Fred glissait nonchalamment ses doigts dans les cheveux d'Iladys. Ce qui provoquait chez cette dernière des rougissements violents, et une totale inattention quant à ce qui l'entourait. Olivier, qui tentait d'exposer sa nouvelle tactique, s'en aperçut, tout comme George qui, lui aussi, était inattentif pour observer la scène qui se déroulait sous ses yeux, amusés.
"Fred! Qu'est-ce que tu fais?", interrogea le capitaine de l'équipe.
Ce dernier, concentré sur sa toute nouvelle activité, releva la tête pour réaliser que toute l'attention se porter sur lui, ce qui était loin de le gêner.
"Je défais sa tresse. Elle est très jolie avec les cheveux détachés, alors je ne comprends pas pourquoi elle persiste à se faire cette tresse."
Il reprit donc cette activité, défaisant doucement la tresse d'Iladys, prenant soin de ne pas lui faire mal. Aux paroles de Fred, Iladys avait rougit encore plus violemment, et avait baissé un peu plus la tête, incapable de protester quoique ce soit. George, curieux, n'ayant jamais vu Iladys sans sa tresse et se demandant comment son frère avait fait lui, scruta encore plus la scène. Les filles se penchèrent également pour regarder, tout aussi curieuses. Olivier même, probablement pour la première fois de sa vie, en oublia sa nouvelle tactique, et attendit de voir le résultat. Il ne fut pas déçu, et George non plus. Les filles s'exclamèrent devant la beauté de leur cadette, vantant ses cheveux soyeux et son profond regard noir. Olivier était subjugué, encore plus qu'il ne l'était lorsque son attrapeuse voletait sur son balai. Fred était assez fier de lui-même, et George ne put que reconnaître que son jumeau avait raison. Iladys, elle, ne savait plus où se mettre, et ne trouva d'autres excuses que l'entrainement pour que toute l'attention ne soit plus tournée vers elle. Olivier fit donc difficilement reprendre l'entrainement, sans pour autant pouvoir s'empêcher de jeter de régulier coup d'œil vers Iladys.
C'est donc les cheveux détachés, au grand étonnement de ses amis, qu'elle rejoignit Ron et Hermione. La neige avait recouvert le château et ses alentours. L'approche de Noël provoquait une certaine effervescence dans le château. La plupart des élèves rentraient chez eux. Cela attristait quelque peu Iladys. Elle considérait qu'il était normal de passer Noël en famille, mais elle n'en ayant pas vraiment, elle se sentait un peu seul. Avant d'entrer à Poudlard, Minerva, Severus ou Rubeus venaient passer Noël avec elle, en tête à tête. Dumbledore n'avait pu que très rarement se libérer, mais lui avait toujours fait un cadeau. Cette année, au moins, elle était sûre d'avoir sa compagnie, et ce fait lui réchauffait un peu le cœur. Elle savait bien que Ron et Hermione allaient la quitter, et elle ne pouvait s'empêcher de les envier. Elle les imaginait parfaitement, près d'une cheminée, ou au pied du sapin, en train d'ouvrir leurs cadeaux de Noël entouré de leurs familles. Elle s'en faisait un tableau idyllique, tel qu'elle avait pu le voir dans les séries télés moldues, ou sur des cartes de vœux.
Les trois camarades se rendirent chez Hagrid. Nestor grandissait, quoiqu'il ne fût pas encore assez gros pour être vraiment gênant. Iladys avait retardé le plus possible le moment où elle devrait révéler à Hagrid leur projet de départ pour Nestor. Elle s'était, elle aussi, attachée à l'animal mais elle savait bien qu'Hermione avait, comme la majorité du temps, raison. Ils avaient donc décidé de parler à Hagrid de leur idée. Ils buvaient un chocolat chaud en compagnie du géant. Hermione et Ron ne cessaient de lancer des coups d'œil à Iladys, alors qu'elle-même se demandait comment annoncer la nouvelle en douceur. Finalement, elle se dit qu'il valait mieux ne pas y aller par quatre chemins.
"Hagrid...", commença t-elle doucement."Nous voulions te parler de Nestor. Nous pensons qu'il ne peut pas rester ici, parce qu'il va grandir et il n'y aura plus assez de place pour lui.
