Furie libre

Par Dédé

 

«Fiche en l'air ce que tu veux, on te le rendra au centuple et en mieux !»

Fou anarchiste.

 

 

Fraternité, liberté, égalité, quelque chose comme ça, je crois...

Franchement, que j'adore ces concepts abstraits ! Faut dire qu'à mon âge, personne n'y comprend grand chose mais je suis le premier à revendiquer la liberté, l'égalité et la fraternité pour tous les bébés ! Faut dire que c'est une question de principe : si les adultes y ont droit, pourquoi pas nous ?

Furibond, je n'hésite pas à hausser la voix de temps en temps, d'autant plus si c'est pour défendre les droits des bambins et des enfants ! Furie, petite furie qu'on m'appelle dans ces moments-là !

Figurez-vous que je me sens libre de faire mon petit furieux, que les autres ont le droit de me copier si ça leur chante : je veux bien être leur modèle.

Farouche, je veux juste crier à pleins poumons de temps en temps. Fatalement, personne ne me comprend. Fallait s'en douter un peu, vu mon caractère bien trempé. Furieux, je tape du poing contre les murs comme l'enfant de deux ans que je suis. Furieux, je hurle des choses incompréhensibles pour rendre fou mon entourage.

Flatté de l'attention qu'on me porte, je peux arrêter mon cinéma et me calmer pour redevenir le petit être normal que j'ai appris à être.

Franchement, non, je ne me calmerai pas ! Faites comme moi et vous verrez le sacré bien fou que ça fait.

Fichtre ! Fan de mes jouets, quand je suis dans cet état, je n'hésite pas à tout envoyer dans les airs : petites voitures écrasées contre les murs, pyramides de cubes détruites sans aucune once de pitié, robots déchiquetés sans le moindre remords, yeux de peluches arrachés avec férocité. Finalement, si personne ne remarque avec ça que je suis énervé, je suis à court d'idées...

Furieux, et pour être sûr et certain d'être compris de tous, je fais les cents pas en multipliant les allers-retours, devant le salon familial rempli de monde. Famille, quel drôle de mot quand on le répète une bonne centaine de fois...

Franchement, si vous croyez que je fais un caprice comme un autre, vous vous trompez lourdement...

Farine, œufs, huile, vinaigre, j'ai envie de m'introduire dans la cuisine et de tout saccager. Farine, je trouve le sac de farine dans le placard du bas. Facile d'accès pour un individu de ma taille. Frénétiquement, j'ouvre entièrement le sac qui se répand sur le sol et sur mes vêtements. Fichue farine, j'ai oublié de prévoir que j'allais me salir avec mes bêtises et qui plus est, j'ai failli m'étouffer en étant trop près du sac renversé que je fais s'envoler.

Frigidaire, le frigidaire !

Frigidaire, oh oui !

Furieux, plus furieux que jamais, j'ouvre le frigidaire et je mets à terre tout ce que je peux attraper : beurre, fromages en tout genre, yaourts, sauces de toutes sortes. Fatalement, tout se retrouve par terre, avec quelques pots fracassés par mes soins et le tout bien mélangé sur le sol, les murs, les meubles...

Flûte ! les œufs étaient trop hauts pour être atteints par un petit être tel que moi. Fichus œufs, tant pis, on fera sans ! Fou de rage, j'écrase la bouteille d'huile sur le sol, je la cogne jusqu'à explosion. Filets d'huile partout sur mon petit corps. Finalement, ça vaut la peine de se défouler mais ça me fait pas sentir très bon...

Fougueux, je ne compte pas m'arrêter là ! Fissa, je me remets à hurler, pleurer, crier, vociférer. Franchement, j'ai tout donné !

Fantôme, oui, tel un fantôme, je reviens dans la cuisine. Freiné par mon impulsive créativité du moment, j'ai oublié un petit détail. Fichtre ! Fichue nappe que j'ai toujours détesté de toute façon... Funeste, aux couleurs froides, cette nappe m'a toujours démoralisé, rien qu'en la voyant de loin. Finalement, cette nappe ne m'embêtera plus. Fini tout ça !

