Empreinte
Un éclair de lumière perça à travers l’onde. Le jeune Piti l’avait vu, mais il ne bougea pas d’un pouce. Il ne fallait surtout pas se dévoiler trop tôt. Les pieds plongés dans l’eau, le corps arqué vers l’avant, immobile, il cherchait à se faire oublier. Le scintillement venait de buter contre une grosse branche de bois dissimulée dans les roseaux et virait maintenant sur le côté pour passer l'obstacle. Parfait. Le piège avait été bien tendu ; un sourire se dessina sur les lèvres du garçon. Mais il demeura bien concentré, car tout restait à faire. Un second rondin, savamment positionné, força l'étincelle à s’embarquer dans une nouvelle direction, la menant droit où l’enfant souhaitait la trouver. Il fallait encore attendre un petit peu pour ne pas tout gâcher. Piti avait les muscles tendus, comme les cordes des arcs que fabriquaient Touk et ses plus grands enfants.
Bloquée une fois de plus par un large tronc, la proie, enfin, hésita. Le temps d’un clignement d’œil, elle ralentit sa course, perdue dans les méandres de flots et de bois. Le temps d’un battement de cœur, l’éclair, ainsi entravé, se stabilisa dans l’eau pour se transformer sous les yeux de Piti en un magnifique poisson arc-en-ciel. C’était le moment que l’enfant attendait. Cette hésitation, cet instant suspendu.
Rapide comme une flèche, Piti plongea ses deux mains dans la rivière pour attraper sa victime. Heureusement, le poisson arc-en-ciel, si discret, n’était pas le plus vif des nageurs. Une fois exposé, un geste habile suffisait à le déloger.
Les doigts à la peau tannée de Piti se refermèrent sur le corps blanc et glissant du poisson qui se débattit furieusement. Mais le garçon ne se laissa pas dépasser par les tortillements ni les battements de nageoires frénétiques du captif. D’un geste expert, il le sortit de l’eau pour le coincer contre sa cuisse.
― Pardonne-moi, souffla l’enfant.
Et il lui arracha d’un coup sec et précis une de ses plus grosses écailles avant de le relâcher.
Le poisson sauta dans la rivière puis fonça à travers les flots pour s’éloigner le plus vite possible de son tourmenteur.
― Tu peux me remercier, lui cria Piti. Tu nageras moins près du bord et plus en profondeur désormais, et tu survivras peut-être !
Le garçon regarda son trophée. Au creux de sa main, l'énorme écaille blanche, plus grosse que l’ongle de son pouce, luisait au soleil.
Un jour, Piti avait demandé à la Sage pourquoi le poisson arc-en-ciel s’appelait ainsi alors qu’il était blanc comme le lait.
― Si tu mélanges toutes les couleurs de l’arc-en-ciel entre elles, lui avait-elle répondu, tu obtiendras du blanc, blanc comme les écailles de ce poisson. Voilà pourquoi il s’appelle ainsi.
Piti avait ri. Il ne voyait pas bien comment cela pouvait être vrai, mais il avait trouvé l’histoire jolie. La Sage était forte pour raconter de belles histoires qu’elle seule savait inventer.
Le garçon sortit de l’eau pour rejoindre ses affaires qu’il avait quittées un peu avant les flots. Il s’amusa à regarder la voie mouillée que ses pas laissaient sur les larges pierres du bord de rivière. Ses empreintes de pieds de deux-jambes se détachaient en foncé sur le clair des galets baignés de lumière.
Elles ne resteraient pas, pensa Piti ; d’ici quelques déplacements de nuages, elles auraient séché et disparu. Rien ne subsisterait de son passage. Personne ne saurait qu’il était venu à la rivière, avait piégé un poisson arc-en-ciel et était même parvenu à l’attraper. Personne ne s'y intéresserait jamais. Certainement pas les membres de sa tribu qui se fichaient pas mal de ce que Piti faisait de ses tours de soleil.
Tous, sauf la Sage.
C’était elle qui l’avait envoyé à la rivière.
Piti mit la grosse écaille irisée dans une petite poche de cuir qu’elle lui avait accrochée autour du cou, à l’aube, juste avant de lui confier ses missions. Ce butin vint rejoindre celui que Piti avait déjà recueilli le matin. Il n’en manquait plus qu’un pour que la tâche soit pleinement accomplie.
L’écaille de poisson arc-en-ciel, il savait qu’il y arriverait. Cela demandait un peu de jugeote et de dextérité ; Piti n’en manquait pas.
La pierre rouge du mont Bleu, elle, n’avait été qu’une question d’endurance et de volonté. Il en avait en réserve aussi.
Il avait d'ailleurs décidé de commencer par là, dès son départ de la grotte de la Sage, pour éviter les grosses chaleurs du plein soleil. Il lui avait suffi de marcher et marcher encore, marcher toujours, jusqu’à monter tout en haut du mont Bleu, là où la terre passe de brun à rouge, pour se saisir, arrivé au sommet, de la petite pierre la plus cramoisie qu’il put trouver. Il l’avait mise dans son étroite poche en cuir avant de s’autoriser une pause bien méritée, ravi de ce succès fatigant mais plutôt aisé.
Tout en haut de la montagne, il avait ouvert la grande sacoche que la Sage lui avait aussi accrochée à l’épaule, ce matin à l’aube, avant de l’envoyer cheminer. Elle contenait de la viande séchée et quelques fruits bien mûrs. C’était bon. D’autant que la vue était magnifique, il en avait eu le souffle coupé. Ainsi posé, il avait apprécié le vent qui lui ébouriffait les cheveux et lui rafraîchissait la tête et l’esprit. Il avait aimé suivre le parcours de la rivière qui serpentait entre les arbres. Il avait adoré regarder au loin, de l’autre côté de la grande vallée, des paysages si éloignés qu’il doutait de pouvoir les atteindre un jour, quelles que soient l’endurance et la volonté qu’il y mettrait.
Il s’était amusé à s’imaginer où pourrait se trouver chaque membre de sa tribu à cet instant précis. Une chose était sûre, lui, personne n’était en train de le chercher. Piti s’était senti tout à la fois heureux et très seul depuis là-haut.
Un matin, il avait demandé à la Sage pourquoi le mont Bleu s’appelait ainsi alors que sa terre était brune, puis rouge.
― C’est le nom que lui ont donné la tribu des parents de tes parents de tes parents, lorsqu'ils vivaient encore loin d'ici, lui avait-elle répondu. Toi, tu le vois brun puis rouge, car tu marches dessus. Mais eux, de là-bas, au-delà de la rivière, ils le voyaient bleu. Voilà pourquoi il s’appelle ainsi.
Piti avait ri. Il ne voyait pas bien comment ses ancêtres de là-bas, au-delà de la rivière, pouvait avoir si mauvaise vue pour confondre rouge et bleu. Et il avait ri de nouveau, du haut de son piton. Car il vit distinctement tout au loin, que c’était plutôt le mont sur lequel ils avaient marché eux, qui était de couleur bleue. L’avaient-ils nommé le mont Rouge ? se demanda-t-il en se moquant intérieurement.
Une fois rassasié et reposé, Piti était redescendu sans encombre pour se rendre à la rivière. En marchant dans la terre rouge, puis brune, il s’était amusé à regarder les traces de pas qu’il laissait dans la poussière, là où personne n’avait marché avant lui ; du moins pas ce jour-ci. Elles ne resteraient pas, s’était-il dit, il suffirait d’un peu de vent, et en un petit déplacement de soleil, elles seraient déjà parties. Personne ne saurait qu’il était monté seul en haut du mont Bleu pour y chercher la plus rouge des pierres. Personne ne s’y intéresserait jamais. Personne ne lui demanderait de raconter son exploit au coin du feu, à la tombée de la nuit. Et en prendre conscience avait rendu la prouesse moins savoureuse, laissant un goût amer aux pensées du jeune garçon.
En ce milieu de plein soleil, alors que les flèches ardentes tapaient fort sur son cou, Piti avait maintenant une écaille blanche de poisson arc-en-ciel et une pierre rouge du mont Bleu dans sa poche de cuir. D'une foulée enthousiaste, il s'en allait pour la troisième et dernière étape de son cheminement ; vers la vallée des oiseaux de mille couleurs.
