Déluge

Notes de l’auteur : EDIT du 17/10/19 : Cette nouvelle (oui, c'en est une !) sera publiée dans le magazine de décembre Coeur de Plumes ! - Cette petite histoire arrive pour l'appel à texte "Témoin de l'apocalypse ?" du magazine "Coeur de Plumes". Ma première contribution, ma première nouvelle (et c'est là que je me pose la question : est ce que ce que j'ai écrit correspond vraiment à une nouvelle ?)

Il y avait, dans la moiteur de la salle de classe abandonnée, comme un goût de craie mélangé au sang qui coulait sur mes lèvres craquelées.

 

Il fallait que je parte, que je me lève, que je trouve à boire, que je mange peut-être. Bougeant le corps de mon dernier élève affalé sur mes genoux, je me redressai et l’observai, absente. On aurait pu croire qu’il dormait. On aurait pu. Sous la table, près de la porte-fenêtre, semblaient remuer des mains et des bras, un peu comme si leurs propriétaires s’amusaient d’une farce qui ne faisait rire qu’eux. Mais les rats remontés des profondeurs des sous-terrains éventrés ne riaient pas, eux, et déchiraient la peau de mes élèves en couinant leur bonheur d’avoir un ventre plein.

 

Un vertige m’assaillit et l’élan de nausée que je réprimais depuis plusieurs jours déjà me rattrapa. Il n’y avait rien, rien, plus rien à vomir et pourtant, un spasme secoua ma gorge et ma poitrine pour rendre un magma noirâtre de glaires et de sang. Me retenant au mur sur lequel était encore agrafé l’alphabet en couleur que j’avais utilisé à peine quelques jours avant, je trébuchai sur une trousse renversée. Mon regard se perdit vers les fenêtres brisées et les vestiges d’un parc retourné par un jardinier fou. Il y avait longtemps que Dieu nous avait prévenus, mais il y avait longtemps aussi que l’Homme ne l’écoutait plus.

 

Je n’entendais plus les hurlements de ma collègue qui implorait pour retrouver son enfant. Les supplications pour que l’on vienne la soulever, pour récupérer sa fille à la crèche, sa petite qui avait besoin d’elle, besoin d’elle, besoin d’elle. J’avais entendu les hommes armés s’engouffrer dans sa classe, celle qui se trouvait près de la mienne, et malgré la proximité, je n’avais pas entendu les derniers gémissements qu’elle avait dû pousser en se faisant certainement étrangler. J’avais deviné qu’elle était partie, qu’elle s’était endormie aussi. Le silence du couloir vers lequel je m’engageai en boitant confirma mes pensées. J’étais la dernière dans l’établissement. Les portes de l’ascenseur s’ouvraient et se fermaient, bloquées par le fauteuil roulant de notre seul élève qui ne pouvait marcher sur ses deux jambes. Sa tête renversée et la plaie béante sur son cou ne me perturbèrent pas. Au moins, il ne souffrait plus.

 

J’entrepris de descendre les escaliers à moitié défoncés par la force qui avait voulu nous écraser, nous rappeler que nous n’étions ni maîtres ni patrons. Mon pied glissa sur un morceau de carrelage fissuré, et je dégringolai les marches restantes sur le dos, déchirant ma chemise, et mon bras gauche se retournant en un angle qu’il n’aurait jamais dû former. Ravalant la douleur et me mordant la langue, je me retins de hurler et attendit patiemment que les derniers débris aient fini de dégringoler l’escalier à ma suite. Ne pas faire de bruit. Ne pas faire de bruit.

 

S’il y avait bien une chose que j’avais retenue ces trois derniers jours, c’était le prix de la faiblesse. La finalité de ceux qui appelaient à l’aide, pour continuer à vivre ou au contraire, précipiter leur mort. J’avais entendu, à moitié sonnée par les vibrations de mon crâne, ces hommes se précipiter à la moindre supplique, au moindre gémissement. J’avais gardé les yeux fermés, fermés sur la réalité, fermés sur la douleur qui m’envahissait, fermés sur mon secret. Je remerciai Dieu d’avoir abrégé la souffrance de mes élèves, de m’avoir permis de rassurer ce petit garçon qui s’était retrouvé près de moi quand la lumière avait explosé, quand l’air s’était mis à nous brûler et que la mort elle-même s’était invitée. D’avoir caressé sa tête, sans bruit, d’avoir croisé une dernière fois son regard le temps d’une larme. Les hommes étaient passés, avaient secoué les corps sans vie de quelques bambins et s’en étaient allés. Je n’avais pas attiré leur attention, et c’était peut-être bien comme ça.

