Un vent puissant soufflait sur les falaises qui marquaient la fin de Grande Terre. Au delà des monticules de roches, il n’y avait que du bleu, l’océan à perte de vue, calme comme une mer d’huile malgré le temps. Et tout en bas, des montagnes d’écumes refluaient à l’infini dans quelques cavités creusées par le courant, dans lesquelles les vagues claquaient de coups sonores que ne pourrait faire l’eau dans d’autres circonstances.
- Là d’où tu viens ça te manque des fois ? demanda Neuf entre deux bouchées en couvrant le temps de quelques mots le bruit que faisait le vent.
Cela faisait un moment qu’ils s’étaient installés sur les falaises, les jambes dans le vide à observer l’océan en mangeant des sandwich. Il y a avait longtemps qu’ils n’avaient pas vu la mer pendant leur traversée de ce que les gens de la ville avaient appelé « Grande Terre » et quand il furent finalement devant elle ils n’eurent rien d’autre à faire que de s’asseoir, et de la regarder.
- Je mentirais si je disais que non. C’est formidable ici mais oui, ça me manque parfois. C’est normal je pense.
- Oui sans doute…
L’on entendait désormais des goélands, ou des oiseaux approchants, un peu plus loin en bas se bataillant le butin de quelques poissons ramenés sur la berge. Et toujours le bruit des vagues qui claquaient sur les rochers, et du vent qui ne savait cesser de souffler.
- Tu sais, cet endroit me rappelle un peu un lieu en Bretagne où j’allais souvent avec ma famille quand j’étais enfant. Il y avait des falaises comme celles-ci, des vagues comme celles-ci et ce vent qui souffle, qui souffle et qui souffle encore. On disait que toutes les côtes étaient les mêmes, mais qu’il n’y avait que ces falaises là qui étaient comme elles étaient. C’était faux bien entendu, mais ça m’a donné envie de voir plein d’autres bords de mer, je me suis dit qu’un jour je longerai toute la côte vers l’Allemagne et qu’ensuite je continuerai pour faire tout le tour de la mer Baltique.
Louna acheva sa phrase sur un petit rire et se tourna vers Neuf qui avait toujours le regard rivé vers l’horizon. Elle l’observait avec de ces regards emprunt de tendresse et de mélancolie qui voulaient à la fois tout et rien dire, puis après un court silence tourna de nouveau sa tête vers l’océan.
- Tu sais, j’ai beaucoup repensé à la proposition des drôles d’oiseaux de la troupe après qu’on l’aie refusée et qu’on soit partis de la ville pavée. Je me suis demandée si l’on avait bien fait aussi. Mais quand j’ai ça devant les yeux je me rends bien compte que je préfère nettement l’errance dans l’étrangeté du monde au rassurant écrin d’un endroit bien connu. Je me dis que l’on a pas vraiment besoin de plus de but que ça, que le voyage est un but en soit.
Cette fois-ci ce fut au tour de Neuf de reporter son regard sur le profil songeur de Louna, tourné vers l’au delà de la mer, vers ce que l’on ne voyait pas. Il laissa passer un instant de flottement puis cueilli un fruit dont le ciel ne tarderait plus à imiter la couleur dans l’arbre qui avait autant voyagé qu’eux.
- ... Tu veux une mandarine ?
~ FIN ~
Je crois que j'avais eu l'occasion de commencer ce texte il y a longtemps, mais j'ignore pourquoi je ne suis pas allée au bout. Je rectifie donc le tir.
J'ai apprécié chacune des étapes de ce voyage à la fois étrange et fascinant auquel tu nous invites. Le réel et le rêve se confondent, on ne sait pas vraiment à quoi tout cela rime mais, au fond, ce n'est pas grave. Le voyage est plus important que la destination.
En lisant, j'ai appris à ne pas trop me poser de questions et à simplement me laisser porter. Et c'est très apaisant en fait.
Puis, l'histoire se termine mais la porte reste ouverte. Le voyage continue. Peut-être indéfiniment. Qui sait ? Tout est possible.
Merci pour cette belle expérience !
Merci beaucoup pour ton commentaire il fait plaisir à lire! Que ce soit resté fascinant et apaisant jusqu'au bout est très positif en tout cas, et je suis ravi que la lecture de Mandarines t'aies plu <3
Je me suis rappelée ce matin que je n'avais pas fini de lire cette histoire, donc me voilà :P
Coquillettes et suggestions :
Chapitre 7 :
"Neuf dormait à moitié, blottit (blotti) et bien calé entre le sac de Louna et son dos"
"Parfois quand ils s’arrêtaient tandis que que (un "que" en trop ^^) Neuf s’endormait comme une masse"
"qu’une ombre immobile montée sur des échasse(s)"
"les landes des Grandes Brumes étaient des tourbes (tourbières ?) ou du simple sable"
"qu’il s’agissait plus d’une cabane déglinguée que d’une battisse aussi imposante (que ce ?) qu’ils pensaient avoir vu de loin." La partie que j'ai mis en italique sonne bizarrement...<br />
"ils posèrent leurs affaires dans un coin et s’assirent en tailleurs (tailleur)"
"En suivant le regard de la créature qui lui faisait face il se souvint qu’il avait encore le visage recouvert." Le brusque changement de point de vue m'a paru étrange... Il faudrait plutôt écrire 'il sembla se souvenir" ou quelque chose du genre pour qu'on ait pas l'impression de se retrouver brutalement dans la tête de Viktor :P
"ce livre n’est (qu')un recueil de contes comme il y en a tant d’autres."
