Une petite tache blanche. Si petite. Trop petite.
Mes yeux savent mais mon cerveau refuse de comprendre.
« C’est pas bon, Madame. »
Ces mots qui tourneront en boucle dans ma tête pendant des jours, des semaines… Comment les a-t-il choisis ?
Les termes médicaux s’enchainent, irréels. « 6 millimètres… Vésicule distendue… Sac ovulaire hypotonique. »
Le doppler part à la recherche d’un son qui n’existe plus. Je ne veux pas entendre le silence qui a remplacé la si belle musique qui résonnait quinze jours plus tôt. Et pourtant. Il faut tuer toute trace d’espoir.
« C’est très courant tu sais, ça arrive à beaucoup de femmes. »
Sceptique. Savoir que d’autres souffrent est-il censé me rassurer ?
« Vous êtes jeunes, vous en ferez un autre. »
A-t-elle bien compris que je ne lui parlais pas d’un gâteau trop cuit ?
Pourtant je vois la compassion, je sens l’amour mais j’entends l’incompréhension. Comment peut-on se sentir si seule en étant si bien entourée ?
« Si vous réessayez dans les 6 mois, vous aurez beaucoup plus de chances que ça tienne cette fois ! »
Oui. Je connais la théorie, j’ai lu les statistiques. Mais tu es toujours là. En moi.
Tu y auras vécu 6 semaines, avant ces mots. Avant d’être « embryon partiellement déstructuré ».
Aujourd’hui c’est à moi de te dire adieu. Parce que ce corps qui a brièvement créé la vie porte depuis 3 semaines la mort. Parce que je refuse la violence des termes médicaux. Parce que même si un jour ça fonctionne, rien ne te remplacera. Parce que tu as existé à mes yeux et que je t’ai aimé.
A présent je retourne vers la vie mais je ne t’oublie pas. Toujours vivante, battante, un peu différente. Je choisis de garder de toi la surprise, l’émotion, le bonheur … l’espoir.
Brétie
Eh bien tout d'abord, câlin, vraiment. C'est une épreuve horriblement dure que tu racontes là et en peu de mots, avec efficacité et tristesse. Les fausses-couches sont encore si tabous, et pourtant si courantes... Partager ton expérience comme tu le fais, c'est ouvrir ton coeur, mais aussi rappeler cette douleur qui n'a rien de simple.
Bref, merci, et à nouveau, câlins et courage!