Épisode 12, partie 3 : Hiacynthe

Par Reiko

Hiacynthe était habillée d'une belle tenue qu'Elliot avait confectionnée pour elle. Une veste en vinyle noir avec des impressions de fleurs sur les manches, avec un pantalon en cuir. Comme ça, elle avait chaud, mais il fallait faire le spectacle devant tous ses visiteurs après tout. Et puis… Il fallait qu'elle plaise à quelqu'un d'autre aussi. Charlotte, qui était actuellement sa partenaire pour l'un des nombreux ateliers de shibari qu'elle était en train de donner.

La rouquine étant dans une position des plus inappropriées, pourtant, elle aimait ça, et ne se plaignait pas le moins du monde. Étrange pour une fille se disant de base dominante. Sans doute avait-elle accepté pour passer du temps avec elle. C'était des plus compréhensifs. Car bien qu'elle ne travaillait pas aujourd'hui, tout comme Nathaniel au cabinet, elle devait cependant venir en aide à Billy pour gérer les petits problèmes qui pouvaient survenir pendant les trois jours de salon. Le blond cendré lui ayant donné un jour de congés pour qu'elle puisse elle aussi profiter de l'évènement.
- Humm… gémit-elle.
- Trop serré ? demanda la barmaid, soudainement inquiète.
- Non, non, pas le moins du monde. Juste…
- Tu crois que tu aimes ça ? gloussa Hiacynthe face à la figure rouge pivoine de l'avocate.

Finalement, elle laissa Charlotte dans sa position, après avoir bien vérifié les liens pour ne pas lui couper la circulation. Se rendant près de chaque binômes pour contrôler l'avancement de chacun et leur expliquer leur erreur. L'atelier avait énormément de succès, il fallait bien le dire. Il attirait autant de curieux pour obtenir un cours que de simples spectateurs. D'ailleurs, un groupe s'approcha d'elle, pour poser des questions.
- Excusez-moi, pouvons-nous nous approcher ? Même si vous êtes en pleine initiation ?
- Oui, bien sûr, mais seulement autour de la rouquine au fond. Ne dérangez pas les autres. Si vous avez des questions, vous pouvez les lui poser. Il y a aussi des prospectus près d'elle.

Hiacynthe se sentait un peu coupable de se servir de Charlotte comme un panneau publicitaire, mais elle n'avait pas vraiment le choix vu le nombre de personnes qui s'attroupait autour de l'atelier. Elle avait même dû rajouter des ateliers. Pas forcément par contrainte. C'était aussi utile à Billy qu'à elle-même qui pourrait se faire un carnet d'adresse avec de potentiels nouveaux clients. En plus, l'avocate ne semblait pas rechigner le moins du monde. Pourtant, elle n'avait pas sa langue dans sa poche habituellement. Faisait-elle un effort pour elle ? Sans aucun doute. Il faudrait qu'elle l'a remercit prochainement.

Revenant enfin vers elle, ce qui écarta les badauds, elle lui frôla avec délicatesse le dos, ce qui la fit se cambrer délicieusement, ainsi que crisser les cordes. Le bruit que la barmaid aimait le plus.
- Ton atelier est bientôt terminé ? J'aimerais beaucoup t'amener dans un recoin sombre pour te tripoter… susurra Charlotte alors que l'oreille de la brune n'était pas loin de sa bouche.

Quelle coquine. Toujours l'esprit mal placé celle-là.
- Oui, normalement, je devrais pouvoir le stopper maintenant, mais il va falloir m'aider à ranger d'abord.
- Humm… Si tu veux… se tortilla la rouquine, coincée dans les cordages.
- Si tu continues à te tortiller comme un poisson hors de l'eau, je vais te punir Charlotte…

L'avocate s'arrêta immédiatement, considérant Hiacynthe avec un regard particulier. De l'étonnement ? Elle ne serait dire.
- Hiacynthe ? Tu es switch ?…
- Euh… Oui, pourquoi ? Je ne te l'avais pas dit ?
- Non.
- J'espère que ce n'est pas un problème… fini par demander la barmaid avec un regard soudainement triste. Ce qui fit rougir la saucissonné sans réponse.

