Je suis cliniquement fol. C’est acté, étiqueté, écrit noir sur blanc sur un dossier informatique qui me suivra jusqu’à ce que mon dernier souffle caresse mes lèvres et rejoigne l’air environnant. Lorsque le diagnostic est tombé, j’ai pleuré. Ce diagnostic, c’était comme me dire que ma vie était finie, que mes souffrances seraient éternelles.
Oui, mes souffrances sont là, elles sont vraies et pourtant, maintenant, je me fiche de ce diagnostic. Certes, il explique pourquoi je ne suis pas productif comme cette société le souhaite, mais je me dis que pour moi, il ne vaut plus rien. Il m’a juste fait me rendre compte que je n’étais pas un élément souhaitable de la société parce que je ne corresponds pas à ses critères standardisés. Que je ne serai jamais une des vôtres.
Il dit surtout à VOUS que je ne suis pas votre semblable. Il invalide mon existence comme étant quelque chose de trop différent, trop décalé, trop anormal. Quelque chose à corriger, un bug dans la matrice. Que mes sentiments sont trop intenses, ces éclats d’arc-en-ciel changeant au moindre événement qui clashent avec les monochromes de votre monde bétonné. Comme si on pouvait trop vivre. Cela vous dérange, cela vous bouscule. Comme si mes émotions sont des choses impudiques. Une tâche souillant votre bienséance.
Vous pensez trop.
Vous ressentez si peu.
Je pense beaucoup.
Je ressens tellement.
Cette capacité à analyser les émotions des gens si rapidement, la possibilité que j’ai d’avoir une empathie profonde pour les autres. Je ne veux pas être ‘’normal’’, je ne veux pas devoir renoncer à mes fous rires intenses pour un ’’rien’’. Renoncer à mes moments d’euphorie, mes moments de joie si intense que c’est comme si mon âme d’enfant reprenait le contrôle de mon corps. Je vis des moments de joie pure, des moments d’extase où j’ai l’impression que mon âme fait partie de ce tout magnifique qu’est l’univers. Je me sens grand, fort, beau, solide, vivant et en même temps immatériel, vaporeux, doux, éthéré.
Je ne veux pas non plus renoncer à mes crises de larmes, mes moments de colère et mes dépressions. Cela fait partie de moi : c’est laid, c’est horrible à vivre et c’est compliqué à gérer, mais c’est si primaire. Si vivant. Si nécessaire à la survie. Si nécessaire à MA survie : mes émotions me disent ce dont j’ai besoin, comment je me sens, si je suis respecté. Ce ne sont plus un fardeau, mes émotions sont belles. Elles montrent que je suis là, que j’ai des désirs, des besoins, des choses à dire, que je suis en vie.
Je suis un abysse d’émotions colorées, je suis un cœur anthropomorphe.
Je suis fol de vivre, fol de dire mon existence.
Être fol, c’est exister puissamment, vivement, intensément. C’est vivre. Peut-être trop vivre, mais, pour moi, c’est simplement vivre.
Et ceci, est l’éloge de ma folie.
Ce que tu écris là est magnifique, empli de sentiments sincères que tu viens dire, crier pour enfin te faire entendre. Je m'y retrouve aussi, par cette sensibilité, la capacité de profonde empathie et par cette différence, cette envie de vivre profondément les joies comme les peines.
Il est vrai que les gens différents ont souvent du mal à trouver leur place en ce monde... Pourquoi ? C'est totalement anormal, ce serait tellement mieux d'avoir un monde juste et ouvert. Et justement, c'est avec de telles émotions et autant de volonté d'être soi même que l'on pourra faire changer les choses. C'est la façon de voir les choses des autres qu'il faut changer, pas nous.
Ce que tu dis à travers tes mots est touchant, et que tu puisses avoir le courage de le dire devant les autres est vraiment admirable,
Continue ainsi :)
Fy
Ton commentaire me touche énormément, ça me faisait si peur de publier ce texte et tout. Je suis ravi, maintenant, de l'avoir fait !
Bonne continuation
Willow
Merci,
Willow