D'Ys et d'ailleurs

Notes de l’auteur : « Le Peuple des Rivages » est un ensemble de contes qui peuvent être lus séparément. Cependant, voici quelques éclairages utiles sur les différents peuples.

Les ondènes, peuple de l’eau, vivent sous l’eau. Leurs peaux écailleuses sont de toutes les nuances de vert et de bleu. Leur crâne est orné d’une longue crête. Iels ont une longue queue de poisson.
Les humènes, peuple de la terre, vivent sur terre. Iels ont de longues jambes et leur corps est couvert de poils. Leur peau est de couleur chaude.
Les humènes peuvent marcher et respirer sous l’eau comme n’importe quel habitant des profondeurs. Quant aux ondènes, leur longue queue écaillée peut se scinder en deux jambes, avec lesquelles iels peuvent marcher maladroitement. Les deux peuples se fréquentent donc. Il arrivent que des unions engendrent des bébés au sang mêlé, aussi bien à l’aise dans l’eau que sur terre.

Le Peuple des Rivages, c’est le peuple de toustes celleux qui ont un pied dans l’eau, un pied sur terre.

Forteresse en mer, île magique, repaire de démons ou havre de sorcières ; Ys a mille visages, comme une déesse de la mer adorée par les ondènes. Plus personne ne se souvient de sa première apparition. Son portrait fut dessiné sur le sable et chaque marée vint le recouvrir ; les vagues le remodelèrent et quand l'eau se retira, l'image avait changé, si bien qu'à chaque passage de la mer, les fidèles contemplaient un nouveau tableau, qu'ils disaient plus vrai que le précédent, bien que plus personne ne se souvint de la première image.

Telle est Ys. Voici donc son histoire saisie entre deux marées.

Ys était la plus belle cité du Peuple des Rivages.

En tant que telle, elle se devait tout autant de reposer au cœur des eaux que de s’élever sur la terre ferme. Elle tenait cette promesse. Elle avait été bâtie sous le niveau de la mer et était pour cela entourée d’un épais rempart, qui tournait tout autour de la ville et se refermait sur une double porte géante. Les vagues venaient inlassablement frapper l’enceinte et celle-ci les repoussait continuellement. La porte était solidement fermée, barrée de fer ; pas la moindre goutte ne suintait à travers ses charnières.

Entre ses murs, les Yssènes vivaient en paix, dans des nids de pierre solide, construits à la manière des maisons, ou dans des cabanes accrochées dans les albres, ou dans les grottes sous-marines éclairées par les bancs de petits poissons phosphorescents. Les albres, arbres aux branches d'algues, poussaient dans toute la ville et égayaient les rues de leurs ramures bleues, vertes et de leurs fruits juteux et colorés. Des fleurs poussaient le long des voies et répandaient des parfums vivifiants. Des canaux étaient creusés à côté des rues pavées, si bien qu’humènes et ondènes circulaient côte à côte, se rendant dans les parcs pour flâner, sur les places pour danser, aux bains pour parler d’amour et de communautés.

Ys accueillait toustes celleux, à jambes ou nageoires, écailles ou poils, qui souhaitaient la rejoindre, à condition d’y nourrir l’harmonie qui régnait entre ses différents peuples.

Les deux jambes y étaient d’ailleurs de plus en plus nombreuxes. Iels fuyaient les lois sévères régissant la vie dans les villes humènes, dirigées par des prêtres. Tous les dimanches à l’église, ces maîtres sévères prônaient le sacrifice, l’abstinence et l’austérité. La semaine était dévolue à un dur travail, laissant peu de loisir et de repos. Les enfants devaient obéissance à leurs parents, les femmes à leurs maris, les ouailles à leurs bergers, qui disposaient de milices afin de maintenir le calme et la paix divine dans leurs domaines. Les réfractaires, condamnés à de lourdes amendes pour avoir chanté des poèmes païens, finissaient bien souvent par embarquer de nuit sur des canots, en direction de Ys, où le Peuple des Rivages les accueillait à bras ouverts.

