Exprès ou pas?

M.Young donnait cours dans son auditorium, avec l’attention de tout le monde rivé sur lui lorsqu'un mélange de divers types de cris s’éleva de nulle part au-dehors de la classe. Les cris, même très lointains, sont étrangement effrayants. Ce ne sont pas des cris normaux de surprise ou de joie. Ces cris portaient des ondes d’horreur comme jamais les mots ne pourraient le décrire. C’est exactement le genre de cri qu’un humain pourrait pousser s’il voyait devant ses yeux le seul et ultime voleur d’âmes : la mort.

Ce mot particulier a un poids pas comme les autres, personne ne pourrait dire un jour aléatoirement le mot « mort » avec un sourire large de l’oreille à l’autre. Ce mot est loin d’être une suite de sons ou de lettres ayant un sens. C’est toute une humeur, une expression, une histoire et une perte. Dans ce cas, ce mot est une scène. Une scène animée de chaos et rythmée de pleurs.

Par les fenêtres de la salle de classe, les cris terrifiants s’amplifièrent et bientôt, tout fut confus. Des paroles inintelligibles, des pleurs, des bruits de pas en course, des appels à l’aide et un défilé de tout type de femmes et hommes en détresse se présentent sous les yeux de la classe à travers les fenêtres. Finalement, un enseignant haletant, trempé de sueur, le visage d’un jaune verdoyant qui contrastait énormément avec son air essoufflé et qui donnait l’impression que le pauvre homme s’apprêtait à vomir sa vésicule biliaire, fit irruption dans la salle de classe.

Dans des conditions normales, quelqu’un qui aurait autant couru aurait une irruption de sang et donc un visage rouge écarlate, sauf que lui, toute goutte de sang paraissait avoir fui son corps et laissé celle d’acide gastrique la remplacer et couler dans les veines.

D’un pas tremblant le professeur avança finalement vers le professeur Young et lui chuchota à l’oreille :

- Il y a eu un accident grave dans les labos de médecine légale, tu devrais évacuer tout le monde au plus vite possible et surtout donne leur un bon prétexte pour conserver leur calme et satisfaire leur curiosité. Les autres étudiants témoins sont déjà une peine sur le dos.

- Qu'y a-t-il ? Répondit Liam pourtant calmement

- Un meurtre, bordel !!!

Il dit cela d’une voix étrangement aigue, tremblante et accentuée à la fin par un léger hoquet. Son corps, son comportement et tout son état étaient l’image parfaite d’un homme en détresse. Quand le professeur a prononcé ce mot, il s’attendait à une certaine réaction de la part de M.Young. Pour lui avoir révélé cette nouvelle ressemblait au fait d’avoir lancé une bombe atomique en plein milieu du visage de son interlocuteur. Le pauvre, il ne s’attendait pas à voir cette lueur brillante pétiller dans les yeux de M.Young auparavant désintéressé !

He oui, encore une preuve de la singularité de ce dernier.

Liam, en entendant ce mot, ses lèvres s’étirèrent en un sourire qui donne la chair de poule. Le professeur déjà effrayé entama un état de choc, se redressa d’un coup, les cheveux se dressèrent sur sa nuque, son visage se paralysa et il perdit tout contrôle de ses pieds qui se fléchirent légèrement sous le poids du choc et battirent en retraite en trébuchant. Le professeur quitta alors la salle de classe un air ébahi sur le visage. Liam, par contre, se tourna aisément vers ses élèves qui tendaient leurs cous afin d’essayer de capter quelques bribes de conversation. Et pour leur fournir une réponse, il déclara :

- Du calme. Sortez tous immédiatement et vous n’aurez pas de sanctions. Si jamais mon chemin est en intersection avec le vôtre, votre note du trimestre sera réduite en l’opposé de sa valeur absolue. Vous êtes excusés.