"Quand Louna eut fini de la laisser cuire et l’eut retiré(e) du grill
"lui qui pensait voyager sans but il se sentit trahit (trahi) par lui même"
"Les Ouhtrok sont ce qui rempli(t) le vide et l’absence de toute chose."
"Il avait beaucoup moins (bien) encaissé l’épisode du chalet"
"comme si apprendre qu’aucun des autres doutes qu’elle avait n’avait de réponse annulait la logique des disparition(s)" Pas génial la répétition...
"c’étaient les cendres d’un livre qu’il(s) brûlèrent (avaient brûlé, pour la concordance des temps) dans un genre de cérémonie à la hâte"
Epilogue :
"L’on entendait désormais des goéland(s)"
"Elle l’observait avec de ces regards emprunt(s) de tendresse et de mélancolie "
"j’ai beaucoup repensé à la proposition des drôles d’oiseaux de la troupe après qu’on l’aie (l'a) refusée" Je pense d'ailleurs que ce serait bien de rappeler en quoi consistait cette proposition... Bon, en même temps, l'histoire est courte et on est pas censé étaler sa lecture sur plusieurs mois (ahem), donc je sais pas.
"puis cueilli(t) un fruit dont le ciel ne tarderait plus à imiter la couleur dans l’arbre qui avait autant voyagé qu'eux" Ouille, c'est lourd comme phrase, c'est dommage, surtout que c'est la toute fin...
J'avais oublié à quel point tu arrivais bien à instaurer des ambiances ! J'adore la monochromie des Grandes Brumes ; j'ai eu une jolie image en tête, avec le phare du scooter, la route solitaire, et les corbeaux géants... (Ça me fait un peu penser à une vieille série de fantasy, Les Princes d'Ambre, je ne sais pas si tu connais... À un moment le personnage principal se retrouve dans une sorte de lande désertique avec un corbeau qui parle, il me semble ^^) Par ailleurs, comment te viens l'inspiration pour ces paysages ? Je suis curieuse :P
Je suis juste déçue de ne pas avoir entendu parler de mandarines dans ce chapitre 7 lol
Je trouve ça intéressant de ne pas donner d'explication très précise autour de ce livre et des Ouhtrok, je crois que je suis bien d'accord avec Louna, comme quoi c'est l'étrangeté de ce monde qui fait son charme ! J'aime bien la "logique des disparitions", quand même. Ça faisait juste assez de fil conducteur pour justifier ce récit...
La fin est satisfaisante aussi, cohérente avec ton récit onirique, et c'est cool qu'on ait la "certitude" que Louna vienne bien de notre monde, mais sans savoir comment elle est arrivée là avec Numéro Neuf... Et j'adore l'idée que le voyage est un but en soi !
Merci pour le relevé de coquillettes c'est corrigé
Oh non je ne connais pas les princes d'ambre désolé :0 pour le reste c'est chouette si tu as des images en tête, je trouve ça toujours très chouette de pouvoir visualiser en lisant qqch et je suis content que mandarines y parvienne pour toi. Quant à la question de l'inspiration autant les autres chapitres n'ont pas d'inspirations précises seulement des images qui se sont faites dans ma tête surement en mélangeant un tas trucs autant celui-ci et le précédent je peux y répondre : le paysage de Caravanes m'est venu à partir d'une image de bing de voitures peintes abandonnées le long d'une route avec ces déserts qu'on peut retrouver pas mal aux usa ceux où t'as des touffes d'herbe cramées par le soleil et ce genre de choses. Pour Nuit l'inspi est venue de la scène de nuit dans mad max fury road, quand tout est bleu et qu'il fait nuit là, le tout mélangé avec ces longues routes hyper droites qu'on peu trouver dans certains déserts comme en austalie ou aux us puisque c'est la contunuité de la route du chapitre précédent. Ah si et le désert avec la tour au milieu a découlé des souvenirs que j'avais de l'épisode"the library" dans avatar the last airbender. Pour les reste comme je disais, des images qui popent dans la tête et qui murissent dans leur coin jusqu'à être couchées sur le traitement texte. J'espère que tout ceci satisfait ta curiosité ;)
Je suis très content que la fin t'aie plu aussi! Merci beaucoup rimrim pour ta lecture et tes commentairesça fait très plaisir que cette histoire t'aie suffisemment plu pour rester jusqu'au bout b25;
Je suis si content que le reste du voyage t'aie autant plus que le début et que la fin te convienne, c'est vrai qu'au final on en sait pas tellement plus et que c'est une fin très ouverte mais j'aime me dire que c'est un peu une fin de chapitre de leur voyage, qu'ils vont tous les deux encore découvrir un tas de choses et un tas de gens.
Et ouah c'est tellement fou que tes réflexions se lient avec les quelques explications! Je suis super content eheh. En plus tu as des réflexions hyper intéressante je trouve, cette idée de mise en abyme avec la lecture du conteje dois t'avouer que je ne l'avais pas du tout mais c'est si joliment vu! C'est hyper chouette de voir que tu t'es vraiment approprié l'histoire comme ça en la lisant, ça donne encore plus envie d'écrire tout ça
Merci beaucoup beulinou d'avoir suivi ce ptit voyage jusqu'au bout et d'y avoir laissé des commentaires aussi chouettes t'es un ange b25;