Pour effrayer leur population, les prêtres tenaient de sévères discours sur la ville d’Ys et ses habitants. Juchés sur leur chaire, penchés sur le peuple, les prêtres s’égosillaient :

« N’allez pas à Ys ! Ville du péché, ville de débauche ! Là-bas, les habitants passent leurs nuits dans les tavernes, les salles de danse et les spectacles, uniquement occupés à perdre leur âme. La ville est aux mains de monstres qui méprisent Dieu et forniquent avec les démons ! En vérité, le Ciel ne tardera pas à abattre son courroux sur ses murs ! »

Assis sur les bancs froids, l’auditoire restait coi. Beaucoup écoutaient en hochant gravement la tête, d’autres souriaient sous cape car leurs sœurs, frères ou enfants partis rejoindre Ys leur avaient envoyé des nouvelles racontant leur joyeuse vie.

Les prêtres désespéraient d’empêcher de nouveaux départs. Si bien que, le courroux divin tardant à s’abattre, décision fut prise de le hâter. Dans le secret de leurs cloîtres, des conciles fomentèrent la chute d’Ys.

Pendant ce temps, dans la cité des Rivages, la vie suivait son cours.

Le soir tombait sur la ville et l’on préparait la Maison Commune pour accueillir le grand souper. Des volontaires mettaient le couvert, amenaient les plats, tandis qu’un groupe de musiciennes accordait ses instruments.

Assis sur un coin de table, quelques hybrides discutaient, fermant leurs oreilles aux rires environnants. Des rumeurs menaçantes avaient glissé sur les vagues, des ports humains jusqu’à Ys. Des pêcheuses revenues du large s’adressaient à Dahut et son père Gralon, administrateurices de la ville cette année-là. Gralon était un gentil humain bedonnant, à la barbe grise et fournie. Dahut était une hybride aux yeux en amande, à la peau vert cuivré. Elle parlait avec chaleur et confiance à ces gens inquiets.

Tout à coup des appels retentirent dans la grande salle, tandis qu’un petit groupe faisait irruption. C’étaient les Vigies des remparts, qui chaque jour se relayaient pour surveiller la mer. Elles accompagnaient un humain visiblement blessé.

« Nous l’avons recueilli en pleine mer, il était seul sur sa barque. »

Des chaises furent amenées. Un cercle se forma, avec les Vigies, les curieuxes, Gralon et Dahut qui prêtèrent gravement l’oreille au jeune homme. Celui-ci portait le costume des marchands de la côte. Son visage tuméfié arborait un œil au beurre noir et une lèvre gonflée. Malgré ces blessures, son œil brillait farouchement tandis qu’il racontait :

« Je me prénomme Guénal. J’étais sur un navire, en partance pour un royaume voisin, avec toutes mes marchandises, quand une partie de l’équipage s’est mutinée. C’étaient des pirates infiltrés parmi nous. Ils m’ont déposé dans une barque, sans rame, ni vivres, et m’ont abandonné en pleine mer. Sans vous, je serais mort desséché de soif. »

Son récit toucha l’assistance. Aussitôt on lui apporta une assiette bien remplie, une coupe d’eau et une autre de bière. Gralon lui souhaita la bienvenue à Ys et Dahut ajouta :

« Tu peux rester le temps qu’il te faut pour te reposer. Tu auras une chambre ce soir dans cette Maison commune. » D’un geste rond et accueillant elle engloba toute la demeure et l’assistance. « Soit le bienvenu chez nous et chez toi. Demain, je te ferai visiter la ville. »

La soirée reprit son cours, tandis que le jeune homme était mené par Gralon dans les étages de la maison où des appartements confortables étaient toujours prêts à accueillir les visiteurs de passage.

Le lendemain, Dahut l’attendait comme promis.

Guénal demanda aussitôt :

« Pourrons-nous voir les remparts ? »

Dahut rit et répondit :

« J’ai bien mieux à te montrer que les remparts ».

Elle le mena d'abord voir le Majestueux, plus grand albre de la cité. Ses racines, plongeant dans l'eau de mer, s'emmêlaient à la roche et créaient des labyrinthes mystérieux où jouaient les ondènes et leurs petits. Ils montèrent les escaliers qui entouraient le tronc constellé de mousses et de lichens phosphorescents. De la plus haute plate-forme, ils contemplèrent la mer, Ys et ses toits-terrasses, d'où les enfants leur adressaient de grands signes.