Puis, sans attendre de réponses de ses élèves qui digéraient encore ses paroles, une aire incrédule sur le visage, il sortit en trombe. Son cerveau s’activait et toute une chaîne de scénarios se défilait déjà dans sa tête. Sur son chemin une masse d’élèves, enseignants, surveillants et directeurs s’agitaient dans tous les sens, mais pour lui, sa vue se réduisait sur une seule chose, un mystère l’attendait dans le laboratoire de la médecine légale, dans cette université. Il s’y dirigea sans la moindre hésitation. Il devait absolument y arriver avant la police et le personnel médical pour voir la scène primitive et l’étudier à sa liberté. Heureusement, ses longues jambes ne le trompèrent pas.

Et le voilà scrutant son chemin parmi la foule de gens qui se groupaient devant la porte du laboratoire sans pour autant oser faire un pas de plus. Une fois qu’il atteignit le devant de la foule, il parvint finalement à discerner le paysage qui se présentait devant lui. Son regard pénétrant et perspicace scruta alors tout, sans avoir à mettre pieds dans la salle. C’était une scène qui aurait fait fondre le cœur de toute âme faible. Un laboratoire de médecine légale d’une froideur glaciale à faire coaguler le sang dans les veines, se tenait devant Liam. Le laboratoire était étrangement sombre, qu’on prendrait le tout à première vue pour un frigo géant. Les lueurs des lampes tremblantes, avaient, comme lâchement, déserté la pièce face à la hardiesse de cette opacité, laissant place à un éclat fantomatique. Une scène lugubre à faire battre frénétiquement le cœur de tout être humain. Une jeune femme qui lui était inconnue était allongée par terre, dans une mare de sang, à côté de l’étagère où se trouvaient les différents dispositifs et outils médicaux. Un spectacle si funèbre et terrifiant qu’on aurait presque pu entendre les murs pleurer la perte de cette victime au jeune âge, et le sol se noyer dans les profondeurs de ce lac de sang écarlate.

Liam se concentra bien sur le corps de la femme. Ses habits semblaient tous ordonnés ne révélant aucune trace d’affrontement, pas même un moindre froissement. La mare de sang semble s’être formée de la partie supérieure de son corps. Et d’après ses cheveux bien plus trempés de sang par comparaison que ses habits. La blessure doit être au niveau de la partie arrière de sa tête. À comprendre par la quantité de sang et l’emplacement de la blessure, la victime semble être morte par exsanguination, c’est-à-dire qu'elle a saigné à mort !

Finalement tout cela considéré, il semble que, si jamais cette femme était en fait assassiné, cela était fait par-derrière, alors qu’elle ne voyait pas son homicide.

Puis Liam essaya de mémoriser exactement la position de la victime sur le sol et de tout ce qui l’entourait. Elle était tout près de l’étagère. Puisque la victime n’avait pas eu le temps d’affronter son assassin, elle devait se tenir près de l’étagère de son libre choix sûrement pour apporter quelque chose d’au-dessus. C’est en ce moment que Liam rapporta son attention sur la paillasse. Apparemment, la victime faisait une expérience lorsqu’elle était assassinée. D’après, l'état de la paillasse, il parut que la victime essayait d’analyser l’éthyle glycuronide dans des échantillons capillaires pour évaluer l'abstinence et la consommation excessive chronique d'alcool de l’individu sujet. Liam, étant le génie qu’il était, sut immédiatement que la victime avait tout ce qui lui fallait pour continuer son expérience. Pourquoi fallait-il alors qu’elle s’interrompe et arrive jusqu’à la bibliothèque ? Étant donné qu’elle n’avait besoin de rien du matériel. Y avait-il quelque chose qui lui attira son attention sur les étagères ou à proximité ??

Liam reconsidéra les étagères convenablement tout y parut normale. Mais alors qu’il contemplait bien chaque recoin un détail lui parut anormale. Le coin à droite de la cinquième étagère semble être couvert d’une couleur sombre. Est ce de la rouille qui le couvre, ou est ce autre chose ? ? Il compara alors la taille de la femme qui faisait a peu près 160 centimètres de taille a la hauteur de cette bibliothèque chaque étage s’élevait d’à peu près une trentaine de centimètres. Tout calcul fait, il parait que l’emplacement de ce coin peut bien coïncider avec l’endroit de la blessure de la femme. C’est alors qu’il vérifia ensuite l’emplacement de ses pieds. Avant de tomber, elle se tenait exactement devant ce coin droit de la bibliothèque. Liam pouvait déjà visualiser la scène de la femme qui se cognait fortement la tête sur le coin de l’étagère et tombait d’un bruit sourd sur le sol. Maintenant, reste à savoir qu’est ce qui a causé ce cognement. Y avait-il quelqu’un qui l’a poussée ou est ce seulement un accident ?