Ce n’était pas très loin. Il suffisait de laisser filer une, puis deux boucles de la rivière avant de grimper au sommet d’une tendre colline. Sur l'autre versant, de grands arbres maigres et biscornus lacéraient le paysage.
Piti s’enfonça dans cette étrange forêt aux tracés peu accueillants.
En marchant, il se demandait pourquoi la Sage l’avait envoyé trouver ces trois objets si différents et dont il ne voyait pas du tout l’utilité. Mais il la connaissait bien et savait d’expérience que la réponse lui serait donnée à son retour et qu’il ne serait pas déçu. Alors, plutôt que de trop se questionner, il préféra continuer d’un bon pas.
Il n’était pas seul, ce jour-là, à arpenter la forêt de la vallée aux oiseaux. Il s’y aventurait depuis peu lorsqu’il croisa Mara et Taul qui coupaient et ramassaient du bois pour le clan. Ils lui firent un léger signe de tête en le reconnaissant, avant de se courber de nouveau à leur tâche.
Piti n’était personne. Il avait été élevé collectivement par les membres de la tribu, sans méchanceté mais sans passion non plus. Ses parents avaient rejoint la dernière chasse avant qu'il ait l'âge de se créer ses premiers souvenirs et s'il avait survécu, il savait qu’il ne serait jamais le fils d'aucun. Chacun veillait à ce qu’il soit toujours là, mais personne n’avait vraiment de place dans son tour de soleil pour s’attarder sur son sort. Souvent c’était dur et triste, mais parfois très pratique, comme ce jour où il traversait la vallée des oiseaux de mille couleurs sans que Mara, ni Taul, ne lui demandent ce qu’il faisait là.
Piti avançait les yeux tournés vers le ciel. Il cherchait dans la cime des arbres des formes rondes et épaisses. Des nids.
La Sage l’avait chargé de lui rapporter, en plus de l’écaille et de la pierre, une plume de duvet d’oiseau de mille couleurs. Sachant qu’ils nichaient souvent dans cette vallée, Piti s’était dit que fouiller un de leurs nids serait le meilleur moyen de trouver ce qu’il cherchait et d’être sûr de ne pas se tromper.
Rapidement, il en aperçut plusieurs. Des nids bien gros, dont un lui plut, largement posé qu’il était entre trois fortes branches d’un arbre qui ne lui sembla pas trop dur à escalader. C’était parfait. Si le nid était en si bon état, c’est qu’il devait être encore utilisé, peut-être même en cours de préparation pour la prochaine nichée ; une petite grimpette, et le duvet serait dérobé.
Piti attrapa une branche basse de sa main, posa un pied sur le tronc et tira sur tout son corps ; il était parti. La montée ne fut pas aisée, mais il avait plaisir à se défier. Il veillait à prendre un léger appui sur chaque portion avant d’y mettre tout son poids, pour s’assurer de ne pas casser de branche lorsqu’il serait suspendu, et il ne s’éloignait jamais trop du tronc pour avoir le plus de prises possible en cas de difficulté. Pousse sur les pieds plutôt que de tirer sur les bras, se répétait-il tout au long de sa montée. Il avait entendu Gol donner ce conseil à ses filles un jour, alors il le mit en application. Ses muscles commençaient à se fatiguer et la pulpe de ses doigts à le faire un peu souffrir quand il arriva enfin à hauteur du nid ; juste à temps.
Il se cala sur sa branche pour s’asseoir un peu et reprendre son souffle.
Mais dès l'instant où Piti tendit sa main vers l’amas de brindilles entrelacées pour se saisir de l’une des nombreuses petites plumes duveteuses qui y étaient prisonnières, une large silhouette passa entre lui et le soleil, plongeant le nid dans l’obscurité.
Piti eut à peine le temps de retirer sa main qu’un immense oiseau de mille couleurs se posa face à lui, sur le rebord opposé du nid. Ses longues et magnifiques plumes étaient plus noires encore que les cheveux de Fiks, pourtant déjà plus brune que le bois brûlé. Même en plein soleil, l’oiseau de proie semblait porter la nuit en couverture.
Un soir, Piti avait demandé à la Sage pourquoi les oiseaux de mille couleurs étaient nommés ainsi, alors que leur plumage était plus foncé que les ténèbres de la plus profonde des cavernes.
― Si tu mélanges entre eux tous les pigments de couleurs que la nature a à t’offrir, lui avait-elle répondu, tu obtiendras un noir aussi dense et beau que celui de cet oiseau. Voilà pourquoi il s’appelle ainsi.
Piti avait ri et avait fait remarquer à la Sage que cette histoire, déjà bien saugrenue, était peu compatible avec celle des poissons arc-en-ciel.
Mais là, du haut de son arbre, Piti ne rigolait plus. Face à lui, le rapace le toisait de dessus ; son immense bec sec et menaçant ne se trouvant qu’à un mouvement de cou pour lui crever les deux yeux. L’oiseau était tellement proche que Piti vit briller sur sa pupille le reflet du monde. Peut-être l’histoire de la Sage était-elle vraie finalement. Car Piti voyait vibrer dans ce petit globe les fragments de mille couleurs et pourtant, il s’agissait du regard le plus noir qu’on ait jamais posé sur lui.
Il n’y avait pas d’œufs dans le nid, il pouvait encore s’en sortir en vie. Mieux valait ravaler sa fierté et redescendre en se faisant tout petit, se dit Piti.
Et c’est ce qu’il fit.
Le plus doucement du monde d’abord, bougeant au ralenti pour ne pas donner à l’oiseau l’impression qu’il pourrait chercher à l’attraper. Puis un peu plus vite lorsque la sombre silhouette commença à devenir plus fine dans son champ de vision. Chaque fois que Piti levait les yeux vers le rapace, il le trouvait toujours là, immobile comme une sculpture de bois gravée par Vog. Et le fixant toujours d’un regard à vous créer des cauchemars.
Alors Piti descendait, descendait. Mais tandis que la tension et la peur diminuaient, ils furent remplacés par le froid et la fatigue. Le garçon se trouvait au milieu de l’arbre et ses muscles étaient devenus mous et tremblants comme ceux du vieux Kaas. Il continua pourtant sa descente, car il savait que l’oiseau, là-haut, n’aurait pas de pitié et ne le laisserait pas s’arrêter.
Piti, fatigué, n’était plus qu’à une hauteur de deux-jambes du sol lorsque l’un de ses pieds, qui avaient perdu toute agilité, glissa de la branche où il était posé.
Trouvant le vide à la place de l'écorce, sentant son cœur quitter son torse pour remonter vers sa gorge et voyant ses cheveux lui passer devant les yeux, Piti eut peur pour lui.
La chute fut rude. Il cogna son dos contre le bois à plusieurs reprises avant de tomber durement à terre. Sonné, il mit du temps à retrouver ses esprits. Et il avait mal partout.
Il dut avoir crié car il vit Taul arriver en courant. L’adulte aida Piti à se redresser et l’inspecta en silence. Une grande éraflure sur la jambe du garçon perlait de rouge et le brûlait très fort. Taul prit sa poche d’eau et nettoya la plaie. C’était très douloureux, mais Piti pouvait voir que la blessure n’était pas trop profonde ; il serra les dents presque sans rien dire pour montrer son courage.
Une fois la jambe nettoyée, Taul l’enserra d’un morceau d’étoffe qu’il maintint avec un nœud pour couvrir la plaie.
En dehors de griffures un peu partout, Piti n’avait pas d’autre vraie blessure. Heureusement, il n’était pas tombé de si haut et le sol était tendre au pied de l’arbre.
Taul rangea sa poche et passa sa main dans les cheveux du garçon en une brève caresse que Piti trouva délicieuse.
― Sois plus prudent, dit Taul.
Puis il se leva et repartit à sa tâche.
