C’est bizarre, non, de rencontrer quelqu’un et de savoir tout de suite que ça va compter ? Genre… tu poses les yeux sur elle et ton cerveau fait : “Oh ! Celle-là, elle va rester.”
Elle riait trop fort, elle parlait comme si le monde tournait autour de ses idées, et moi j’écoutais comme si c’était vrai. On s’est trouvées. D’un coup. Et maintenant, c’est l’été.
Elle est là, quelque part, à vivre sa vie de l’autre côté des SMS vu ou ignorés. Et moi, je revis nos souvenirs comme des épisodes d’une série annulée trop tôt.
C’est con, parce que c’était pas de l’amour, mais c’était presque pire. C’était un coup de foudre sans le romantisme, un attachement brutal, sans règles, sans GPS. Juste elle. Et moi. Et maintenant… plus rien.
C’est comme si elle m’avait trouvée alors que je savais même pas que j’étais perdue. Elle est entrée dans ma vie comme on entre dans une fête sans invitation, mais tout le monde est content qu’elle soit là. Moi la première. On n’a pas fait de grandes choses. Pas de road trip, pas de secrets d’État. Juste des après-midis à rire pour rien, des conversations qui partaient dans tous les sens, et cette impression de se comprendre sans effort. Elle me voyait. Pas juste ce que je montrais, mais ce qu’il y avait derrière. Et elle aimait quand même.
Je l’ai laissée m’apprivoiser. Elle a débarqué avec ses idée, ses phrases qui commençaient jamais là où je les attendais, et sa manière de dire “t’inquiète” comme si c’était un sort magique.
Et maintenant, elle est loin. Pas loin loin, genre planète Mars. Mais assez pour que je ne puisse pas juste toquer à sa porte et lui dire que ça me manque.
J’ai gardé tous ses tics de langage. Parfois je les dis à voix haute, toute seule. Je me fais rire comme si elle était encore là.
Mais elle ne répond plus trop. Elle “likera” peut-être un truc dans trois semaines, avec un emoji, et ça me fera ma dose pour la journée.
On ne s’est pas disputées. Y a pas eu de drame. Juste… la vie. L’été. Les kilomètres. Le silence qui s’étire un peu plus chaque jour.
Parfois je me dis que je devrais lui écrire. Lui dire que je pense à elle. Que je rejoue nos souvenirs dans ma tête comme un DJ ringard. Mais j’ai peur. Peur d’avoir été la seule à tomber aussi fort.
Alors j’attends. Un signe, un message, une photo, un mème, n’importe quoi qui dise : “Moi aussi, tu me manques.”
En attendant, je continue de parler d’elle au passé, même si j’espère qu’elle reviendra.
J’ai relu nos messages ce matin. Tu sais, ces conversations sans majuscules, pleines de “😭😭😭” et de “ptdr t conne” ? C’est bête, mais j’ai souri. Et puis j’ai pleuré.
T’étais ma personne préférée, même quand on faisait rien. Même quand on était là, affalées sur un banc, à critiquer des pigeons (ou nos pires ennemies) ou à refaire le monde sans aucune solution crédible.
Je me demande si tu penses à moi, parfois. Genre pas longtemps. Juste une seconde, quand tu vois une vanne qu’on aurait partagée, ou une vidéo qui ressemble trop à nous. Je me dis que si je te manquais un tout petit peu, tu m’enverrais un “tu dors ?” à 2h du mat comme avant. Tu me partagerais une chanson random avec juste “ça c’est nous” écrit dessous.
Mais y a rien. Et j’ose pas faire le premier pas. Parce que si je tends la main et qu’il se passe rien… Si je t’écris un “hé” et que tu me réponds deux jours plus tard avec un “wsh”, genre poli mais froid, Je crois que ça me tuerait un peu.
Je suis pas fâchée. Je suis juste triste. Triste que ce qu’on avait soit devenu un souvenir.
Je continue à parler de toi au présent quand je suis avec les autres. Je dis “elle adore ce genre de trucs”, ou “elle aurait trop aimé ça”, ou "Sa couleur préferée ? Bleu turquoise !". Parfois je m’arrête, parce que je me rends compte que je sais plus vraiment ce que t’aimes.
Le temps passe et t’es pas là pour le remplir. Et j’ai peur qu’un jour je pense à toi, et que ça fasse plus rien.
Ce serait pire que tout.
Alors j’écris. J’écris pour pas oublier. Pour que t’existes encore un peu dans mes phrases. Et au fond, j’espère qu’un jour tu tomberas dessus. Et que tu comprendras.
Que c’était pas rien.
Pas pour moi
C’est fou comme les gens peuvent devenir des fantômes sans mourir.
Toi, t’as pas disparu. T’es juste… floue. Comme une photo prise trop vite. On reconnaît encore les contours, mais on voit plus bien les détails.
J’ai peur d’oublier ta voix. Pas ta voix-voix, celle que j’entendais dans les vocaux de trois minutes pour dire des conneries. Non, ta voix dans ma vie. Ta place.
