Un bourdonnement s’éleva dans l’air.
D’abord faible.
Puis plus intense.
Comme une fréquence cherchant à se stabiliser.
Nina inspira brusquement. Une pression invisible s’évanouit d’un coup.
L’ascenseur descendait lentement.
Son cœur tambourinait dans sa poitrine.
Avait-elle rêvé ? Était-ce réel ?
Elle serra la main de Julien, toujours tremblant. Langlois, appuyé contre la paroi, garda les yeux fixés sur le panneau de contrôle. Le bouton 5 avait disparu.
— On est revenus…
Souffla Nina.
Son propre murmure lui sembla irréel.
Les portes s’ouvrirent enfin sur le rez-de-chaussée. L’immeuble baignait dans un silence trop dense, une quiétude figée, comme une photographie mal exposée. Tout semblait en place, et pourtant… quelque chose clochait.
L’air était épais, stagnant. À chaque pas, un léger écho déformé les accompagnait, comme si le hall était plus vaste qu’il ne l’était réellement. Nina fronça les sourcils. Non, ce n’était pas qu’une impression. L’espace autour d’eux semblait hésiter entre deux états, comme une onde suspendue dans le vide.
Le néon au-dessus de la réception grésilla faiblement. Mais son scintillement était irrégulier, hésitant, presque organique. Il clignota à une cadence étrange, s’arrêtant une fraction de seconde trop longtemps… avant de reprendre.
Julien s’appuya contre un mur et inspira, fébrile.
Il porta une main à sa tempe, ferma les yeux. Une douleur fulgurante lui vrilla le crâne.
Des images indistinctes clignotèrent dans son esprit : un corridor noir, des silhouettes mouvantes, une présence…
Il rouvrit brusquement les yeux, désorienté.
— J’ai l’impression que ma tête va exploser…
Murmura-t-il.
Langlois l’observa avec une inquiétude contenue.
— Il faut sortir d’ici. Nous ne savons pas à quel point l’étage nous a affectés.
Ils avancèrent prudemment à travers le hall. Leurs pas résonnèrent avec une légère distorsion, comme si le sol lui-même absorbait une partie du son.
Julien s’arrêta brusquement avant la porte d’entrée. Il observa ses mains, les retournant lentement, comme s’il cherchait quelque chose sous sa peau.
— Il y a quelque chose qui ne va pas…
Langlois s’arrêta aussi, posa son sac au sol et en sortit un petit appareil de mesure. Il le plaça devant eux.
Les données affichées tremblèrent légèrement. L’écran sembla hésiter, comme s’il captait un signal instable, une fréquence parasite.
— C’est… impossible…
Murmura-t-il.
Nina lui lança un regard inquiet.
— Qu’est-ce que ça signifie ?
Langlois demeura immobile, son expression figée sous le choc. D’abord l’incompréhension. Puis l’angoisse. Il déglutit, relevant lentement les yeux vers Nina, comme s’il craignait de prononcer les mots suivants.
— L’étage n’a pas disparu. Il est toujours là. Mais… pas à notre fréquence.
Un silence oppressant tomba sur eux.
Julien inspira avec difficulté, ses poumons semblant lutter contre un poids invisible.
— Vous voulez dire que nous ne l’avons pas détruit ?
Langlois hocha lentement la tête.
— Nous avons seulement déplacé sa connexion à notre réalité. Mais il existe encore. Et peut-être que, d’une certaine manière… il peut encore nous percevoir.
Nina frissonna.
Cette sensation… Ce poids invisible sur sa nuque… Il était encore là. Pas l’étage. Quelque chose.
Elle croisa le regard de Julien. Il tremblait légèrement, comme s’il ressentait la même présence diffuse.
Julien recula d’un pas, son regard perdu dans le vide.
— Et si quelque chose d’autre… était revenu avec nous ?
Aucune réponse.
Langlois vérifia une dernière fois son appareil avant de le ranger précipitamment.
— Il faut partir. Maintenant.
Nina attrapa la main de Julien et poussa la porte du hall.
L’air froid de la rue lui sembla presque étranger, comme si elle n’avait pas respiré le véritable air de Paris depuis des jours.
Derrière eux, dans l’ascenseur, un faible grésillement persista… suivi d’un bruit imperceptible. Un souffle.
Un murmure à peine audible.
Une ombre se refléta brièvement sur la paroi métallique de l’ascenseur.
Quelque chose d’autre était avec eux.
Pas une présence. Pas un corps.
Une anomalie.
Un fragment de ce qu’ils avaient laissé derrière eux… qui les avait suivis.
Puis, très lentement, et alors que la porte se refermait…
Le bouton 5 réapparut sur le panneau de contrôle, comme si quelque chose n’était jamais vraiment parti.
…Recalibrage terminé.
Argh voilà une fin très très frustrante....
Petite remarque sur la phrase de chute, je me demande à quel point c'est nécessaire d'ajouter quelque chose après "le bouton 5 réapparut...". Cette phrase fait une chute parfaite, elle suggère assez, pour moi pas nécessaire de rajouter quoi que ce soit derrière.
Le choix de ne pas répondre aux questions du lecteur est compréhensible, ça aurait été difficile de donner des réponses à la fois satisfaisantes et qui maintiennent en plus dans cette ambiance de tension et de mystère qui règne depuis le premier chapitre. Je comprends tout à fait ton choix.
Au bout, il reste la sensation d'une très agréable lecture, avec beaucoup d'intensité ! Ca a été un vrai plaisir.
A bientôt !
Non, ça ne peut pas finir comme ça, s’il te plaît 🙏
Incroyable ton histoire vraiment, bravo de nous avoir tenus en haleine d’un bout à l’autre.
Quelle imagination et quelle intrigue !
Bravo
L’idée, c’était justement de laisser quelques braises allumées dans l’esprit du lecteur.
Merci encore d’être allé au bout du récit.