Ces potes lui tournent le dos
Et puis parlent dans le sien
Ils aiment le ciné mais inversent les rôles
Il aimait les coulisses
Se retrouve devant le public
Il n'a rien demandé
Ne sait pas ce qu'on lui reproche
Il a l'impression qu'on a recréé sa personne
Il ne se reconnaît plus
Semble un peu perdu
Il ne partage que le prénom de celui qu'on critique
Ses amis le traitent comme un ennemi
Les amis de ses amis sont devenus ses ennemis
Les ennemis de ses amis sont devenus ses amis
L'équation semble bouleversée
Trop d'inconnus dans ses connaissances
De toute façon les maths il ne les a jamais aimées
On ne le calcule plus
Il ne sait plus sur qui compter
Il porte un masque pour qu'on le laisse tranquille
On dit qu'il porte un masque quand il est lui
Ces rêves s'effritent
Il ne croit plus en lui
Il aimait rire
Maintenant ça sonne faux
Il pense à lui et ne voit que des défauts
Devant les autres, il reste de glace
Pour qu'ils n'y voient que du feu
Et devant sa glace sortent les larmes
Mais tout s'écroule et ça le dépasse
Il se fait prendre à son propre jeu
Il voudrait avancer mais se retrouve dans une impasse
Il voudrait reculer mais n'a jamais quitté la case départ
Il comble le vide par le vide
Et les potes par les clopes
Vivre la nuit
S'oublier à l'école
S'oublier à l'école...
« Oui je vais bien » en boucle
Comme sur un disque rayé
Il n'a pas besoin d'amour
Mais espère être sauvé
De l'aide il n'en demande jamais
Les larmes à la place des rires
Les lames comme seules amies
Le chat de son cousin devient de jour en jour plus violent
Ses journées s'enchaînent sous la pluie et le vent
Que des regrets
Plus de place pour les rêves
Que des rejets
Il n'a jamais de trêves
Cœur de pierre
Comme géode d'améthyste
Il s'évade tous les soirs dans la même musique
Se demande pourquoi sourire
Ressemble tant à souffrir
Voir la vie en rose
C'est plus simple avec de la coke
Parfois il est moins triste
Il ne sait pas si la roue tourne
Ou s'il s'est juste habitué à la routine
Perché sur son petit nuage trouble
Mais jamais au sommet comme Poutine
Il ne se prend pas de haut
Donc n'est pas à la hauteur
Mais il est tombé de haut
De sa vie il n'est plus l'auteur
La boule au ventre
La peur le hante
Il aimait la solitude
Sauf si on la lui imposait
Maintenant c'est une habitude
Il ne sait plus différencier
Il craint de foirer ses études
N'arrive plus à se concentrer
Il est là mais il est absent
Caché tout au fond de la classe au dernier rang
Émotions refoulées devant les autres
Même lorsqu'elles atteignent le dernier cran
L'enfant perdu cherche à se retrouver
Il écrit en cours le regard vers la fenêtre
Les portes sont verrouillées
Il n'a pas de clé
Il s'échappe par pensées dans sa tête
Des blessures pas pansées dans son cœur
Son bonheur c'est son malheur
On ne peut plus le laisser tomber
Il est déjà plus bas que le sol
Apprends-lui à voler
Bien sûr il ne parle pas de drogue
Il refuse de grandir
Être un adulte ça craint
Il préfère écrire
On lui dit que ça ne donnera rien
Tromper l'ennui
Comme mode de vie
Il leur dit « laissez tomber »
Mais pense « rattrapez-moi »
Il veut oublier mais trop de colère et plus de sang froid
"Pierre, feuille, papier, ciseaux" dans les écouteurs
Les enfants seront toujours terribles
Car le monde ne sera jamais meilleur
Ses parents ne savent plus quoi faire
Ils ne le comprennent plus
Comment expliquer
Que des crises de nerfs et des crises d'angoisse
Les liens sont perdus
Plus de proximité
Vers qui se réfugier
Ces amis l'ont trahi
Partis loin de sa bulle
Futur ensemble oublié
Les souvenirs aux oubliettes
Il les déteste pour les avoir trop aimés
Mais il ne veut pas voir qu'il s'est trompé
Il fera tout pour les retrouver
Sans voir qu'il se jette dans le vide
Avec un parachute troué
Tout ça pour des gens qui ne veulent même pas se tourner
Prendre du recul c'est dur
Lorsque l'on s'est fait devancer
La solitude le bousille
Il se demande comment c'est possible
Alors que y en a huit milliards qui vivent
Mais les autres sont sur terre pour combler l'espace
Car le monde est en mode chacun pour soi
Il passe son temps à regarder le temps passer
Convaincu de faire les mauvais choix
Il a choisi de ne plus rien choisir
Sachant que c'est sûrement son pire choix
Isolé dans son monde
En tête à tête avec son ombre
Des heures dans le noir
À passer des nuits blanches
Le moral au fond de la bouteille qu'il boit
Les pensées dans les branches
Emportées par le vent
Ce qui le faisait s'est éteint sous l'orage
Son journal intime est écrit sur ses bras
Rares sont ceux qui lisent les maux qu'il écrit
Son prénom dans son death note
Mais la page est tournée
Et l'histoire est finie
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