Piti aurait voulu qu’il reste encore. Qu’il lui caresse les cheveux encore. Que Taul s’inquiète pour lui un peu encore et qu’il le prenne dans ses bras pour le consoler et se rassurer, comme il le faisait quand son fils Jol se prenait dans des ronces ou quand sa fille Lis perdait pied dans la rivière.
Mais non, sans un regard en arrière, Taul était déjà reparti.
Piti n’était pas le fils de Taul.
Alors il ne dit rien, car c’était ainsi.
Et puis, pour se changer les idées il sourit, parce que dans sa main, coincé entre son pouce replié et sa paume, se trouvait un petit duvet noir d’oiseau de mille couleurs. Il avait réussi à le décrocher du nid juste avant que son propriétaire ne vienne le menacer et le convaincre de redescendre plus vite qu’il n’était monté.
Bravo Piti, cueillette réussie, se dit-il ; ce qui l’aida à ne pas pleurer alors qu’il en avait très envie.
Il rangea la plume noire dans sa petite poche de cuir, auprès de la pierre rouge et de l’écaille blanche.
Il était temps de revenir auprès de la Sage.
Piti se releva lentement, tout raide. Des douleurs se faisaient sentir un peu partout dans son corps, mais il fut soulagé de constater que tout fonctionnait encore. Il déplia chacun de ses membres avec précaution et, s’appuyant sur le tronc de l’arbre, finit par être debout. Il s’ébroua et se mit en chemin.
En se retournant une dernière fois, il lui plut de voir qu’entre deux grosses racines de l’arbre qui l’avait vu tomber, son corps avait laissé une empreinte dans la terre moelleuse. Mais cette marque de son passage ne resterait pas, se dit Piti. D’ici une ou deux pluies, elle aurait disparu, diluée dans la boue et mélangée aux feuilles. Personne ne saurait qu’il avait affronté un oiseau de mille couleurs et qu’il lui avait volé un de ses duvets. Personne ne s’y intéresserait jamais.
À quoi bon être si malin, si volontaire et si agile si personne n’était là pour le voir et l’en complimenter ? se demandait Piti qui sentait croître la frustration et l’aigreur dans l'ombre de sa solitude.
Le garçon ne fut pas mécontent d’avoir fini ses trois missions ; ce tour de soleil se faisait long et il commençait à en avoir assez.
Il se félicita d’être allé chercher la pierre rouge en premier. S’il avait dû, là, monter au sommet du mont Bleu, avec sa jambe éraflée, ses membres douloureux et son esprit abîmé, il n’était pas sûr qu’il y serait parvenu.
Le chemin pour retourner auprès de la Sage ne fut pas très long. En marchant, le corps de Piti se détendait peu à peu et s’il était fatigué, il n’avait presque plus mal nulle part lorsqu’il arriva à la Grande Grotte. La Sage était bien la seule à aimer y passer autant de temps. Les membres de la tribu s'aventuraient peu dans les cavernes. Froides, sombres, humides et réservant parfois de très mauvaises surprises – comme le jour où Pik était tombé nez à nez avec une famille de blaireaux peu amènes – les grottes n’étaient pas le lieu de prédilection de son clan.
Mais la Sage était différente. Dans les entrailles de la terre, elle trouvait un équilibre intérieur que personne ne parvenait vraiment à comprendre.
Piti s’engouffra dans la caverne, appelant la Sage pour l’avertir de sa présence.
Une voix éloignée, troublée par de faibles échos, lui répondit, l’invitant à la rejoindre.
Pour la retrouver dans la pénombre de la grotte, Piti suivit la lueur lointaine et tremblotante de la flamme qu’elle avait allumée et emportée avec elle pour repousser le noir. L'odeur de la graisse brûlée vint chatouiller le nez du garçon.
Dans une cavité un peu plus large que la déchirure de pierre par laquelle il était entré, Piti trouva la Sage marchant contre le bord, une main levée parcourant le rocher comme Olu l’aveugle parcourait les visages de ses interlocuteurs pour les reconnaître.
Chaque creux, chaque bosse ; chaque ride avait son importance.
L’autre main tenait une coupe dans laquelle une matière sombre et poisseuse remuait au rythme des déplacements de la vieille femme.
Depuis sa prison de pierre et de graisse, la flamme frémissante, posée au sol, faisait vivre les ténèbres sur les roches et prolongeait la silhouette de la Sage d’une ombre effilée et vibrante qui se fondait dans les reliefs.
Piti ne dit rien, il ne voulait surtout pas perturber l’instant.
Retenant son souffle pour ne pas faire de bruit, il observait la Sage qui s’arrêta soudain de marcher. Sa main ridée et ses yeux plissés s’étaient accordés sur une proéminence plus adéquate que les autres. Elle plongea le bout de ses doigts dans le récipient d’os pour les enduire de noir puis les posa sur la roche, y appliquant une première marque ronde. Elle recommença pour en tracer d’autres, espacées d’une largeur de paume en une sage procession de taches sombres.
Le motif venait en rejoindre d’autres qui couvraient l’ensemble de la cavité.
Quand elle fut satisfaite, la Sage essuya ses doigts sur ses joues, laissant des balafres de charbon de chaque côté de son nez.
Puis elle se tourna enfin vers Piti.
― M'as-tu rapporté ce que je t'ai demandé ?
― Oui, répondit-il.
Il s’avança en retirant de son épaule sa grande sacoche, maintenant vide, qu’il posa à terre. Puis il ôta de son cou la petite poche renfermant l’écaille blanche de poisson arc-en-ciel, la pierre rouge du mont Bleu et le duvet noir de l’oiseau de mille couleurs. Il la tendit à la Sage qui la prit pour en vérifier le contenu.
― C’est parfait, dit-elle avec un sourire.
Piti vit le regard de la vieille femme se poser sur le bandage qu’il portait à la jambe, mais elle ne dit rien.
― Tu t’en es très bien sorti, préféra-t-elle ajouter en souriant.
Maintenant, Piti voulait savoir. Pour quelle raison la Sage lui avait-elle confié cette collecte ? Qu’allait-elle faire de ces trois ingrédients ?
Mais à sa grande surprise, elle lui rendit la poche et son contenu.
― Ils sont à toi maintenant, ils seront ton talisman, dit-elle en lui repassant le cordon autour du cou.
― Pour quoi faire ? demanda Piti qui ne comprenait plus rien.
― Pour rien, c’était histoire de t’occuper, répondit-elle.
Mais avant que la colère du garçon n’ait le temps de s'éveiller, elle rit. Piti prit alors conscience qu’elle venait de se moquer de lui et qu’heureusement, toute cette histoire n’était pas encore finie.
Et parce qu’il savait que la Sage n’était pas du genre à donner de réponse tant que la bonne question n’avait pas été posée, il repensa au contenu de sa poche. Une écaille blanche, une pierre rouge, un duvet noir. En embrassant du regard les tracés qui couvraient la caverne tout autour de lui, il eut une idée.
― Pourquoi n’utilises-tu que trois couleurs, le noir, le rouge et le blanc, pour tracer sur la pierre ?
― Parce que je n’arrive pas à capturer les autres, lui répondit-elle. Certaines m’échappent complètement, d’autres ne tiennent pas sur la roche, ou ne teintent pas assez, voire pas du tout.
Et après un silence elle reprit :
― Un jour, nous saurons toutes les amadouer. La nature et le monde seront reproduits, tracés et racontés partout, autant de fois qu’il nous plaira de les voir et de les observer, au point de ne plus pouvoir différencier la vie et le récit.
Piti dévisagea la Sage, déconcerté.
― Mais comment tu fais pour savoir tout ça et avoir toutes ces idées ? demanda-t-il.
La Sage rit puis le regarda droit dans les yeux.
― Viens, je vais te montrer, lui déclara-t-elle.
Et elle se tourna vers le fond de la grotte pour s’y enfoncer plus encore.
Piti la vit disparaître dans une faille à peine plus grande qu’elle. Il la suivit, se faufilant dans le cœur de la roche, attentif à ne pas perdre de vue le filet de lumière que la Sage avait pris soin d’emporter.
