Épilogue

Une semaine s’étaient écoulée depuis la fin du procès. Elena, souhaitant rattraper le temps perdu était restée auprès de Carl. Alec avait décidé de rester avec elle après avoir rassuré Harry et Noah. Ces derniers s’étaient beaucoup inquiétés pour lui et en voyant son état ils étaient restés sans voix, pâles comme des morts. Alec avait été torturé et en garderait des stigmates le reste de sa vie. Les blessures physiques finiraient par cicatriser mais celles psychiques… Il ne semblait pas affecté par sa captivité mais, Elena tout comme Harry savaient qu’il était douer pour cacher ses souffrances derrière un masque de détachement. Cependant, il avait mûri et s’il portait toujours ce masque en public, il parvenait désormais à se confier à sa famille : Harry et Elena. Il avait aussi accepté d’échanger avec Doug suite aux conseils de Carl. Ils s’étaient beaucoup rapprochés tous les deux pour le plus grand bonheur d’Elena. Alec en profitait pour s’informer sur le FBI et mûrir son projet. Au-delà de leur sens de la justice Alec et Carl avait pas mal de points communs. Leur complicité aidait Carl a mieux accepter ses démonstrations de tendresse envers Elena. Tout le monde finissait par aimer Alec. C’était quelqu’un de facile, entier et prêt à tout pour ceux qu’il aime.

Alec avait finalement accepté la proposition de Carl : l’embaucher comme assistant civil, une manière d’obtenir une expérience solide pour passer les tests du FBI.

« Merci beaucoup Carl ! C’est vraiment une opportunité en or pour moi ! »

« C’est rien, je sais que je fais le bon choix. Tu as un dossier excellent, tu ne perds pas ton sang froid sur le terrain malgré ton manque d’expérience et clairement, tu es un as de la gâchette. »

Alec sourit gêné par tant de compliments auxquels il n’était pas habitué, encore moins de la part d’une personne pour qui il avait de l’admiration. Gaby était ce qui se rapprochait le plus d’une figure paternelle pour lui mais, Carl… C’était un modèle ! Il éprouvait pour lui un profond respect et une forme d’admiration, bien qu’il ne l’avouerait jamais. Cet homme servait la justice avec droiture. Il était l’un des meilleurs agents du FBI et pourtant, il n’avait pas hésité une seule seconde à sacrifier sa carrière pour la famille, pour une petite fille qu’il ne connaissait même pas. Assumant des responsabilités que son grand frère avait lâchement abandonné. Elena n’en parlait jamais mais, Alec savait que c’était quelque chose qui l’avait blessé : être abandonné par un parent n’était jamais quelque chose de tout à fait anodin. Carl n’était pas seulement un professionnel honorable, c’était un homme honorable, le genre d’homme qu’Alec aspirait à devenir.

« Disons que même avec ça, ce n’était pas gagné au regard de... »

Carl arqua un sourcil « au regard de ton parcours tu veux dire ? »

Il hocha la tête en réponse.

« Foutaise ! » Alec fût surpris par la force de la réaction de Carl. « Ce n’est pas parce que ton père était un homme violent, que tu es condamné à devenir un homme violent ! Nous ne sommes pas nos parents... »

« Je le sais. J’ai compris tout ça mais, je sais que pour certains la différence n’est pas toujours évidente. J’ai rencontré pas mal de professionnels qui ont essayé de me dissuader de poursuivre dans cette voie, comme si je risquais de ternir la réputation du service... »

« Des connards ! Comme si tous les flics étaient un modèle de droiture. » Il adresse un regard peiné à Elena. Son frère avait lui aussi servi les forces de l’ordre, comme le reste de la famille et ce n’était effectivement un modèle…

Elena détourna les yeux visiblement mal à l’aise. Parler de son véritable père était resté un sujet tabou. Carl souffla puis après une hésitation confessa : « Mon père non plus n’était pas un modèle. Aux yeux de ses collègues, c’était un agent brillant mais c’était un père merdique. Il avait la main leste sur nous et sur notre mère. C’est peut-être pour ça que mon frère a pas su assumer ses responsabilité de père et a pris la fuite. » Il regardait Elena avec tendresse tandis que son expression à elle s’était durcie. « Ça n’enlève à ses fautes. Je voulais juste que tu en saches un peu plus sur ta famille et comprennes pourquoi ton père à agi comme un connard, même si ça ne l’excuse pas. Je ne lui ai moi-même jamais pardonné. »

Alec resserra son étreinte autour de la taille d’Elena dans un geste de soutien silencieux. Elle se blottie contre lui et esquissa un sourire à Carl, « Merci. C’est vrai que j’ai jamais rien demandé sur lui. Je crois que j’avais peur d’apprendre à quel point c’était un type génial dont la vie a été gâchée par l’arrivée surprise d’une petite fille ».