 

Je traversai le couloir baigné de la lumière d’un soleil traitre, d’un soleil qui avait continué à tourner sur lui-même, l’égoïste, alors que le monde entier ici s’était arrêté. La cour de récréation ressemblait à ces films dont les affiches alléchantes nous laissaient à la fois perplexe et rêveur devant l’entrée des cinémas. Je regardais, surprise de rien, les branches disloquées des tilleuls léviter au-dessus d’un panier de basket, le sol éventré laissant à découvert une tuyauterie brisée et des gravas, tels des viscères jaillissant d’une plaie béante. Le corps du gardien, sa blouse bleue toujours bien repassée, agrippé à son balai, dansait lentement au-dessus de la porte ouverte des toilettes dont la vitre avait explosé en même temps que le reste du monde. De l’eau s’écoulait de la petite marche que laissait entrevoir cette porte détruite, et l’envie de m’y plonger m’assaillit violemment, plus forte encore que la douleur de mon bras et celle du reste de mon corps. Le gargouillis de mon ventre, fonctionnel à l’instar du soleil, me rappela les premières nécessités qui m’avaient valu de quitter ma salle de classe.

 

Me trainant vers les toilettes, ignorant le spectacle incongru du corps en suspension au-dessus de moi, je plongeai ma tête dans l’eau qui avait empli le lavabo, presque intact, en porcelaine blanche. Des couinements perçants m’indiquèrent que je n’étais pas si seule que ça, et après avoir vainement tenté de boire toute l’eau devenue rose au contact du sang sur mon visage, je sortis, essoufflée de l’effort fourni et étourdie de l’eau que je sentais couler au fond de mon estomac. Le silence de la cour n’avait de cesse de me rappeler la solitude dans laquelle je m’étais volontairement enfermée. Il ne semblait plus y avoir le moindre homme, le moindre son, la moindre piste d’une vie sur laquelle compter.

 

Soudain, une ombre passa devant le soleil et un vent se mit à souffler dans les branches des tilleuls décharnés. Je frissonnai, hagarde, et cherchai à  comprendre la raison de cette brusque obscurité. Plissant les yeux, la main droite posée sur les soubresauts de mon ventre, je vis avec la plus désintéressée des surprises une montagne évoluer dans les nuages. Une montagne ? Non. On aurait dit un enchevêtrement de roche et de verdure, une cacophonie harmonieuse qui donnait envie d’y être. Une forme sombre semblait glisser de la structure, et avant que je ne puisse comprendre ce que c’était, elle s’effondra sur la voie de chemin de fer qui longeait l’école. Je n’avais pas bougé, observant de plus en plus attentivement cette masse insolite qui volait au-dessus de mon école, au-dessus de ma ville, de l’humanité tout entière. Une maison en bois, un phare à rayures bleues et blanches ainsi qu’un bâtiment en brique rouge semblaient se découper sur ce spectacle impossible. Je commençai soudain à comprendre ce que mon esprit s’efforçait de me cacher durant ces dernières heures. Je ne maitrisais rien. Je n’avais plus rien à maitriser. Une série d’aboiements se fit entendre brusquement, et je ne pus identifier l’origine précise de ce vacarme, le sang battant à mes oreilles de plus en plus fort. Un coup de feu retentit, et les grognements disparurent dans une dernière plainte. C’était tout près d’ici. Encore une fois, je n’étais pas si seule.

 

La silhouette du phare et de la maison en bois s’étira et s’éloigna de plus en plus vers le ciel bleu, m’abandonnant. Le silence qui subsistait me prit à la gorge. Un ballon perdu roula vers moi, porté par le vent frais, quand un bruit sourd et puissant fit trembler tout mon corps. Cinq avions de chasse survolèrent la cour de récréation, en direction de la montagne volante. Et moi, en bas, je regardais, infiniment petite dans ce monde presque vide. Ma main glissant de nouveau vers les soubresauts de ma tunique, je caressais distraitement la rondeur de mon ventre, me rappelant à nouveau que je n’étais pas vraiment seule.