Les aspérités de la pierre frottaient contre la peau du garçon et ses pieds glissaient sur le sol humide. Il devait avancer de biais, les épaules placées dans le sens de la marche, et faisait glisser ses mains contre la pierre pour se guider dans le noir. Ses doigts parcouraient monts et vallées de roche, forêts de concrétions et rivières de sel. Le passage se faisait de plus en plus étroit et bientôt, il n’eut même plus la possibilité de tourner la tête pour regarder en arrière. Alors il oublia le peu qu’il laissait derrière lui et se contenta d’avancer, toujours plus loin vers le froid et le noir.
Le temps ne fut pas si long. Il était encore concentré sur son parcours lorsque soudain, le boyau s’élargit.
Piti vit la silhouette de la Sage qui s'était arrêtée au loin devant lui, à une grande longueur de lancer de pique. Elle l’attendait debout, parée de la faible lumière qu’elle tenait toujours à la main. Piti s’avança vers elle. Très vite, ses doigts quittèrent la pierre qui s’éloignait de plus en plus de lui pour se fondre dans l’ombre.
Dans son champ de vision, il n’y avait plus rien d’autre que la Sage et le feu. Il lui était impossible de percevoir les contours de la cavité dans laquelle ils se trouvaient, ses propres pieds se dérobant à sa vue dans le noir.
Il avança prudemment jusqu’à pénétrer dans le halo rassurant de la flamme.
La Sage le regardait avec des yeux souriants.
Piti se demandait ce qu’elle lui réservait, mais il n’osa pas poser la question.
Subitement, la vieille femme frappa son torse de sa main libre, faisant sursauter Piti. Le bruit vibra et se répercuta en écho dans toutes les directions, encerclant le garçon d’une rumeur assourdissante et irrégulière. La Sage frappa de nouveau avant que le premier roulement ne soit retombé, puis encore, et encore, remplissant l’espace d’un grondement qui rebondissait à la fois de partout et de nulle part depuis le noir. Un grondement de percussions qui s’amplifiaient, se croisaient, par vagues de plus en plus entêtantes.
Alors que le tumulte était au plus fort, Piti vit la Sage plonger le bras dans les replis de sa tunique pour en sortir une poignée de petites branches. Elle ouvrit d’un doigt le couvercle d’os qui avait maintenu la flamme de sa lampe à une taille réduite, et jeta dans le bol de pierre les morceaux de bois sec qu’elle avait en main avant de se tambouriner de nouveau le corps.
Le feu prit à peine le temps de lécher les branchettes. Très vite, il s’empara d’elles et les dévora tout entières. Libéré du toit de sa cage et nourri à foison, il s’élança vers le haut dans une explosion d’étincelles. Sa lumière vint frapper les flancs de la grotte qui se révélèrent alors à Piti.
Sous ses yeux ébahis, les rocs s’embrasèrent et il y découvrit la vie. Où qu’il pose ses pupilles, il était cerné de regards, de cornes et de défenses. Des sabots frappaient les étendues de grès, des naseaux soufflaient de la poudre de roche et des poitrails s’entrechoquaient sur les aspérités. Rougie et animée par la lueur de la flamme, agitée par le tapage des échos, la caverne s’était changée en un ventre qui portait des troupeaux entiers de bêtes sauvages galopant en sa chair. Piti en reconnut certaines qui lui étaient familières, mais d’autres, aux anatomies étranges qui ne lui évoquaient rien, le bouleversaient plus encore.
Désorienté, il tournait sur lui-même de peur de se faire renverser. Dans cette cohue envahissante, il fit soudain face à une immense panthère dont la tête s’extirpait du roc pour s'élancer dans sa direction. Il cria de surprise et trébucha en reculant.
L’éclat de sa voix rejaillit de toute part en ricochant contre les gueules, les poils et les morceaux de flèches, crissant dans ses oreilles et rejoignant le vacarme des battements de la Sage, le désorientant complètement.
À force de rebonds, il entendait son cri se muer, se transformer en d’autres timbres, d’autres cris et d’autres appels qu’il ne reconnaissait pas. Autant de voix nouvelles qui se révélèrent à lui, se superposant et parfois, se répondant entre elles pour converser de clameurs et de chants lointains, de stupeurs et de murmures inédits, comme venus d’un autre monde pour s’adresser à lui.
Perdu dans l’espace et dans le temps, Piti voyait tourner les peintures autour de lui.
Le haut, le bas, la voûte et le sol, les troupeaux et les paysages venus d’ici et d’ailleurs se mélangeaient sur ses prunelles, lui racontant la terre.
Dans ses oreilles s’entrecroisaient sa voix et d’autres, rumeurs sourdant des jours d’avant et des jours d’après, lui chuchotant le ciel ; lui chuchotant au-delà ; lui chuchotant des bribes de vie telle qu’elle avait été et telle qu’elle serait.
Il voyait défiler des aventures de deux-jambes qui ne lui avaient jamais été contées et entendait des vérités que personne n’aurait pu lui révéler.
Combien étaient-ils, tous, et combien seraient-ils ?
Combien de Sages et de Piti avaient foulé et fouleraient encore ces lieux pour se confier ainsi le monde ?
Flottant, porté par les flux et les décharges de ses sens, Piti se sut enfin entouré et comprit qu’une part de lui ne serait plus jamais seule. Pas tant qu’il resterait ici, dans cette grotte, à contempler ce qu’il lui vint à l’idée d’appeler l’univers.
“Piti”. Au loin, très loin, il crut entendre son nom ; mais le mot se perdit dans le tumulte. “Piti”, entendit-il de nouveau. Mais le fil se coupa une fois de plus, effacé par des palabres qui lui disaient tout alors que leur langue ne lui disait rien. “Piti, la poche de cuir. Qu’as-tu rapporté dans ta petite poche autour de ton cou ?”.
La petite poche de cuir. Piti se souvenait vaguement, oui, d’une pièce de cuir maintenue par une cordelette qu’il avait un jour portée autour de son cou. Mais cela lui semblait si loin, si vieux, si insignifiant. Il voulait en entendre plus, profiter encore de toutes ces voix et de tous ces possibles.
“Piti, rappelle-toi ton cheminement, ta collecte !”. La collecte ; un jour oui, il y a si longtemps, pour la Sage il était parti sur les sentiers. Il avait marché, il avait plongé ses pieds dans la rivière, il avait grimpé à un arbre. Pour quoi ? Un caillou pour lequel il avait gravi avec opiniâtreté avant d’admirer une vue sur la vallée, une écaille pour laquelle il avait tendu un piège et avait patienté, un duvet pour lequel il avait croisé le regard le plus noir avant de chuter.
La chute. Par-dessus les gravures et les dessins de chevaux, d’aurochs et de bouquetins, il vit défiler des branches et des feuillages, il sentit le serrement de son cœur et la peur le saisir comme ils l’avaient saisi lorsque son pied avait glissé de son point d’appui. Il se souvint des meurtrissures de son dos frappé par le bois et de la douleur de sa jambe éraflée.
Sa jambe. Elle lui faisait encore un peu mal. Là, maintenant.
Cette douleur tamisée par une étoffe serrée autour de son mollet le lançait encore un peu. Là, maintenant.
Remontant le courant de cette douleur, Piti émergea et retrouva lentement ce maintenant. Il réintégra petit à petit son corps, sentit de nouveau le sol sous ses pieds, la corde de la poche à son cou et le poids de son contenu sur son torse. Son talisman.
Son champ de vision se rétrécit et se précisa. Face à lui, deux pupilles noires qu’il connaissait bien ; la Sage le regardait dans les yeux en souriant. Le calme était revenu.
Il la vit se saisir du petit couvercle d’os troué pour le poser sur le feu de sa lampe. La flamme se recroquevilla immédiatement dans le fond du récipient et les troupeaux s’effacèrent pour retourner à leurs ténèbres.
― Te voici de retour après un beau voyage, lui dit la Sage. Mais c’est assez pour aujourd’hui, rentrons.