Elle la comprenait, après tout, quand on était dominant, se laisser dominer était quelque chose de dur à accepter. Alors elle fini par la détacher pour aller voir les autres et décréter la fin de la session. Leur disant qu'il y en aurait une autre dans la journée, mais qu'ils devaient laisser la place à d'autres. Leur distribuant des prospectus avec son mail professionnel pour l'organisation d'autres ateliers hors convention. Aidant ensuite certains à détacher leur partenaire, quand Charlotte revint à la charge, l'aidant à démêler et ranger les cordes.
- Ton prochain atelier est dans combien de temps ?
- Deux heures bien tassées, pourquoi ? Tu voudrais faire quoi à part me traîner dans un coin sombre ? la questionna-t-elle avec un ton des plus aguichant.
- Pourquoi pas profiter de la convention ensemble ? J'aimerais notamment passer par les stands de maisons d'éditions.

Hiacynthe releva un sourcil, ne s'attendant pas à une telle demande.
- Tu lis ce genre de truc, toi ?
- Ouais… No comment ! J'avais commençé avec les romans de Léo, il fait une dédicace en plus. Et en fait, je me suis rendu compte que j'aimais bien ce style de romance… le ton de Charlotte semblait soudainement un peu déprimé.

L'indienne comprit soudainement pourquoi cet attrait étrange. Dans les romances érotiques que l'avocate lisait, elle trouvait un certain réconfort, se projetant dedans, comme si c'était elle qui avait une relation sentimentale et de domination avec quelqu'un. Elle avait longtemps cherché quelqu'un. Avec elle, la barmaid espérait que la rouquine serait pleinement heureuse. Pourtant, elles n'avaient pas encore sauté le pas de le faire. Mais elle comptait bien la combler. Sauf qu'un seul problème se posait devant elle tel un mur infranchissable.

Hiacynthe avait un gros problème d'anorexie. Elle mangeait peu et cela se voyait sur son corps. Le détestant de surcroît. Finalement, elle vint prendre Charlotte dans ses bras. Celle-ci passant ses bras autours de sa taille. S'embrassant avec douceur, se fichant que des gens les regarde.
- Bon, attends-moi, je vais enfiler quelque chose de moins collant. Je dégouline, c'est affreux.
- Abomi-freux. D'accord, je t'attends.

Elle gloussa à la réplique de la fille qui faisait battre son coeur pour se diriger vers la cabine d'essayage juste derrière, dans les coulisses. Malheureusement, tout ne se passa pas comme elle l'aurait voulu. Alors qu'elle retirait sa veste, complètement nue en dessous, dévoilant son corps hâlé d'une maigreur inhabituelle, Charlotte fit son apparition. Sûrement voulait-elle voir Hiacynthe nue pour la tripoter à l'abri des regards. Normalement, la barmaid se serait laissé faire, mais là… Non, elle n'était pas prête à dévoiler son corps devant elle. La peur du jugement était vraiment présent dans son esprit. Elle referma sa veste violemment, ce qui arrêta l'avocate dans son mouvement.
- Je suis désolé si je t'ai fait peur, mais je voulais te faire une surprise, se défendit-elle, les sourcils froncés, semblant se poser des questions sur le comportement de la professeur de shibari.
- Non, pardon, mais il fait un peu trop froid, laisse-moi me changer, j'arrive.

Sortant de la cabine, pour la laisser seule, Hiacynthe tenta de se calmer. Elle ne pourrait pas cacher éternellement son problème à Charlotte, surtout si elle l'invite à manger chez elle puis à passer la soirée. Et que ce passerait-il quand elles voudraient coucher ensemble ?… Cette crainte était en train de germer dans son esprit. Et si à cause de son apparence, de son problème, Charlotte ne voulait plus d'elle ?

Une partie d'elle-même la frappa mentalement, lui répétant que ce n'était pas vrai. Que Charlotte n'était pas du genre à faire un truc pareil. Mais la peur était toujours présente, dans un coin de sa tête. Finalement, elle respira profondément plusieurs fois pour se calmer. Reprenant contenance, elle sortie de la cabine, portant un pull noir large et un pantalon cargo. C'était son style, elle adorait ça. Elle aimait aussi porter des t-shirts moulants quand elle était au travail, son tablier de barmaid cachant sa taille trop fine.

Voyant la mine triste d'avoir était coupé dans son élan de Charlotte, elle lui prit la main, pour l'emmener hors de son espace de formation pour l'amener directement au coin de la littérature érotique. Juste au moment où Léo venait de s'asseoir derrière une table pour ses dédicaces. Elle pouvait alors voir cette fois, laissant place à la déception, une grande envie dans les yeux de sa belle. Gloussant, elle s'approcha du stand en faisant un petit signe de la main au sociologue.
- Dis-moi, quel est ton préféré Charlotte ?
- « Je ne serais plus tienne », pourquoi ? répondit-elle au tac au tac.

