Une rouquine se faisait toute petite à l'entrée du Crimson Klub. Ce soir, Charlotte venait en scread. Enfin, plutôt en toute illégalité. Elle avait été black listée par la patronne il y avait tout juste une semaine pile. Malheureusement, l'avocate ne connaissait que cet endroit. Pas exactement, elle connaissait bien d'autres endroits plus variés pour aller boire un coup. Sauf qu'elle ne se sentait bien nulle part ailleurs. Le Crimson, c'était son fief. L'endroit qui la faisait se sentir en sécurité.
Faisant alors la queue comme les simples mortels, elle avait dû soudoyer le videur qu'elle connaissait très bien. Celui-ci était habituellement strict, mais il aimait beaucoup la bande d'amis d'Absynthe. Il avait fini par cédé quand elle lui avait demandé une dernière soirée. Et bien entendu, glissé un gros billet bien gras dans sa poche de costume.
Une fois à l'intérieur, elle se fit toute petite, n'étant pas habillé comme d'habitude. Ce soir, au lieu de laisser sa toison rousse lâchée, elle l'avait réuni en un chignon strict et serré, histoire d'être beaucoup moins repérable. Elle avait d'ailleurs gardé son vêtement de travail, un tailleur couleur chocolat qui l'a rendait assez sexy. Mais ce soir, c'était surtout une couleur pour passer inaperçu. Après tout, même si elle savait de source sûr que la responsable de tout cela n'était pas présente ce soir… On ne sait jamais. Elle pouvait très bien passer, ou alors, Charlotte se ferait reconnaître par des habitués qui auraient caftés directement à la patronne. C'était pire que le goulag quand Absynthe décidé de radier quelqu'un.
Regardant la salle, elle se demanda ou elle pouvait bien s'installer. Les petites tables doubles sur les côtés ? Cela pouvait être parfait pour se cacher, avec la lumière tamisée et les petites alcôves. Mais… Elle ne voulait pas se sentir trop seule non plus. Tournant son regard par habitude vers les grandes tables au milieu de la salle, celle qui était réservée par la bande était vide, mais… Celle un peu plus petite, juste à côté… Était occupée par Léo et Elliot. Merde !
Prise d'une panique grandissante, elle recula de quelques pas. Que faisaient-ils ici ? Un dimanche en plus ?! Sans doute avaient-ils eut la même idée qu'elle. Ne pas se faire interrompre par la brunette sadique. Mais même eux ne devait pas la voir. Après tout, avec Léo, ça pouvait bien passer, il n'était pas du genre à cafter, même à sa meilleure amie et dominante. Par contre, pour Luciole, c'était bien moins sûr Il était… Un peu comme Charlotte, une véritable commère quand on le lançait. Si Absynthe savait où appuyer en discutant, il allait tout déballer sans scrupule aucun. C'était d'ailleurs un aspect de sa personnalité qu'elle ne comprendrait jamais.
Tournant encore son regard vert pour analyser ses possibilités, elle tomba sur le bar, ou une belle jeune femme typée indienne travaillait. Quand celle-ci la vis, elle lui fit un signe de la main pour qu'elle l'a rejoigne. Sans hésiter un instant, la dominatrice se rua vers elle d'un pas pressé. S'asseyant alors avec lenteur au bar, l'observant. C'était Hiacynthe, une employée qu'elle avait déjà vue et qui connaissait la bande d'amis de sa patronne.
- Hey Charlotte, comment allez-vous ?, venait-elle de lui lâcher d'un naturel déroutant.
- Euh… Stressé ? Tu es au courant de la dernière lubie de ta chère patronne ?
La jeune femme aux yeux verrons était en train de préparer la boisson favorite de l'avocate, un rhum tout particulier servit dans un grand verre. Ce qui l'a fit étrangement rougir. Comment cette fille pouvait connaître sa boisson habituelle ? Elle chassa néanmoins assez vite cette question, car la réponse était devant elle. Elle était barmaid et retenait quand il s'agissait des habitués.
- Bien sûr que je suis au courant. J'étais là ce soir-là. J'ai tout entendu et puis… Pendant les réunions elle nous le répète sans cesse, de ne pas vous servir.
- Oh eh, tu veux pas arrêter de me vouvoyer ? On est pas en séance je te signal.