Piti ne savait que dire et préféra la suivre en silence pour se concentrer sur le trajet qui les reconduisait vers la première cavité. Il n’était pas sûr d’avoir des questions et la Sage ne l’interrogeait pas non plus. Comme à l’aller, le fragile éclat de la lampe servait de guide au garçon pour ne pas se perdre dans le passage.
Lorsque la faible lueur chaude qu’il ne quittait pas du regard devint large et bleutée, Piti comprit qu’ils avaient rejoint la première caverne. C’était le soir qu’il voyait ainsi s’engouffrer par la grande brèche, à la sortie de la grotte. La douceur apportée par le souffle de l’air venu du dehors réchauffa le garçon.
Comme toujours, la Sage l’attendait ; elle s’était assise confortablement sur un bas rocher.
― C’est toi qui les a peints ? finit par lui demander Piti.
― Certains oui, d’autres non, lui répondit-elle.
Puis, après un temps, il reprit :
― Quel rapport avec la pierre rouge, l’écaille blanche et le duvet noir ?
― Il me fallait un fil à tirer pour te faire revenir.
Piti crut comprendre, même s’il n’était pas certain de ce qu’il avait compris.
― Mais toi quand tu es seule dans la grotte, comment tu fais pour revenir ?
― Je ne suis jamais seule, tu es toujours là, dit-elle en pointant sa tempe du doigt. Tu es mon fil à moi, mon talisman. Qui s’occuperait de toi si je ne revenais pas ?
Piti hésita sur la réaction qu’il souhaitait avoir. Il opta pour le plus simple et lui offrit son sourire. La Sage, tendrement, le lui rendit.
Pour la deuxième fois ce jour-là, Piti sentit sa solitude se rétracter un peu et un éclairage nouveau vint chasser une part des ténèbres et des panthères qui vivaient dans son ventre à lui.
― Toi aussi, tu ajouteras un jour tes propres tracés à la grande fresque, lui dit la Sage.
― Mais je ne sais pas tracer, lui dit Piti.
― Mais si, tu vas voir.
Elle se leva pour aller ramasser une corne coupée en deux et creusée dans sa longueur pour y contenir un mélange, couleur de terre claire.
― Viens, dit-elle à Piti.
Il la suivit jusqu’à la portion de roche sur laquelle il l’avait vue peindre une file de points noirs à son arrivée. Elle se saisit d’un morceau de cuir portant encore ses poils et le plongea dans le récipient pour en imbiber la fourrure de pigments. Frottant le morceau de toison sur la pierre, elle y déposa une marque de plus, jointe au défilé des précédentes.
Elle se tourna ensuite vers Piti pour lui tendre la peau et le contenant.
Piti les prit sans trop savoir ce qu’il allait en faire.
Il se tenait debout face à une surface grumeleuse et rude qui l’impressionna soudain. Que pourrait-il bien y ajouter ?
Sa main tenant le bout de fourrure pendait à son côté, sans qu’aucune énergie ne veuille l’animer comme la main de la Sage s’animait lorsqu’elle traçait.
― N’as-tu donc rien à dire ? lui demanda la Sage après un long temps de silence.
Piti réfléchit.
Si, si, bien sûr. Il avait tant de choses à dire. À crier, même.
Il ne pouvait s’empêcher de repenser à la trace laissée par ses pieds dans la poussière du mont Bleu et qui avait sans doute déjà été effacée par le vent. Il songea aux marques foncées déposées par l’eau qui dégoulinait de ses deux jambes sur les galets au bord de la rivière, que la chaleur avait sans doute déjà séchées. Il revit l’empreinte de son corps dans la boue, sous l’arbre de la vallée aux oiseaux, que la prochaine pluie allait emporter.
Alors il se décida.
Il plongea la pièce de fourrure dans le mélange épais et collant avant de placer la corne sur un gros rocher à proximité de lui. Il s’avança, tendit le bras devant lui et posa sa main libre, bien ouverte, contre la pierre. Patiemment, il encercla sa peau d’enduit, étalant de l’ocre pâle tout autour de ses doigts, couvrant la surface froide et foncée par une couche de terre claire. Il s’y reprit à plusieurs fois pour réimprégner les poils lorsque le pigment venait à manquer, jusqu’à ce que toute sa main fût cernée.
Lorsqu’il fut satisfait, il décolla délicatement ses doigts et se recula.
Elle était là.
Sa marque à lui.
Le souvenir de sa main, qu’il avait posée sur cette roche après avoir rencontré les troupeaux de la grande fresque.
Une trace que le vent jamais ne pourrait effacer, que le soleil jamais ne pourrait sécher, que la pluie jamais ne pourrait emporter.
Une empreinte qui criait au monde et pour toujours :
“Je suis là”.
On est là nous, Piti, pour assister à tes exploits et à toutes les traces que tu laisses derrière toi ! Quel plaisir là encore de découvrir tout ça. J'étais en manque d'une fontaine et de sa sirène, ce nouvel univers empli de couleurs qui ne sont pas celles qu'on croit et de cette tendre naïveté à découvrir le monde est une bouffée d'oxygène !
On comprend peu à peu la période dans laquelle se déroule cet enchantement. Que c'est bien mené, que c'est beau et délicat. Franchement, chapeau. J'ai dévoré ça d'une traite. Tout est bien pesé et joliment amené. Ce questionnement autour des traces éphémères que l'on laisse derrière nous m'a beaucoup plu. Rien de tel que les pigments pour laisser des traces plus pérennes, puis l'encre et, aujourd'hui, avec cette nouvelle, tu laisses une magnifique trace de ce que nous sommes, tous. Bravo Itchane pour cette belle réussite (encore une fois)
Toutes les petites allusions que tu laisses par-ci par-là pour caractériser ton monde et tes personnages sont bien pensées, et nous rendent ces hommes "préhistoriques" tellement proches de nous. J'ai bien aimé comment notre jeune héros du Temps, caractérise chaque élément de son entourage, de sa vie, en les comparant avec les membres de sa tribu. On ne les a jamais croisés, pourtant, ils nous sont tous familiers.
Bref, un beau moment de lecture, que je recommande à tout le monde. Piti est un aventurier qui ne veut pas qu'on l'oublie, pour sûr, il a réussi son coup !
"les grosses chaleurs du plein soleil" > chaleur
A très vite !
Cette nouvelle me tient très à cœur, j'y ai mis beaucoup de moi, haha, je suis donc très contente qu'elle fonctionne et emporte les lecteurs ^^
Ce n'était pas évident d'écrire sur le préhistorique, je me suis autorisé des petits pas de côté pour ne pas avoir à lire tous les livres de ma bibliothèque sur le sujet, j'étais, une fois de plus, à la limite du fantastique pour pouvoir me libérer de la rigueur historique : P
Merci beaucoup pour ton message, toujours aussi encourageant ! ^^
à très bientôt,
itchane
C'est le premier commentaire que je fais sur ce site depuis bien longtemps, mais EryBlack m'a tellement parlé de cette histoire que ça m'a donné envie de me réinscrire pour pouvoir te lire car j'étais vraiment très curieux ! Elle m'a beaucoup vanté ton style d'écriture et le travail que tu avais mis dans les formulations hors du temps (enfin, c'est pas vraiment le mot, mais tu vois ce que je veux dire :p) La ronde du soleil est définitivement ma préférée de toutes celles que tu as faites, c'est une des plus imagées et poétiques tout en restant très factuelle, elle marche parfaitement !
