'C'est une idée comme ça. N'en tiens pas compte si tu n'en a pas envie. Mais… Et si on se rencontrait, pour de bon ? Autour d'un verre ?'
C'était le SMS que ce Nathaniel avait envoyé à Equinoxe il y a environ quatre jours. Un SMS qu'elle n'arrêtait pas de relire depuis, en rougissant à chaque fois. Ne comprenant pas pourquoi elle rougissait ainsi d'ailleurs. Elle ne connaissait cet homme ni d'Eve, ni d'Adam, pourquoi il la faisait rougir ? En un sens, on pouvait dire que notre tatoueuse préférée était similaire à Charlotte.
Charlotte allait trop vite dans ses relations. Quand à Equinoxe, elle tombée amoureuse extrêmement rapidement. Caractéristique qui pouvait devenir problématique. Était-elle en train de tomber amoureuse d'un homme simplement grâce à des échanges écrits ?
En y pensant sérieusement, oui, c'était tout à fait possible.
C'était bien le genre d'Equinoxe, de tomber amoureuse de la façon d'être ou de parler de quelqu'un avant de le connaître véritablement.
Pourtant, elle n'avait toujours pas répondu à Nathaniel. Pendant les quatre longues journées qui passèrent, pas un seul autre message du bel inconnu. Ce qui était étrange, il fallait l'avouer. Peut-être s'était-il résigné, vu que la jeune femme au bout du fil ne lui avait toujours pas répondu ? Ou alors, comme il avait dit qu'il était avocat, il était peut-être trop occupé pour relancer la conversation. Equinoxe n'avait pas encore franchit le pas de l'appel, même si elle en mourait d'envie. D'entendre la voix de l'homme avec qui elle échangeait depuis si longtemps. Y aller progressivement, pour ne pas être déçu.
Nous étions un samedi matin, un samedi matin un peu froid, comme on pouvait en avoir à Bordeaux. La soumise se dirigeant d'un pas décidé vers son shop. Celui-ci n'ouvrait jamais le samedi, habituellement, vu que ce jour-là, elle était au fond de son lit à récupérer de sa soirée du vendredi avec la bande. Comme elle n'y allait plus, ses débuts de week-ends devenaient désespérément vide. Alors elle avait fini par y caser certaines grosses pièces qui lui tenait à coeur pour se faire plaisir. Sur le chemin, elle relisait ce SMS, se mordant la lèvre inférieure en pensant ce à quoi Dr.Nath pouvait ressembler. Il ne lui en fallu pas plus pour se dire que finalement, entendre sa voix l'aiderait grandement à le reconnaître le soir de cette fameuse rencontre.
Une fois bien au chaud, à l'abri des regards derrière les portes closes de son établissement, elle appuya sur le bouton vert d'appel pour contacter Nathaniel. L'attente ne fut pas longue, puisqu'au bout de deux sonneries, il décrocha.
- Equinoxe ? Quelque chose ne va pas ?, venait-il de demander, à l'autre bout du téléphone.
Ce fut un bluescreen instantané pour la demoiselle. Nathaniel, qu'elle ne connaissait aucunement, venait de répondre et de lui demander, le plus naturellement du monde, si quelque chose n'allait pas. Comme si ils se connaissaient depuis toujours. Comme avec Absynthe ou Elliot. Mais ce qui l'a surprit encore plus… Le son de sa voix. Elle était suave, grave et sensuelle. Tout pour la faire chavirer. Le petit plus ? Tout comme avec les SMS, il semblait attendre sa réponse, calmement, sans rien dire. Ni énervement, ni affolement. Ce qui était rare avec les gens qu'elle connaissait.
- Salut ! Non ! Non… Tout va bien. Je t'appelle juste… D'ailleurs… J'espère que je ne te dérange pas ?…, sa voix était minusculement timide. Se passant une mèche derrière l'oreille, elle attendait une réponse en se mordant la lèvre.
Dans sa tête, c'était le bordel, un véritable champ de bataille, sans les militaires bien entendu, mais avec les explosions. N'arrêtant pas de se demander si elle avait fait le bon choix que de l'appeler un samedi matin. Peut-être décompressait-il de sa semaine. Peut-être même qu'elle le dérangeait, mais qu'il avait répondu par pure politesse.
- Non, tu ne me dérange pas. J'attendais un signe de toi. Avec impatience., la fin de sa phrase s'accentua d'un petit rire discret et contenu.
C'était complètement fou. Cet homme, rien qu'avec sa voix, lui donnait des bouffées de chaleurs et une sensation de bien-être intense. Sa voix… Sa voix était aussi calme et posée que de l'eau. Comme si rien ne pouvait le perturber. Tu m'étonnes qu'il parlait de lui en utilisant l'adjectif « Ténèbreux ».