C'est alors qu'elle sorti un billet de sa poche pour acheter un exemplaire dédicacé par leur ami. L'offrant à l'avocate, qui rougit comme une gamine pendant son premier rendez-vous galant.
- Mais… Je l'ai déjà, tu sais ?
- Oui, mais celui-ci, c'est moi qui te l'ai offert.

Charlotte rougit encore une fois, venant embrasser passionnément la barmaid. Léo ne put que sourire face à cela.
- Et si on allait s'asseoir dans un coin ? lui demanda Hiacynthe.

Il était vrai qu'elle avait besoin de se reposer, rester debout et faire le professeur tout en maniant des noeuds était éprouvant. Serrer et desserrer était une activité des plus physiques. Elles choisirent alors un stand avec des tables, d'un café qui s'était improvisé petite librairie. Enfin, le terme café-librairie était assez mal choisi vu qu'ici, on n'achetait pas les livres. Il s'agissait seulement de consulter les livres disponibles sur les stands de maisons d'éditions pour se décider tranquillement à aller les acheter ensuite. C'était donc plus une sorte de bar à livres, même s'il n'y avait pas d'alcool de servi.
- On se prend quelque chose à grignoter ? demanda Charlotte, avec une envie certaine.
- Oui, c'est assez crevant de t'attacher, tu n'arrêtais pas de gémir.
- Hey ! C'est pas du jeu ! Toi aussi tu ferais pareil.
- En effet…

Explosant de rire, elles commandèrent puis s'assirent tranquillement. Charlotte, finissant par à nouveau prendre la parole. Une vraie pipelette.
- Tu es sûr que ça va te suffire ? Tu n'as pris qu'une petite part de brownie et un verre de jus d'orange ?

En effet, Hiacynthe ne prenait pas beaucoup à manger, même si sa commande semblait énorme pour elle. La part de brownie étant deux fois plus grande que ce qu'elle mangeait d'habitude et le verre de jus… Elle pourrait le bois au complet, il le faillait car avec cette chaleur, elle avait besoin de sucre pour ne pas faire un malaise vagal.
- Oui, t'en fais pas. Mais tu sais, on dirait vraiment que j'ai une enfant devant moi, vu ta commande, donc ne t'inquiète pas tant.

Elle avait à nouveau rit car Charlotte s'était prit un muffin ainsi qu'un donut et un grand verre de chocolat frappé avec de la chantilly. Habituellement, elle voyait une Charlotte qui était un peu plus réservée sur la nourriture en tout les cas. Peut-être qu'aujourd'hui, elle voulait se permettre un écart en profitant de sa journée avec Hiacynthe ? Oui, il fallait que ce soit ça. Espérant que la rouquine n'était pas une addict au sucre comme certains. Mais vu son physique, ça devait être ça. La rouquine étant vraiment svelte et athlétique.

Une fois leur casse-croûte terminé, elles s'éloignèrent de ce petit café, pour faire le tour des stands. Charlotte semblait être addict à autre chose qu'au sucre, au papier. Aux livres. Au moins, quand elle aurait envie de lui faire un cadeau, elle savait quoi prendre. Entre les accessoires pour les séances et les livres. C'était facile.
- On va voir le défiler d'Elliot ? Il ne va pas tarder ! lui demanda-t-elle, alors que des mannequins se baladaient entre les allées avec de grandes flèches en mousse de couleur flashy, pour attirer l'attention des visiteurs vers la scène principale.
- Oui, bien sûr Hiacynthe. Allons-y ! J'ai hâte de voir ce qu'il va présenter.

Pour éviter de s'encombrer, elles laissèrent la poche énorme pleine de livres derrière le stand de la maison d'édition de Léo. Se rendant d'ailleurs avec lui vers la scène pour le défilé. Tous avaient l'air impatient de voir le travail du styliste, qui tout le monde le savait avait travaillé d'arrache-pied pour être prêt à temps. Ne voulant pas montrer des modèles déjà existant et connu.

Pendant celui-ci, alors que la lumière se tamisait doucement pour mettre dans l'ambiance, Hiacynthe, malgré son angoisse envers son corps, passa son bras sur les épaules de Charlotte pour la prendre contre elle. Celle-ci, pour toute réponse, s'y blotti sans la moindre question. 

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