accuité sur les points de détails ; )
très plumesquement,
itchane : D
Voilà longtemps que j'entends beaucoup de bien de Dans le blanc, et je me suis décidée subitement à découvrir ta nouvelle.
Je ne vais pas dire que j'ai adoré, parce qu'elle m'a énormément troublée et que j'en sors un peu... dérangée. Mais j'imagine que c'est ce que tu voulais, non ?
Mis à part ce léger inconfort, ou plutôt à cause de lui, justement, je dirais que je l'ai trouvée remarquable. C'est extrêmement bien écrit : d'ailleurs, si ce n'était pas le cas, elle aurait produit beaucoup moins d'effet sur moi.
L'atmosphère que tu as créée est palpable. On visualise très bien les murs gazeux de brouillard, le paysage qui se dissout, les bruits atténués... Bref, on y est, quoi !
Et quelle délicatesse dans ton style : le récit est faussement neutre, celui d'une toute jeune fille dans sa vie quotidienne, et pourtant ça engourdit et ça fait frissonner à mesure que l'histoire progresse. Tes descriptions sont parfaites, avec des métaphores qui sonnent juste, pas trop poussées pour laisser libre cours à l'imagination, et le vocabulaire est choisi de manière à mettre en mouvement le paysage. Et tu as réussi à trouver plein de synonymes à "brouillard", ce qui est un tour de force !
Quant à l'histoire... Honnêtement, je ne suis pas sûre d'avoir compris ce que cherche la narratrice ni ce que deviennent les "disparus". J'ai ressenti un mal-être, ça c'est sûr, mais pas forcément très fort, pas forcément "alarmant". Plutôt comme une mélancolie. Du coup je suis curieuse : c'est très précis pour toi, ce qu'elle cherche, pourquoi elle le cherche, et ce qui arrive aux disparus ? Ou tu t'es toi aussi laissée porter sans chercher plus loin ?
Dans un cas comme dans l'autre, tu laisses tes lecteurs un peu frustrés... "dans la brume", quoi. Et c'est très bien exécuté ! Quand on a lu les derniers mots, la lecture ne s'arrête pas parce qu'on continue à se poser mille questions : c'est l'imagination qui prend le relais.
Bravo pour cette nouvelle, c'est vraiment une réussite.
A+
Merci d’avoir lu et en plus commenté !
hahaha les synonymes de brouillard xD<br />Tu n'imagines pas à quel point j'étais "essoufflée" sur ce sujet en arrivant en fin de nouvelle. Je pense avoir épuisé tout le champ lexical possible xD<br />Alors ta remarque m'a fait rire et en même temps plaisir, car j'avais parfois peur qu'à force de tourner autours pour éviter les répétitions, l'ensemble devienne tiré par les cheveux (d'un point de vue linguistiques et imagier).
Et pour revenir sur le côté dérangeant, c’est un adjectif que je considère comme un compliment, même si je sais que ce n’est pas forcément 100% le cas quand il est utilisé ^^
J’aime bien être moi-même « dérangée » lorsque je me confronte à un texte, un tableau ou une série ; alors d’une certaine façon ton mal-être me convient même si je sens qu’à toi il ne convient pas tout à fait ^^"
Concernant le fond, oui, il y a bien une métaphore sous-jacente à cette mystérieuse brume, mais j’ai essayé d’écrire l’histoire de telle manière qu’elle puisse être lue même si cette image n’était pas perçue. D’ailleurs tu as quand même trouvé des mots très justes comme mélancolie et mal-être qui sont des grandes réussites pour moi ^^ <br />Parmi les différents lecteurs que j’ai eus grâce à PA, certains ont vu de façon plus précise la métaphore, d’autres pas, et pour moi c’est –bizarrement - un objectif réussi de ce point de vue là. Tu es la première que cela a un peu frustrée par contre… pardon : /
Comme je ne sais pas si cette frustration de ta part est bonne ou mauvaise, plutôt que de prendre le risque de t’expliquer moi-même le fond du truc (d'autant que l’option spoiler n’existe pas sur cette mise en page), je te laisse choisir de lire ou non les commentaires de ceux qui ont perçu de façon plus précise le thème de fond (LinE, Danah, Ery,…) :)
Merci encore pour ton commentaire, c’est toujours bien d’avoir des retours d’expérience très différents. Tes compliments sur l’écriture me font rougir, je crois me souvenir (était-ce bien toi ? ) que tu disais écrire en fonction de l’oreille, de la musicalité de la phrase, et bien je suis tout à fait pareil ! Alors un compliment de ta part est un vrai soulagement et encouragement : D
Merci encore !
itchane
J'ai beaucoup aimé ton texte. Je me suis laissé embarqué par ton histoire, cette ambiance incertaine où à chaque coin de brume on s'attend à voir surgir quelque chose! C'est bien mené, on s'imagine bien les différentes scènes, et l'écriture est très agréable (je ne rentrerai pas plus dans le détail à ce niveau là car je ne me sens pas encore très légitime à critiquer là dessus)
Pour être franc je n'avais pas vu la métaphore du passage à l'âge adulte, je comprends donc mieux certaines choses maintenant que je suis au courant. Cela dit, même sans le savoir j'ai passé un agréable moment à te lire. :)
Merci d'avoir pris le temps de lire et même d'avoir laissé un message ! : D
Je suis contente que la lecture ait été agréable, je ne suis pas spécifiquement plus légitime que toi ; je suis graphiste dans la vraie vie et inscrite sur le fofo depuis un peu plus d'un an seulement (et n'ai publié ici qu'une nouvelle pour le moment...), alors tu vois il n'y a pas de hiérarchie qui tienne dans les remarques ou commentaires des uns ou des autres, même sur le style !
Pour la métaphore ce n'est pas un problème du tout de ne pas avoir remarqué, bien au contraire. Justement j'espérai qu'il s'agisse un peu d'un sens caché mais que le texte puisse être tout à fait cohérent (et si possible intéressant : P ) même sans qu'il soit perçu. Donc tant mieux si cela t'a plu tel quel, ça veut dire que mon idée fonctionne à peu près, c'est assez réconfortant de se l'entendre dire, ouf ! ^^
merci encore pour ton commentaire ! : )
itchane
J'ai adoré cette nouvelle, et surtout ce très léger mélange des genres, jusqu'à la toute fin : avec cette brume, qui donne son titre à l'histoire, on n'est jamais sûr de savoir si on plonge dans un récit d'enfant/d'adolescente, dans du fantastique, si d'un coup d'un seul on va basculer encore ailleurs...