- Mais j'y ai déjà pensé, ne vous en faites pas! Je compte l'emmener dans la forêt interdite, lorsqu'il sera grand."
Hagrid souriait en regardant son cher dragon, apparemment très fier de son idée, alors que Ron, Hermione et Iladys le fixaient, incrédules.
"Un dragon dans la forêt interdite? Non mais...mais...Vous vous rendez compte qu'il y a des élèves à Poudlard?", hurla presque Ron.
Iladys lui tapota l'épaule, comme pour essayer de le calmer.
"Et alors? Les élèves ne vont pas dans la forêt interdite.
- Mais c'est une école! Vous pouvez pas garder une créature aussi dangereuse! Un dragon, ça vole, c'est trop dangereux pour les élèves."
Hermione sembla surprise par l'argumentation de Ron. Il n'était pas du genre à s'inquiéter de la sécurité des élèves. Iladys était aussi impressionnée, et vit une occasion de rebondir sur un sujet qui lui causait toujours autant d'interrogations.
"C'est comme Touffu. Comment Dumbledore peut-il permettre qu'un chien à trois têtes, légèrement enragé, dorme au sein même de Poudlard?"
Hermione et Ron retinrent leurs souffles, conscient qu'Iladys tentait le plus discrètement possible de retirer des informations à Hagrid. De son côté, la jeune sorcière avait fait son maximum pour ne pas vexer son ami, tout en lui montrant à quel point Touffu pouvait être dangereux pour des enfants. Et Hagrid sembla en effet ne pas se formaliser du terme "enragé" qu'elle avait employé.
"Ah! Vous n'allez pas recommencer! Je vous ai dit que cette affaire ne vous concernait pas! C'est entre Dumbledore et Nicolas Flamel!"
Iladys, Ron et Hermione ne se regardèrent même pas, mais eurent une réaction identique. Depuis des mois, c'était leur première nouvelle information. Leur souffle sembla se stopper, alors qu'ils fixaient Hagrid en silence, tentant de faire comme s’ils n’avaient rien relevé d'extraordinaire dans ce qu'il avait dit. Mais le géant réalisa son erreur, et se mua dans le silence. Iladys se dit qu'il était temps d'en revenir à l'affaire Nestor, puisqu'ils ne pourraient plus rien tirer de plus.
"Pour Nestor, on a pensé qu'il serait mieux avec d'autres dragons. Il va s'ennuyer tout seul dans la forêt interdite. Un jour, il voudra rencontrer une femelle, et avoir une famille. Charlie, le frère de Ron, peut s'occuper de l'intégrer à d'autres dragons.
- Je connais Charlie, c'est un très bon garçon.", répondit Hagrid en retenant une larme, posant son regard sur Nestor, qui crachait de légers jets de flammes à tout va.
Iladys se dit qu'au vu de sa réponse, il y avait bon espoir. Si Hagrid savait que Nestor serait bien traité, il hésiterait moins à leur confier.
"Je vais réfléchir.", conclut-il.
"Je vais écrire à Charlie alors.", répondit Ron.
Iladys lui donna un léger coup de coude, estimant qu'il forçait un peu la main à Hagrid. Malgré tout, ça semblait gagné. Les enfants décidèrent de laisser leur ami, qui ne voulait apparemment plus dire quoique se soit. Ils le laissèrent donc en compagnie de Nestor, et se rendirent vers le château. En chemin, ils oublièrent très vite Nestor, et conclurent rapidement de se rendre à la bibliothèque, afin de découvrir qui était Nicolas Flamel. Ils se rendirent en courant à la bibliothèque, et atterrirent tout les trois sur le professeur Rogue, au détour du couloir. Iladys s'arrêta de justesse avant de le percuter alors que ses amis se percutèrent réciproquement, surpris de cet arrêt soudain.
"Où courrez-vous ainsi?
- A la bibliothèque.", répondit Iladys du tac au tac.
"On n'aurait put croire que c'était plutôt vers une bêtise."
Iladys ne sut quoi répondre, tentant de penser à tout et n'importe quoi sauf Nicolas Flamel et Touffu, tout en priant pour que Rogue n'use pas de légilimancie sur eux. Il les observa silencieusement quelques instants, puis libéra le passage. Ils partirent tous trois en catimini, sans demander leur reste.
