Diego est parti
Dans son pays
Mort à Buenos Aires
Pas très loin à vol de tire
du bidonville d’où il jaillit
La pampa l’a repris
lui qui fut je crois
un mustang plus qu’un gaucho
du côté des évadés
de la race des indomptés
esquivant, slalomant, feintant
jusqu’à la libre solitude
et puis ce matin
l'homme en noir
a sifflé la fin du jeu
cette nuit, le stade se vide tant bien que mal
les gens voudraient
que la légende soit éternelle
que l’idole jamais ne meure
pour ne pas mourir eux aussi un peu
Diego a filé à l’anglaise
comme cet été de sacre
où il s’éleva d'une poignée de centimètres
au-dessus du sol aztèque
pour ne plus jamais redescendre
les années glissent
les larmes coulent
le long des jours
on se souviendra
toujours des instants
où l’on déborda de sentiments intenses
tous chavirés
par la joie donnée par le petit funambule
le goléador géant
Ils passent les poètes
nous parlent d’une seule chose au fond
de la vie qui frisonne
et quand leur coeur s’arrête
on meurt nous aussi un peu