Tu prenais beaucoup de place, tu sais. Pas en mode “envahissante”, non. En mode soleil. En mode présence qui réchauffe tout, même quand rien va. Et maintenant que t’es plus là, y’a un petit froid qui reste, même en plein mois d’août.
Je me suis surprise à écrire ton prénom dans ma barre de recherche snap. Juste pour voir si t’étais encore là. Comme si ton dernier post allait me parler. Comme si une photo de ton smoothie du matin allait me dire : “Hé, moi aussi je pense à toi.”
J’ai pas liké. Fierté mal placée. Ou peur de paraître trop. J’en sais rien.
Est-ce que t’as rencontré d’autres gens ? Est-ce qu’il y a une nouvelle "moi" là-bas ? Quelqu’un avec qui tu rigoles comme tu rigolais avec moi ? Quelqu’un qui comprend tes phrases incomplètes, tes mimiques, ton humour mi-chaotique mi-génial ?
J’essaie de pas y penser. J’essaie d’être heureuse pour toi. Mais parfois, entre deux playlists, ça me frappe :
Tu me manques.
Pas tous les jours. Pas tout le temps. Mais assez souvent pour que je l’écrive.
Alors j’écris. Encore. Parce que c’est le seul endroit où on est encore ensemble.
Et puis un soir, j’ai craqué.
J’ai rouvert notre dernière conversation. J’ai tapé :
"ça va ?”
Elle a répondu, vite : “oui et toi ?”
“oui”
Un petit silence, puis elle a dit :
“tu fais quoi ?”
Mon cœur s’est arrêté là. Comme si c’était mon moment. Ma porte d’entrée. Alors j’ai sauté :
“tu me manques.”
…
Et c’est là que le vide a répondu à sa place.
Pas de “moi aussi”. Pas de cœur jaune. Pas de “ptdr arrête t’es chiante”.
Juste le silence. Le vrai. Le glacial. Celui qui fait plus mal que tous les mots.
Je suis restée à fixer les trois petites bulles de frappe qui n’ont jamais apparu. J’ai actualisé la conv. Je l’ai quittée. Je suis revenue. J’ai relu mes mots comme si j’avais envoyé un truc interdit. Comme si “tu me manques” était un crime.
Et puis j’ai compris.
Que c’était fini. Pas dans un éclat de voix ou une scène dramatique. Juste… une porte qui se ferme sans claquer.
Elle est passée à autre chose. Et moi, je suis restée là. À m’accrocher à une version d’elle qui existe plus.
J’ai voulu croire qu’on pouvait garder les gens, même quand la vie bouge. Mais parfois, non.
Parfois, les gens s’éloignent sans se retourner. Et toi, tu restes avec les souvenirs, et cette phrase que t’aurais voulu effacer :
“tu me manques.”
Mais je la regrette pas. Parce qu’au moins, j’ai été vraie. J’ai aimé fort. J’ai dit les mots. Même si personne les a lus.
Et c’est peut-être ça, au fond, être vivante.
Aimer des gens qui ne restent pas,
Et continuer d’écrire quand même.
Alors si tu passes par-là, Lina, sache que je t'aime
Je te découvre à travers ce texte, et quelle histoire touchante. Je l’ai trouvée triste, mais belle — et surtout profondément vraie. Je crois que beaucoup de gens pourraient s’y reconnaître.
J’ai beaucoup aimé la fin, qui agit comme un petit baume sur la blessure de la perte.
Ce passage m’a particulièrement émue :
« Le temps passe et t’es pas là pour le remplir. Et j’ai peur qu’un jour je pense à toi, et que ça fasse plus rien. »
Merci pour ce partage. Parfois, la vie place une personne sur notre chemin pour un temps seulement, mais elle laisse une trace indélébile.
Je vais continuer à te lire avec plaisir.
Meve
Eh bien, quelle histoire poignante encore une fois ! Dans un registre moins poétique, plus familier que les autres, mais où l'on retrouve ta capacité à raconter un moment de vie ordinaire avec un million d'émotions. On a tous déjà eu l'expérience d'une relation qui s'effiloche, d'une amitié qui s'étiole, d'une personne qui comptait auparavant mais à qui, aujourd'hui, on n'a plus grand chose à dire. Le temps passe, nos vies accélèrent à toute vitesse et parfois, des liens que l'on croyait faits pour durer longtemps restent sur le bord du chemin. Et tu parviens à l'exprimer d'une très belle manière.
Au plaisir,
J / Ori'
en effet, c'est vraiment le plus dur, de perdre une amitié comme ça. merci pour tes compliments
Bisous bisous - Naya -
Comme cette histoire est belle!
J’ai presque versé une petite larme à a la fin!
Encore une fois ta plume est magnifique
Tu as une façon de décrire un tout petit instant avec milles mots et milles détails qui m’enchante à chaque fois!
Bon courage pour la suite
Bisous bisous
Merci beaucoup, j'espere que les autre ecrit te plairont aussi
Bisou bisous - Naya -