Les recherches à la bibliothèque ne furent pas une mince affaire. Il y avait beaucoup trop de livres pour un si petit indice. Hermione, étant la mieux organisée d'entre eux, répartit le travail, et ils s’y mirent assidument. Pour Ron et Iladys, beaucoup plus assidument que pour n'importe quel travail scolaire, et Hermione le leur fit remarquer, sans que ni l'un ni l'autre ne relève l'allusion. Ils passèrent l'après-midi à la bibliothèque mais ne trouvèrent rien. Déçus, et fatigués, ils décidèrent de rentrer à la Salle Commune.
"C'est dommage que nous ayons eu cet indice si tard. Nous ne pourrons faire aucunes recherches durant les vacances.", se plaignit Hermione en chemin.
"Toi peut-être, mais moi je reste ici pour les vacances.", répondit Ron.
Iladys et Hermione se stoppèrent, apparemment aussi surprises l'une que l'autre, au grand étonnement de Ron, qui suivit le mouvement.
"Tu restes?", s'exclamèrent-elles en même temps.
"J'allais pas laisser Iladys toute seule. J'ai écrit à ma mère et lui ai demandé si je pouvais rester. Elle est d'accord."
Iladys ne sut quoi dire, ne sachant exprimer l'immense reconnaissance qu'elle ressentait à ce moment-là. Elle eut la certitude que ce Noël serait le plus beau de sa vie.
"Je suis vraiment désolé, mais comme mes parents sont moldus, ils ne connaissent rien au monde de la magie, et tiennent à ce que je rentre, pour s'assurer que je vais bien."
Iladys, voyant à quel point Hermione était gênée de ne pouvoir rester, posa une main sur son épaule en lui souriant.
"Ce n'est pas grave. On fera Noël une prochaine fois tous les trois."
Hermione afficha un large sourire en acquiesçant vivement.
"Oui, promis, l'an prochain je reste!"
Rassérénés par leur amitié mutuelle, les trois enfants repartirent d'un pas décidé vers la Salle Commune de Gryffondor. Iladys ne dormit jamais aussi bien que cette nuit-là, rassurée par les gages d'amitié que lui témoignaient sans cesse ses amis.
Le lendemain matin, ils prirent leur petit déjeuner en silence, réfléchissant tous trois au fameux Nicolas Flamel. Hermione se préparait à donner des tas de conseils à ses amis, pour leurs recherches durant les vacances de Noël. Iladys se demandait si elle pouvait aller interroger Dumbledore. Pourrait-elle faire passer ça pour une simple curiosité? Un nom qu'elle avait vu dans un livre où on indiquait pas ce que cet homme avait fait? Mais elle était sûr que Dumbledore ne se laisserait pas duper, et ça lui semblait peine perdue. Ron se demandait s'ils arriveraient à lire tout les livres de la bibliothèque avant la fin de l'année, ou si ce mystère allait leur passer sous le nez. Ils furent sortis de leurs pensées par l'arrivée des jumeaux, qui s'installèrent à côté de leur petit frère pour le petit-déjeuner.
"Vous passerez le bonjour à Ginny et Bill de ma part?
- Et pourquoi on ferait ça?", demanda George.
"Parce que je reste ici pour Noël.", répondit fièrement Ron, comme si ce fait lui donner une indépendance et une maturité que ses frères n'avaient pas.
"Mais nous aussi.", rétorqua Fred dans un grand sourire.
Ron blêmit, alors qu'Iladys et Hermione s'intéressèrent tout à coup à la conversation.
"Et pourquoi?", demanda Ron.
"Tu crois pas qu'on allait te laisser t'amuser tout seul.", lui répondit son ainé.
Iladys, retournant à son petit-déjeuner, ne put s'empêcher de sourire de plaisir. Fred ne partait pas. Elle allait passer Noël avec lui. Hermione fut la seule de la table à remarquer ce sourire, mais aussi probablement la seule à pouvoir en comprendre le véritable sens.
Le soir venu, Hermione lisait un livre, ou tout du moins faisait semblant, alors qu'Iladys enfilait son pyjama, avant d'aller au lit.
"Iladys!"
