Espoir
« Quelle odeur délicieuse » pensais-je alors que je marchais dans cette allée. Le bouquet à la main, je passais plus de temps à admirer les belles pétales qu'à regarder devant moi. Rien ne pouvait ternir ma bonne humeur. Pas même ces effluves de médicaments tentant de masquer l'odeur des orchidées lorsque je pénétrais dans le bâtiment. Inutile de demander à la secrétaire, je sais déjà dans quelle chambre il se trouve. 307b. 3ème étage, la chambre au bout du couloir à gauche, la porte mauve. Un sourire ne quittait pas mes lèvres, et je ne cherchais pas à l'en déloger. « Il est presque guéri » m'avait-on assuré la fois précédente. La fin était si proche à présent, nous allions pouvoir retrouver notre vie d'avant. L'excitation galvanisait mes membres et je retins un frisson. Une bouffée d'espoir avait empli mon cœur quand cet infirmier m'avait annoncé la nouvelle. Ce fut le pas léger que je franchis les derniers mètres me séparant de lui. J'abaissai vivement la poignée de la porte et m'élançai dans la chambre pour le serrer dans mes bras.
Vide.
Cette chambre était vide. Je restais quelques instants immobile, attendant que l'information parvienne à mon cerveau. Il n'était pas là. Pourquoi ? Il devrait l'être. C'était impossible qu'il soit parti sans me le dire. Il m'aime. Et quand on aime, on prévient, n'est-ce pas ? Surtout quand la chose à dire est aussi importante que le fait de quitter l'hôpital après des mois passés entre la vie et la mort. Plus proche de la mort à certains moments, d'ailleurs. Alors que s'était-il passé ? Son départ avait-il quelque chose... d'involontaire ? Réfléchissons. Avait-il été transféré dans un autre centre hospitalier ? Impossible également, il auraient appelé à la seconde où la décision aurait été prise. De plus, il n'y avait absolument aucun intérêt à effectuer ces démarches maintenant. Tandis que je regardais le lit impeccablement fait, ma respiration devint plus rapide, saccadée. Presque sifflante. Car une solution pernicieuse et détestable s'insinuait dans mon esprit sans que je ne parvienne à la repousser.
Non, me disais-je. Si l'impensable était arrivé, je l'aurais su. Je ne serais pas entré dans cette chambre vide sans le savoir, n'est-ce pas ? N'est-ce pas ? Quelqu'un me l'aurait dit. La secrétaire au rez-de-chaussée, par exemple. Mon cœur se glaça en se souvenant que je ne l'avais pas saluée en passant. Perdue dans ses papiers, peut-être ne m'avait-elle même pas vu arriver. Et si elle attendait ma venue pour m'annoncer la nouvelle, sachant que je lui rends chaque jour visite à le même heure ? Mes mains tremblaient tellement qu'une poignée de pétales s'étaient détachées pour tomber sur le sol. Peu importe les pétales. A cet instant, je voulais les écraser pour qu'elles redeviennent poussière. L'ensemble de mon corps était à présent secoué de violents frissons. Je sentis des larmes poindre aux coins de mes yeux et luttais pour les retenir : les laisser couler paraissait signifier la défaite. Accepter qu'est arrivé le pire.
Une main se posa lentement sur mon épaule. Une seconde plus tard, des torrents maculaient mon visage. Ce geste était si doux, il n'augurait forcément rien de bon. L'infirmier voulait me faire comprendre qu'il compatissait et qu'il était désolé avant même de m'annoncer la nouvelle. Sans vraiment le vouloir, je tournais la tête vers le membre étranger. Cette main était si belle, si noire. Elle était pourvue de longs doigts fins que j'imaginais légèrement rugueux. Pas beaucoup, juste assez pour rappeler qu'ils appartiennent à un homme. Cette main avait également l'air puissante. Si puissante qu'elle pourrait me briser l'épaule si l'envie lui en prenait. Une familière sensation de chaleur parcourut mon corps. Je ne savais pourquoi mais cette main, je l'aimais. J'aurais voulu que jamais elle ne me quitte. Mes pupilles suivirent cette délicieuse peau sombre le long du poignet, du bras. Dans son cou, un grain de beauté. Pourquoi le connaissais-je ? Pourquoi savais-je précisément qu'il se trouverait là ? Mon regard effleura enfin son menton, puis sa bouche souriante ourlée de lèvres pulpeuses. Oh, ce sourire ! Les dents blanches contrastaient avec le noir de son visage. Visage que j'ai tant embrassé, tant aimé. Mes yeux lui faisaient l'amour avec douceur.