Dahut l'emmena ensuite écouter les trouvères, qui errent dans les couloirs du conservatoire. Le visiteur, rougissant, choisit d'entendre des balades contant l'art de l'amour à plusieurs et ses subtiles règles d'équilibre.

Puis Dahut fut interpellée par un habitant aux joues couvertes d'écailles et ils le suivirent à travers la ville, dans un dédale d’escaliers, ponts et passerelles. Ils débouchèrent dans un amphithéâtre, où une cinquantaine d'humanoïdes demandaient la présence de Dahut pour porter une motion à l'assemblée mensuelle de la ville.

Puis Dahut ramena Guénal à la Maison Commune, où un repas de pain, soupe et confit d'algues fines avait été préparé. Le visiteur mangea, but et parla haut et fort, vantant les merveilles d’Ys, la gentillesse de ses habitants et la douceur du vin marin. Plus bas, il demanda à Dahut :

« Je suis amoureux de cette ville et de toi. Voudrais-tu m’épouser ? »

A ces mots Dahut rit et dit :

« Jamais de la vie. Par contre, si tu veux coucher avec moi, ma chambre est là-haut. Tu es tellement mignon, avec ton œil de travers. »

Il plongea le nez dans son gobelet, s'étrangla de son vin et se leva de table en admettant qu'il avait trop bu.

« A demain ? » Lui demanda Dahut.

Il acquiesça. Quand il fut parti, Dahut, peinée, se tourna vers l'autre jeune homme assis à côté d'elle.

« Bistre, je l'ai gêné.

– Moi aussi, je suis gêné, tu m'avais promis de passer la nuit avec moi.

– Oh, pardon, s'exclama Dahut sincèrement désolée, j'avais oublié. »

Le lendemain matin, Guénal ne paraissait plus choqué et sourit en retrouvant Dahut. Il demanda :

« Verra-t-on les remparts, aujourd’hui ? »

Mais Dahut rit :

« J’ai bien mieux à te montrer que les remparts. »

Dahut le mena aux fontaines des places, bordées de mosaïques, regorgeant de fleurs marines aux corolles pourpres et mauves, qui se déployaient dans l'eau transparente. Dans les ateliers d’artisans, ils admirèrent les colliers de coquillages nacrés, finement ciselés par les corailleurs. A la fin de la journée, Dahut l'emmena dans le parc aux grives. Là, des bassins d'eau chaude accueillaient les Yssènes venus se délasser. Voyant que le visiteur louchait sur les corps nus avec des sourcils froncés, Dahut le mena vers les hamacs accrochés dans les hauteurs des albres. De là, ils regardèrent les premières étoiles s'allumer et écoutèrent les sirènes chanter leurs mélopées en chœurs enchanteurs.

Ce soir-là, ils mangèrent avec les joyeux habitants de Ys, puis s’éclipsèrent rapidement vers la chambre de Dahut, sous l’œil amusé des convives.

Le lendemain, Guénal parvint à convaincre Gralon de l’emmener faire l’ennuyeux tour des remparts d’Ys. Ils montèrent des marches sans nombres, descendirent des escaliers sans fin. Ils saluèrent les Vigies tournées vers la mer. Enfin, les voilà devant la solide porte barrée de fer, qui refermait les remparts de la ville sur eux-même comme un dragon endormi.

Gralon expliqua que les portes étaient si bien faites qu’une toute petite serrure suffisait à les fermer et qu’elles s’ouvraient d’une simple poussée pour qui avait la clef. Guénal l’écouta sans mot dire, les yeux plein de feu. Devant la toute petite serrure il s’exclama :

« Une si petite serrure pour une si grande porte ! »

Le soir même, il était dans les bras de Dahut.

« Une si petite serrure pour une si grande porte ! répéta-t-il, À quel horrible monstre marin avez-vous confié la clef pour la mettre en sûreté ? »

A ces mots Dahut rit :

« Ce sont vos prêtres qui nous appellent comme ça : les monstres marins. Moi, je suis juste une hybride du Peuple. »

Et d’un geste, elle lui désigna le mur de sa chambre. Là, des colliers de coquillages et bracelets de perles pendaient à des clous et parmi eux, il y avait une simple clef, suspendue à un long ruban.