 

Mon enfant. Faudra-t-il que je meure avant, ou après toi ?

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Peridotite
Posté le 29/06/2023
Tout s'est écroulé pour cette professeur qui tente de s'en sortir au milieu d'une catastrophe dont on ne connaît rien. On ignore s'il s'agit d'une sorte d'apocalypse et le titre de la nouvelle jette le doute. Est-ce un déluge biblique ou une catastrophe naturelle qui a frappé l'école.

La nouvelle me fait penser au manga d'horreur, l'École Emportée de Kazuo Umezu, même si dans ce manga, on sait qu'on se trouve dans du fantastique.

Le style est fluide et immersif, c'était un bon moment de lecture :-)
Feydra
Posté le 18/06/2023
Quelle ambiance ! Tu as su montrer la faiblesse de ton héroïne, l'horreur de la situation. On n'a pas beaucoup de détail sur ce qui s'est passé, mais ce que tu décris m'a suffi à m'imaginer la scène. Les morceaux de la Terre qui flottent dans les airs, comme si l'apocalypse avait dérangé la gravité de la Terre, c'était un spectacle à la fois terrifiant et beau. Et l'horreur des humains, à peine montrée, mais tellement forte.
Bravo !
Flo
Posté le 09/10/2020
Aaaah, les nouvelles post-apocalyptiques bien sombres comme on les aime. Franchement, c'était génial ! J'aime beaucoup la façon dont les descriptions sont ramenées au pessimisme du personnage. Le cadre post-apocalyptique est très bien fait, ni trop, ni trop peu, très bon dosage entre narration et présentation de la catastrophe.

Puis avoir fait ce choix de présenter l'apocalypse dans une classe d'école... wah, ces frissons TOT Mais d'où vous est venue cette idée ? *-* (sans indiscrétion)

Juste, petite remarque : Il y a certaines phrases un peu longues, rallongées par des adverbes ou des propositions. Je vous conseillerai peut-être de raccourcir certaines phrases pour les fluidifier. J'ai le même problème que vous et en soi, je comprends que tout raccourcir pourrait casser votre démarche (entre le moment où il faut des pauses pour décrire le monde post-apocalyptique et un moment où il faut laisser place à l'action, le tout est difficilement accordable). Mais je pense que renoncer à certains adverbes, ou reformuler vos phrases pourrait rendre le propos encore plus fort, encore plus haletant !

En tout cas, je vous remercie pour cette lecture très agréable :)
Lucchiola
Posté le 17/01/2021
Bonjour Flo !

Je suis vraiment désolée d'avoir autant tarder à répondre ! Le commentaire m'a fait drôlement plaisir. Alors je vous remercie !
Les réflexions sur les phrases à rallonges, je les avais déjà eues ^^' et j'en avais tenu compte ! Après relecture, des mois plus tard, je ne peux que confirmer qu'elles sont encore là (et que c'est d'autant plus insupportable à lire haha !)
J'en prendrai forcément compte dans mes autres travaux.

Pour répondre à la petite question, je suis professeure, et ma salle de classe est l'endroit au monde que je pense être le plus sûr (après la chambre de mon fils). Pour moi, attaquer cette univers dans l'inconscient collectif représentait la fêlure de quelque chose de pur, d'à la fois fort et fragile.

A bientôt j'espère !
UnePasseMiroir
Posté le 15/12/2019
Waw, c'est creepy cette nouvelle ! En tout cas c'est super bien écrit, j'adore ! (enfin tant qu'on peut dire qu'on adore un atroce récit post-apo...). J'ai pas l'habitude de lire ce genre de texte, mais je trouve le tien vraiment très réussi !

L'espèce de passivité émotionnelle du personnage principal face au chaos m'a secouée. J'étais vraiment mal à l'aise durant toute ma lecture, mais pas dans un sens négatif ^^

Les descriptions sont vraiment superbes et terrifiantes. Je sais pas pourquoi j'ai notamment flashé sur "le sol éventré laissant à découvert une tuyauterie brisée et des gravas, tels des viscères jaillissant d’une plaie béante."