Dans ton style, pareil : tu précises si bien le quotidien de ton héroïne, avec tous les petits détails plus ou moins insignifiants de sa vie, que j'ai cherché à quel moment est-ce qu'on allait potentiellement "basculer" dans cette brume.
En défitinitive, je ne sais pas si c'était dans tes intentions, mais j'ai l'impression d'avoir lu une sorte de récit initiatique vers l'adolescence. Cette brume représente pour moi cette espère d'inconnue vers quoi le personnage se dirige (l'âge du collège, celui de son amie Coline qui y est déjà) ; elle est à la fois omniprésente, mystérieuse, effrayante, réconfortante...
D'ailleurs, je me suis trompée, ou bien ton personnage principal n'a pas de prénom ? Seulement "je" ? Je trouve que ça ajoute un peu plus à l'identification du lecteur =)
Et puis niveau coquilles, impeccable ! Je n'ai repéré, je crois, qu'un "rejoingnant" avec un tout petit "n" en trop.
Bref, bravo à toi !
A très vite
Liné
Holala, merci pour ton commentaire, ça fait vraiment plaisir et c'est très encourageant ♥
Effectivement, le personnage n'a pas de prénom et je serai bien en peine moi-même de dire comment elle s'appelle xD
Pour le mélange des genres, cela me fait vraiment plaisir que tu le soulignes car c'est tout à fait le style de récit que je préfère et que j'espérai écrire, j'aime quand on ne sait jamais trop où l'on se trouve. D'ailleurs j'ai ressenti des choses un peu similaires - mais dans une autre mesure - avec ton récit La Noirceur du blanc, mais j'y reviendrai dans le commentaire que je te ferai ; )
Effectivement, mon thème était une métaphore du passage à l'âge adulte, donc tu es pile dedans, waow, merci d'avoir si bien lu, c'est trop génial ! ♥
Pour les coquilles, je n'ai aucun mérite, mon texte - qui en était plein - est passé sous les yeux rayon laser de Fannie (Donna à l'époque) qui m'a tout relevé avec sa précision et son intransigeance habituelle, je l'en remercie encore ^^ (je m'en vais de ce pas corriger celle que tu as repérée, merci !)
À très bientôt, je te fais mon commentaire très vite pour ton texte ; )
itchane
Je suis venue lire ton texte suite à ta visite sur ma présentation FPA :)
Je dois avouer que je n'avais pas compris le double sens du texte. Du coup, la fin restait étrangement inquiétante à mes yeux ^^u
Maintenant, je comprends mieux la finalité de ton petit conte et je trouve que l'idée est très bonne :)
Indépendamment de ma compréhension, je trouve ton texte fluide et poétique. Et le ton de ton héroïne très juste.
Je pense que tout a déjà été dit, je n'ai pas grand-chose à ajouter ^^u
Simplement que moi aussi j'ai pris plaisir à te lire :)
Catnitha
Arigatou pour ton commentaire, totemo shinsetsu desu ! ; )
Ne t'inquiète pas pour le double sens, j'avoue même au contraire avoir été surprise qu'il soit si bien perçu par autant de monde, je pensais faire un truc plus subliminal et en fait c'était sans compter sur le don de double-vue de certaines plumes particulièrement au taquet ! (ou peut-être aussi que c'était beaucoup plus lourdingue que je ne l'aurai voulu xD)
Donc pas de soucis si tu as lu sans tout percevoir, c'était le but de départ à vrai dire et si cela t'a plu c'est encore mieux ! ^^
Merci encore pour ton commentaire, je suis contente que tu gardes une bonne impression de cette lecture, c'est un vrai beau compliment pour moi.
Ganbarimashou !
Tu as aussi parfaitement retranscrit les pensées et la routine d'une petite fille. Je me suis vu au même âge, faire les mêmes choses qu'elles, c'est assez troublant.
J'ai vraiment beaucoup aimé cette lecture, merci :)
PS: L'histoire de Nino a l'air génial, t'es-tu inspirée d'une vrai histoire ?
Désolée de répondre si tard à ton commentaire, et merci beaucoup de l'avoir laissé !
Je suis heureuse que mon texte t'ait plu, surtout le côté routinier, c'était pas évident de trouver un juste milieu pour ne pas non plus créer de l'ennui...
Haha, Nimo, en fait en y repensant, je pense que c'est carrément une référence plus ou moins consciente à la BD Yakari dont j'étais absolument fan quand j'étais gamine. J'ai appris à lire dans mes tomes de Yakari ^^ Je cherchais un type de récit d'aventures assez typique de l'enfance, et les indiens m'ont parus une bonne idée sur le moment, mais en fait, suite à ta question, je me rends compte que c'était sûrement par pure nostalgie de ma propre enfance à moi : )
merci encore d'être passée par ici et d'avoir lu et commenté mon texte : D
Après avec le brouillard, on commence à se poser des questions. L'héroïne a l'air de le connaitre et ça ne présage rien de bon.
Ce n'est aqu'avec l'arrivée du professeur qu'on commence à comprendre ce qu'il se passe. Il fait parti de ceux qui ont disparus tout comme lamère.
D'ailleurs, je me suis demandé mais la voisin, elle est encore là ?
Lorsque l'héroÏne plonge dans le brouillard, j'ai eu peur surtout avec l'arrivée du ballon.
Mais finalement, elle , elle reste et c'est Coline qui part. Du coup, je pense qu'elle ne la reverra plus.
Pour le professeur, il reste ses moment d'enseignement, pour la mère son amour pour sa fille. Mais je me demande comment elle en encore à manger. Je ne pense pas que sa mère puisse faire les courses.
Une bonne histoire qui nous fait nous poser des question. C'est très prenant.
