Douleurs Florales

Par Ascoth
Notes de l’auteur : Vous n'êtes pas obligé de lire les explications, vous pouvez vous faire votre propre avis. Mais ceux qui le veulent peuvent la retrouver juste après le poème.

Douleurs Florales

Putride graine maladive

Parasitant l'hôte, conscient, consentit,

Perverti d'un profond déni,

Le plongeant dans une liaison abusive.

 

Alimentant ce nouveau né le pourrissant,

La douleur, jadis crainte, bientôt désirée,

Témoignant d'un bougeon corrompu grandissant.

 

Ce mal l'usant tel une bougie de cire et

Sa flamme: source de vie, mais causant sa perte.

 

Sortant du sol, sa chrysanthème, sa névrose.

 

Conscient de son confort, joyeux à morose,

Le but d'être, plus le sien: l'âme étant déserte;

L'allégresse ne lui convenant point

Semer ses chrysanthèmes, surement préférable.

 

Mais sa névrose suscitant des soins,

Son nouveau but: stériliser sa terre arable,

Se libérer de ses désirs absurdes, sales.

 

Sa volonté de réduire ses fleurs en cendre,

Un dernier cri d'éspoir pouvait se faire entendre:

 

"Qu'on me délivre de mes viles douleurs florales"

 

- Ascoth -

 

 

 

Explications

Ces explications sont celles que je fournis avec le poème, c'est comme ça que je l'ai pensé, mais n'hésitez pas à partager votre propre analyse, chaque vision peuvent apporter leur lot de pertinence!

Bien, donc commençons par la structure. Le poème se compose de deux "mouvements", tout deux composés de 4 strophes, allant de 4 vers (quatrain) jusqu'à 1 seul (monostiche), et ce de manière décroissante. La raison pour laquelle j'ai fait de cette manière, c'est parce que cela provoque une impression d'acceleration, de chute, toujours terminer par un monostiche à la signification symbolique très importante. En outre, je n'ai pas utilisé de verbe conjugué, à part pour la dernière phrase, mais nous y reviendrons. J'ai fait cela pour plusieurs raison. Tout d'abord, le verbe represente l'action, ainsi, privé de verbe provoque une impression d'incapacité, de non potence. De plus, cela m'a aidé à faire une assonnance en "on" et "an", qui personnellement me fait pensé au rales de quelqu'un qui agonise. Enfin, cela provoque une impression d'imperfection, d'inachevé, jusqu'à la dernière phrase qui utilise un verbe afin de finir ce poème. C'est tout pour l'interdiction d'utiliser des verbes. Bien, vous l'avez peut être remarqué, mais il y a une métaphore filée qui compare la douleur, ou la volonté de souffrir, de causer des problèmes à des fleurs, des chrysanthèmes (les chrysanthèmes étant les fleurs qu'on offre lors de funérailles). Je dois l'avoué, c'est surtout une référence à "Les fleurs du mal", tout comme le titre d'ailleur, qui n'est rien de plus qu'un synonyme de fleur du mal. Enfin, on constate aussi à quelques moment une sorte de dissociation, syndrôme psychologique se traduisant par un stress intense (l'hôte au lieu de son hôte, l'âme au lieu de son âme). C'est tout je pense pour l'analyse globale.

Pour ce qui est de l'analyse linéaire, commençons sans plus tarder par le premier mouvement. Ce mouvement nous narre la croissance de la fleur qui le parasite. La première strophe nous présente une graine, tout en y mélant un oxymore (putride étant un état de décompostion, de pourriture, clairement pas lorsqu'on est un nouveau né, une graine) qui témoigne de l'absurdité de la situation, absurdité qui sera d'ailleurs plusieurs fois dénoncé. Je n'ai pas grand chose à dire sur la seconde strophe, c'est la suite de la première, et je pense qu'il n'y a pas besoin d'explication, faite vous en votre propre avis. Pour la troisième, il y a une comparaison entre une bougie et sa flamme, et la fleur et son hôte. D'ailleur, la rime "de cire et" et "désirée" n'est audible qu'avec la liaison. Enfin, le monostiche est une sorte d'aboutissement à cet séance de jardinage. La chrysanthème est associé à la névrose.