Je retiens aussi cette phrase : "Il y avait longtemps que Dieu nous avait prévenu, mais il y avait longtemps aussi que l’Homme ne l’écoutait plus." C'est magnifique et mystérieux en même temps. Les causes réelles de l'apocalypse, au fond, on en sais rien, mais ce n'est pas important, c'est arrivé, point. C'est pour ça que je trouve l'impassibilité de ton personnage très forte je crois.

Et la dernière phrase... ❤ c'est juste magnifique.

Bref c'était un super beau texte, bravo !
Lucchiola
Posté le 17/12/2019
Coucou Unepassemiroir !

Merci beaucoup pour ton commentaire ! Je suis désolée d'avoir pris du temps avant de répondre, je sors d'une longue période compliquée !

Ça m'a fait très plaisir de te lire :D D'ailleurs, j'ai eu un retour de l'éditeur dimanche pour faire les dernières correction, le texte est chez l'imprimeur !

Les phrases que tu as cité sont surement trop longue. Avec le recul, j'ai pu me rendre compte de quelques erreurs.

En tout cas, encore une fois merci ! Je suis super contente de te lire ! Je passerai te voir bientôt promis promis promis !! >.<

Des bisous !
El
Posté le 21/10/2019
Pas de quoi s'inquiéter, ton texte est une nouvelle, et doit être appelé ainsi (contrairement aux miens, où j'ai juste raconté ce que je voulais, mais que faute de mieux, j'ai appelé "nouvelle" x3).
Ce texte est terrible. Et bien écrit. J'aurai cependant ajouté plus de virgules, mais je suis une grande folle des virgules depuis que ma prof de français m'a dit que je n'en mettais vraiment pas assez. Alors, toujours dans l'extrême j'en mets partout maintenant. Je ne peux rien dire sur la forme, on a déjà tout (et bien) dit plus bas, donc je me permettrais mon ressenti personnel.
Tu décris très bien les émotions et l'environnement, sans que ça ne tombe dans la description excessive. Les images que tu utilises correspondent bien à ce que tu veux dire. J'aime bien (enfin façon de parler, parce que c'est pas jojo tout ça quand même) aussi ce côté plat émotionnellement de la narratrice. Elle sait qu'elle ne peut rien faire, donc elle attend en quelque sorte.
Bon, j'ai pas réussi à dire tout ce que je voulais (j'ai du mal à formuler avec des mots ce soir), mais on va dire que ça passe ! :D
Lucchiola
Posté le 22/10/2019
Haha j'ai bien ri en te lisant, merci beaucoup ! Pour les virgules, je me relirai une dernière fois demain et je verrai bien à ce moment là. Mais je pense en avoir mis un sacré paquet déjà XD

C'est très encourageant de lire ça, alors j'espère apprendre de mes erreurs et pouvoir écrire à nouveau et encore mieux !

Merci !
Lucchiola
Posté le 22/10/2019
Haha j'ai bien ri en te lisant, merci beaucoup ! Pour les virgules, je me relirai une dernière fois demain et je verrai bien à ce moment là. Mais je pense en avoir mis un sacré paquet déjà XD

C'est très encourageant de lire ça, alors j'espère apprendre de mes erreurs et pouvoir écrire à nouveau et encore mieux !

Merci !
Lucchiola
Posté le 22/10/2019
Haha j'ai bien ri en te lisant, merci beaucoup ! Pour les virgules, je me relirai une dernière fois demain et je verrai bien à ce moment là. Mais je pense en avoir mis un sacré paquet déjà XD

C'est très encourageant de lire ça, alors j'espère apprendre de mes erreurs et pouvoir écrire à nouveau et encore mieux !

Merci !
El
Posté le 28/10/2019
Comment apprendre, si ce n'est de ses erreurs ? :P
De rien, c'est toutafé normal UwU
Liné
Posté le 21/10/2019
Hello Lucchiola,

Je te rassure d'emblée : ta nouvelle est belle et bien une nouvelle :-) Le texte est relativement court, avec un début percutant, un déroulement que l'on parvient à suivre et à comprendre (le tout étant de véhiculer suffisamment d'idées et d'images en peu de lignes) et une chute ! Après, plus en détails, je ne connais pas les consignes de l'AT...