Dahut rit, car le visage de Guénal, bouche bée et yeux ronds, ressembla à celui d’un poisson tiré trop vite hors de l’eau. Puis elle s’allongea et s’endormit, le sourire aux lèvres, dans la nuit déjà bien avancée. Quant à Guénal, il ne dormit pas. Ses yeux restèrent rivés sur la clef dans le silence de la nuit. Les heures passèrent et bientôt le ciel pâlit à l’horizon. Alors sans un regard pour Dahut qui dormait paisiblement, il se leva, s’habilla, puis il décrocha la clef. Il se faufila dans le couloir, descendit les marches à pas feutrés, traversa la grande salle commune. Il marcha dans les rues d’Ys comme un spectre glissant dans l’aurore, seulement accompagné des cris menaçants des goélands qui voltigeaient autour de lui. Mais personne n'était réveillé pour entendre leur appel. Guénal s’avança jusqu’à la grande porte des remparts, glissa la clef dans la serrure et tourna.

Un instant plus tard, il regarda, du haut des remparts, la mer s’engouffrer furieusement dans les rues de la ville. Les vagues, tenues si longtemps en échec par ces murs épais, renversèrent les maisons, déferlèrent dans les rues, ravagèrent les parcs et les jardins. La Maison commune s'écroula sur les corps des joyeuxes convives qui s'étaient endormies sur les banquettes une fois la fête finie. Les trouvères qui couraient dans les couloirs du conservatoire, tentant de sauver leurs précieux manuscrits, se noyèrent ou furent écrasés sous les étagères renversées par le raz-de-marée. Gralon mourut dans son sommeil. Les ondènes et hybrides qui le purent s'échappèrent, se laissant porter par les courants déferlants, serrant leurs petits terrifiés dans leurs bras.

Les Vigies sonnèrent les cloches à toute volée. Dans le chahut des secours qui s’organisaient, personne ne prit garde à la barque qui s’éloigna avec son unique passager.

Celui-ci rama jusqu’à la côte. Il accosta au port de la ville humaine la plus proche et rentra chez lui. Là, il se changea et remit ses habits de prêtre. Enfin, il quitta sa maison la tête basse et rejoignit le concile des siens, pour leur conter la chute d’Ys.

Dès le lendemain, les prêtres du haut de leur chaire annoncèrent à leurs fidèles la terrible nouvelle.

« Dieu a livré cette ville maudite au démon. Hélas, nul ne défie le Ciel impunément. Craignez Dieu et son courroux. » Dans la salle, certains se signèrent, beaucoup se turent, d’autres grincèrent des dents, devinant que Dieu avait eu des mains pour l'assister dans cette œuvre de destruction.

Il ne restait d'Ys que quelques ruines informes qui bientôt seraient rongées par l'eau salée. Les oiseaux, massés sur l'ultime ramure du Majestueux albre qui dépassait encore des flots, prirent leur élan pour s'envoler en quête d'un nouveau refuge.

Le récit de la chute courut de bouches à oreilles dans tous les royaumes et l’histoire se tissa selon l’obédience du conteur.

Les prêtres répandirent partout leur mythe du courroux divin.

Des croyants supposèrent que Dieu aurait plutôt sauvé la ville en l’envoyant dans l’autre monde.

Des hommes frustrés racontèrent qu’une femme dévergondée avait volé les clefs de la ville pour les remettre au diable, en espérant gagner ses faveurs.

Les ondènes accusèrent les deux-jambes de complots visant à détruire le peuple de la mer et ses parents.

Des historiens politiciens soulignèrent le caractère utopiste d’une cité mêlant ainsi tous les peuples.

Il y eut encore plus de confusion quand un jeune prêtre perclus de remords raconta avoir été l’auteur de la chute d’Ys. Rares furent ceux qui lui accordèrent de l’attention.

Pendant que les différentes versions de l’histoire s’affrontaient, les rares Yssènes indemnes longeaient les côtes, s’installant en communautés , dessinant partout le visage d’Ys et continuant à vivre selon ses principes. Même lorsque toustes eurent retrouvé une place sur le rivage, une hybride du Peuple poursuivit sa route seule. On dit que Dahut ne cesse d’arpenter terres et mers, en rêvant de regrouper toustes celleux qui rêvent d’un monde où chacun, à écailles ou à poils, à poumons ou branchies, vivrait en paix à l'ombre des albres.