Nascana
Et bien, heureusement que je passais par là pour réfléchir à quelques corrections, je n'avais pas reçu le mail me prévenant de ton message, du coup j'y réponds super tard, désolée -___-
Merci beaucoup de ton retour, je suis contente que ce texte t'ait plu. En écrivant j'essaye justement de ne pas répondre à toutes les questions car j'aime bien quand certains doutes restent en suspens. : )
Par contre pour la voisine décidément, sa non-disparition perturbe un peu tout le monde, j'espérais avoir amélioré cela en rajoutant des indices (en insistant sur sa vieillesse...), mais ce n'est peut-être pas encore suffisant... hmmmm je vais devoir y réfléchir de nouveau alors ^^
merci d'être passée par ici, et merci de ton commentaire,
: D
Voilà, les HO m'auront donné l'occasion de découvrir ta nouvelle, c'est cool <3
<br />
Deux petites remarques :
"Assise près de la fenêtre, je laisse mes yeux se perde (perdre) vers la forêt"
"Mais je ne suis pas (un ?) Ktipiti qui part sauver son village" Si je me souviens bien, "Ktipiti" c'était le nom du peuple de son bouquin, et non celui d'un personnage comme ça semble être le cas dans cette phrase ;)
<br />
Hé bien, c'était une bonne surprise que cette lecture ! Je devais bien avouer que je ne savais pas trop à quoi m'attendre (à dire vrai, au vu du résumé, je m'attendais à rencontrer un spectre et non de la brume, ne me demande pas pourquoi XD), et ça a été une chouette découverte !
Je trouve ton héroïne attachante, déjà, elle est très mignonne et crédible. Et tu as réussi à donner un côté enfantin à ton texte sans pour autant appauvrir le style, ça c'est la classe ! (Je tiens à dire que j'adore l'idée du dessin sur le pot de chocolat en poudre, celui avec le crocodile et le palmier)(Non je ne suis pas folle promis)
Elles étaient très belles ces descriptions du paysage noyé dans le brouillard. (Ça s'inspire d'une journée brumeuse vécue ? ^^ Personnellement, je me souviens d'une fois chez une amie où on voyait la haie du jardin et puis plus rien, mais vraiment rien, comme si le reste de monde avait cessé d'exister, c'était impressionnant... Bref.)
J'ai aussi adoré l'idée des gens disparus dans la brume (ouais, enfin c'est vraiment flippant quand même, donc mon choix de verbe est peut-être peu judicieux :P), bien qu'il reste un peu d'eux... Ça met de drôles d'images dans la tête, et c'est sympa comment tu décris ça, avec les personnifications des objets... (Par contre, pourquoi ton héroïne est si bouleversée par le « départ » de sa copine, alors qu'apparemment son prof et surtout sa mère ont déjà subi le même sort ? Enfin, je veux dire, elle devrait y être un peu ''habituée''... je sais pas)
Très jolie nouvelle en tous cas !
Du coup ta remarque me touche d'autant plus qu'elle me rassure à mort sur un point qui me faisait un peu flipper ! : D
Pour la disparition de la copine, je pense que l'héroïne a plusieurs raisons d'être surprise, même si c'est de l'ordre du ressenti personnel. Par exemple, elle a cru un moment que ce serait elle-même qui partirai cette fois, et c'est toujours bizarre de passer à côté de l'évidence. "Non, je ne suis pas le centre du monde, les aventures arrivent aussi à d'autres.". Et par ailleurs, mon personnage principal n'avait peut-être pas voulu réaliser à quel point son amie était en train de changer ces derniers temps ;)<br /><br />Merci encore de ton commentaire, il m'a fait très plaisir !
(et merci aussi pour les deux coquilles, mais oui ! Tu as tout à fait raison, je vais modifier ça tout de suite !!)
Je me dirige rarement vers les nouvelles, du coup chaque concours/Histoires d'or me permet d'aller en découvrir et quelle belle découverte que la tienne, Itchane !
Ce brouillard et ces gens disparus donnent un aspect très éthéré à ton texte. Ta plume est si belle, si douce... Ton héroïne semble elle aussi partie ce qui crée une agréable surprise quand elle va vérifier elle-même et qu'on constate qu'en fait non. Tu as réussi un parfait mélange d'ambiance, à la fois opressante et fantastique, humide et lumineuse... Ton héroïne a ses problématiques très terre à terre au milieu de ce qui lui arrive.
C'est d'une poésie envoûtante. J'ai été charmée, bravo à toi !!
merci d'être passée par ici, et d'avoir en plus pris le temps de laisser un commentaire !
<3
Dans le blanc de Itchane
<br /><br />
Coucou Itchane,
Comme ta nouvelle a été proposée pour les Histoires d’Or 2017, je suis venue ici.
En lisant les commentaires des autres, j’ai honte. En effet, j’ai passé complètement à côté du sens métaphorique de ton histoire et de la trisomie de Pierre. J’ai tout pris au premier degré, considérant la brume comme une chose mystérieuse, surnaturelle, envoûtante, qui exerce une forte attraction sur certaines personnes tout en inspirant la crainte. Voyant que le maître d’école et la mère de la narratrice avaient disparu (ou étaient devenus invisibles), je n’ai pas pensé que ce phénomène atteignait tous les adultes, mais j’imaginais qu’il frappait au hasard ou qu’il découlait d’une trop grande attirance pour la brume. Je suis une lectrice très crédule et pas du tout versée dans les interprétations psychanalytiques.
Même si je pense, comme Ethel, que tu gagnerais à être plus concise, je trouve que ton texte est beau et agréable à lire.
Coquilles et remarques :
J’attrape dans le couloir d’en bas ma veste bleue marine [bleu marine ; les adjectifs composés de couleur sont invariables]
Prête à partir, je me pause quelques secondes [les dictionnaires donnent le verbe « pauser » dans son acception musicale ou comme un régionalisme, mais ils ne mentionnent pas d’emploi pronominal. En revanche, le dictionnaire de l’Académie française valide « se poser », dans l’acception suivante : « Pop. En parlant d'une personne. S'arrêter, s'asseoir pour se reposer. »]
Alors cet exercice de géométrie, ça a été au final ? [« au final » est une expression grammaticalement fausse malheureusement très répandue. Ici, je propose « finalement ». Voir ce lien : http://www.academie-francaise.fr/au-final ]
Arrivées en bas de la rue, je vais marcher tout droit [Syntaxe : si tu commences la phrase par « Arrivées en bas », tu dois continuer avec « nous ». Je propose simplement : « En bas de la rue ».]