Ce dont elle ne m'avait pas parlé, cependant, c'était de l'intensité émotionelle du texte ! Je pense que c'était pour ne pas spoiler, et je comprends, mais du coup j'ai été très surpris et super touché par l'histoire, surtout la fin où tout se solidifie ! J'avais vaguement compris le fait que la quête allait se centrer autour de la peinture (même si au final c'était pour de mauvaises raisons : "woah, trop bien, il va faire des colorants avec ses trouvailles !" oui oui, le duvet de rapace, célèbre pour son utilisation dans les peintures du monde entier...), mais je n'étais malgré tout pas prêt pour le coup de poing final de la dernière phrase. Elle est tellement percutante ! L'arc émotionel est vraiment bien géré, et au final j'aime beaucoup le fait qu'il utilise les peintures de la Sage pour faire sa propre marque - l'idée de transmission de savoir et savoir-faire, motivé elle-même par la tendresse que la Sage lui porte... C'était vraiment bien :'')
En plus (alors je n'ai plus le lien de l'article sous la main, et dans mon souvenir il date du début des années 2000 donc ça a pu être débunké), je crois me souvenir que par exemple, dans la grotte de Rouffignac (une énorme caverne avec plein de peintures), des scientifiques ont trouvé des empreintes d'enfants près du plafond, ce qui laisserait supposer que des enfants se tenaient juchés sur les épaules d'adultes plus grands. Tous les commentaires ont plus ou moins remarqué ce même détail, mais c'est quand même fou de se dire que l'espèce humaine a à la fois énormément changé, et à la fois pas du tout. L'empathie est énorme, et l'espace-temps se perd dans ces moments, ce qui va justement très bien avec l'aspect onirique/fantastique de ton histoire - un sentiment qui devient réalité ! En tous cas j'ai trouvé ça vraiment chouette :D
Un petit coup de coeur pour le passage du mont Bleu/Rouge, qui est vraiment quelque chose qu'on pourrait entendre un enfant dire en mode méga fier d'avoir trouvé une "blague", c'était très réaliste :p
Bref ! Je suis très content d'avoir lu cette nouvelle ! Je lirai tes prochains textes pour sûr !
Holala, je ne sais plus où me mettre après un tel commentaire ^^"
C'est fou, je doute tellement quand j'écris, ce genre de retour me semble parvenir d'un monde parallèle, mais cela fait tellement de bien ! Merci, merci, merci d'être venu (de t'être inscrit pour venir même, ouah, il faudra que j'offre des chocolats à Ery la prochaine fois que je la verrai ♥).
Je suis très heureuse de savoir que l'intensité émotionnelle est bien passée, c'est un thème qui me tient énormément à cœur, cela a du ressortir d'une façon ou d'une autre j'imagine ^^"
Je ne connaissais pas l'anecdote de Rouffignac (je ne connaissais pas Rouffignac tout court d'ailleurs x'D), c'est incroyable cette idée !
Comme le disait Newton " Si j'ai pu voir plus loin, c'est que je me tenais sur les épaules de géants." c'est tout à fait dans le thème aussi ^^
Je te remercie encore d'avoir lu et si gentiment commenté, ton message me fait très chaud au cœur ♥
Des bises,
itchane
J'ai lu ce texte il y a quelques temps, dans le train, et j'ai passé un moment formidable. Je trouve cette nouvelle absolument fabuleuse à tous les niveaux ! La forme évoque le conte, le travail minutieux que tu as réalisé sur les formulations est à la fois très sensible et tout à fait "oubliable", dans le sens où le texte m'a paru fluide. Et puis cette histoire, quoi ! Ce petit bonhomme un peu seul qui se pose plein de questions... J'ai fondu quand la Sage lui a dit qu'il était son talisman, vraiment, j'en ai eu les larmes aux yeux. C'était super bien préparé par toutes les scènes précédentes. Et je suis d'autant plus sensible que j'ai pleuré les trois fois où j'ai visité la grotte Chauvet 2, en Ardèche, même si c'est une reconstitution. Quand j'y vais, je pleure comme ça m'arrive devant des oeuvres d'art, parce que les dessins sont incroyablement beaux, mais je pleure aussi à cause de cette drôle de chose qu'est l'existence humaine et les témoignages lointains qu'on en a. Une guide a expliqué une fois qu'ils avaient pu identifier un artiste parmi ceux qui ont contribué aux dessins, grâce à son petit doigt tordu qui se distingue à plusieurs endroits là où il a appliqué sa main. Et pouvoir relier cette beauté et cette masse de temps (36 000 ans !) à un individu identifiable, ça me soulève complètement. Ton histoire touche au même endroit avec une grande justesse. C'est si beau d'avoir imaginé quelle pourrait être la trajectoire d'un de ces dessinateurs du passé ! Cette quête initiatique, au premier abord un peu mécanique (les trois objets à récupérer c'est un motif assez classique, mais ça fait partie de ces éléments qui, bien utilisés, fonctionnent super bien !), prend tout son sens. Vraiment, je ne suis qu'admiration ! J'aimerais voir cette nouvelle dans un beau livre illustré que je pourrais offrir à tous les enfants du monde ^^
La scène dans la grotte m'a plu tout autant que le reste. Coup de cœur pour ce passage : "Il voyait défiler des aventures de deux-jambes qui ne lui avaient jamais été contées et entendait des vérités que personne n’aurait pu lui révéler." J'adore que cet étrange "voyage" ne soit pas expliqué, que ce soit juste quelque chose qui se passe. C'est vraiment fort.
Je relirai et ferai lire ce texte avec un immense plaisir, merci beaucoup de l'avoir partagé <3 Quel talent tu as !
Merci beaucoup pour ce commentaire qui me réchauffe le cœur !
Les temps ne sont pas toujours à la fête pour moi en ce moment (rien de grave, juste un 'mood' général) alors ton message fait vraiment la différence, il m'a fait un bien fou ♥
Je suis moi aussi du genre à pleurer devant les tableaux ^^
Pour tout t'avouer, je n'ai encore jamais visité Chauvet ni Lascaux et pourtant rien que de voir les images sur internet ou dans des livres j'en suis bouleversée, je suis certaine de me transformer en madeleine inconsolable si j'y allais, tellement l'existence de ces peintures me secoue. Et c'est peut-être l'une des raisons pour lesquelles je repousse un peu d'ailleurs, je vais juste pleurer pendant tout la visite je crois ^^"
J'avais vécu un équivalent lors d'une expo sur le dessin en Egypte antique au Louvre il y a quelques années ; face au croquis d'un simple visage au charbon de bois dessiné sur un morceau de pierre, daté de plusieurs milliers d'années alors qu'il avait l'air d'avoir été tracé la veille, j'ai été submergée. J'avais eu le sentiment puissant qu'il n'y avait aucune différence entre cet artiste d'hier et ceux d'aujourd'hui, à peu de choses près ( "juste" quelques millénaires ^^) on pourrait se serrer la main et dessiner pour discuter, en se comprenant tout de suite et en tout. Toutes les barrières tombent face à ce genre de choses ♥
Merci encore pour ton message, douce lumière en ces jours un peu gris ^^"
Je suis heureuse d'apprendre que les intentions et les émotions enchâssées dans ce texte se sont transmises telles que je les ai vécues en écrivant,
à très bientôt,
itchane
J'étais sûre qu'on se comprendrait là-dessus, c'est exactement ce que j'ai ressenti aussi. Tu sais quoi : à Chauvet, la visite se déroule avec un casque audio sur les oreilles, de sorte que la voix des guides reste chuchotée et qu'on n'entend pas les gens autour de nous. Tout est très sombre dans la grotte, les lumières ne s'allument vraiment que quand on se trouve juste devant les dessins. C'est donc tout à fait possible de pleurer dans son coin, presque en toute intimité. Et vraiment, je ne pourrai jamais oublier ces visites et je rêve déjà d'y retourner (selon les guides, les visites sont un peu différentes puisqu'iels n'ont pas tous-tes les mêmes spécialités). Pleurer pour ça, ça coupe un peu les jambes mais c'est aussi un grand bonheur. J'espère que tu auras l'occasion de goûter à ce plaisir, quand tu te sentiras prête !
Ton texte m'a vraiment mise en joie <3 N'hésite pas à venir papoter, quand ça ne va pas fort. À très vite !
Depuis le temps qu’Empreinte était dans ma PaL, il était bien temps que je m’y mette :P (ça m’a fait supprimer une notif’ de ma boîte mail au moins haha) En plus, toute cette histoire d’anachronismes et d’attention au vocabulaire m’intrigue beaucoup, je trouve que la narration devrait se plier aux contraintes de l’univers dans la mesure du lisible et du coup me voilà doublement !
Coquillettes et suggestions :
« Mais Piti ne se laissa pas dépasser par les tortillements du captif. D’un geste expert, il sortit le nageur » Je vois bien que tu veux pas répéter le mot « poisson », mais là ça fait un peu bizarre je trouve...
