Le même soir, un autre habitué, ou futur habitué connu du Club BDSM se dirigeait lui aussi vers ce même lieu. Pour une toute autre raison qu'Equinoxe, qu'il ne connaissait d'ailleurs aucunement. Billy Mayeux était stressé. Le lendemain c’était le jour ou Charlotte, sa nouvelle amie, allait lui présenter Absynthe, la patronne du Club.
Moment très important pour sa vie future. Car il fallait bien le dire, Billy était encore dans la merde financière. À part le bien-être de ses enfants, sa femme en avait strictement rien à foutre de lui. Il était venu à Halloween, pour faire la tournée des bonbons avec eux, mais c'était tout ce qu'elle lui autorisa. Il avait une place à sa table pour Noël, mais pas aux anniversaires. La déchéance, mais d'un autre côté, le blond se disait que malgré tout ça, toutes les épreuves qu'il pouvait subir actuellement, au moins une personne croyait en lui. Charlotte, l’avocate dominatrice, qui si elle n'était pas lesbienne, lui aurait clairement tapé dans l’œil. Elle était vraiment merveilleuse. Adorable et piquante, sans être des plus méchantes.
Enfin, non. Deux personnes croyaient en lui. Il y avait aussi Hiacynthe, la barmaid. Au moins, il savait qu'avec ce soutien, aussi minime soit-il, il pourrait se relever. Ce n'est pas grave si son projet n'aboutissait pas. Il avait la foi pour arriver à trouver un nouveau travail, se sortir la tête de l'eau et quitter cet appart'hotel miteux dans lequel il séjournait près de la concession Harley Davindson, qui était tellement près de la Rocade qu'il ne dormait jamais très bien la nuit…
Tournant trop en rond dans son lit, il s'était d'abord levé, pour aller se mettre devant la télévision. Mais rien n'y faisait, il était en train de stresser. Alors il avait fini par faire les cents pas, tel un lion de cirque dans sa trop petite cage. Finissant par aller vérifier ses affaires pour le lendemain soir. Sa sacoche était là. Il avait mis à l'intérieur son curriculum vitae, ainsi qu'une lettre type motivation expliquant sa situation et sa connaissance du lieu. Ensuite, il avait mis tout ce qui concernait son futur projet de convention. Avec le plan financier détaillé qu'il avait conçu avec l'aide et surtout l'entrain de l'avocate.
Le problème qui allait sûrement se poser serait les politiques publics de la ville. Vu qu'il avait entendu des échos par rapport au maintien du Crimson… Mais bon, ce n'était pas encore le temps pour y penser. Il devait déjà rencontrer Absynthe.
Du coup, il sorti, sans réellement s'en rendre compte, comme par réflexe, porté par ses jambes. Il n'était pas très loin, pouvant s'y rendre à pied. Un tout petit verre, genre un shot, un petit bol de bretzels et discuter un peu avec la barmaid allait sûrement l'aider à penser à autre chose et pouvoir fermer l’œil. Même s'il allait tourner en rond toute la journée dans l'attente de la soirée…
Allant directement au bar pour prendre sa commande et discuter un peu. Il avait bien sûr remarqué Charlotte dans un coin, à une petite table avec une fille qu'il avait déjà vue sur scène et avec le reste de la bande, mais ne connaissait pas son nom.
- Tiens ? Mayo ? Je croyais que tu ne venais que demain soir. Qu'est-ce qui t’arrive ?, demanda Hiacynthe, la mine inquiète et les sourcils froncés, ne sachant à quoi s'attendre avec lui.
- Oh, rien, rassures-toi. Juste, je n'arrive pas à dormir, je stresse trop pour demain. Tu ne voudrais pas me parler de ta patronne ? La seule fois ou elle m'a parlé… Elle m'avait clairement envoyé chier…
Ce souvenir le faisait frissonner, elle devait être une dominatrice des plus redoutables. Tellement, qu'il n'osait même pas effleurer du doigt le possible rêve de pouvoir finir entre ses mains expertes. Il devait tirer une de ses têtes, car la barmaid aux yeux verrons gloussa en lui servant sa bière. Assez légèrement, pour ne pas qu'il se sente trop mal le lendemain, tout en lui serra l'épaule affectueusement.
- Mais non. Ne t'en fais pas. La dernière fois, c'était car la soirée était privée. Elle te prenait pour un abruti. Tu sais, le genre qui essaye de s'incruster partout.