Quelques fois par semaines [par semaine]
Figure toi qu’elle me reproche de parler avec Camilla [Figure-toi]
que je n’ai rien à voir là dedans [là-dedans]
La troisième personne partie cette fois là [cette fois-là]
ou en tout cas je ne m’en rappelle pas [je ne m’en souviens pas ; on se souvient de qqch et on se rappelle qqch]
des petits groupes d’élèves se sont formés dans la cours [la cour ; à ne pas confondre avec le cours]
Je regarde par dessus son épaule [par-dessus]
Assise près de la fenêtre, mes yeux se perdent vers la forêt [Syntaxe : si tu commences par « Assise », tu dois continuer par « je ». Je propose : « Assise près de la fenêtre, je laisse mes yeux se perdre vers la forêt »]
elle nous parle de la Révolution je crois. [Il faudrait ajouter une virgule avant « je crois ».]
Elles se tournent régulièrement vers le tableau [Tu as mis « Elles » pour « sa paire de lunettes » ; il faut mettre « Elle »]
flottant à une vingtaine de centimètre au dessus d’une chemise à carreau bien tendue mais n’habillant aucun corps / de petites lunettes rondes, une chemise à carreau [centimètres / au-dessus / à carreaux]
je réalise que j’ai complètement oublié [je me rends compte, je m’aperçois ; « réaliser » dans cette acception est un anglicisme à éviter]
pour rentrer chez moi. J’entre alors dans un monde flottant / la distance entre l’entrée du bois et sa sortie [C’est un peu répétitif. Je propose « retourner chez moi » / « Je pénètre alors » ou « Je m’enfonce alors » ou « Je m’engage alors » / la distance de l’entrée du bois à sa sortie]
loin au dessus de moi [au-dessus]
Isolée dans ma bulle de fumée, le monde pourrait tout aussi bien ne pas exister. [Syntaxe : si tu commences par « Isolée dans ma bulle », tu dois continuer avec « je ». Tu pourrais mettre par exemple : « Pour moi, isolée dans ma bulle » ou « Isolée dans ma bulle de fumée, j’ai l’impression que » ou « je me dis que »]
en se lançant sacs, vannes et coups de poings [coups de poing]
Avant de s’éloigner il capture mon regard et me dit “T’es pas encore partie toi, c’est bien. Moi je ne crains rien, moi. Je serai toujours là. Mais toi… je ne sais pas.” Puis regardant le bas de la colline “On commence à voir flou, et c’est là qu’il faut être prudent. Ne te perds pas !” [Il faudrait mettre une virgule avant « il capture ». Il me paraît préférable d’ajouter deux points avant les phrases entre guillemets.]
quand le silence est enrayé par des aboiements [« enrayé » me paraît impropre ici ; « déchiré », peut-être?]
mais je ne le vois déjà plus, effacé par la distance [syntaxiquement, « effacé » devrait se rapporter à « je », mais ça n’aurait pas de sens ; je propose donc : « mais déjà il se dérobe à ma vue »]
Son dos complètement replié, me fait parfois mal rien que de le regarder [la virgule séparant le verbe de son sujet est de trop ; rien qu’à le regarder]
Après un silence, elle me répond doucement, “j’espère que tu as raison”. Puis s’en retournant vers chez elle, “mais je ne suis pas rassurée” [Je propose la ponctuation suivante : « Après un silence, elle me répond doucement : “J’espère que tu as raison”. Puis, s’en retournant vers chez elle : “Mais je ne suis pas rassurée”.]
Je passe le portillon, et accélère mes pas [la virgule est de trop]
pour déverser un peu d’eau dans chaque pot de fleur [de fleurs]
me signifie que je pourrai au moins mettre mon bol [que je pourrais ; conditionnel présent]
Tout le village des Ktipitti est au désarroi [en désarroi]
le grand chef Choani a une vision, et donne au petit Nimo [la virgule est de trop]
Je l’admire beaucoup. Je me demande si je serais autant courageuse, face à de tels obstacles. Les personnages de romans ont toujours la bonne idée au bon moment. J’aimerai être si astucieuse et mériter de vivre des aventures aussi extraordinaires [« autant courageuse » n’est pas correct. Je propose : « Je me demande si j’aurais autant de courage » / la virgule avant « face » est superflue / J’aimerais être / aussi astucieuse (ici, la répétition ne gêne pas)]
je rabats la capuche (...), et descend dans la cuisine [la virgule est de trop ; descends]
C’est de loin le meilleur moment de la journée ; suivis de près par le goûter [suivi]
Las, je me dirige vers le combiné pour décrocher [Lasse ? Là ?]
cela fait 3 fois d’affilée [trois ; il faut l’écrire en toutes lettres]
pour faire un peu de shopping [« quelques courses » ou « quelques achats » remplaceraient avantageusement ce vilain anglicisme]
Je quitte une bulle de lumière chaude où tout est limpide, familier et réconfortant ; pour un décor blanchâtre [le point-virgule est de trop]
Je respire un bon coup, et me jette dans le blanc [la virgule est de trop]
qui est sûrement parti à travers champ [à travers champs]
Je m’approche du bord de la route, et agrippe une poignée d’herbes folles [la virgule est de trop]
qui s’étale d’habitude au dessus des champs [au-dessus]
Je me positionne pour la placer dans mon dos [on abuse souvent du verbe « positionner » ; voir ici : http://www.academie-francaise.fr/positionner-pour-placer. Je propose : « Je me place dos à elle »]
et m’assoie par terre, face à elle [m’assois]
mais je fatigue vite [je me fatigue vite ; « je fatigue », s’entend souvent, mais c’est du langage relâché]
Après un temps que je ne saurai définir [que je ne saurais ; conditionnel présent]
la lumière s’intensifie enfin, et je vois se dessiner [la virgule est de trop]
Je mets un peu de temps à comprendre, mais reconnaît tout à coup l’objet [reconnais]
et les herbes hautes et les fougères ne facilitent pas ma progression [il vaudrait mieux enlever le premier « et »]
le temps d’un goûter, ou d’une soirée à se faire peur [la virgule est de trop]
je lève les yeux au ciel en souriant, et défait les nœuds [défais]
pour laisser le cabot gratter à la porte de sa propriétaire et aboyer pour manifester son retour [« afin de laisser le cabot » permettrait d’éviter la répétition de « pour »]
et je frissonne pour rejoindre la porte [en rejoignant]
Je me pose un peu sur les marches avant d’ouvrir, et entre [la virgule est de trop]
Il fait chaud à l’intérieur, j’allume le couloir [j’allume dans le couloir]
Je t’avais dit de ne pas rester trop longtemps dehors, ça fait plus de deux heures que tu es partie ! [Je mettrais plutôt un point-virgule après « dehors »]
Le contraste pour mes doigts froids rend le métal brûlant, c’est agréable. [Cette tournure me semble bizarre. Je propose : « Le contraste rend le métal brûlant sous mes doigts froids ; c’est agréable.]