- Oui, je suis désolée… C'était compliqué et…
- Je comprends, ne t'inquiète pas. Tu voulais me parler de quelque chose en particulier ?
- Oui… Oui !… Pardon… Euh… Je voulais… Répondre à ta demande de sortie… Je voulais te dire ça… De vive voix ?…
Non mais quelle idiote ! « Répondre à ta demande de sortie » ? On dirait une femme de Lord dans les années 1900 en Angleterre.
- C'est très aimable de ta part.
Ahhhhh ! Il était juste adorable ! Absolument rien dans sa voix ne laissait entendre qu'il était énervé ou amusé que la tatoueuse l'ai fait attendre aussi longtemps. Il répondait simplement, comme ça, comme si c'était une conversation qui venait tout juste d'être mise sur la table.
- Ou voudrais-tu que l'on se retrouve ?
En plus il lui laissait le choix de l'endroit ? Un véritable gentlemen ! Mais d'un autre côté, elle se demandait si ça ne cachait pas quelque chose. Pourquoi voulait-il qu'elle choisisse l'endroit ?… Il était si confiant qu'il se fichait d'être dans un lieu inconnu pour l'aborder ? Non, ça ne devait pas être ça. Elle se faisait des films, surtout que jusqu'à maintenant… Il ne lui avait toujours pas parlé de BDSM, ni même d'un possible contrat… Voulait-il en parler de vive voix ? Le stress était en train de monter en elle. Tellement fort qu'elle laissa un blanc.
- Equinoxe ? Tu es toujours là ? Si tu as peur, ne t'en fais pas. On se verra en tant que connaissances. Rien d'autre.
- Quoi ?… Vraiment ? Tu n'a rien derrière la tête ?
C'est à ce moment-là que la pression s'évacua de son cerveau violet, telle de la fumée sortant d'une cocotte minute, car le brun, enfin, possiblement brun, venait de rire. Amusé par la demande de notre jeune amie. Son rire était très doux. Rien dans sa façon de parler ne l'effrayait. Ce n'était pas comme avec son ex-fiancé… Lui, dès l'instant ou elle l'avait rencontré, sa façon d'être l'avait gêné. Pourtant, elle avait succombé à son charme. Encore aujourd'hui, elle se demandait ce qui avait pu lui plaire en cet homme des plus abjectes.
- Bien sur que non, sinon, je t'aurais déjà envoyé un message lourd du genre « Je cherche une soumise, tu me plais ».
- Mais… Tu en cherche une, non ?
- Oui et non. Je cherche sans forcer le destin. Je préfère me faire des connaissances, des amis, avant toute chose. C'est bien mieux de parler de BDSM avec des gens qui font partie de ce milieu que de se retrouver tout seul.
- En effet, tu as complètement raison…
Un éclair de génie lui traversa l'esprit. Il préférait se faire des connaissances dans le milieu ? Elle avait l'endroit parfait pour leur première rencontre. Enfin, si ça ne le dérangeait pas de ne pas se rendre dans un endroit neutre comme un café.
- Tu serais partant pour aller dans un club BDSM ?
- Pour cette rencontre ? Pourquoi pas. Mais pendant une soirée calme. Pour notre première rencontre.
- Oui, bien sûr !
Elle ne lui avait pas encore dit que c'était le club de son amie. Mais il devait sûrement s'en douter, vu que c'était le seul qu'elle fréquentée. Il fallait qu'elle aille sur le site internet pour consulter le planning des spectacles. Et surtout, ne pas lui donner rendez-vous un vendredi, sinon, ils allaient tomber sur toute la bande. Croiser Absynthe ne la dérangera pas, elle n'allait pas lui poser des questions directement. Par contre, Charlotte et Elliot, bien plus probable.
- Pas de souci, je regarde ça et je t'envoie le jour et les informations par SMS.
- Bien, j'attends ça avec impatience.
- Ah… Ah bon ?…
- Bien évidemment. Tu es quelqu'un d'intéressante, j'ai envie de te connaître un peu plus.
La jeune femme se surprit à rougir derrière son téléphone. Mais soudainement elle entendit quelqu'un toquer. Se retournant, elle vit son client de la journée. Que faisait-il ici ? Eberluée, elle releva les yeux pour comprendre qu'elle était au téléphone avec Nathaniel depuis plus de quarante minutes ! Ils s'étaient pourtant dit peu de choses. Simplement, elle avait mit beaucoup de blanc dans la conversation.
- Tout va bien ? Tu travailles aujourd'hui ?
- Euh… Oui ! Et mon client vient d'arriver… Je n'ai pas vu le temps passer, rien n'est prêt !