A part ça, je suis très contente de découvrir ta plume ! Il y a de belles sonorités, surtout, et on est embarqué.es d'emblée dans ton histoire.

Le cadre que tu proposes est glauque, bien dans le thème de l'apocalypse. Cette apocalypse n'est pas vraiment expliquée (il y a bien cette maison phare étrange, mais on n'entre pas dans les détails scientifiques) ce qui nous oblige à rester dans le point de vue de ta narratrice, face à des catastrophes bien plus grandes qu'elle.

J'ai vu que Fannie t'a fait un commentaire-corrections dont elle a le secret ;-) Aussi, et vu que c'est pour un AT (j'espère que ce n'est pas trop tard par rapport à ta deadline...) je me permets de souligner 2-3 points, vraiment microscopiques, que j'ai pu repérer en termes de style :

* même que je mange peut-être : le "même" et le "peut-être" me paraissent redondant
* ne riaient pas eux, : pour une question de rythme, j'aurais ajouté une virgule ("ne riaient pas, eux,")
* Me retenant sur le mur sur lequel : il y a 3x le mot "sur" dans ta phrase (pourquoi ne pas écrire "me retenant contre le mur sur lequel" ?)
* les hurlements de ma collègue qui hurlait : répétition (hurler)
* c’était peut-être bien comme ça : alors tu vas me prendre pour une tarée : j'ai un super-pouvoir, celui-ci de repérer les doubles espaces... Et je crois qu'il y en a un entre "peut-être" et "bien" !
* qui longeait l’école à quelques centaines de mètres. : le "à quelques centaines de mètres" ne me parait pas utile, on comprend déjà via le verbe "longer", et ça allonge le rythme de ta phrase alors qu'on est dans une sorte d'accélération due à l'intervention d'éléments mystérieux et inquiétants.

Voilà ! En tout cas, tu peux être fière de proposer ce texte à l'AT ;-)
A très vite,

Liné
Lucchiola
Posté le 21/10/2019
Hello Liné !

Merci beaucoup d'avoir pris le temps de me lire et de commenter aussi précisément ! Cela m'a été super utile, dans la continuité du travail fantastique de Fannie. Plume d'Argent n'est vraiment pas qu'un simple site !

Concernant les consignes, je te les glisse :
"Pour terminer l'année 2019 , le thème du dernier numéro du magazine Cœur de Plumes : Apocalypses.

1) Apocalypse personnel : deuil, désillusion, traumatisme, mensonge, etc.

2) Apocalypse sociétal: épidémie, zombies, comète, écologie, robots, militarisme, etc.
Comme vous étiez témoin de la fin du monde, racontez-vous ce que vous avez vu.

Et peut-être, vous avez survécu. Si oui, comment est la vie après la fin du monde?

Nous avions hate de lire vos textes de 2 à 4 pages. Ou plus de pages, si votre récit en exige."

J'espère ne pas être trop hors sujet. Je vais l'imprimer pour me relire autrement.

En effet, je n'ai pas souhaité entrer dans des détails qui pouvaient faire perdre l'émotion et la sensibilité qu'apporte le récit d'une victime.

Merci pour tes compliments, ça réchauffe comme un chocolat tout chaud !

A très vite,

Lucchiola
Fannie
Posté le 20/10/2019
Coucou Lucchiola,
C’est avec cette histoire que je fais connaissance avec ta plume.
Je ne suis pas une spécialiste en la matière, mais je pense que ton texte comporte les principales caractéristiques d’une nouvelle : il tourne autour d’un seul évènement, il met en scène peu de personnages et il exprime les réflexions et le ressenti du personnage principal. Il y a bien une surprise à la fin, mais ce n’est pas ce que j’appellerais une chute. Cependant, la chute n’est pas obligatoire. Ton texte n’usurpe donc pas le nom de « nouvelle ». :-)
Tu décris bien cette ambiance qui suit une catastrophe, cet état dans lequel se trouve la narratrice, suffisamment sonnée pour que ses émotions soient partiellement anesthésiées. L’horreur de la situation apparaît, mais sans ostentation. Ce n’est pas la fin du monde, mais ce qui s’est passé est suffisamment effroyable pour être comparé à une apocalypse, d’autant plus que la narratrice se trouve seule dans le silence qui suit l’explosion, les cris et l’intervention des hommes armés. Je trouve que ce récit est bien réussi.