Je défais ma queue de cheval toute aplatie [ma queue-de-cheval ; tout aplatie : ici, « tout » a valeur d’adverbe et s’accorde uniquement par euphonie avec les adjectifs féminins commençant par une consonne, le « h » muet excepté]
Les yeux vers le plafond je soupire, je crois que je ne vais pas très bien. [Je propose la ponctuation suivante : « Les yeux vers le plafond, je soupire. Je crois que je ne vais pas très bien. »]
Mais il est hors de question de ressortir, je suis trop vexée je crois. [Je propose la ponctuation suivante : « Mais il est hors de question de ressortir. Je suis trop vexée, je crois. »]
J’aimerai pleurer un peu [J’aimerais ; conditionnel présent, pas futur simple]
les péripéties si admirables du petit indien [du petit Indien ; quand le nom de nationalité désigne une personne ou une population, il faut mettre une majuscule]
Je regarde mon horloge, 17h passées [dix-sept heures ; l’abréviation ne passe pas]
Je descends encore embrumée jusqu’au salon, et prend le combiné. [la virgule avant « et » est de trop / et prends]
Je devine malgré son ton encourageant, qu’elle a surtout peur d’y aller toute seule. [Il faut enlever la virgule avant « qu’elle » ou mettre « malgré son ton encourageant » entre deux virgules]
Moi je ne connais pas Clothilde, et je n’aime pas trop les soirées. Ce que Coline sait très bien. [Je propose la ponctuation suivante : « Moi je ne connais pas Clothilde et je n’aime pas trop les soirées, ce que Coline sait très bien. »]
avoir une punition de mathématique à faire [mathématiques]
Je raccroche, et retourne dans ma chambre [la virgule est de trop]
autant rendre mon mensonge réalité [autant rendre vrai mon mensonge, autant faire de mon mensonge une réalité]
Je me lève, et vois des fines flèches de lumière [la virgule est de trop]
que je mets chauffer au micro-onde [que je mets à chauffer au (four à) micro-ondes]
Une fois fini, je remonte me doucher [Une fois rassasiée, une fois que j’ai fini, dès que j’ai fini]
Je plisse les yeux, et m’engage sur le chemin [la virgule est de trop]
Je jette un œil vers le jardin [Je jette un coup d’œil vers le jardin ; « jeter un œil » appartient au langage familier]
Dans le ciel bleu, quelques petits nuages par-ci par là. [par-là ; il manque un verbe, par exemple : « Dans le ciel bleu, quelques petits nuages flottent par-ci par-là. »]
Allez go, sinon je vais rater mon bus moi [il faudrait une virgule avant « moi »]
La doudoune rouge de Coline, et son sac en plastique transparent se détournent, et reprennent la route [les deux virgules avant « et » sont de trop ; je propose de remplacer le second « et » par « puis »]
Tellement que j’y suis restée je crois. [Il faut une virgule avant « je crois »]
Telle une marionnette je traverse la route, et m’engage sur le chemin de gravier [Il faut une virgule après « marionnette » ; la virgule avant « et » est de trop]
quand je fini par m’asseoir contre un arbre, et me mets à pleurer / et je fini par sécher mon visage [je finis ; la virgule avant « et » est de trop]
Je ne saurais pas trop quoi faire d’autre de toute façon [je mettrais une virgule avant « de toute façon »]
Prêt pour le savon les gars ? [Prêts ; il faudrait une virgule avant « les gars »]
Merde ! dis le plus petit [dit]
en attente qu’une décision soit prise [dans l’attente d’une décision, en attendant qu’une décision soit prise]
<br /><br />
J’ai constaté que certains verbes reviennent souvent dans un contexte similaire :
attrape culotte, chaussettes dans le placard / J’attrape dans le couloir d’en bas ma veste / Dans ma chambre, j’attrape le roman / attrape une brosse à cheveux pour me recoiffer [Dans ce contexte, l’emploi du verbe « attraper » s’apparente chez toi à un tic de langage. Il y a des synonymes comme saisir, empoigner, s’emparer de, prendre]
Sur le chemin, je suis rattrapée par Coline / Coline m'appelle et me rattrape en courant / et je la rattrape en trottinant / Sans hésiter une seconde, je rattrape le groupe [Là, il n’y a pas beaucoup de synonymes : tu peux employer « rejoindre » une fois sur deux.]
Le verbe laisser revient souvent aussi, particulièrement dans ce paragraphe :<br />« A peine libéré, le chien sort en trombe du bâtiment. Toujours accrochée à la corde et embarquée à sa suite, je tiens ma prise pour ne pas laisser l’animal s’échapper de nouveau. Mais Malbrough s’avère impatient de rentrer chez lui et file droit à travers le terrain. Je me laisse tracter par cette boule de feu, laissant mes jambes me porter à sa suite sans résister et me fiant à ses sens pour slalomer en aveugle entre les obstacles. En un temps record, nous passons la route, remontons la colline, et débarquons devant le jardin de Mme Renard. Le portillon est ouvert, je lâche la corde pour laisser le cabot gratter à la porte de sa propriétaire et aboyer pour manifester son retour. » [Là non plus, il n’y a malheureusement pas beaucoup de synonymes. Il y a « permettre » dans certains cas ou « éviter que » pour « ne pas laisser » ; pour les autres, il faut varier la formulation.]
Dans des cas comme « A une dizaine de mètres », « A chaque fois que l’on se voit » « A mon passage », il faudrait mettre l’accent grave sur le « A ». Il a pleine valeur orthographique. Contrairement à ce qu’on apprend à l’école, l’Académie française recommande d’accentuer les majuscules.
Quelle avalanche ! J’en suis moi-même surprise. Tu es encore là ? ;-)
<3 Tu es extraordinaire ! <3
Je te remercie infiniment pour le temps que tu as passé sur ma nouvelle, et je suis tout autant désolée pour cette tartine de corrections que mon texte a provoqué, j'ai trop honte de moi -___-
Il faut absolument que je prenne le temps de corriger tout cela, merci, tu es fantastique !
