- J’ai eu tellement peur pour toi…
Il n’y avait qu’un lit dans la chambre d’hôpital. Un lit, un tableau figurant des courbes ennuyeuses et un crochet auquel le patient pouvait s’accrocher s’il était en état de se relever. Les quatre murs de la pièce semblaient former un cocon chaleureux. Ça devait être à cause de la peinture verte et jaune, effet chambre de bébé dont on ne veut pas connaître le sexe.
- Fallait pas tu vois, je me suis loupé.
Le patient en question ne ressemblait plus vraiment à un homme. C’était plutôt un amas de gaze et d’épingles qui grognait plus qu’il ne parlait. Le style momie, quoi. Seule sa bouche était encore visible au milieu des bandages. Une incisive avait explosé sous le choc, mais c’était rien de trop grave. Ses yeux étaient voilés par un bandeau opaque, tout ce qu’il voyait s’approchait du noir le plus complet. Il avait percuté un arbre en bordure de route, tout au bout d’un virage. Les médecins avaient tous conclu à une perte de contrôle du véhicule, une vitesse excessive et un coup de bol énorme. Ce qu’ils avaient manqué, comme le visiteur visiblement, c’était la tentative de suicide.
- Qu’est-ce que tu veux dire, Brad ?
- Que je me suis loupé.
Brad n’avait jamais été du genre causant.
- Pourquoi t’as essayé de te tuer ?
- J’avais envie de savoir comment ça fait.
- T’avais envie de – tu te fous de ma gueule ?
- Ecoute Charly, j’ai autre chose à foutre que de t’entendre gémir comme un con.
- Mais j’ai une raison de gémir comme un con ! C’est quoi ton problème ?!
- J’ai essayé, je me suis raté, c’est tout ce qu’il faut retenir de cette expérience. Maintenant fous moi la paix, faut que je me repose, il paraît.
- Et tu veux quoi, les félicitations du jury ? Faut surtout que tu t’occupes de soigner ce qui ne va pas dans ta tête !
Charly était prostré dans le siège visiteur. Une sorte de rocking-chair avec des boutons partout, le genre de truc qui sert à promener les malades dans les couloirs hospitaliers. Glamour. Il croisait et décroisait ses bras contre sa poitrine, attrapait et reposait sa veste. Bref, il ne savait pas quoi faire : partir ou rester engueuler cet enfoiré de Brad. Il était content qu’il ne le voie pas, il se serait marré s’il avait pu. Le long soupir qu’il laissa échapper ne suffit pas à faire réagir le mec à la tête d’ampoule, allongé dans son lit.
- Qu’est-ce que je deviens, si tu crève ?
- C’est ton problème, mon grand.
- Quand je pense qu’on vient du même endroit, toi et moi... J’ai du mal à imaginer que tu puisses mourir, c’est bête, hein ?
- Tu vas me faire chialer.
Charly se leva, décidé à partir. C’était sans espoir, faudrait attendre que Brad reprenne ses esprits et qu’il reconnaisse qu’il était en dépression. À ce moment-là, il pourrait peut-être l’aider.
- Je me tire, faut que je passe au poste. Ils veulent de tes nouvelles. Surprenant qu’ils tiennent à toi alors que t’es un gros égoïste.
Pas de réaction. Charly se dirigea vers la porte jaune poussin et se retourna. S’il claquait pendant la nuit, il s’en voudrait de l’avoir laissé là sans rien dire de sympa. Et c’était pas peu dire.
- Prends soin de toi, Brad. Je t’aime, même si t’es un sale con.
Je me souviens bien de ce texte dont tu nous avais mis un extrait pendant le Pano ; bien sûr c'est court, du coup difficile de se faire un avis, mais je sens déjà que Brad a un humour bien noir, que j'apprécie beaucoup. En plus il tient absolument à pas s'étendre sur le sujet alors qu'il vient quand même de vouloir se suicider. D'ailleurs on aimerait bien savoir pourquoi ! Pour voir ce que ça fait, c'est quand même assez abstrait... doit y avoir une autre raison ^^
Un début qui accroche bien en tout cas !
Merci pour ta lecture. Ça faisait longtemps que je voulais écrire et concilier histoire sans queue ni tête et humour noir, j'espère que K-760 va me le permettre indéfiniment ! Et puis, si ce début te plaît, je ne pouvais pas demander mieux :)
À bientôt !
Je ne sais pas où cette histoire va aller, mais je trouve que ça commence bien. Les personnages me plaisent. En même temps, qui n'aime pas les flics bourrus est bizarre, à mon sens. Le style est proche du lecteur, pas entièrement familier mais pas soutenu non plus. C'est agréable à lire. Ça met très bien en situation. J'aime bien. =)
Pour ton info, j'ai interrompu la publication de K-760 depuis un long moment, précisément parce que moi non plus je ne sais pas où cette histoire va aller ! Qui sait, peut-être qu'un jour de nouvelles idées viendront s'ajouter à ce début d'histoire...
À bientôt !