« Ne va jamais croire ça Elena ! Même lui a finit par regretté son choix mais, il était trop tard. Ta mère avait déjà retrouvé une famille et tu semblais heureuse d’après lui. »

Elena sourit avec émotions, tentant de repousser les larmes naissantes au coin de ses yeux. « C’est pas tout ça mais, on devrait y aller. » dit-elle en enjoignant Alec à le relever avec elle.

« C’est aujourd’hui que tu vas rendre visite à Julia ? » Demanda Carl d’une voix douce.

Elle hocha la tête, « oui. Je crois que c’est le moment. Nous devons bientôt rentrer à Austen et je n’ai toujours pas eu l’occasion de me rendre sur sa tombe depuis... » le dire à voix haute restait difficile pour elle.

Alec prit leur manteau, « Je l’accompagne. On te retrouve ce soir pour dîner et on repartira demain. »

Carl se leva à leur suite et prit Elena dans ses bras. Silencieusement, il lui exprimait tout son amour et tout son soutien.

Alec et Elena se rendirent au cimetière en taxi. Elle resta silencieuse, la tête tournée vers la fenêtre, la gorge nouée par le chagrin.

Le vent faisait bruisser les feuilles autour d'eux alors qu'Elena s'agenouillait devant la tombe de Julia. Alec restait derrière elle, lui assurant une présence réconfortante. À cause de l’affaire et du danger qui pesait sur elle, cela lui avait été impossible de venir plus tôt. Mais, si elle avait voulu être honnête avec elle-même, elle n’aurait pas réussi de toute façon à venir dans ce cimetière avant. Se confronter à ce lieux c’était accepter la mort de Julia, accepter d’avancer en se pardonnant son impuissance à sauver son amie. Elle n’en aurait pas été capable jusqu’alors et encore aujourd’hui elle avait demandé à Alec de l’accompagner dans cette épreuve. Elle s'apprêtait à quitter New York une nouvelle fois et cette fois elle devait affronter son passé pour accueillir l'avenir. Rendre visite à Julia dans son ultime demeure était la dernière étape à cette reconstruction personnelle.

« Je suis désolée, Julia, » murmura-t-elle. « Je sais que j'aurais dû venir ici plus tôt mais je n'y arrivais tout simplement pas. J'ai  cru mourir sans toi. Ne plus entendre ta voix, ni tes histoires amoureuses rocambolesques m'ont terriblement manqué. Tu nous as manqué à tous… Et surtout j'avais honte. J'ai culpabilisé parce que j'ai cru que tu étais morte à cause de moi. Aujourd'hui, je sais qu'il n'en est rien. Je sais que tu ne m'en voudrais pas et sans doute même que tu m'engueulerais pour avoir pensé ainsi ne serait-ce qu'une seconde. Tu était mon soleil au milieu de l'obscurité, toi, celle qui plaisantait tout le temps et croyait toujours en ce monde, en l'humanité et en l'amour. Je me rappelle m'être souvent moqué de toi pour m’avoir constamment rabâché combien le monde était beau quand on aimait. Tu avais raison Julia. Je vois enfin ce monde en couleur dont tu me parlais sans cesse et il est tellement beau. J'aurais voulu que tu rencontres Alec, l'homme qui a bouleversé ma vie. Il t'aurait plu. Il est intelligent, drôle, ultra canon et il me comprend mieux que personne. Il veille sur moi, tout le temps, même quand je me montre insupportable et tu m’en est témoin je sais être insupportable. »

Alec souriait en l’écoutant parlé. Elena se livrait avec authenticité et il ne pouvait être que touché par tant de vulnérabilité.

« Il a fais de moi une personne meilleure et désormais je suis prête à vivre à nouveau grâce à lui. Merci Julia pour tout ce que tu m'as apporté. Je reviendrais te voir pour te parler de ma vie, de mes erreurs et de mes réussites. Mais pour cela, je dois continuer à avancer, à vivre. Tu resteras à jamais présente dans ma mémoire et dans mon cœur Ju. Je t'aime. »

Lorsque Elena se releva, il tendit une main vers elle qu'elle saisit sans hésiter. Il l'enlaça tendrement, posant un doux baiser sur son front, puis se détacha. Il ramena une mèche de ses long cheveux noir derrière son oreille avant de plonger ses yeux dans les siens. Il y lu l'amour qu'elle lui portait mais aussi une nouvelle détermination qui forçait son admiration. Elena était la femme la plus belle qu'il ait rencontré mais aussi la plus forte. Elle avait affronté ses peurs et accepté ses fragilités afin de s'en libérer.  Elle aussi avait fait de lui un homme meilleur il en était certain et, à ses côtés, il était près à tout affronter.