Liam se tenait devant la porte en réfléchissant à tous ses détails à la vitesse de la lumière. Pendant qu’il laissait son cerveau faire des vas et viens entre les différents scénarios possibles, ses yeux continuaient comme indépendamment à scanner l’environnement. C’est alors qu’il remarqua qu’il a raté une clé des plus importantes. La porte du laboratoire avait été forcée.

On a donc forcé la porte ?! C’est sûrement un meurtre !

Sauf qu’en ce moment même, le directeur de l’université M.Brooks cracha :

Bordel ! Maintenant, je devrai remplacer la poignée. Qui est ce qui a forcé la porte tout à l’heure ?

Une personne derrière lui répondit alors :

- Mme Lilac voulait entrer sous ordre du professeur William, mais la salle était verrouillée par l’intérieur et personne n’y répondait, quand elle appelait. Qu’est-ce que vous voulez qu’elle fasse alors ? Attendre jusqu’à ce que ce corps pourrisse à l’intérieur !?

- Attendre les clés par exemple !! Bon sang !! Bfffff !! Quel mal de tête ! Et en plus ce n’est pas n’importe quelle fille qui est morte là !! C’est la fille du plus important sponsor de l’université M.Fransisco l’ancien ministre. Le directeur fulminait de rage.

Liam se reprit alors :

- ah donc la salle était en fait fermée par l’intérieur ! Il réfléchit.

Comme par réflexe, Liam tourna directement la tête vers les fenêtres.

Qu’est-ce qui se passe alors ??!!

Les fenêtres étaient aussi fermées de l’intérieur !!!! Non seulement les fenêtres, mais les stores, la moustiquaire et le verre lui-même !!

Finalement ces remarques collectées et en recourant à une réflexion basée sur une méthode d’élimination, il ne restait plus que les scénarios suivants à contempler : ou bien, il s’agit d’un accident, ou d’un suicide qu’on voulait faire passer pour un meurtre ou bien, c’est un homicide et la scène de crime a été falsifiée. et dans ce cas en particulier la personne qui a découvert la victime en premier paraît étre ou bien le coupable ou bien son complice. Mais en tout cas, la logique appela Liam plongé dans ses réflexions à se renseigner sur cette personne et garder l’oeil sur elle.

Liam se tourna alors vers le directeur et demanda à voix basse :

- Qui est-ce qui a trouvé le corps ??

-La préparatrice Mme Lilac. Elle est dans l’infirmerie, évanouie sous le choc, répondit le directeur encore enragé, cette femme est vraiment quelque chose. Elle donne l’impression d’être une petite beauté gracieuse et délicate. Qui aurait su qu’elle aurait la force de défoncer une porte. Merde ! Et elle est tebé en plus. Elle pouvait bien attendre que quelqu’un apporte une clé supplémentaire. Mais non!! Elle se prenait probablement pour Spiderwoman ou je ne sais quoi!!

Quelqu’un s’écria alors parmi la foule de derrière :

-M.Brooks! La porte était fermée par l’intérieur avec la clé dans la serrure. On n’aurait pas pu arriver à l’ouvrir sans l’endommager !!

A ce moment même Liam fit une pause et réarrangea ses idées :

Si la clé était à l’intérieur, c’est à dire que la personne qui a défoncé la porte est innocente!!

Il s’avère que le meurtrier n’est jamais passé ni par la porte ni par la fenêtre !!! N’a-t-il jamais pu quitter les lieux de crime??!! Non c’est impossible. L’hypothèse fut instantanément écartée. C’est sûrement donc un accident ou un suicide!!

C’est ce que n’importe qui pourrait conclure.

Mais ce n’est jamais aussi simple pour M.Young.