Coquilles et remarques :
— Sous la table près de la porte fenêtre semblaient remuer des mains et des bras
[porte-fenêtre / Pour mieux articuler la phrase, je te propose de mettre « près de la porte-fenêtre » entre deux virgules.]
— remontés des profondeur [profondeurs]
— ne riaient pas eux, [Je mettrais « eux » entre deux virgules.]
— Un vertige m’assailli [m’assaillit]
— Me retenant sur le mur sur lequel [Je propose « au mur »]
— à peine quelque jours avant [quelques]
— je trébuchai sur une trousse renversée et mon regard se perdit vers les fenêtres brisées et les vestiges d’un parc retourné par un jardinier fou
[Je trouve qu’il faudrait éviter d’avoir deux fois « et » ; je te propose de remplacer « et ( mon regard) » par « alors que » ou « tandis que », voire de le supprimer pour scinder la phrase en deux.]
— Dieu nous avait prévenu [prévenus]
— Je n’entendais plus les hurlements de ma collègue qui hurlait [les hurlements / hurlait ; les cris, peut-être ?]
— celle qui se trouvait près de la mienne et malgré la proximité [Je te propose d’ajouter une virgule après « et » de manière à mettre « malgré la proximité » entre deux virgules.]
— les derniers gémissements qu’elle avait du faire en se faisant certainement étrangler [dû (accent circonflexe pour le participe passé du verbe « devoir » au masculin singulier) / pour éviter la répétition « faire en se faisant », je propose « pousser » ou « émettre ».]
— ne me perturba pas [perturbèrent (il y a deux sujets)]
— déchirant ma chemise et mon bras gauche se retournant [Il faudrait ajouter une virgule avant « et ».]
— qu’il n’aurait jamais du former [dû ; voir plus haut]
— je me retins d’hurler et attendit patiemment [de hurler ; c’est un « h aspiré » / attendis]
— que les derniers débris eurent fini de dégringoler [« eussent fini » ou « aient fini » ; il faut un subjonctif]
— une chose que j’avais retenu [retenue]
— La finalité de ceux qui appelaient à l’aide / ces hommes se précipiter au moindre appel à l’aide [répétition de « appel(aient) à l’aide »]
— avaient secoués les corps [secoué]
— Je n’avais peut être pas attiré leur attention [peut-être]
— et c’était peut-être  bien comme ça [Il y a un espace insécable en trop après « peut-être ».]
— qui avait continué à tourné sur lui même l’égoïste [à tourner / lui-même / Je mettrais « l’égoïste » entre deux virgules ou entre deux tirets.]
— le monde entier ici c’était arrêté [s’était]
— ressemblait à ses films dont les affiches [ces films]
— léviter au dessus d’un panier de basket [au-dessus]
— et des gravas tels des viscères jaillissant d’une plaie béante [gravats / je mettrais une virgule avant « tels des viscères »]
— agrippé à son balais [balai]
— dansait lentement au dessus de la porte ouverte [au-dessus]
— que laissait entrevoir cette porte détruite et l’envie de m’y plonger m’assailli violemment [m’assaillit / j’ajouterais une virgule après « détruite »]
— en suspension au dessus de moi [au-dessus]
— le lavabo presque intact en porcelaine blanche [Je mettrais « presque intact » entre deux virgules]
— que je n’étais pas si seule que ça et après avoir vainement tenté [J’ajouterais une virgule avant « et ».]
—  essoufflée de l’effort fourni et étourdis de l’eau [étourdie / il y a un espace insécable à la place d’un espace normal avant « essoufflée ».]
— Je frissonnai, hagarde, et tentait de comprendre [tentai]
— une montagne glisser sur les nuages / Une forme sombre semblait glisser [répétition de « glisser »]
— Une montagne ? Non [L’espace avant le « ? » doit être insécable.]
— et avant que je ne puisse comprendre ce que c’était [J’ajouterais une virgule après « et », de manière à mettre « avant que je ne puisse comprendre ce que c’était » entre deux virgules.]
— au dessus de mon école, au dessus de ma ville [au-dessus (les deux fois)]
— de l’humanité toute entière [tout entière : ici, « tout » a valeur d’adverbe ; il ne s’accorde donc que par euphonie, devant un féminin qui commence par une consonne (h muet excepté)]
— Et je commençais soudain à réaliser ce que mon esprit avait tenter de me cacher [tenté / L’anglicisme « réaliser » peut avantageusement être remplacé par des synonymes comme « comprendre », « me rendre compte de », « prendre conscience de », « saisir », etc.]
— Une série d’aboiement [d’aboiements]
— Un coup de feu retentit, un aboiement disparut [Comme il y a déjà le mot « aboiement » peu avant, tu peux remplacer celui-ci par « jappement » ou « glapissement ».]
— et je ne pu identifier [pus]
— Le silence qui me restait me prit à la gorge [L’expression « qui me restait » me semble étrange ; qui restait ? qui demeurait ? qui subsistait ?]
— Un ballon perdu roula vers moi, porté par le vent frais et un bruit sourd et puissant fit résonner tout mon corps [Pour éviter d’avoir deux fois « et », je te propose de remplacer le premier par un point-virgule ou le deuxième par une virgule. Si tu veux les conserver les deux, il faut ajouter une virgule avant le premier.]
— Cinq avions de chasses [de chasse]
— Faudra t-il que je meurs avant, ou après toi ? [Faudra-t-il / que je meure (subjonctif présent) / L’espace avant le « ? » doit être insécable.]
Il y a une expression dont la répétition m’a frappée : « tenter de », qui peut être remplacée par « essayer de », « s’efforcer de », « chercher à », etc.
Lucchiola
Posté le 20/10/2019
Et bien, je me sens toute petite devant l'étendue de ton commentaire et de mes erreurs.

