La porte s’ouvrit sur une lumière blanche éclatante. Durant une fraction de seconde Aimé fut ébloui et il ne pu s'empêcher de demander si sa solution n'était pas pire que leur problème. Il soupira en se rendant compte qu'il n'avait pas vraiment le choix. Il plissa alors les yeux et franchit le seuil de la porte.
Toujours hypnotisés, David, Elodie et Bonav le rejoignirent quelques instants plus tard. Le sortilège d'asservissement fonctionnait parfaitement bien.
Une fois tous de l'autre côté la porte se referma violemment d’elle même avant de disparaître dans un déchaînement de couleur aveuglante.
Au premier abord ce lieu ressemblait à de nombreux endroits qui se trouvaient sur la terre. Une forêt commune peuplé d’arbres communs dans une région légèrement vallonnée. L'air sentait l'humus, la terre légèrement trempée par la rosée du matin, l'odeur âcre de la résine de sapin. Aimé qui était devenu avec le temps un vrai citadin avait oublié toutes ses fragrances et fut un moment déstabilisé par tous ses sens qui se reveillaient. Mais ce n'était pas son retour en forêt qui le destabilisait le plus.
Dans le sol, à travers ses chaussures, par le vent et l'air qui penetraient son corps Aimé sentit la magie engloutir son corps.
Durant une fraction de seconde il crut suffoquer tel un noyé devant tant de puissance et réalisa avec horreur qu'il avait totalement oublié la présence de la magie où du moins avait négligé son impact. Avant d'être totalement submergé par la puissance il se rappela une vieille leçon chèrement apprise des lustres plus tôt et retrouva rapidement ses esprits. Il imagina sans peine un véritable torrent magique et s'efforça à le remonter à contre sens seulement armé de sa volonté. A chaque pas il se centra sur lui même en essayant de calmer son cœur. Plus il marchait, plus il se calmait et plus le flux magique se réduisait. Arrivé à l'endroit où la source n'était qu'un petit filet il imagina une corde et le flux fit selon ses désirs. Alors de toutes ses forces il tira sur le lien et coupa sa connexion avec la source.
Dans le monde physique Aimé trébucha lorsque la connexion se rompit mais ne put s’empêcher de sourire malgré lui.
Sortir des griffes de la mort le rendait toujours autant joyeux.
Ayant survécu de peu Aimé décida de passer à un autre problème qui lui parraisssait pourtant bien plus ardu.
Aimé fixa tour à tour les trois enfants et se demanda quel choix était le plus judicieux pour leur survie. Les garder encore sous son emprise était un choix plutôt controversé au niveau éthique mais au combien pratique car leur redonner leurs libre arbitres sgnifaient immanquablement des palabres et des larmes à n'en plus finir.
Son instinct lui hurlait la première option mais son cœur refusait d’écouter la voix de la raison.
Mais avant cela alors qu’ils étaient encore sous son emprise il décida de leur révéler ce qui était nécessaire évitant ainsi d’être interrompu dans son introspection
. Aimé inspira profondément.
-Nous ne sommes plus sur terre mais sur Varnya, un monde médiévale où se mélange hommes de magie et créatures de légendes aux hommes du peuple. Un monde où je suis né mais que j’ai quitté pour différentes raisons il y a plusieurs années mais surtout pour échapper à ton grand père démoniaque.
Car oui je suis fils de démon, fruit du viol d’une sorcière par un démon. Pour lui échapper j’ai quitté ce monde pour la Terre où j ‘ai finalement trouvé une situation stable, tranquille avec une femme et un boulot. J’y ai vécu mes plus belles années aux coté de ta mère avec qui j’ai appris ce qu’était la vie et l’amour.
J’ai souffert , devenu un autre homme lorsqu’elle à décédée ... ma part de bonheur est partie avec elle dans la tombe et je suis devenu une épave, ne pensant qu’au travail pour l’oublier. Mais je n’ai pu. J’avais son image dans la tête et malgré la naissance de mon fils, de toi fit Aimé en regardant son David avec un sourire douloureux,
je n’es pu être heureux avant bien longtemps. Il se tut puis reprit :
je t’ai délaissé, j’en ai conscience maintenant.
Je voudrais tant retourner dans le passé pour réparer mes erreurs si j ‘étais vraiment sûr de ne pas refaire les mêmes conneries. Car il j’aimais ta mère plus que tout, plus que la vie elle-même .
Même si on était vraiment loin des raisons premières de l’envoûtement, Aimé profitait que son fils ne pouvait le couper pour lui raconter au moins une fois dans sa vie son histoire même si elle n’était que partielle, avant les événements fantastiques. Il voulait que son fils comprenne pourquoi il avait été un si mauvais père, si distant. Il voulait une fois pour toute vider son sac pour ne jamais en reparler, sauf si son gosse en décidait autrement.