Charlotte prit le verre que la barmaid lui tendait, une main retenant sa tête toute molle de fatigue et de tristesse. Regardant et son verre, et la femme devant elle. Hiacynthe était très belle et dans le style de femme qui lui plaisait. NON ! Non… Il ne fallait pas qu'elle repense à cela. Elle venait à peine de se faire larguer. Soupirant, elle amena son verre à ses lèvres.
- Oui, c'est vrai que je pourrais te tutoyer, c'est encore une directive d'Absynthe aussi.
- Ah… Elle a combien de balais dans le cul d'après toi ?
- Je ne sais pas, mais en tout les cas, elle le cache bien je trouve, elle n'est pas tout le temps aussi sévère, tu sais Charlotte…
- Ouai, dis ça à mon cul. Elle s'en prend toujours à moi… D'ailleurs… Pourquoi tu ne me dénonce pas ? Tu as eu des directives, non ?
- C'est vrai, mais je t'aime bien. Et puis sans toi, cette petite bande d'habitués n'est plus vraiment la même tu comprends. Je me suis dit que je pouvais te faire cette faveur ce soir.
- Ohh, quelle gentille attention… Cela voudrait dire que je te devrait quelque chose en échange de ce geste ?
La rouquine venait de sourire sadiquement, retrouvant son caractère habituel, alors que Hiacynthe gloussa d'un ton chaud, ne pouvant s'empêcher de jeter des coups d’œil à sa cliente. Ce soir, il n'y avait pas grand monde, de ce fait, elle pouvait restait derrière son bar à faire absolument ce qu'elle voulait. Remarquant qu'elle avait passé un coup de chiffon presque toutes les minutes. Elle s'ennuyait tant que ça ?
- Le dimanche soir c'est pas trop la fête, je me trompe ?
- Non, absolument pas. C'est le soir le plus ennuyeux. Enfin, sauf dimanche dernier, j'ai sortie le pop-corn et tout !
Les deux femmes se mirent à rire, alors que la cliente lui fit un doigt d'honneur avec un sourire poli aux lèvres. Attrapant son verre, elle bu la fin de son contenu cul sec. Reposant le verre brutalement sur le bois, mais pas assez pour attirer l'attention car le bar était assez éloigné des tables près de la scène, vu qu'il était littéralement en face de la porte d'entrée.
- J'ai une idée ! Et si on jouait au jeu des questions pour s'occuper ? Tout en buvant des coups, enfin, raisonnablement pour toi, bien entendu. Qu'en penses-tu ?
Hiacynthe avait arrêté ce qu'elle faisait, portant sa main fine couleur caramel à son menton pour réfléchir, regardant intensément Charlotte de ses yeux double couleur vert et bleu. Elle avait une coupe courte à la garçonne et portait de large et fines dorées qui apportait du soleil sur sa peau avec les reflets de la lumière intérieure.
- Banco ! Je me fais vraiment chier j'avoue et puis, j'ai très envie de vous connaître, enfin… En particulier toi.
À cette répartie, la dominatrice ne pu s'empêcher de rougir un peu, cachant sa mâchoire avec la main qui maintenait sa tête. Qu'était-il en train de se passer ? Est-ce que ce moment triste de race se transformait en une sorte de date avec de la semi-drague ? Il fallait qu'elle fasse attention, qu'elle observe bien ce qu'il allait se passer, qu'elle contrôle ses paroles, pour ne pas qu'elle se fasse de fausses idées. Car elle était clairement capable de crusher sur la personne de Hiacynthe. Mais aussi… Elle ne voulait pas lui faire peur. Paraître… Insistante, ou quoi que ce soit d'autre. Elle avait vraiment envie de se surpasser pour sa prochaine relation. Surtout que basiquement, ce soir, elle ne cherchait rien de tout cela. Si c'était bien ce qui était en train d'arriver, elle ne l'avait pas provoqué exprès, comme quand elle entrait dans un certain bar lesbien pour draguer sévère.
- Ah… Ah oui ?… Moi ? Pourquoi moi… En particulier ?, bégaya la pauvre rouquine en mal d'amour.
