Il fumait en cachette. Il avait pourtant passé l’âge des premières cigarettes au bord de la fenêtre. De celle qu’on écrase en sursaut avant que la porte ne s’ouvre. Il n’était plus surveillé par ses parents, il n’avait plus besoin de cacher ses paquets sous une pile de manteau, de glisser son briquet dans les tiroirs de son bureau. Pourtant, il ne le faisait qu’en cachette. Loin des yeux de l’innocente. Il n’allumait sa cigarette que lorsqu’il était sûr d’être seul. Ou au moins sûr de son absence.
Il ne voulait pas fumer devant elle car il s’avait qu’elle demanderait une explication. Sans colère, sans autorité, mais par simple curiosité, parce qu’il était incompréhensible pour elle qu’on puisse ressentir le besoin de fumer. Il faudrait alors qu’il lui parle de la vérité. Des difficultés. Des minutes sombres qui se glissait au creux de ses cernes, dans sa gorge et jusqu’à son oreiller. Il savait qu’il déposerait des cendres de réalités dans ses yeux.
Il préférait fumer en cachette. Parce que malgré tout l’aplomb de l’insolent, il n’avait pas le courage d’abimer l’innocence.