- Ne panique pas. Si tu l'a toute la journée, il peut attendre un peu. Je ne vais pas te retenir plus longtemps. Bonne journée, Equinoxe.
Nathaniel raccrocha juste après. Ses dernières phrases étaient douces et elle était certaine qu'il avait sourit en lui disant ça. Elle dû reprendre ses esprits pendant quelques longues minutes avant de pouvoir ouvrir à son client, qui patientait dans le froid, mais ne semblait pas contrarié pour autant. Tant mieux, cela voulait dire que sa journée allait bien se passer.
C'est la semaine d'après qu'Equinoxe avait donné rendez-vous à Nathaniel. Elle en avait mit du temps, mais il fallait bien s'ordonner avec l'emploi du temps des deux parties. Ce soir-là, il n'y avait pas de prestation trop bruyante, ça allait être calme. Elle avait mit un temps fou à décider quoi porter, pour être en accord avec l'esprit du lieu, sans forcément se rendre dans la boutique d'Elliot. La tatoueuse avait basiquement un style entre le gothique, le punk et le metalleux. Pour cette soirée, elle avait choisit une robe en dentelle, réhaussée d'une pointe de rouge à lèvre noire. Non, ce n'était pas un rencard, mais elle voulait faire bonne impression pour la première rencontre.
Une fois arrivée au Club, elle ne pouvait que se stopper net après avoir passé la porte. Absynthe était là, au bar, en train de discuter avec Hiacynthe. Il allait falloir qu'elle l'affronte… C'était l'heure de l'ouverture, la salle était donc vide. Cet horaire était idéal pour voir Nathaniel. C'est stressé et retenant sa respiration qu'elle s'avança pour aller s'asseoir à une petite table de deux sur les côtés, à l'abri des regards.
La gérante l'avait remarqué, elle se dirigeait maintenant vers elle, s'asseyant à la table.
- Salut, que fais tu ici ? Tout va bien ?
- O..oui. Il me faut encore un peu de temps, d'accord ?
- Bien sûr, mais… Tu as réfléchit pour la pyjama partie, dis-moi ?…
Equinoxe ouvrit des yeux surprit. Absynthe voulait vraiment dormir chez elle ? Ce n'était vraiment pas une blague, elle y tenait vraiment pour lui en reparler, surtout dans un moment pareil. Ce qui la fit un peu rougir de gêne. D'un autre côté, elles pourraient discuter à coeur ouvert. Elle pourrait vraiment lui dire ce qu'elle avait sur le coeur, en privé et sans prise de tête.
- D'accord, je te donnerais une date en rentrant ce soir.
- Cool. Et… Du coup, pourquoi es-tu venue, ce soir ?…
Le soumise pouvait voir à l'expression sur le visage de son amie qu'elle jouait sa curieuse. Elle n'était pas en colère contre elle, elle était triste, mais Absynthe était encore son amie et elle ne voulait pas perdre cette amitié qu'elle avait tissée. Alors pourquoi ne pas lui dire la vérité ? À vrai dire, ce genre de confidence lui manquait. La tatoueuse répondit à son sourire curieux par un sourire timide. Essayant de ne pas rougir, mais elle ne le pouvait pas. Se mettant une mèche derrière son oreille, comme prise sur le fait.
- J'ai un rendez-vous, ce soir…
Equinoxe pouvait voir l'étonnement dans le regard de la patronne. Cela faisait depuis sa rupture avec son fiancé qu'elle n'avait pas agit pour rencontrer quelqu'un ou de nouvelles personnes.
- Un rendez-vous ?… Avec un homme ? Waouh. Alors ça… Je ne m'y attendais pas.
- En fait, pas vraiment un rencard. C'est… Notre première rencontre. On veut simplement faire connaissance, mais pas forcément aboutir à quelque chose de sentimental, tu vois ?
- Oui… Mais ?
Le timbre de voix de la brune voulait tout dire, elle se doutait de quelque chose, elle connaissait trop bien son amie. Les deux femmes souriaient malicieusement, comme si elles conspiraient. C'est alors qu'un bel homme brun entra dans la salle, il était vraiment très séduisant. Des cheveux noir de jais… Et un regard mauve pénétrant. Étrangement, elle était sur que c'était lui. Il lui avait fait un signe de tête, l'ayant reconnu. C'était bien lui.
- Le voilà.
- Eh bah… C'est un apollon. Mais fais attention à toi, d'accord ? Je surveille de loin…
- Oui… D'accord, merci.
Elle était un peu gênée que Absynthe lui dise cela, mais d'un autre côté, ça l'a rassurait. Une fois Absynthe au bar, il vint s'asseoir près de la tatoueuse.