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Raza
Posté le 06/12/2024
Oooh le joli texte!
Le vivre ensemble est un sujet qui me touche toujours, je ne pouvait qu'aimer ta nouvelle. Assez pessimiste, certzins diront réaliste, le texte a un quelque chose de juste.
Merci pour le partage <3
Isapass
Posté le 06/12/2024
Bonjour Erwel.le,

C'est vraiment un conte parfait : le ton, le rythme, le déroulé, la chute, tout est là ! On sent parfaitement l'horreur arriver malgré la douceur de la narration et de l'atmosphère ! Les humains sont décidément irrécupérables et sèment le chaos partout, pffff....
C'est une très très belle revisite (ou même réinterprétation ?) que j'ai pris énormément de plaisir à lire. Merci !
Rimeko
Posté le 05/12/2024
Hello Erwel.le !
Bon je suis très clairement là pour les HOs hein voilà, mais j’ai quand même sauté sur ce texte en voyant ce titre dans la liste parce que aaah j’aime beaucoup la légende originelle d’Ys, hâte de voir comment tu l’as interprétée :D

Au fil de ma lecture :
« Ils montèrent des marches sans nombres (nombre) »
« Les humènes peuvent marcher et respirer sous l’eau comme n’importe quel habitant des profondeurs. » & « Les trouvères (...) se noyèrent » -> comment c’est possible de se noyer si on peut respirer sous l’eau ??
« Des croyants supposèrent que Dieu aurait plutôt sauvé la ville en l’envoyant dans l’autre monde. » Comment ça ? J’suis pas sûr’e d’avoir compris...

