Je peux sauver le monde, je n'ai qu'une seule chose à faire. Le bébé est endormi, il est dans son berceau comme il se doit, et voilà qu'il se réveille, ou plutôt qu'elle se réveille, car il s'agit d'une petite fille, une princesse même, elle me regarde avec ses yeux bleus, comment un bébé si petit peut il avoir des yeux aussi grands ? Tant d'innocence, et pourtant, si elle savait ce qui l'attend...
Moi, je le sais, j'ai été choisi pour être le champion du destin, je dois amener l'humanité sur le chemin du meilleur avenir possible, pour cela j'ai reçu le don de voyance. Mais ce n'est pas ce que croient la plupart des gens, c'est infiniment plus complexe que de dire « demain, il se passera ça », toute la nuance vient du fait que la prévision la plus fiable qu'on puisse faire consisterait plutôt à dire « si aujourd'hui, une personne fait ça, alors demain la conséquence sera celle-là », en un mot, lorsque je vois l'avenir, il ne s'agit pas d'un simple chemin à suivre, mais de l'arbre des possibles, j'ai vu tout l'éventail de l'harmonie à l'annihilation totale, tous les affrontements qui opposeront les combattants de la lumière et les serviteurs des ténèbres, mais surtout, j'ai vu les choix décisifs permettant de faire pencher la balance vers un avenir ou un autre.
J'ai vu cette petite fille, cette princesse, se battre pour rallier son peuple, encore, et encore, et parfois même, malgré tous les obstacles, réussir, alors qu'elle ne sera encore qu'une jeune fille dans un monde dominé par les hommes, sa détermination convaincra des soldats aguerris de la suivre dans sa croisade contre les ténèbres. Mais même dans ces avenirs où elle parvient à ses fins, il est trop tard, désespérément trop tard, oh, il y a des victoires dans ces avenirs là, mais ce ne sont que de petites victoires, elles retardent seulement l'inévitable, en se débrouillant bien la victoire de l'armée des ténèbres mettra quinze ou vingt ans, mais ils sont trop nombreux, trop impitoyables... Tout est perdu, l'humanité est condamnée...
Du moins, c'est ce que j'ai cru, jusqu'au moment où j'ai réalisé que je faisais la même erreur que mes prédécesseurs, cette même erreur qui nous a conduit dans cette situation désespérée, mais il reste encore une possibilité, je peux sauver le monde, je n'ai qu'une seule chose à faire, je dois la tuer. Aucun de mes prédécesseurs n'aurait osé sacrifier une personne innocente au bien commun, ils étaient tous trop nobles, trop vertueux, pour un tel acte, mais voilà, je ne peux plus me permettre ce genre de luxe, comme je l'ai dit la situation est désespérée, je suis obligé de prendre cette mesure désespérée...
Les gens n'en ont pas encore conscience, mais les armées du mal ont déjà commencé leur rassemblement, la déferlante des morts-vivants, démons, et autres créatures maléfiques commencera bientôt, il s'agit de la dernière période de calme avant la tempête. Attendre quinze ans qu'elle grandisse et rallie les armées humaines sous une seule bannière, c'est trop. Ses parents vont bientôt mourir, lors des premiers affrontements, et je sais que je ne pourrai pas les sauver, il va s'en suivre des divisions entre les partisans des différents prétendants au trône, au moment même où nous aurions un besoin vital d'unité pour survivre.
Pourtant, si elle meurt, tout s'enchaîne logiquement, sans l'obstacle de la seule héritière légitime, je pourrais manœuvrer pour qu'un prétendant bien choisi parvienne à rassembler les troupes en seulement quelques mois... C'est notre seule chance, je peux sauver le monde, je n'ai qu'une seule chose à faire... Elle me sourit, et je succombe à l'envie de la prendre dans mes bras, puis je la berce. Chaque fois que je sonde l'avenir, je la voit grandir, se battre, et s'épanouir dans la tourmente, belle comme aucune femme ne le sera jamais à mes yeux, parce que je l'aime, j'aime déjà la femme quelle deviendra...
Bien que je sois perdu dans mes pensées, une partie de moi note que la nourrice vient d'entrer par la porte et ressort aussitôt, elle va avertir les gardes, je le sais, je l'ai vu, tout comme j'ai vu mon emprisonnement et mon exécution. Je n'avais qu'une seule chose à faire, j'aurai pu sauver le monde, mais j'ai été faible, le monde est perdu...
J'ai aussi remarqué quelques coquilles, surtout des "e" et des "s" qui manquent pour faire des accords.
Si cela peux t'intéresser, je pourrais faire une relecture orthographique du texte. Je ne suis pas un relecteur de compétition, mais c'est un exercice que je fais régulièrement pour des publications rôlistiques online.
Je suis tout à fait preneur d'une relecture pour corriger les coquilles qui restent...
Encore merci.
Une nouvelle dramatique mais belle, rapide, succincte mais incisive et allant droit à l'essentiel. C'est difficile de faire aussi rapide et pourtant, tu y arrives très bien. On se prend au jeu et on veut secouer ce personnage et lui dire "mais tue-la !" alors même qu'on vient à peine de le découvrir. Bravo et merci : j'ai passé un bon moment.
Bizarrement, aller droit à l'essentiel ça ne plaisait pas à mes profs (de philo ou de français évidemment, mais aussi en math, mais ça commence à dater...), mais il faut croire que c'est mon style...
Je suis surpris, tu sembles accepter facilement le choix de mon personnage, alors que c'est censé être anticonformiste (Tous les héros qui ne "laisse personne en arrière", pour prendre un exemple récent et populaire, Captain América dans Infinity War).
PS : désolé pour cette réponse tardive, mais je ne sais pas où donner de la tête en ce moment, et je n'étais pas repassé sur le site...
Étant moi-même anticonformiste, je trouve le choix de ton personnage d'autant plus plaisant. Je déteste les Marvel, avec ces gentils qui sauvent le monde (et le peuple n'a rien à faire sinon attendre que le sauveur arrive). Mes textes sont souvent contre cette logique.
En revanche, tu n'as pas choisi le bon si tu veux me lire sur ce thème là.
"La néomage" (ainsi que "Combat d'esprit") sont mes deux romans pour public adolescent. De ce fait, ils sont manichéens avec les gentils, les méchants, et les gentils qui gagnent en étant droits et honnêtes, tout ça, tout ça.
Si tu veux du roman où les héros sont des salopards, mieux vaut choisir "Mebaadia" ou "Le prix de la liberté" (mais dans ce second cas, tu t'embranches dans une sage de 12 romans).
Si tu cherches un truc anti-conformiste dans lequel les salopards ne payent pas pour leur crime, alors "Diophène" est pas mal dans le genre aussi.
"Le temple de la mort", c'est plutôt dans le style "Le monde n'est pas blanc ou noir". Les méchants ne sont pas méchants. Les gentils ne sont ni honnêtes, ni droits dans leurs bottes, mentent et se parjurent.
Ceci dit, ça me ferait très plaisir que tu lises et commentes « La néomage ». J’ai retravaillé ce roman il y a peu alors avoir un nouvel avis me ferait très plaisir.
Bonne lecture !
Le titre est accrocheur, mais pour être honnête le critère décisif de mon choix, pour avoir un meilleur aperçu de ce que tu écris, c'était la longueur, dans la mesure où je ne suis pas sûr d'avoir énormément de temps pour lire dans les semaines à venir.