Le deuxième mouvement, lui, nous narre sa repentance, son chemin vers la libérté. Le premier quatrain est une sorte de description de l'hôte. Il est décrit comme volontairement morose, ignorant même le but de vivre (le but d'être), car sa volonté propre n'est plus (l'âme étant déserte). Il y a une altération de la volonté de bonheur, car l'hôte préfère se faire du mal (semer ses chrysanthème, surement préférable). Le tercet nous montre l'hôte se rendant compte de sa maladie. Il y a d'ailleur une sorte de parallèlisme d'écriture entre le deuxième vers du quatrain et le deuxième vers du tercet. Le distique suivant est une sorte de préparation, de mise en suspense pour le monostiche finale. Ce dernier par ailleurs, est d'après moi le vers le plus important. Tout d'abord, c'est un discours utilisant des verbe, l'hôte se libère et ose prendre la parole. Ensuite, l'utilisation de l'imperatif et la ponctuation rajoute de l'émotion. De plus, le vers est un vers de 13 syllabes, soit un vers libre, le vers est libre comme l'hôte. Enfin, les deux derniers mots sont le titre lui même, faisant une sorte de conclusion, semblable à la citation "tu es né poussière et tu redeviendras poussière".

C'est tout pour mes explications. Faites vous en votre propre avis et dites moi ce que vous en pensez. Sur ce, bonne journée.

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LeMytheDeLecrit
Posté le 15/02/2024
Bonjour Ascoth, c'est un très beau poème, j'ai ressenti beaucoup d'émotions en le lisant. Personnellement le poème me fait penser à une personne qui est en train de mourir de l'intérieur. Merci pour cet écrit.
Buscaa_me
Posté le 10/05/2022
Et bien, bonjour.
Je tombe sur ce poème tout à fait par hasard et ne suis pas déçue. Ayant lu le résumé, on sait déjà que ça parle de l'envie de se faire du mal mais sans cette info, on croirait que vous parlez des relations toxiques. C'est ce qui m'est venu à l'esprit en lisant la première strophe.

Je n'avais pas lu de poèmes depuis le lycée et pense sérieusement m’y remettre. Grâce à vous oui XD !! Hâte de découvrir d'autres de vos œuvres et merci de partager ça avec nous.
Ascoth
Posté le 10/05/2022
C'est super pertinent comme analyse. J'avais pas vu ça sous cet angle mais en le relisant, c'est vrai que ca fait sens. Du coup on peut dire que c'est une relation avec soi même toxique. En tout cas merci pour ton commentaire, ça fait plaisir de voir que des gens lise mes poèmes et les apprécient.
Altaïr
Posté le 09/05/2022
Bonsoir Ascoth,
tes poèmes sont très intenses. Celui-ci, particulièrement sombre, m'évoque une sorte d'enfantement néfaste et dangereux.
J'ai lu ton autre poème, ce qui m'amène une remarque : tu pourrais les regrouper dans un recueil, chaque chapitre setait 1 poème.
Tu ne l'as peut-être pas vu mais le genre poème est disponible pour classer tes 2 textes. Cela permettrait aux amateurs de poésie de te trouver + facilement ;).
Belle continuation à toi !
Ascoth
Posté le 10/05/2022
c'est une métaphore assez intéressante, et c'est d'ailleurs le sujet de mon prochain poème, donc c'est tout à fait possible qu'inconsciemment j'ai évoquer cet aspect là. Et pour le recueil, j'y pense de plus en plus sérieusement, mais à l'heure actuelle je n'ai écrit que 3 poèmes, dont un en cours, et je n'ai aucune idée pour le nom du recueil. Mais le fait que tu l'évoques m'encourage, merci beaucoup pour le soutien!
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