Qui est-ce qui voudrait se suicider de cette façon médiocre et dans un emplacement aussi aléatoire ? Un bon examinateur de scènes de meurtre devra être d’abord un bon lecteur de psychologie légale. Supposons que cette femme faisait tranquillement son expérience et puis s’est soudain suicidée. Cet acte, imaginé dans la tête de Liam, avait une faille quelque part. Son expérience avait-elle échoué qu’elle a voulu quitter la vie ?? Non le résultat de l’expérience n’avait même pas été tiré et c’est absurde. Alors s’est-elle soudain mise à réfléchir à quelques sortes de problèmes qu’elle avait eus et suicidée ? Cela paraît très peu probable. Et qui aurait réfléchi à se donner une mort aussi pénible. Un coup sur la tête fait terriblement mal, alors qu’elle avait à sa disposition dans ce laboratoire une variété de scalpels et toute sorte d’outils de coupure de différentes tailles. Le premier réflexe aurait été de se trancher la poignée, la gorge ou n’importe quelle autre partie frontale du corps. Qui aurait pensé à se donner autant de mal que de se faire cogner la tête par -derrière. Voulait-elle faire-passer cela pour un meurtre ? Par honte peut-être? Mais dans ce cas pourquoi ne pas s’être poignardée c’est plus convaincant !! Liam continua à réfléchir ainsi. Mais, il essaya tout sans pour autant trouver ce qui puisse convenir à la situation de suicide.

La situation de la fille d’un ancien ministre aussi brillante, intelligente, belle et compétente qui faisait calmement une expérience puis s’est soudain suicidée d’une façon aussi excentrique, sans même laisser des traces de larmes sur le visage ou des cheveux en bataille comme signe de détresse, remords, chagrin ou anxiété n’avait aucun sens.

Liam écarta cette proposition une fois pour toutes.

L’accident était une autre possibilité, bien que peu convaincante.

Quelques minutes de réflexion étaient ce qu’il fallut à Liam pour parvenir à ces conclusions. Il fut interrompu ensuite par les bruits de sirènes et les bruits de pas de course de la police et des membres du squat médical qui arrivèrent et ordonnèrent à tout le monde de libérer l’entrée. À ce moment, Liam jeta un dernier coup d’œil au corps de la victime que les docteurs commencèrent déjà à couvrir d’un drap blanc, puis prit congé et se dirigea vers la sortie. Tout lui paraissait louche et plus il y pensait plus son intuition lui affirmait qu’il ne s’agissait pas de n’importe quel accident.

Puis, le corps de la victime lui revint soudain à la tête. Ses yeux étaient grands ouverts. Et une grimace complexe était sur son visage. Et le plus bizarre dans toute la positon de son corps était sa main qui s’étendait particulièrement devant elle.

Supposons grâce à un raisonnement par l’absurde que la victime, pour une raison quelconque, s’est cognée accidentellement la tête et tombée par terre. Qu’aurait été la réaction normale d’une personne qui a subi un accident normal? Elle devrait impérativement essayer d’atteindre une table ou une étagère pour s’y agripper ou du moins son téléphone, qui se trouvait en fait dans la poche de sa blouse, pour appeler l’ambulance. Mais dans ce cas, il semble apparemment que l’attention de la victime fût attirée par quelque chose d’autre. Elle la regardait et tendait le bras vers elle. Qu’y avait-il d’important qui la préoccupait même dans les dernières secondes de sa vie ? Une chose ou une personne ? À ce que Liam se rappelait, il n'y avait rien dans la direction d’observation de la victime. Absurde !!

Quelque chose se trouvait sûrement à côté de la paillasse du labo lorsque la victime était assassinée. Et comment cette chose aurait pu avoir disparu. Cette scène de crime doit définitivement être un meurtre pour la fin de meurtre et elle n’est pas comme les autres !

Liam, bouillonnait intérieurement, mais son estomac gargouillait. Et il y avait bien une chose qu’il savait, c’est qu’il ne pouvait jamais réfléchir l’estomac vide. Donc, il décida de laisser tomber l’affaire pour le moment et continuer la résolution de ce mystère après avoir mangé et en attendant en même temps le résultat de l’autopsie qui sera aussi révélateur. L’autopsie de cette fille de ministre, le médecin légal le plus capable de New York. M.Sanders s’en chargea bien sûr.

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