- Ah ouais… D'accord, je comprends mieux. C'était pas du tout mon intention…, dit-il en soupirant.
- Aller, ne t'inquiète pas, tu pourras lui expliquer demain soir et t'excuser, si tu y tiens. Tu sais quoi ? Tu vas prendre cette bière et aller t'asseoir sur une des banquettes, pour regarder le spectacle tranquillement. Et une fois que tu auras fait ça, tu rentres chez toi, prends une douche bien chaude et tu te recouches.
À cette idée, Billy sourit. Oui, c'était une excellente manière d'oublier son stress. Il allait suivre son conseil. De toute façon, elle était toujours de bons conseils. Absynthe avait réellement de la chance de l'avoir comme barmaid. Il la remercia pour venir s'asseoir sur une banquette vers le côté de la salle, il avait une assez bonne vue sur la scène, ce qui était l'idéal.
Mais pouvait aussi voir d'autres tables. Notamment celles au milieu de la salle. Dont une, assez proche de lui. Attablé à celle-ci, un homme, entouré d'une multitude de femmes. Ils devaient être dix environ autour de la grande table. Deux femmes bien collées à l'homme en question. Les autres semblant baver littéralement. Il devait être riche. C'était ce que pensait Billy, pour voir autant de femmes autour d'un seul homme dans un Club BDSM… Le cliché qui lui venait directement à l'esprit. Après, si ça se trouve, c'était aussi un dominant avec une dizaine de soumises. Mais pour le coup… Il trouvait ce genre de pratique assez limite. Cela ne le choquait pas quand c'était un.e bisexuel.le ou pansexuel.le, mais là… L'image qu'il avait devant les yeux faisait très malsain. Les demoiselles semblaient à l'affût. De quoi ? Aucune idée. Qu'il sorte son gros portefeuille, peut-être ?
Après l'avoir observé un peu plus attentivement, tout en détournant le regard de temps à autre, pour ne pas que le client le prenne mal, bien évidemment, il ne manquerait plus qu'il foute le bordel avec les clients de sa future sponsor et patronne. Il remarqua que l'homme, qui devait avoir dans la cinquantaine bien tassée, avec ses cheveux poivre et sel rasés sur les côtés mais coiffés en catogan sur le dessus, lui disait quelque chose. Il l'avait sûrement déjà vu au Club. Mais pour qu'il s'en rappelle, c'est qu'il devait venir assez souvent…
Il se mit à le détailler un peu plus. Une barbe bien taillée qui lui allait parfaitement, elle aussi poivre et sel. Portant une chemise à carreaux vert foncé, les manches remontées jusqu'aux coudes, laissant apparaître ses bras musclés et tatoués. C'était un très bel homme malgré l'âge, il fallait bien l'avouer. Billy ne put qu'être admiratif. Il n'avait pas hérité d'une quelconque beauté et savait qu'il ne serait jamais le moins du monde attirant. Sauf… Que pendant son analyse de l'homme, qui avait dérivé sur lui-même, il n'avait pas vu que la cible en question avait remarqué qu'on l'observait et qu'il venait d'entreprendre la même chose, envers son stalker.
- Eh ! Qu'est-ce que tu fais ? Ou vas-tu ? Aux toilettes ? Tu veux qu'on vienne avec toi ?, demanda une brunette qui se levait en voyant le quinquagénaire bouger.
Billy s'aperçut que l'homme venait de s'asseoir près de lui seulement quand il senti une différence de pression sur la banquette. Relevant la tête, il put le voir, assit, une jambes sur son genou, les bras tendus sur l'assise de la banquette négligemment, tout en fixant le blond avec des yeux admiratifs. Merde, il s'était fait griller. Baissant instantanément les yeux, il se tritura les doigts, perplexe. Qu'allait-il lui faire ? Se mettre en colère car il le regardait ?
- Je… Je suis désolé… Monsieur… Je ne pensais pas à mal… Je…, s'excusa le plus platement possible Billy.
L'inconnu ne semblait pas lui répondre. Mais Billy, bien trop paralysé par sa propre timidité, n'osa même pas lever les yeux pour voir l'expression sur le visage de l'homme. Néanmoins, il fini par l'entendre glousser. Sa voix était grave, mais semblait si douce malgré tout. Tout d'un coup, il senti les doigts de cet homme venir le prendre au menton pour lui relever le visage. Cette fois, il put voir que l'homme se tenait près de lui et le regardait dans les yeux. Ses yeux, parlons-en… Ils étaient tellement clairs. Mais pas bleu. Plutôt dans les gris. Il n'avait pas l'air en colère, au contraire, il souriait, comme attendrit.