Si elle n'était pas assise sur un haut tabouret, elle aurait sûrement fait un pas en arrière. C'était une situation inhabituelle. Normalement, c'était elle qui faisait directement du rentre dedans, pas le contraire. Mais peut-être que c'était ça qu'il fallait qu'elle fasse ? Arrêter de faire du rentre-dedans ? Attendre que les autres aille vers elle. Donc être moins insistante et juste se comportait comme une amie, voire montrer quelle crushait. Mais c'est tout. C'était en effet, peut-être pour ça qu'aucune de ses relations ne marchait, car elle menait tout ça à la baguette. Il fallait quelle échange les rôles. Et avec Hiacynthe, c'est ce qu'elle allait faire. Enfin, essayer de faire. Pas sûr qu'elle n'y arrive bien longtemps. Sauf si elle l'attachait et la baîllonnait pour le coup…
- Oui, toi, parce que tu as l'air vraiment intéressante et j'adore ta façon de déconner avec tes amis. Les punchlines que tu sors sont presque historiques !, un rire s'échappa de la gorge de la barmaid, un rire amusé et sincère.
Cette détente qui s'installait entre elles faisait de plus en plus de bien à Charlotte, qui oubliait ses problèmes pour passer une très bonne soirée. Au moins, elle n'aura pas à se mettre une race comme la dernière fois avec Léo, ici, elle voulait écouter Hiacynthe, ne pas monopoliser l'attention.
- En tout les cas, je trouve injuste le comportement de la patronne. Dans une bande d'amis, ça arrive que quelqu'un enchaîne les peines de cœur. C'est un peu mon cas, si tu veux tout savoir. Enfin, même si ça fait bien un an que je suis une célibataire endurcie !, à ses mots, elle avait gonflé son muscle de bras droit, comme les culturistes, avec un sourire fier, un peu trop exagéré. Ce qui les fit rire encore.
L'avocate se sentait bien avec la brunette, elles avaient l'air d'avoir le même sens de l'humour. Et pour le coup, elle aussi avait envie de la connaître, vu qu'en plus, elle ne connaissait rien d'elle, comme c'était la barmaid, elle n'étalait pas sa vie sur un plateau. Alors qu'au contraire, Hiacynthe connaissait beaucoup de choses sur Charlotte, car elle écoutait en passant près de la table de la bande et qu'ici, un peu près tout ce qui concernait la bande de la dominatrice était connu de tout les employés.
Charlotte ne pu que rager intérieurement, cette femme était bien trop intéressante et mystérieuse, elle avait envie de la connaître ! Malheureusement, elle venait de se promettre d'inverser les rôles, de mettre à l'envers son cerveau pour ne pas raisonner comme elle en avait l'habitude. Donc, elle ne devait pas demander un rendez-vous avec elle. Ne devant pas non plus lui demander son numéro. Mais ahhhh ! C'était trop dur pour elle. Il ne fallait pas qu'elle reste là. Il fallait qu'elle parte, sinon, elle allait déraper. Prenant son verre, elle le bu cul-sec.
- Bon… Je pense que je vais y aller… Si je reste trop longtemps, tout le monde autour vont finir par cafter à Absynthe et je vais passer un sale quart d'heure… Je ne veux pas vous attirer des ennuis en plus…
Elle allait se lever, après avoir déposer l'argent sur le comptoir, sauf qu'on l'a retint par le poignet.
- Non, attends ! Reste, tu peux rester, personne ne te dénoncera. Promis. Surtout sur Brandon t'a laissé passé la porte. C'est le vigile le plus strict et respectueux des règles. Aller… Reste jusqu'à la fermeture, s'il te plaît Charlotte !
La demande de Hiacynthe était si mignonne, si belle, que le cœur de l'avocate tremblait d'une émotion forte. Elle avait envie de pleurer, là tout de suite. C'était si dur, mais… Un éclair de génie lui vint. Pourquoi ne pas essayer de lui demander son numéro… En blaguant ? Vu que c'était son habitude ? Peut-être que ça pourrait passer…
- Hum… D'accord, si tu bois un shot avec moi et que… Tu me donne ton numéro ?, l'expression de la rouquine était entre le mielleux et l'inquiétude, car elle ne savait pas comment la femme en face d'elle allait le prendre.
- Okay ! Si tu me laisse choisir le shot !, un même sourire mielleux apparut sur le visage de la barmaid.
Merde alors, elle lui ressemblait. Elles avaient vraiment l'air de s'entendre. À ses mots, elle se rassit, alors que Hiacynthe attrapa une serviette en papier pour noter instantanément son numéro de portable. Pour la plus grande joie intérieure de Charlotte, qui explosait littéralement comme un feu d'artifice.