Face cachée

Par Elvira

On croit savoir, on croit connaître mais on ne sait rien.

On avance avec, on apprend à le découvrir et même comme ça on se rend compte qu’on ne sait pas.

On ne le contrôlera jamais.

 

Chaque jour est différent, le corps change, l’esprit est flou. Les pensées fusent.

Ces difficiles de se voir diminuer , de ne pas contrôler ni de savoir ce qu’il va se passer.

Je n’ai pas de sentiments de peur, je n’ai pas envie de mourir mais je n’ai pas peur d’elle. 

 

 

Tout le monde dit tu vas guérir mais au fond de moi j’ai bien compris que mes organes, l’intérieur de mon corps sont béants et qu’ils ne seront pas combattre les microbes, les virus et bactéries en tout genre.

On parle de combat , de battante ou 

encore de guerrière mais moi je ne vois pas ça ainsi. C’est de la médecine. 

Je n’ai jamais été conventionnelle comme pour la religion.

Petite, je savais déjà que cette histoire ne collait pas. Même si on s’y attache au moment les plus difficiles de sa vie, je savais.

 

On avance avec, on apprend à le découvrir et même comme ça on se rend compte qu’on ne sait pas.

 

Je ne me sens pas malade.

Est-ce que je suis dans le déni ou simplement est-ce que je n’ai pas saisi que j’avais un cancer?!

 

Pourtant, lors de l’opération de la chambre implantable, j’ai vécu un moment très dur.

En sortant, je me suis dit pour la première fois, j’ai un cancer, c’est ça d’être malade, je vais subir des souffrances comme aujourd’hui.

Vivre cette opération sans anesthésie bénéfique, sentir sa peau s’ouvrir, se percer, saigner, se faire recoudre et notamment dans mon cou sans rien dire sans bouger ni se plaindre juste s’autoriser à serrer les dents et laisser les larmes couler le long de mes joues. Ne pas faire de bruit, ne pas dire, ne pas hurler sa souffrance, ses craintes,et pourtant …. c’est une des rares fois où je n’ai pas pu cacher tout ça derrière mon sourire.

Ce sourire m’a toujours qualifié aux yeux des gens. Je sais de qui je le tiens et je l’ai transmis à ma Nina. Il m’a toujours été utile pour cacher mes peines.

 

Je n’arrivais pas à penser à quelqu’un ou quelque chose qui m’apaiserait …

 

Le personnel médical a été bienveillant face à ma tristesse. Mais je me suis renfermée comme une huître.

 

Je n’ai prévenu personne , je vois que la nouvelle se répand malgré tout autour de moi. 

Je reçois des messages de sympathie, beaucoup d’affection parfois de personnes qui ne donnent pas signe de vie depuis de longues années mais qui sont la près de moi depuis qu’ils l’ont appris.

A contrario, je ne me suis jamais sentie aussi seule que maintenant. 

 

Je me cache pour pleurer. 

Je ne sais pas où pleurer. 

 

Si seulement mes parents étaient en vie, je serai plus forte et ils m’auraient consoler. J’aimerai me sentir aimée , j’aurai besoin de bras pour me serrer et me réconforter.

 

Ces mots et marques de sympathies sont importants , il me gêne mais me console malgré moi.

 

J’ai l’impression qu’ils savent ce que je vais endurer alors que moi j’avance sans savoir ni me douter.

En faite, je ne comprends plus rien, ni ma tête ni mon corps. 

J’avance aveuglément sans me poser de questions.

Mais je crois que je suis comme ça.

Je prends le positif, ce n’est pas mes enfants ni mon mari , ça aurait pu être pire, je pourrai être condamnée, je ne suis plus obligée d’aller à mon travail, chaque petite chose me fait avancer doucement dans ce quotidien ou je m’ennuis terriblement.

 

C’est terrible d’être face à soi-même alors qu’on a toujours éviter de l’être.

 

J’ai peur de ne plus être là même, je vis le deuxième moment le plus difficile de ma vie après la mort de mon Papa, Il fallait que ce fichu cancer apparaisse maintenant. 

 

Je ne vois plus de futur, j’ai l’impression que je n’en ai pas.

Comme si tout allait s’arrêter pour moi d’ici peu.

C’est troublant et je ne comprends pas si c’est la maladie qui fait ça.

Je ne peux rien projeter, si on parle des mois à venir , j’ai tout de suite ce sentiment que je n’y serai pas […] Tout est flou. 

 

Je prend conscience que je dois aider mes proches à traverser cela.

Reprendre mon rôle de maman en me rapprochant de mes enfants pour les consoler et leur montrer que je vais bien.

Alice se cache derrière son sourire, elle est forte, elle gère incroyablement bien cette situation.

Louise est inquiète, elle a peur et elle n’a pas mon sourire pour se cacher petit smiley qu’elle est, ça me fait tellement de peine de la voir ainsi et de ne pas avoir les bons mots pour la réconforter.

Je dois délester mon mari de ça aussi.

Ce n’est pas à lui de le gérer mes drames.

Il a ses propres soucis et son propre chagrin.

Je regrette de lui avoir imposé le rasage de mes cheveux. Je n’aurai pas du.

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