Par ailleurs, vraiment, il n'y a aucun problème à ce que le texte soit lu au premier degrés, bien au contraire. Même s'il est vrai que j'aime beaucoup les double-sens et les métaphores, c'est quelque chose que j'ajoute en plus, comme une couche supplémentaire, mais pas nécessaire. J'essaye toujours que l'histoire reste intéressante à lire en elle-même, en tant qu'aventure à part entière. Si tu ne t'es pas trop ennuyée, et si le texte t'a plu, alors je considère que l'objectif est atteint, avec ou sans analyse psychanalytique ! xD
Merci encore mille fois de ton temps, de ta patience, et de ta pugnacité (légendaire !) contre les fautes d'orthographe !
: D
Alors d'abord j'adore la neige, la brume, tout ce qui change l'atmosphère, rend indistinctes toutes choses. Alors il n'y pas à chercher, cette brume mystérieuse... J'ai adoré!
Je m'attendais tellement à ce que l'héroïne disparaisse!
Tu sais que j'ai relu deux fois le passage où on comprend que sa maman a disparu? Et que je pensais d'abord que tu avais une drôle de façon très synecdochique de décrire le prof?
J'ai beaucoup aimé les descriptions même si je n'ai pas expérimenté cette totale perte de repères aussi fortement que j'aurais cru: je me serais attendu à une sorte de vertige... Que je suis médisant! C'était vraiment super!
D'ailleurs ça m'a rappelé ce poème de Verlaine:
"Dans l'interminable
Ennui de la plaine
La neige incertaine
Luit comme du sable
Le ciel est de cuivre
Sans lueur aucune.
On croirait voir vivre
Et mourir la lune."
Bref, c'était une belle histoire et... Perturbant ou réchauffant de voir l'insouciance des enfants en triompher ^^.
Merci aussi pour ce magnifique poème que je ne connaissais pas ! Trop beau <3
J'ai tout avalé d'un coup. Tu as une écriture vraiment soignée, précise, qui donne l'impression d'un texte extrêmement travaillé que tu aurais passé et repassé sur le métier jusqu'à ce qu'il soit presque parfait (presque, parce que je crois avoir vu passer quelques fautes d'inattention, mais embarquée dans ma lecture comme je l'étais, j'ai même pas pensé à les relever v.v J'espère que tu ne m'en veux pas trop). En fait, ton texte dégage quelque chose de très "professionnel", je m'imaginais très facilement feuilleter les pages d'un recueil de nouvelles en encre et en papier !
J'aime beaucoup la façon dont tu as utilisé la brume pour évoquer les changements de la vie et surtout le passage à l'âge adulte ; j'aime les histoires qui suggèrent, qui ne viennent pas tout nous expliquer avec des gros sabots, et celle-ci y parvient admirablement bien. J'avais des hypothèses, mais je crois que j'ai été convaincue d'avoir compris le propos au moment où elle croise Pierre, qu'on devine trisomique, et donc "protégé" de ces bouleversements que la narratrice recherche, espère et redoute à la fois.
J'ai vraiment été touchée par la mise en scène de tout ça, la façon dont les adultes s'effacent et en deviennent intouchables - on en entend plus que des voix, ils sont là sans y être ; autant que par les réflexions de la jeune narratrice, qui sonnent toutes très justes et très vraies. Je me suis posé des questions sur la voisine, sur le pourquoi elle n'a pas disparu, elle ; est-elle là pour prouver qu'on peut choisir de ne jamais grandir ? Ou est-elle vieille au point d'avoir "régressé" ? (je ne me l'imaginais pas comme une très très vieille dame, en fait, plutôt la soixantaine par exemple).
J'aime aussi ce que la disparition de Coline suggère : la soirée était nulle, mais il s'est quand même passé quelque chose ce soir-là qui l'a fait grandir. Et c'est un peu inquiétant, parce que ce n'est pas à la fête elle-même qu'elle a rejoint la brume, mais sur le chemin, alors j'espère qu'on n'est pas censé interpréter quelque chose de trop sordide... Ca serait trop crève-coeur, d'autant plus par contraste avec la fin où la narratrice décide d'attendre encore un peu pour grandir, que je trouve particulièrement belle et touchante.
Seul petite remarque : j'ai été un peu perturbée temporellement parlant. On finit la semaine à l'école, le lendemain, samedi donc, la narratrice part chercher le chien et décline l'invitation à la fête ; or elle retrouve Coline le lendemain matin pour l'école. Mais ce devrait être dimanche, du coup, non ? A moins que j'aie raté quelque chose ? Bon, ce n'est vraiment pas grand-chose et il se peut que j'aie simplement manqué d'attention, mais ça m'a un peu sortie de ma lecture ^^
Lecture au demeurant ultra immersive et inspirante ♥ Vraiment, j'ai passé un excellent moment, c'était une très belle nouvelle et je suis vraiment heureuse d'avoir pu découvrir ta plume !
Des bisous !
merci beaucoup pour ton commentaire, woaw, ça me fait vraiment plaisir que ce texte t'ait plu : )
merci pour tes remarques, cela me permet de retravailler encore tout ça.
Ery m'avait signifié aussi cette histoire de voisine. C'est vrai que dans ma tête j'avais pensé lier l'enfance et la vieillesse en ne faisant pas disparaître les personnes âgées, mais je n'ai pas vraiment développé le sujet et au final cela provoque des questions. Plutôt que de changer l'intention, je vais peut-être prendre ce qui me semble une deuxième option que tu soulèves : rajouter quelques descriptions supplémentaires pour la vieillir vraiment plus, quitte à signifier qu'elle perd un peu la tête...
Sur la disparition de Coline, non je n'avais rien imaginé de sordide du tout à vrai dire ^^ <br />Mais maintenant que tu le dis, une jeune fille qui rentre seule le soir tard dans une campagne... cela peut provoquer une association d'idée non souhaitée.<br />Je n'y avais pas pensé, je vais réfléchir à une solution pour dédramatiser la scène : )
Pour le déroulé du week-end alors là, je n'en reviens pas, mince, tu as parfaitement raison ! Je me souviens très bien avoir passé du temps à décider ce qui arrive le samedi et ce qui arrive le dimanche, et en intervertissant deux événements je n'ai pas tout corrigé. Je viens de tout relire pour chercher la c*** dans le potage, l'héroïne annonce bien d'abord la soirée de son amie pour le dimanche soir, mais plus loin dans le texte, elle dit « ce soir », soit samedi, argh -_-
Bon, bon bon.... heureusement que ta lecture attentive aura relevé ce manque de cohérence dans la chronologie. Je vais corriger ça ! Et tenter de rendre l’ellipse finale plus claire.
