Une semaine plus tard, nous retrouvons le styliste et l’avocate de notre bande à Picsou. Charlotte ayant contacté le brun avec une petite voix à l’autre bout du fil. Sur le moment, celui-ci ne pensait pas qu’elle l’avait appelé pour un évènement particulier. Il lui arrivait de passer un petit coup de téléphone pour donner des nouvelles, ou simplement, emmerder le créateur. C’était une des grande occupation de Charlotte. Faire tourner en bourrique Absynthe et Elliot. Il déchanta rapidement quand il se rendit compte que Charlotte n’allait pas bien.
Chose rare chez la demoiselle, qui embrassait la vie à tout instant. Peu de gens de la bande l’avait vu dans des états dépressifs ou de tristesse. Car elle souriait et riait sans cesse. S’amusant de la fugacité de l’être humain. Son credo étant le même que celui de Buffy Summers, l’héroïne de la série éponyme à succès. « Profite de ta vie, car demain, tu seras peut-être mort ».
Aujourd’hui, c’est sur une rousse à la tête basse, fixant son verre d’alcool qu’Elliot aperçu dans la vitrine du petit bar de quartier dans lequel la jeune femme lui avait donné rendez-vous. Hors de question de se rejoindre au Club, ou la gérante pouvait les surprendre, s’incruster et donner son avis sans y avoir été invité. Voilà généralement les sujets de discorde entre elle et Charlotte. Les problèmes relationnels au niveau sentimental et intime de l’avocate.
Charlotte n’avait aucune affinité avec les filles qui l’entouraient au Club, alors elle passait bien plus de temps avec Léo et Elliot et ce soir, c’était tombé sur Elliot. Après tout, c’était celui qui avait le plus de temps libre par rapport au professeur de sociologie et écrivain. Bien qu’il était adorable et très à l’écoute, elle se confiait beaucoup plus au fana’ de latex.
- Hey, qu’est-ce qui arrive à ma rousse préférée pour qu’elle me donne rendez-vous ailleurs qu’au Club ?, venait de dire Elliot pour annoncer la couleur dès son arrivée.
La rousse grogna doucement de mécontentement alors que l’homme venait de passer sa main sur son crâne pour ébouriffer ses longs cheveux bouclés. Se recoiffant simplement en bougeant rapidement la tête de droite à gauche, comme un chien le ferait pour se sécher les poils. Rajustant ses lunettes de soleil sur son nez, elle fit tourner plusieurs fois sa petite paille dans son verre de Père Labat.
- C’est ma nouvelle soumise…
- Ah. J’aurais dû m’en douter, je ne sais pas pourquoi, hein. Un petit rire accentua sa tirade, comme quoi, ce sujet de discussion était presque… Hebdomadaire entre eux.
Comprenant alors tout de suite pourquoi elle n’avait pas voulu le voir au Crimson. Encore une intervention d’Absynthe par rapport à tout ça et Charlotte exploserait sûrement dans les doigts d’Elliot. Elle pouvait encaisser pas mal de choses, mais la dureté de la patronne envers la rousse pouvait véritablement passer pour de l’acharnement. À se demander si justement, Absynthe n’avait pas quelque chose contre Charlotte. Elle ne l’aimait pas ? Si, mais elle l’exaspérait quand même pas mal, ce qui pouvait expliquer son comportement envers elle. Surtout que Charlotte était tout aussi tête brûlée que son amie, propriétaire du Club.
- Aller, raconte-moi tout.
- Elle…
Sur le coup, Charlotte n’arriva pas à dire un mot de plus. Bloquant, en continuant à fixer son verre. Depuis l’arrivée d’Elliot, elle ne lui avait ni fait la bise, ni même adressé un seul petit regard. Comme si regarder fixement son verre allait l’aider à tenir nerveusement. Ce qui était complètement faux. Elle qui ne se cantonnait généralement qu’à des raisonnements scientifiques… Quand elle se retrouvait dans ce genre de situation, elle semblait perdre tout ses moyens, pour devenir une femme faible, comme elle aimait le dire. Car elle n’arrivait plus à se battre pour survivre. Réprimant un sanglot, elle réuni ses cheveux pour les mettre sur son épaule droite, histoire que le brun ait une vision de son visage triste.
- Elle a changé de travail…
- Pardon ?… Comment ça ?
Le visage de l’homme avait un peu blêmi, ne s’attendant absolument pas à cette nouvelle. Mais il ne l’a comprenait pas pour autant. Comment ça sa soumise avait quitté son travail ? Il était au courant que Charlotte l’avait rencontré à son cabinet d’avocats, le premier jour de son embauche. Mais ne connaissait pas tous les détails de la relation.
- Elle a quitté le cabinet… Sans me donner d’explications… Le patron m’a dit que c’était parce qu’apparemment on lui avait proposé un autre poste plus avantageux dans un autre cabinet de la ville.
- Donc elle ne t’avait même pas prévenu ? Je croyais que vous sortiez ensemble.
- Oui… C’est ça le pire… Je t’avais dit qu’elle était distante au début, mais là… C’est encore pire… Elle me dit qu’on sort encore ensemble, mais on ne se voit plus du tout, et quand elle répond à mes SMS c’est par des « oui », « non » ou des phrases plates du même genre, complètement impersonnelles. Je comprends plus rien…
Le brun n’ajouta rien. Que pouvait-il répondre à cela après tout ? Il voyait parfaitement ce qui clochait, mais ne pouvait pas se permettre de le dire comme ça à Charlotte. En réalité, la jeune femme était fragile intérieurement et il ne voulait pas lui faire plus de mal. Qu’est-ce que vous diriez, vous, si on vous disait que c’était trop tôt pour l’amener dans des commerces de sexe ou de BDSM alors qu’elles sortaient ensemble, que ce n’était pas qu’un contrat de soumission ? Comme toujours, la rouquine allait bien trop vite dans ses relations. Pourtant, Elliot voyait bien que son amie faisait beaucoup d’efforts pour ne pas trop se précipiter. Mais c’était encore une fois un peu raté apparemment.