Mais oh non, la fin TT Bon, d’accord, Ys c’est la ville engloutie, l’Atlantis celte / bretonne, mais quand même, c’est toujours triste, surtout que tu l’as dépeint tellement comme une utopie...
J’ai bien aimé d’ailleurs que le prêtre regrette son geste ! Dès son introduction, avec la phrase un peu avant où tu dis que l’Eglise considère de précipiter la fin d’Ys, je savais ce qui allait arriver, et ça ne m’a pas étonné’e plus que ça qu’il ne renonce pas à son projet malgré l’accueil des Yssènes. Notamment, avec leurs mœurs libres, j’imagine que ça n’a fait que l’encourager dans son projet au moins au niveau « rationnel » (par opposition au niveau émotionnel, mais je mets entre guillemets parce que la fanatisme religieux c’est pas forcément très rationnel quoi :P)... Et oui, voilà, il ne voit le monde qu’à travers le prisme qu’on lui a enseigné, donc c’est logique et ‘réaliste’ en un sens qu’il ne change pas d’avis malgré son séjour à Ys, mais qu’il se rende compte finalement de son crime avec le recul et la maturité !
J’adore le personnage de Dahut, d’ailleurs. De toutes façons, j’aime toutes les interprétations de ce mythe où elle n’est pas l’incarnation de la luxure qui vend la ville au diable, blablabla la misogynie et la couche de catholicisme badigeonnée par-dessus un mythe païen, haha – même si au final, c’est un peu ce qu’il se passe, bien contre son gré !
Une bien belle ré-interprétation de cette légende en tous cas, et t’as une belle plume – la lecture était très fluide !
Edouard PArle
Posté le 03/12/2024
Coucou Erwel !
J'ai beaucoup aimé cette nouvelle, vraiment un chouette moment de lecture. Je suis impressionné par l'ensemble de ce que tu nous fait traverser en si peu de temps. On découvre un bel univers, des personnages attachants et l'intrigue n'est pas en reste.
Franchement, je n'ai naïvement pas vu venir la chute alors qu'elle était quand même bien annoncée. L'histoire est bien construite jusqu'à cette triste chute. Elle montre bien la fragilité de paradis que l'on met des vies à construire, je trouve que ca sonne juste.
Ta plume n'est pas en reste avec de très jolis passages. En bref, un agréable moment de lecture !!
Mes remarques :
"Ys a mille visages, comme une déesse de la mer adorée par les ondènes" joli passage !
"Elle avait été bâtie sous le niveau de la mer et était" -> Bâtie sous le niveau de la mer, elle était ? (Pour enlever un verbe)
"Les vagues venaient inlassablement frapper l’enceinte et celle-ci les repoussait continuellement." Peut-être remplacer un des deux adverbes en -ment pour alléger ? Par exemple sans cesse au lieu de continuellement
"la vie dans les villes humènes," -> humaines
"pas à abattre son courroux sur ses murs !" -> ces ?
"Les prêtres désespéraient d’empêcher de nouveaux départs. Si bien que, le courroux divin tardant à s’abattre, décision fut prise de le hâter." xD j'adore ce passage !!
"Elles accompagnaient un humain visiblement blessé." Couper le visiblement ? Je trouve qu'il apporte peu
"Sans vous, je serais mort desséché de soif." Couper le desséché ?
"Le visiteur, rougissant, choisit d'entendre des balades contant l'art de l'amour à plusieurs et ses subtiles règles d'équilibre." Je m'attendais pas à ça xD
"Puis Dahut fut interpellée par un habitant aux joues couvertes d'écailles" -> aux joues écaillées ?
"Dahut le mena aux fontaines des places, bordées de mosaïques, regorgeant de fleurs marines aux corolles pourpres et mauves, qui se déployaient dans l'eau transparente" très joli passage !
"devinant que Dieu avait eu des mains pour l'assister dans cette œuvre de destruction." Couper après main ? La suite est implicite je trouve
Un plaisir,
A bientôt !
Herbe Rouge
Posté le 30/11/2024
Bonjour,
Un beau conte, avec un univers qui semble large et travaillé, loin de la simplicité de certains contes.
J'aime beaucoup, et j'apprécie le petit paragraphe de fin qui permet une petite note positive. :)
Erwel.le
Posté le 02/12/2024
Merci pour ta lecture et ton commentaire :-). C'est un vrai boost pour ma motivation à poursuivre.
Aoren
Posté le 26/11/2024
Bonjour Erwerl.le,
Merci pour cette très belle histoire. L'univers est très doux, très paisible, j'aime beaucoup la façon dont tu décris la relation entre humènes et ondènes ( à écailles ou à poils, à poumons ou branchies) et aussi le petit détail de « l'albre ».
Merci pour cette histoire !
Erwel.le
Posté le 27/11/2024
Salut, merci beaucoup pour ta lecture et ce commentaire :-).
Baladine
Posté le 26/11/2024
Bonjour Erwel.le,
Félicitations pour ta nomination aux histoires d'or, je suis contente que cela mette en lumière ton univers. Cette nouvelle est très réussie, rassemblant des mythes qui vont de Sodome et Gomorrhe à l'Atlantide, tout en en renversant les valeurs et en mettant l'accent sur la vie en harmonie et la lutte, ici présentée comme utopique, contre l'oppression. Un petit bijou.
A très bientôt
Erwel.le
Posté le 27/11/2024
Salut,
Merci pour ton commentaire. C'est très motivant pour la suite d'avoir ces retours.
J'ai été contente de voir que Bell et le loup est également nominé :-).
Camice
Posté le 24/11/2024
Bonjour Erwel.le !
Je suis tombée sur ton texte suite aux histoires d'or, et j'avoue que ton univers est passionnant. On se retrouve captivés par une ville utopique et l'histoire ressemble à un compte. Notamment avec "Allons voir les remparts" et "Il y a bien mieux que les remparts."
L'histoire est courte, et pourtant j'étais révoltée à la fin de voir cette belle ville se faire engloutir par l'oppression des autres aigris et jaloux de ce qu'ils n'ont pas.
J'ai juste eu un petit problème de compréhension, au début la ville est décrite comme étant sous l'eau, ne contenant pas d'eau à l'intérieur, mais quand même frappée par les vagues (qui ne sont qu'à la surface ?)
Aussi, a un moment le texte se sépare en deux dans une réplique "Tu es
tellement mignon, avec ton œil de travers. "
Merci pour cette découverte ! :D
Erwel.le
Posté le 27/11/2024
Salut,
Merci beaucoup pour ton retour et pour avoir attiré mon attention sur le problème de mise en page, que je vais régler de suite.
La ville est sous le niveau de la mer, tels les Pays Bas, et un mur la protège. Et elle est en pleine mer. C'est un peu Fort Boyard, mais avec de l'eau qui monte bien plus haut sur les remparts. Je verrai si j'arrive à éclaircir cela. Bonne lecture pour les Histoires d'Or !
Camice
Posté le 27/11/2024
Oooooooooh Me voilà éclairée, la référence à Fort Boyard était très efficace !
JeannieC.
Posté le 24/11/2024
Salutations !
Je remercie Liné d'avoir nommé ce texte aux Histoires d'Or, ça me permet de le découvrir. <3 Je me suis régalée ! Déjà en termes de style, ensuite avec les thèmes que tu abordes.
Ta plume est pleine de poésie, on sent les mots rouler comme des vagues de la mer, avec beaucoup de rythme et d'images fortes. Il s'en dégage de la rêverie et une certaine douceur, ode à la liberté et à la beauté. <3
Quant aux thèmes, ça me parle très fort, ce rapprochement entre des êtres qu'on voudrait faire se détester. Et le regard satirique porté sur le discours religieux, très bien rendu.
Magnifique petit conte <3 J'ai pensé un peu en te lisant à Ys comme une sorte d'Eldorado ou de paradis perdu. Et tiens, connais-tu le roman "Les Marins ne savent pas nager" de Dominique Scali ? L'écriture est sublime et c'est de la fantasy de mœurs qui prend place sur l'île d'Ys.