<br />
Merci encore mille fois pour ton retour, qui m'a vraiment fait un bien fou,
je vais essayer de peaufiner encore tout ça : D
<br />
itchane
Tu parles très bien de la torpeur du quotidien et des angoisses de l'enfance. J'ai vraiment été toucher par la mélancolie de cette gamine qui a peur du monde et de grandir.
je suis vraiment contente si cela t'a plu, d'autant que tu as parfaitement perçu le thème de fond, je suis rassurée si ça marche sans être trop lourd : )
Haha, oui, plus besoin de remplacer les départs à la retraite, maintenant les profs restent... pour TOUJOURS !!! xD
J'ai lu ta nouvelle ce matin. J'ai passé un chouette moment ! C'est très troublant, cette idée de gens qui disparaissent mais qui restent là en même temps. On se demande s'ils sont un peu ailleurs ou s'ils sont juste invisibles.
Et puis la fin m'a bien surprise ! Voyant que la narratrice s'en était tiré, je pensais que c'était bon, mais non, Coline a été atteinte !
J'ai bien aimé ce mélange vie quotidienne adolescente et mystère brumeux. Si j'avais une petite critique à faire, ce serait que le quotidien pourrait parfois être raccourci à mon avis ; pas besoin de savoir quand et comment l'héroïne change de vêtement ni d'assister à tous ses repas. D'un autre côté, je dis ça, mais je serais bien en peine de t'identifier précisément des passages à enlever ; c'est plutôt une impression générale. Et c'est tellement général qu'il n'y a rien de particulier qui m'a gênée, c'est juste que j'ai l'impression que ça aurait pu être plus concis.
Il me semble que dans ton journal tu voulais qu'on t'aide avec ton style. J'ai trouvé qu'il était très fluide, ça se lit bien et c'est joli. Ce qui le rendrait plus fort serait peut-être plus de "show, don't tell", parce qu'on est plutôt dans la description pure que dans la suggestion ou l'image. Mais tu sais, c'est bien comme ça aussi, c'est juste que peut-être ça ferait plus rêver si c'était moins précis.
C'est drôle, les deux points que je te donne à améliorer sont justement deux points sur lesquels je sais que je dois moi-même travailler. Comme quoi tu peux vraiment faire ce que tu veux de mes petits conseils, je ne suis pas une experte ^^
Je crois que j'ai tout dit ce que je voulais te dire. En tout cas merci pour la lecture, c'était agréable !
Ah et quelques détails : à un moment c'est Clotilde, à un autre c'est Clothilde. Et aussi il y a un ou deux "nul part" à la place de "nulle part". J'avais peut-être vu un autre truc mais j'ai oublié...
Tant mieux si le fond est troublant, c'était mon intention ^^
Haaaaa, le fameux "show, don't tell", c'est une remarque que je fais souvent aux textes des autres, alors que j'ai du mal à l'appliquer moi-même. Je comprends aussi ce que tu veux dire pour le quotidien. De ce point de vue là, c'est vrai que j'ai du mal à doser. Si je devais écrire directement, sans me poser de questions, je n'en mettrais presque pas du tout car j'ai tendance à aller à l'essentiel dans ma manière de penser, en abandonnant le lecteur derrière moi. Du coup je me force un peu à poser l'action en rajoutant des instants plus anodins de vie quotidienne, et voilà que ce faisant j'en ai trop mis ! Haha, dur dur.
Merci de ta remarque, il faut que je trouve un juste milieu je vois : )
Pour la précision, c'est aussi quelque chose qui m'est reproché en dessin, d'être tellement "précise" que cela manque peut être un peu d'émotion ou de rêve. Décidemment, on ne se refait pas. xD
Merci beaucoup Ethel de ton retour,
je vais tenter de travailler tout cela sur mon prochain texte !
J'ai eu une soudaine envie de découvrir ce que tu écris ^^ Et je ne suis pas déçue du voyage.
Je vais commencer par le point un peu relou, c'est-à-dire du pinaillage sur l'orthographe. Dans l'ensemble c'est correct, mais j'ai noté des petits trucs à corriger :
- "Je relis mentalement les points du jeu" > je relie, plutôt ? du verbe relier ?
- Tu as écrit plusieurs fois "autours" ; mais autour est un mot invariable, il ne prend jamais de -s (du moins je ne l'ai jamais vu écrit comme ça). Ce qui prend un -s, c'est "aux alentours" par exemple, peut-être que tu as confondu ?
- "trois minuscules petits chats" > j'ai un peu tiqué sur le "minuscules petits", même si je suppose que tu veux dire "chatons". Mais du coup, j'aurais tendance à te proposer "minuscules chatons" ou "minuscules bébés chats".
- "Cette année là" > Cette année-là (faut un tiret)
- "le temps semblait ralentis" > ralenti
- "rend moi mon sac !" > rends-moi
- "j'arrive aux pieds de l'escalier" > je crois que c'est une locution figée au singulier, "au pied de quelque chose"
- "l'interminable étendue de ciel qui s'étend d'habitude au-dessus des champs..." > l'étendue qui s'étend, c'est un peu redondant...
- "nul part" > première fois que je le vois écrit comme ça ; je crois qu'on dit plutôt "nulle part" d'habitude, non ?
- "je crois avoir perdue la lampe des yeux" > avoir perdu (auxiliaire avoir, on n'accorde pas)
- "je sens mes pieds se refroidirent" > c'est de l'infinitif, donc "se refroidir"
- "Je fini juste avant de descendre" > finis
- "Je ne saurai pas trop quoi faire d'autre" > Ici ce n'est pas du futur, mais du conditionnel, il me semble, du coup c'est "je ne saurais pas trop"
Voilà ! Je te les relève parce qu'il n'y en a pas beaucoup, et aussi parce que j'ai beaucoup aimé ton style, donc c'est trop dommage d'y laisser des petites coquilles ^^
Ton style, donc : c'est vraiment très beau, très immersif, très brumeux, haha. J'ai éprouvé ces petits frissons des lectures agréables, celles qui donnent à la fois un peu froid (mais un froid confortable) et un peu chaud comme un chocolat chaud. Non non je ne dis pas n'importe quoi xD J'ai vraiment trouvé ça joli et travaillé, on sent que tu as pris ton temps, c'est soigné, délicat, bref c'est un gros point positif pour moi !