Merci beaucoup d'avoir pris autant de temps pour m'aider à reprendre ce texte. Je viens d'imprimer toutes tes indications, et j'ai honte de voir qu'elles font la moitié de mon texte...

Demain, je le reprendrai ligne après ligne, et je le posterai à nouveau !

Un milliard de fois merci pour tes indications, ton temps et ta lecture ! J'espère arriver à faire aussi bien un jour.
Fannie
Posté le 21/10/2019
Tu as parlé dans ta présentation de ces moments où ton orthographe pâtit de ta maladie. Je pense qu’il y a beaucoup de choses que tu sais déjà dans ce que j’ai relevé. Mais si je corrige sans expliquer, j’ai l’impression d’être sèche.
Il vaudrait la peine, à mon avis, que tu investisses dans un correcteur orthographique plus efficace que ceux des traitements de texte (comme Antidote ou le Robert correcteur). Bien sûr, ils ne détectent pas toutes les fautes, mais ils permettent déjà d’en éliminer beaucoup.
Quand on a la tête dans le guidon, il y a des détails qu’on ne voit plus.
Lucchiola
Posté le 21/10/2019
En effet, il y a cela, mais mon degré de fatigue a sa part aussi, tout comme le traitement que je peux prendre (coricide ou pas).
Je suis vraiment contente d'avoir un commentaire comme le tien, crois le bien ! Mais c'est vrai que ça m'a fait un sacré coup au moral, entre autre.
Lucchiola
Posté le 21/10/2019
Hello Fannie !
Je viens de relire ton dernier commentaire et en effet, pourquoi ne pas investir dans un correcteur ? Peut être Antidote, je me renseignerai.
J'ai posté la version corrigée, et il y a juste deux trois choses que je n'ai pas modifié :
- les espaces insécables signifient bien qu'il doit y avoir un espace entre la fin d'un mot et une ponctuation élevée ? Car si c'est bien le cas, je n'ai pas trouvé les remarques dont tu me parlais. Si ce n'est pas le cas, c'est juste que je suis à côté de la plaque désolée !
- les répétitions de "tenter de", à vrai dire, je n'ai pas trouvé cette formulation dans mon texte (même après recherche cmd+F) alors peut être s'agit-il d'autre chose (ce qui ne m'étonnerait pas). J'ai sorti mon texte, je pourrai le lire ailleurs que sur un écran, ça devrait aider.
- les répétitions de "au-dessus" : j'ai voulu accentuer avec une anaphore que tout ce qui se passait pour la narratrice ne dépendait pas de son contrôle, que tout lui passait "au-dessus" (dans tous les sens du terme). Mais en effet, ce n'était pas assez bien utilisé, alors je l'ai retiré !