Cette dernière, en train de défaire sa couverture pour se glisser dedans, se retourna pour voir Hermione, lui faisant une place dans son lit, tout en lui faisant signe de venir. Iladys fut un peu surprise, mais alla s'allonger sous la couverture, sans se douter que ça allait devenir une habitude, au côté de son amie. Hermione tira les rideaux de son lit, afin que les autres filles ne les espionnent pas.
"Dis-moi, tu es amoureuse d'un des jumeaux n'est-ce pas?"
Iladys fixa Hermione sans un mot, mais son rougissement ne trompa pas sa camarade.
"Lequel?
- Fred.", répondit timidement Iladys.
Hermione sembla réfléchir intensément quelques instants, les yeux levés vers le plafond de son lit, avant de tourner de nouveau son visage vers Iladys.
"J'ai dû mal à les différencier à vrai dire, alors je ne vois pas trop comment on peut en aimer un plus qu'un autre."
Iladys sembla réfléchir à son tour, puis finit par hausser les épaules. Hermione comprit que son amie ne souhaitait pas révéler son secret, celui qui lui permettait de différencier Fred de George.
"Ca se voit tant que ça?", demanda tout à coup Iladys.
"Non, ne t'inquiètes pas. Ni Ron, ni Fred ni George ne se doutent de quoique ce soit. Personne même. C'est juste que ce matin, je t'ai vu sourire quand Fred a dit qu'il serait là à Noël.
- Et tu en as déduit que je l'aimais?", interrogea Iladys incrédule.
"Ce n'est pas le même sourire que lorsque Ron t'a fait exactement la même annonce."
Plus le temps passait, plus elle la connaissait, plus Iladys était admirative de l'intelligence d'Hermione. Elle n'aurait jamais cru rencontrer quelqu'un d'aussi perspicace.
"Et puis," ajouta Hermione."Ron et toi, vous ne semblez pas très observateur pour ce genre de choses."
Iladys acquiesça, ne pouvant que croire son amie.
"Allez, va te coucher, ton secret est bien gardé.", conclut Hermione.
Iladys n'en doutait pas, et obéit donc bien sagement, de plus en plus sûr que les conseils d'Hermione ne pouvaient qu'être les meilleurs.
Durant les jours qui précédèrent les vacances, Ron fut plus observateur qu'Hermione ou Iladys ne l'imaginaient. Il ressentait entre elles une complicité qui n'existait pas auparavant. Mais il n'était pas le seul. Tout le monde était perplexe de l'amitié qui unissait les deux jeunes Gryffondors. Elles n'avaient en effet pas tant de choses en commun que ça, si ce n'est leur passion pour la lecture. Il leur arrivait bien souvent de s'embarquer dans des débats interminables sur des livres qu'elles avaient lus, et elles s'en conseillaient. Exclu de ce genre de conversation, c'était les moments que Ron choisissait soit pour faire ses devoirs, soit pour rejoindre Seamus, Dean et Neville. A part ce point commun, rien ne semblait lier les deux sorcières. Hermione était plus austère, plus sévère et probablement plus sérieuse. Iladys n'avait pas son souci du règlement, et était plus aimable, en règle générale, avec ses camarades. Leur plus grand différent étant probablement le Quidditch. Si au début, Iladys ne s'y était intéressée que par obligation, pour faire plaisir à Minerva, elle s'était prise d'une véritable passion pour ce sport. Elle adorait voler sur un balai, et l'agilité que ça lui conférait. Les matchs l'excitaient, elle ne ressentait aucune crainte, et était d'une ténacité à toute épreuve pour s'emparer du Vif d'Or. En fait, elle se découvrait un côté de sa personnalité qu'elle ne se connaissait pas, plus forte, plus courageuse, plus téméraire. Une vraie lionne en somme, digne d'une Gryffondor. Alors qu'Hermione n'avait qu’un intérêt poli pour ce sport, à l'égard d'Iladys qui était une joueuse, mais elle ne comprenait pas la passion dévorante de Ron. Et pourtant, le lien qui se créait n'allait pas se tarir au cours des années, et bien au contraire se consolider. C'était probablement dû à l'admiration mutuelle qu'elles avaient l'une pour l'autre. Iladys ne pouvait que reconnaitre la perspicacité et l'intelligence d'Hermione, alors que cette dernière appréciait le courage et la sincérité de son amie.