L'enjeu consistait, si j'ai bien compris, à adopter le point de vue d'une enfant sans pour autant adopter un style infantilisant. Eh bien, je trouve ça réussi ! Toutefois, je n'ai pas compris tout de suite que c'était une enfant. La boîte de chocolat et les cartes à jouer auraient dû me mettre la puce à l'oreille, mais ça n'a pas suffi... J'ai l'impression qu'il suffirait pourtant de pas grand-chose pour que ce soit plus vite clair. Par exemple, je te suggère de remplacer "sac à dos" par "cartable" - immédiatement, j'aurais eu une image de petite fille. Autre chose : le déroulé de sa préparation du matin, je me suis dit qu'il n'était peut-être pas indispensable. Ou alors, peut-être qu'il faudrait justement jouer dessus pour montrer l'âge de la narratrice, en lui faisant mettre des vêtements qui conviendraient à un enfant (des trucs colorés, des collants en laine, ou des chaussettes différentes...) ; là, en l'état, je me représentais plutôt une jeune adolescente. Bon, c'est juste une suggestion, tu en fais ce que tu veux :D
Sur le fond, maintenant... j'ai vraiment, vraiment beaucoup aimé, là aussi. Les histoires de brume sont séduisantes, et le fait que la tienne bascule un peu dans le fantastique, c'est génial, surtout que c'est un fantastique représenté comme tellement "normal" que finalement, on en vient à avoir un doute, est-ce que ce serait pas plutôt juste métaphorique ? Il y a tant à dire sur ton texte ! Ça cause beaucoup de passage à l'âge adulte, en fait ; est-ce que disparaître dans la brume est un passage obligé pour devenir plus grand, dans cette ville ? Mais en même temps, on a madame Renard qui n'a pas disparu (il me semble). Mais quand elle s'inquiète pour son chien, j'ai eu l'impression qu'elle aussi était attirée par la brume, en fait.
Je crois que le seul truc vraiment énigmatique, c'est le passage avec Pierre. Je l'ai interprété comme ça : Pierre est trisomique, et du coup, lui ne "grandira" jamais vraiment, et donc ne disparaîtra pas dans la brume. Mais je ne suis pas sûre d'avoir bien compris... La phrase "son intelligence me fait un peu peur" m'a rendue confuse ; est-ce que la narratrice veut dire qu'il est très intelligent, ou le contraire ? J'ai eu l'impression que tu pourrais préciser un tout petit peu plus, car ce passage est très (trop ?) rapide.
Une remarque encore, sur un autre passage où j'ai été un peu confuse. Si j'ai bien compris, la narratrice part dans les champs chercher Malbrough, mais ce n'est qu'un prétexte pour s'approcher de la brume ? Ensuite, elle a l'idée du bosquet, et là, de façon inattendue, elle retrouve le chien. Est-ce que c'est bien ça que tu voulais dire ? je ne pense pas que ce soit très grave que ce ne soit pas absolument clair parce que, de toute façon, tout est brumeux et c'est chouette comme ça.
Et alors mais... d'où venait le ballon ?? Est-ce qu'elle est vraiment passée tout près de la "disparition", elle aussi ? Est-ce que c'était comme une occasion manquée ? (comme la soirée à laquelle Coline lui propose d'aller ?) C'est vraiment super étrange, mais super cool aussi. C'était touchant (sincèrement touchant) de lire les moments où la narratrice se sent "de trop", et a peur de se retrouver seule. Je trouve ça tout à fait crédible à son âge. Et du coup, si on interprète comme ça, j'aime beaucoup la fin : j'ai l'impression qu'elle décide qu'on s'en fiche de la brume et de grandir, qu'elle a juste encore envie de s'amuser... de rester enfant ? Étant moi-même complètement atteinte du syndrome de Peter Pan, je suis toujours très attendrie par ce genre de personnage et d'histoire.
Voilà voilà... Désolée pour le pavé, mais il y avait vraiment plein de belles choses à dire sur ta nouvelle ! D'ailleurs, j'adore aussi son titre. J'espère que mes quelques remarques pourront éventuellement t'aider, ou au moins qu'elles t'auront fait plaisir ! Et j'espère pouvoir relire quelque chose de ta part très bientôt :D
À tout vite !
Ery
Merci mille fois pour ton commentaire, ça fait tellement du bien !
Surtout quand de grosses incertitudes sur le fond sont levées par le fait que tu as vraiment tout compris en fait ! Haha, du coup j’hésite, entre être contente ou plutôt te remercier de ta lecture attentive et de tes extraordinaires instincts de lectrice ^^
Par exemple je ne savais pas si la trisomie de Pierre serait compréhensible, j’ai beaucoup hésité, et paf, dans le mille, tu l’as perçue, c’est trop génial : D La phrase sur l’intelligence est ambiguë tu as raison, je pensais souligner le fait qu’ils sont très intelligents, mais de façon différente de nous… mais le sujet est sans doute trop complexe et touchy pour être évoqué en une seule petite phrase maladroite, je vais simplement la retirer du coup, merci de l’avoir pointée : )
Je suis vraiment désolée que tu aies dû relever toutes mes fautes d’orthographe, c’est un vrai point noir chez moi que j’essaye de travailler mais je suis encore loin du compte, un grand merci, je vais de ce pas corriger tout cela.
Haaa le chaud / froid, j’ai pas mal travaillé ce contraste - j’avais même peur d’être un peu trop évidente ou didactique sur ce point - je suis comblée si tu l’as bien ressenti !
Tu as parfaitement raison sur l’intro, je vais essayer d’ajouter des détails plus forts pour souligner l’âge du narrateur, « cartable » déjà est une très bonne idée, merci de me l’avoir donnée : )
Pour les personnes âgées, j’ai un peu hésité. Dans cette histoire je me disais que passé un certain âge, on retombe dans une forme d’insouciance et de recul sur la vie qui permettent de retrouver un équivalent au monde un peu parallèle de l’enfance ; c’est pourquoi Mme Renard n’est pas « embrumée ». Mais c’est un peu tiré par les cheveux je m’en rends compte maintenant. Comme ça reste à la marge du récit, j’espère que ça ne perturbe pas trop la métaphore.
Merci encore pour ta lecture et ton commentaire si constructif, cela me donne des bonnes pistes pour retravailler certaines choses.
J’avance lentement (mais sûrement !) sur un nouveau texte, plus court cette fois, on verra ce que ça donnera ^^
itchane