Cet homme n'était pas ce vulgaire infirmier venant briser ma vie. C'était lui, venu l'éclairer. Lui qui la voyait si différemment de moi. Qui m'apportait un bout du ciel d'Afrique rien qu'en soulevant les paupières. Qui était revenu, bien qu'il ne soit jamais réellement parti. Mes phalanges furent libérées de la pression qu'elles subissaient et mon pauvre bouquet décharné rejoignit ses pétales. Fermant les yeux, je me laissais aller contre son torse, épousant ses formes. Je retraçais de mes doigts les contours de son dos, ce dos que j'aimais tant. Quelques larmes de joie coulèrent contre sa poitrine, et je le serrai encore plus fort. Il ne devait pas comprendre. Il ne pouvait pas comprendre la tristesse qui, un instant, s'était abattue sur moi. Mais comme ça lui était égal, il répondit à mon étreinte avec la même passion. Tandis que, mon visage pressé contre son cou, je me soûlais à son parfum, je ne pouvais m'empêcher de penser « quelle odeur délicieuse »...
C’est encore moi. Comme ça, tu auras au moins un commentaire ici aussi.
Quelque chose m’échappe dans ce récit. Je ne suis pas au clair sur ce qui s’est passé dans la réalité et ce qui a eu lieu uniquement dans la tête du (de la*) protagoniste. Si tout était réel, pourquoi aurais-tu choisi le titre « Espoir » ? Dans les phrases « Je ne savais pourquoi mais cette main, je l'aimais. » et « Dans son cou, un grain de beauté. Pourquoi le connaissais-je ? Pourquoi savais-je précisément qu'il se trouverait là ? », que signifient ces doutes ? Quand on retrouve l’être aimé, on ne se pose pas ce genre de questions, à moins d’avoir des problèmes de mémoire.<br /> Peut-être que pour les autres lecteurs, tout est limpide : je sais que je ne suis pas douée pour lire entre les lignes et saisir le second degré.
Dans son ensemble, la nouvelle est au passé, mais il y a des passages au présent. Je trouve qu’il faudrait harmoniser tout ça.
Coquilles et remarques :
« Quelle odeur délicieuse » pensais-je alors que je marchais dans cette allée / tentant de masquer l'odeur des orchidées lorsque je pénétrais dans le bâtiment[Je mettrais « pensai-je » et « je pénétrai » au passé simple, à moins que ce soit une habitude.]
les belles pétales [beaux ; « pétale » est masculin]
3ème étage, la chambre au bout du couloir à gauche [L’abréviation est « 3e » ; « Troisième » serait préférable]
Je restais quelques instants immobile [restai]
Car une solution pernicieuse et détestable [Je dirais « réponse » plutôt que « solution ».]
il auraient appelé à la seconde où la décision aurait été prise [ils]
que je lui rends chaque jour visite à le même heure ? [la même]
Mes mains tremblaient tellement qu'une poignée de pétales s'étaient détachées pour tomber sur le sol [détachés ; mais pour la concordance des temps, il faudrait écrire « se détachèrent »]
Peu importe les pétales [importent ; si tu inversais l’ordre des mots, ça donnerait « Les pétales importent peu. »]
je voulais les écraser pour qu'elles redeviennent poussière [qu’ils]
Je sentis des larmes poindre aux coins de mes yeux et luttais pour les retenir [luttai ; passé simple]
Accepter qu'est arrivé le pire [était ; mais je dirais plutôt « que le pire était arrivé »]
je tournais la tête vers le membre étranger [tournai / l’expression « membre étranger » ne me paraît pas très heureuse]
je me laissais aller contre son torse, épousant ses formes. Je retraçais de mes doigts les contours de son dos [laissai / retraçai]
je me soûlais à son parfum [Je dirais « de son parfum ».]
je ne pouvais m'empêcher de penser « quelle odeur délicieuse » [je ne pus]
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*Je ne serais pas entré dans cette chambre vide / peut-être ne m'avait-elle même pas vu arriver [D’emblée, j’ai imaginé qu’on avait affaire à une narratrice, mais « entré » et « vu » sont au masculin : coquilles ou discret indice révélant qu’il s’agit d’un couple d’hommes ? En tout cas, je trouve que la manière de s’exprimer et les émotions de notre protagoniste évoquent une femme.]