Fabuleux, cette nappe est maintenant à sa place : par terre et inutilisable !

Fantasmant sur ma prochaine mission commando sous le signe de la destruction assurée, je me gratte très légèrement le menton pour me faire pousser une idée. Fada que je suis !

Faisant du bruit, plus que de raison, personne ne vient voir ce que je fabrique. Fâcheuses seront les conséquences quand on s'apercevra de ce que j'ai fait mais ça vaut le coup. Faiblard après mon grand coup de colère, la furie qui sommeille en moi a besoin de se reposer.

Fainéant, je deviens fainéant ? Faites-en sorte que non, pitié...

Faisons le point : j'ai tambouriné contre tous les murs de la maison, j'ai hurlé, pleuré, j'ai détruit tous mes jouets, le contenu du frigidaire est parti en balade un peu partout, la table de la cuisine est en vrac...

Fanatique du bazar que je suis.

Fusionnez mon fanatisme avec mes sautes d'humeur et ça donne des choses assez jolies comme le splendide spectacle que donne désormais à voir la cuisine. Figurez-vous que j'ai quand même hâte qu'on découvre mon œuvre et qu'on la commente un peu élogieusement. Farfouillant les moindres recoins de la maison, je suis à l'affût de la moindre petite chose à détruire et à ficher en l'air.

Facétieuse erreur que de me croire inoffensif parce que je suis tout petit !

Faute avouée, à moitié pardonnée, dit-on ? Fautant, je n'avouerai rien du tout, strictement rien du tout, même sous la plus terrible des tortures chatouilleuses.

Favorisant la tapisserie du couloir de la maison jusque là, je prends la décision de lever le cessez-le-feu. Franchissant le couloir assez sereinement, je commence à me mettre au travail.

Finalement, on me remarque ! Fou de voir jusqu'où il faut aller pour avoir leur attention. Face au spectacle de la cuisine, tout le monde pousse un cri d'horreur. Fameux artiste que je suis, je dois m'habituer aux mauvaises critiques, à être incompris...

Franchement, j'espère que tout ça leur servira de leçon : jamais plus on ne me traitera de bébé, et puis quoi encore !

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Edouard PArle
Posté le 31/10/2024
Coucou Dédé !
Excellent ce chapitre ! Le bébé de drôle commence à devenir un peu flippant quand même xD Curieux de voir ce que notre individu va devenir en grandissant un peu... ça risque de faire autrement plus de dégâts...
Mes remarques :
"Fraternité, liberté, égalité, quelque chose comme ça, je crois... Franchement, que j'adore ces concepts abstraits !" super passage !
"Flatté de l'attention qu'on me porte, je peux arrêter mon cinéma et me calmer pour redevenir le petit être normal que j'ai appris à être. Franchement, non, je ne me calmerai pas ! Faites comme moi et vous verrez le sacré bien fou que ça fait." ahah j'adore le changement total d'état xD
"Finalement, si personne ne remarque avec ça que je suis énervé, je suis à court d'idées..." franchement au lieu de finalement ?
"Famille, quel drôle de mot quand on le répète une bonne centaine de fois... "mdrr
J'enchaîne !
Dédé
Posté le 31/10/2024
Oui, la folie le gagne, le pauvre... J'aime avoir tes réactions sur ces passages. J'ai l'impression de me revoir pouffer de rire derrière mon écran quand j'ai écrit.

Merci pour ce retour !
ClaireDeLune
Posté le 30/12/2019
Oups, petit problème à la publication : je m'attendais à lire le chapitre F, j'ai à nouveau eu droit à l'escalier !
En attendant, j'adore ton histoire, le concept, et même le petit personnage ! Le chapitre E est mon préféré pour le moment, à voir avec la suite.... Je file la lire !
Dédé
Posté le 31/12/2019
Awi… ça c'est parce que j'ai les lettres E et F sur le même fichier et j'ai dû m'emmêler les pinceaux en copiant/collant. Erreur réparée ! ;)
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