« Si tu mélanges toutes les couleurs de l’arc-en-ciel entre elles, lui avait-elle répondu, tu obtiendras du blanc » Iels le savaient ça à l’époque ? J’avais l’impression que ça a été découvert avec l’optique moderne, en branquant plusieurs faisceaux de lampes colorées... Peut-être peut-elle dire que la lumière blanche du soleil se diffracte en arc-en-ciel à travers l’eau, à la place ?
« Piti mit la grosse écaille irisée » Internet me dit que « irisé » ça veut dire « qui a les couleurs de l’arc-en-ciel »... Or, le poisson est blanc, non ? (« nacré », peut-être... ?)
« qu’il pu(t) trouver »
« trés (très) seul depuis là-haut »
« son tour de soleil » Pas une suggestion cette fois, c’était juste pour dire que j’aimais beaucoup cette expression :P
« la fôret (forêt) de la vallée aux oiseaux »
« sans que (ni ?) Mara, ni Taul, ne lui demandèrent (demandent) ce qu’il faisait là »
« Des nid(s) bien gros, dont un qui lui plu(t) »
« Piti pu(t) voir briller dans sa pupille le reflet du monde » Joli, aussi :P
« Il cogna son dos contre le bois à plusieurs reprise(s) »
« Taul pris (prit) sa poche d’eau »
« ― Soit (Sois) plus prudent, dit Taul »
« dans le sillon de sa solitude » Sillon, ça implique de l’agriculture, non... ? Mais la formulation est jolie, en tous cas !
« *pour* les enduire de noir, et les posa sur la roche *pour* y déposer une première marque ronde. Puis elle recommença *pour* » Trop de « pour » en pas assez de mots :P
« elle avait rit (ri) »
« ou ne teintent pas assez, voir(e) pas du tout »
« concentré à ne pas perdre de vue le filet de lumière que la Sage avait prit (pris) soin d’emporter » Concentré à... ? J’suis pas sûr que ça se dise haha
« une grande longueur de lancé(e) de pique » C’est le seul endroit où l’attention sur les termes anachroniques m’a fait tiquer personnellement, peut-être parce que les mots précédents (« au loin devant lui ») indiquent déjà une distance...
« Où qu’il pose ses pupilles, il était cerné de regards, de cornes et de défenses à bondir autours (autour) de lui » Je vois que tu veux pas répéter « regard » ou « yeux », mais j’suis désolé, « pupilles » ça passe vraiment pas pour moi xD
« une immense panthère » et « les morceaux de flèches » Là c’est du chipotage, mais techniquement dans l’art pariétal très très peu de prédateurs sont représentés, et peu de scènes de chasse / de violence non plus...
« il cru(t) entendre son nom »
« portée autours (autour) de son cou »
« il avait gravit (gravi) avec opiniâtreté »
« ta petite poche autours (autour) »
« il sentit le serrement de son coeur (cœur) et la peur le saisir comme ils l’avaient saisi » Ils ? C’est pas juste la peur (elle) qui l’a saisi... ?
« Piti cru(t) comprendre »
« Patiemment, il encercla sa peau d’enduit, étalant de l’ocre pâle tout autours (autour) de ses doigts » Et juste pour chipoter, souvent les traces de mains comme ça retrouvées sur les parois des grottes sont faites en soufflant le pigment à travers, genre, un roseau creux :P
Et bien, c’était une très belle lecture ! J’admire le travail sur le vocabulaire, ça faisait très naturel et du coup y a rien qui sortait les lecteurices de l’ambiance, mon imagination très orientée visuelle apprécie de ne rien avoir qui dissone dans le tableau :P
Les « parallèles » (en quelque sorte ?) sont bien amenés aussi, visibles mais sans paraître forcés – que ce soit le motif récurrent des empreintes (j’ai mis un temps honteusement long à faire le lien avec le titre haha), ou même les discussions sur les couleurs (le Mont Bleu, j’adore xDD et les poissons, et les oiseaux, c’est très poétique !), ça crée une belle unité à l’ensemble :)
Et la description de la grotte est superbe, à mi-chemin entre le réalisme (j’imagine que quand on voit ça pour la première fois, à la lumière d’une flamme, ça peut sembler vraiment magique) et la fantasy résolue, ça nous laisse décider, c’est cool aussi ! En plus, j’suis allé aux grottes de Lascaux cet été, donc j’ai tout un joli catalogue mental à relier à ta prose <3 Et l'empreinte, justement, cette trace laissée des siècles auparavant et pour les siècles à venir par des humains, pas comme nous, mais pas si différents quand même, c'est quelque chose qui me touche beaucoup à propos de l'histoire, du coup j'apprécie encore plus de lire quelque chose autour de ça !
Merci de cette lecture !
Merci beaucoup, beaucoup pour ton message qui me touche énormément !
Je suis ravie de savoir que l'aventure de Piti t'a touchée et que le passage dans la grotte t'a plu ^^
Haaaa, si tu avais visité Lascaux récemment, c'est sûr que cela a dû faire écho, je suis contente qu'il n'y ait pas eu de décalages entre tes souvenirs et le texte et que les deux se soient bien mariés du coup : )
Merci aussi beaucoup pour le relevé de toutes les coquilles, j'ai fait une grande grande passe de corrections et petites reformulations et ton commentaire m'a beaucoup aidé.
Tu as tout à fait raison pour le "sillon" argh ! Une métaphore sur l'agriculture avec un truc qui pousse dans un sillon, mais non quoi, epic fail T__T
Bon du coup maintenant il sent "croître" la frustration dans "l'ombre" de sa solitude, moins métaphorique mais plus universel x'D
Pour les anachronismes sur la compréhension des couleurs de la Sage (notamment l'arc-en-ciel), ça c'est fait exprès pour le coup, puisque je sous-entends ensuite que dans la grotte, via les voix dues aux échos de l'humanité, on peut avoir accès à des savoirs du passé et de l'avenir ; )
C'est pour cela que la Sage sait des choses qu'elle ne devrait pas. C'est peut-être un peu subtil (ou perché ? x'D) mais j'ai bien envie de le laisser comme cela et tant pis si ce n'est pas parfaitement compris, ça me va, c'est le côté plus fantastique de l'histoire, chacun comprend ce qu'il veut, ça me convient ^^"
Mais en tout cas, ça, ce n'était pas une erreur : )
Merci encore pout ton message et tes super remarques Rim !
À la prochaine ♥♥
Ravi que les coquillettes aient aidé !
Aah ouais, j'avais pas spécialement fait le lien entre la magie de la grotte et les explications optiques du début, p'têt parce que justement je n'avais pas lu la fin au moment de découvrir le début (logique, non ?), mais c'est vrai qu'en rétrospective ça fait sens. Bon voilà, de toutes façons je le pointais juste au cas où ce n'était pas intentionnel, mais si ça l'est, parfait :D
Je t'écris ce petit commentaire au fil de ma lecture. J'ai vu que l'on t'a déjà fait remonter les quelques coquilles et vais donc me concentrer sur mon ressenti de lectrice.
- Je suis agréablement surprise qu'il ne s'agisse pas d'une scène de pêche au début, tu as bien joué avec nos a priori et c'est intrigant !
- "d’ici quelques déplacements de nuages" : j'aime beaucoup cette façon de signifier le temps qui passe, c'est original et cela correspond bien à l'atmosphère poétique qui se dégage du récit
- je trouve cela intéressant que Piti ne sache pas non plus quelle est la finalité de sa quête, cela nous permet de rester à sa hauteur avec les mêmes interrogations et nous donne envie de poursuivre la lecture
- La relation entre Piti et La Sage est très belle, deux êtres exclus qui se retrouvent, c'est toujours un beau message.
Je suis totalement rentrée dans l'histoire, c'est très imagée, Piti est attachant (j'aime bien ses petites remarques par rapport aux explications de la Sage concernant les couleurs ou la montagne d'en face) et l'histoire a quelque chose d'envoûtant. C'était une très belle lecture, merci !