Merci pour ce beau moment <3
Erwel.le
Posté le 27/11/2024
Salut,
ça me fait très plaisir et c'est un vrai encouragement à continuer d'être dans les Histoires d'Or.
Merci pour ton retour. Je ne connais pas Dominique Scali, mais ça m'intéresse, j'irai voir. C'est donc l'un des mille visages d'Ys que je n'ai pas encore découvert.
Paul Genêt
Posté le 24/11/2024
Voilà un bien joli texte, finement écrit, une légende bien structurée, peut-être un peu trop démonstrative à mon goût mais, sur ce point, ce n'est pas une question de réalisation, c'est vraiment une question de goût personnel. J'aime tout particulièrement les premières lignes, ces portraits éphémères. Elle me rappelle une histoire qu'on m'a racontée sur Picasso qui courait sur une plage de sable avec un bâton pour dessiner des motifs que les vagues effaçaient au fur et à mesure. Félicitations à toi.
Erwel.le
Posté le 27/11/2024
Salut, merci beaucoup pour ce retour. Je me réjouis de savoir que les premières lignes te plaisent, car c'est un ajout plus tardif, qui me paraissait nécessaire.
Liné
Posté le 18/06/2023
Uuuuune autre, uuuune autre ! (bon, sans pression, évidemment ;-) )

Ça se tient magnifiquement bien, on est à 100% dans un conte revisité à ta sauce. Tu arrives à faire vivre et tenir un univers entier avec un format court, et même à faire disparaître Ys avec une fin assez grandiose. Et puis il y a l'écriture inclusive, des thématiques queer (avec des passages qui paraissent secondaires par rapport à l'intrigue, par exemple le dialogue autour du sexe ; et d'autres éléments qui font partie prenante de l'histoire et qu'on peut interpréter comme une pique à la normativité et aux intolérances).

Bref, j'ai en tête que tu ne souhaitais pas retoucher ce texte (en tout cas au moment où tu m'en as parlé), et je trouve que justement, il vit très bien tel qu'il est !
Erwel.le
Posté le 01/08/2023
Merciiii :-)
Feydra
Posté le 29/05/2023
Magnifique ! J'ai dévoré ce conte. L'écriture est enchanteresse. Même si on s'attend au destin d'Ys, on espère que le personnage finira par changer d'avis. C'est un lieu extraordinaire et utopique. Ton style correspond vraiment au ton et aux codes des anciens contes.
Merci pour ce moment de lecture.
Erwel.le
Posté le 10/06/2023
Merci pour ton retour ! J'espère continuer le recueil du Peuple des Rivages au plus vite.
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