A très vite !
Renarde
Posté le 20/10/2019
Et bien le moins que l'on puisse dire, c'est que ce n'est pas gai 0_o

Il y aura une suite ? Parce que l'on a vraiment envie de comprendre ce qui s'est passé et que beaucoup de mystères (pour moi) ne sont pas résolus (le corps qui lévite, la forme dans le ciel, qui sont ces hommes armés, etc...).

Dans tous les cas, tu as vraiment bien posé cette ambiance de fin du monde. La phrase "Il y avait longtemps que Dieu nous avait prévenu, mais il y avait longtemps aussi que l’Homme ne l’écoutait plus." me fait me demander si c'est la "vraie" apocalypse. Ou si c'est la guerre (les hommes armés).

Bref, c'est prenant et cela donne envie d'en savoir plus !
Lucchiola
Posté le 20/10/2019
Hey, merci d'avoir pris le temps de commenter !

Alors en effet, ce n'est pas très bisounours comme histoire. Je voulais écrire quelque chose de poignant, à travers la narration à la première personne notamment.
Il y a beaucoup de questions que j'ai laissé en suspens, mais je t'avoue que c'est parce que je ne sais pas à quoi m'attendre pour un appel à texte.
Est ce que je dois laisser des questions en suspens et simplement planter un décors ? Ou à la fois planter décors, questions, réponses et final dans le même texte de 8k mots ? Première fois que je fais l'exercice !

Concernant l'apocalypse, je ne me suis pas basée sur une fin du monde tel que l'écrit la Bible car c'est assez différent. Mais en effet je me base sur la Religion (l'idée d'avoir la foi envers quelque chose d'invisible) qui a façonné la société actuelle. Spontanément, les gens ont tendance à se mettre à prier quand ils sont en très grande détresse, alors qu'ils ne prient pas ou n'y pense même pas habituellement.

Si je reprends un jour en détails cette fiction, j'expliciterai davantage cette partie qui a son importance bien sur.

Merci à toi !
Renarde
Posté le 21/10/2019
Alors je n'ai jamais fait d'appel à texte de ma vie, je serais donc bien en mal de te guider pour cet aspect en particulier.

Là, en tant que lectrice, j'ai envie de connaître la suite et de lever le voile sur tous ces mystères, ce qui est hyper positif. Je n'ai pas envie que ça s'arrête, même si le but est atteint.
Adamska
Posté le 18/10/2019
Ah bah du coup tu auras mon premier commentaire ! Hehehe !

C'était bien sinistre, cette histoire. J'aime bien ta manière de décrire les choses, c'est très visuel ! Par contre si je peux me permettre, tu fais des phrases qui sont parfois trop longues, du coup ça "essouffle" la lecture (bon, après ça reste mon avis perso).

Pour ta question au sujet de la nouvelle je ne peux pas trop te répondre, c'est juste une question de nombre de mots, non ? Tu vas faire une suite ? Je suis curieuse de savoir où ça pourrait mener !
Lucchiola
Posté le 18/10/2019
Oh la la quel honneur ! Merci chère Plumette !!
Ton commentaire est constructif, je me posais en effet la question sur mes phrases à rallonge. J'ai d'ailleurs tendance à les reprocher à d'autres quand je lis sur PA, et je me demandais où je me positionnais par rapport à ça. Et bah t'as répondu à ma question !

Je pense avoir repéré quelques phrases qui, en effet, nécessitent d'être abrégées. Je corrigerai ça très vite !
Hâte de te lire !
#coeuraveclesdoigts