Je suis très heureuse que tu aies pris le temps de passer par ma dernière nouvelle, de la lire et de la commenter ! ♥♥
Merci pour ton message si encourageant, savoir que Piti et la Sage ont su te toucher me fait grand plaisir ^^
Je vais effectivement reprendre quelques éléments, coquilles et ajustements, mais déjà il semble que la base fonctionne bien, me voilà rassurée sur mon idée : )
Merci encore,
je te souhaite un très bel été Pat !
itchane
Comme promis dans mon courriel, je passe aussi par ici. Outre mes suggestions, coquilles et remarques, j’ai encore des choses à dire. :-)
En lisant ton récit, j’ai eu l’impression de voyager dans un conte, un monde imaginaire qui ressemble à la préhistoire plutôt que dans ce lointain passé de notre monde, que personne ne connaît et dont les représentations qu’on se fait reposent sur des extrapolations.
D’ailleurs, les contes disent souvent que les choses qu’ils racontent se sont passées il y a fort longtemps ; en général, ils ne remontent que de quelques siècles, voire jusqu’à l’Antiquité, mais pourquoi ne pourrait-on pas remonter plus loin ? La seule limite est celle de notre inspiration, n’est-ce pas ? ;-)
J’aime bien ces réflexions qui reviennent comme un leitmotiv : personne n’est au courant des exploits de Piti, il n’a personne à qui les raconter parce que personne ne s’y intéresse. Et les traces qu'il laisse derrière lui ne tardent pas à disparaître.
J’aime bien aussi les remarques naïves qu’il se fait, notamment à propos des couleurs : il croit que la Sage lui raconte des histoires ou que les gens qui habitent au-delà de la rivière manquent d’intelligence alors que c’est lui qui ne comprend pas certaines notions. Ce décalage est amusant.
L’histoire de ce garçon sans famille est très touchante. Il traîne son besoin inassouvi de reconnaissance, d’appartenance et d’affection jusqu’au moment où la Sage lui fait découvrir cette grotte dans laquelle il peut enfin se connecter à tous les êtres qui l’ont peuplée ou qui la peupleront et laisser une trace de son passage, une empreinte qui témoignera de son existence pour les siècles, voire les millénaires à venir.
J’ai eu du plaisir à lire ce récit émouvant et plein de poésie.
Un immeeeeeeense merci à toi pour cette lecture et tout le travail qu'elle a engendré.
Je suis ravie que tu aies pris plaisir à lire ce texte. Tu as tout à fait raison de parler d'un monde de conte. J'avais d'ailleurs hésité au début à ce que l'univers soit un peu fantastique, finalement il est proche d'un monde préhistorique crédible mais me laissant des marges d'interprétation et de mises en scène pour faire avancer l'histoire dans le sens que je souhaitais lui donner. Bref, un univers de conte oui, comme tu l'écris si bien ^^
Je suis aussi rassurée d'apprendre que Piti a été un personnage touchant pour toi, et que le fil rouge de l'empreinte a fonctionné pour te guider tout au long du récit : )
Je vais maintenant pouvoir me lancer dans l'ensemble des corrections qui m'attendent pour rendre ce texte plus présentable, grâce à toi ! : )
Merci encore pour tout,
itchane
Plutôt que de faire un fichier de BL, je viens te laisser un petit commentaire sur cette belle histoire <3 ! Comme ça, je serai la première :)
Je ne vais pas prendre des dizaines de déplacements de nuages ni un tour de soleil pour te dire que j'ai adoré <3 ! Quel beau moment de lecture ! Tu peux être fière de toi ! C’est du beau travail.
Le personnage de Piti est vraiment très attachant. Mon cœur s'est serré quand il recherchait désespérément l'attention des membres de sa tribu. C’est très plaisant de le suivre, on a vraiment l’impression d’être plongé dans ses pensées.
Tu arrives à retranscrire le mélange d'innocence de la jeunesse, les questionnements incessants de l'enfance, mais aussi de nous faire comprendre sa situation particulière dans la tribu.
Tes formulations sur le temps, l’espace, la nature sont très pertinentes et très poétiques ! Cela donne une ambiance qui, en effet, me rappelle celle d’un conte (mais au final c’est très réaliste !).
La lecture est vraiment fluide. Seul le premier paragraphe m'a demandé une petite relecture, car je n'arrivais pas trop à percevoir le fonctionnement " du piège" pour le poisson.
J’ai été agréablement surprise quand j'ai compris qu'il ne s'agissait pas d'une scène de pêche, que Piti n'était pas là pour tuer le poisson. Cela donne tout de suite le ton de ta nouvelle : poétique et surprenante.
J’ai adoré le moment de découverte de la grotte avec les dessins, cela m’a rappelé ma propre fascination lors de ma visite à Lascaux. Je trouve que tu as parfaitement retranscrit les sensations et les émotions qui peuvent nous gagner face à ces productions. D’ailleurs, peut-être que Piti pourrait toucher les fresques ? Ce qui m’avait marqué c’est aussi l’utilisation des aspérités de la paroi pour réaliser les dessins, comme si les animaux avaient toujours été là et que la couleur les révélait simplement au regard des visiteurs…
Tout ce fil directeur autour de l’empreinte, est très parlant, j'ai l'impression que cela entre en écho avec notre époque où nous souhaitons aussi laisser une empreinte de notre passage sur terre, mais que nous sommes noyés dans la masse. J’ai trouvé que tu avais bien géré le thème qui revient en filigrane tout au long du texte et lorsque Piti a rejoint la grotte, j’ai deviné ta chute, mais cela n’a rien enlevé au plaisir de ma lecture <3.
J'aime bien ce que ton histoire sous-entend : les traces sont "intimes", difficiles d'accès. Elles n'ont pas été réalisées en groupe, devant la tribu et peut-être que peu d'humains savaient concrètement ce que leurs congénères faisaient. C’est une magnifique idée <3.
J’ai adoré ta fin qui se termine par la réalisation d’une main négative, car c’est une œuvre tout à fait réalisable par un enfant.
Au niveau du vocabulaire utilisé, je le trouve très adéquat et je salue. J’ai un peu buté sur certains termes comme « mission », « objet » et « stress » qui pourraient être remplacés.
J’ai trouvé l’ensemble de ton histoire très « imagée », je l’imaginerai très bien en livre illustré pour enfants !
Petites coquilles :
« Taul était déjà repartit » => reparti
Piti ne fut pas mécontent d’avoir finit => avoir fini
Ils sont à toi maitenant=> maintenant
Et parce qu’il savait que la Sage n’était pas du genre => le terme genre me gène un peu. N’était pas de ces personnes ? de celles ?
Voilà . C’était un réel plaisir de te lire ! J’espère que tu vas finir miroir d’eau rapidement que je m’attaque à ta BL
Pleins de bisous volants !
Merci beaucoup pour ton message et ton commentaire ♥
Cela me fait très plaisir de savoir que ce texte t'a plu.
Je l'ai écrit avec plus de lâcher-prise que mes textes précédents alors cela me stressait un peu de savoir si l'intention avait tout de même été perçue et si le style plus naïf n'était pas décevant.
Me voilà donc rassurée. Je suis contente de savoir que Piti est attachant. Comme il réussit tout ce qu'il fait sans trop de difficulté, j'avais peur que ce soit un peu chiant mais il semble que mon intention de déplacer son "épreuve" personnelle vers quelque chose de plus psychologique que la simple quête des objets en eux-mêmes ait été bien perçu, ouf ^^"
C'est vrai que le premier paragraphe a été un peu laborieux a écrire, j'étais encore en phase d'acclimatation dans ma recherche d'un vocabulaire qui ne soit pas anachronique et il manque sans doute de naturel et de clarté. Je vais le reprendre pour qu'il fonctionne mieux : )
Merci aussi pour le relevé des mots qui t'ont semblé déplacés pour l'époque, je suis d'accord avec toi, je vais chercher à les remplacer ^^
Merci encore de ta lecture et de ton retour !
À très bientôt sur le fofo ou en vrai ♥
Plein de bises planantes,
itchane