- Je te vois souvent traîner seul. J'ai déjà voulu t'approcher, pour faire connaissance. Alors quand j'ai vu que tu m'observais… J'ai saisi ma chance. C'est quoi ton petit nom, beau garçon à la mine triste ? Qu'est-ce qui te rend si mal dans un lieu ou autant de luxure est regroupé ? Je ne te vois jamais avec le sourire…, venait de lui demander l'homme, avec un accent russe qui sonnait très fluide à ses oreilles.
Face à tout ce qui se passait, Billy ne pu que… Paniquer. L'homme le touchait comme un homme touchait une femme alors qu'il venait la draguer. Il était gay ? C'était peut-être ça… Et il avait parlé de tenter sa chance… Attends ! IL SE FAISAIT DRAGUER ?! Lui ?! Billy Mayeux ? L'homme le moins attirant du Club ? Apparemment.
- Eh bien ? Je t'ai fait perdre ta langue ? Pourtant, ta voix est si mignonne. Tu n'as pas à avoir peur, je ne vais pas te manger. Moi, c'est Nikolaï, enchanté.
Ah oui, oui, oui. Il se faisait bien draguer. Ce Nikolaï fini par le lâcher, se rendant sûrement compte que Billy n'était pas du tout à l'aise. Malheureusement, il ne put pas répondre plus. Enfin, il essaya, pour se défaire de cette situation gênante.
- Je… Je vais aux… Toilettes… J'reviens…
Sans autre mot, il se glissa hors de la banquette et alla directement vers le bar. Les toilettes étant bien évidemment, à l'opposé. Il passa d'un coup derrière le bar, sans permission et se baissa pour se cacher. Les mains sur sa tête. Voyant ça, Hiacynthe alla le voir, pour se baisser à son tour.
- Hey ? Qu'est-ce qui se passe Billy ? Quelqu'un t'emmerdes ?
- Oui… Euh… Non… Je ne sais pas… Tu vois le mec avec toutes les nanas à sa table ?…
- Oui ? Il vient presque tous les soirs, pourquoi ?
- Il… Il est venu me parler… Et… Je crois qu'il me draguait !… Mais… Je suis pas homo' !…, à ses mots, Billy se mit à rougir violemment en gémissant, car il revoyait la scène et sentait encore la sensation des doigts sur son menton… Et ses yeux gris… Il ne pourrait pas les effacer de sa mémoire de ci-tôt.
Il savait que c'était flatteur de se faire draguer. Mais il avait toujours était le looser de première, le mec qu'on tabasse ou qu'on harcèle. Alors qu'un type comme ça, aussi bien foutu pour son âge vienne lui faire du rentre-dedans… Il n'arrivait vraiment pas à s'y faire.
- D'accord. Je vois. Tu sais, ça arrive, dans les Clubs BDSM et échangistes, c'est normal. Il n'allait pas t'en vouloir de lui dire que tu n'es pas du même bord que lui, ça arrive de se tromper. Et puis, vu le nombre de filles autour de lui, il a l'air plutôt bi' ou pan' que gay… Aller, calme-toi, je t'appelle un taxi et tu rentres. Tu prends une douche et tu dors. Faut pas t'en faire pour ça. Si tu veux, je pourrais aller lui parler.
- O… Oui… S'il te plaît…
Avec un sourire compatissant, elle se releva pour lui appeler son taxi. Il se leva pour s'en aller. Heureusement, l'homme ne semblait en aucun cas le suivre. Voir qu'il s'était réfugié près d'un membre du staff du Club avait dû le refroidir car il voyait qu'il était revenu à sa table. Les filles toutes excitées qu'il soit revenu s'asseoir avec elles.
Pour le coup, sa sortie n'avait pas eu l'effet qu'il escomptait… Comme prévu, il prit une douche, une très longue douche, pour finir par s'endormir. Ne se doutant pas que ses rêves allaient être peuplés du visage de ce mystérieux Nikolaï.
C'est drôle qu'il se fasse dragué, car je l'imagine moitié en clodos en faite. ça serait quand même bien qu'il trouve une personne qui prend soin de lui et pas qu'en amitier.