- Ma vie était ponctuée de déplacement professionnel, de rendez vous pour rester le moins possible à la maison car à chaque fois que je te voyais c’est ta mère que je pensais. Je sais que c’est con mais c’est pour cela que j’évitais de te voir, de faire des trucs que les père font habituellement avec leurs gosses comme aller se promener sur la plage et construire des maquettes, te faire partager mes passions et te parler de la vie. De ce qu’elle peut, pouvait te donner.
Aimé sentit ses larmes glisser sur ses joues et en même temps toutes les choses qu’il n’avait partagé avec sa chair de sa chère. Tout un flot d’émotions inconnues et trop longtemps contenus le submergea, le déstabilisa si fort qu’il bâcla l’envoûtement:
Bref, je n’avais pas pris en compte que le gardien de la porte puisse se réveiller en ta présence. Je n’avais d’ailleurs pas pensé que ton héritage démoniaque ne se réveille un jour vu qu’aucun signe n’est apparu plus tôt dans ta jeunesse.
C’est pour cela que je t’ai dissimulé le passé de notre famille. Pour ne pas le raviver et le rendre ainsi plus concret.
Malheureusement le sang qui coule dans mes veines est le même que le tien et maintenant nous devons faire front ensemble pour nous protéger des épreuves à venir.
Rompre l’enchantement de coercition fut un jeu d’enfant pour Aimé qui jubila intérieurement car après des siècles de déni il n’avait rien perdu de ses capacités magiques.
Par contre ses réflexes lui parurent un peu rouillé lorsque David se jeta sur lui sans prévenir. Il ne vit pas arriver un magnifique direct du droit et fut autant surpris de la puissance du coup que du geste en lui-même, David étant de nature foncièrement non violente. Il tomba des nues lorsque le coup de poing fut accompagné d’un coup de genou dans l’aine et resta passif quelques minutes qui lui parurent des heures. Il devait bien ça à son fils qui ânonna sous l’effort et le Padre attendit que ses soufflements se transforment en sanglots pour bloquer cette violence longtemps enfouie et étreignit son fils qui se relâcha sous la pression en murmurant « pourquoi, pourquoi » tandis que Elodie pleurait à leur pied sur leur vie perdue sous le regard vide de Bonaventure.
Deux heures plus tard la tension s’était quelque peu calmée mais David s’était emmuré dans un lourd silence pesant. Elodie quand à elle était de même humeur et répondait à peine aux injonctions de Aimé.
Si cela le blessait il ne le montra pas. Il ne pouvait pas vraiment leur en vouloir.
Et puis ils avaient tout de même obéis sans rechigner lorsqu’il leur avait ordonné de le suivre sans poser de questions dans un monde inconnu.
Ils marchèrent tous silencieusement pendant des heures mais eurent grande peine à cacher leur émerveillement face à la nature qu’ils découvraient au gré des pas de Aimé. Ce dernier ralentissait volontairement la cadence pour pouvoir s’imprégner de leur nouvel environnement et fut content de ce revirement de sentiment.
Ce fut David qui brisa le silence en premier.
Marchant juste derrière son père en donnant la main à Elodie pour l’aider à progresser dans la forêt en talon aiguille déglingué (la pointe gauche avait cassée et Aimé avait brisé l’autre les transformant en chaussures plates) et robe de soirée il décida à un moment de s’assoir sur une souche pourrie.
-cela ressemble à chez nous mais ce n’est pas chez nous.
Les arbres paraissent les mêmes, le soleil paraît être le même. Même l'air ressemble au notre et pourtant intérieurement on sait que nous ne sommes pas sur terre.
-Où est ce qu’on est ? demanda finalement le jeune homme.
Aime fut content que son fils pose enfin la question.
-À Varnya, un monde où notre imaginaire en est l’antichambre. Dans chaque détour de chemin tu peux espérer apercevoir la corne étincelante d’une gracieuse licorne ,entendre le claquement d’ailes d’un griffon ou sentir le souffle chaud du dragon sur ta nuque.
-Tu racontes pas des bobards ? fit David sur la défensive émerveillé malgré lui.
-Non mon fils assura Aimé c’est comme si toutes les créatures qui ont bercées ton enfance étaient réunis dans un seul et même endroit. Et la magie? demanda David.
-Et la magie? répéta le paternel mais tu ne la sent donc pas ?Elle est partout, elle imprègne tout ce qui nous entoure.
David ne répondit pas, essaya d’analyser tout ce qu’il venait d’entendre puis demanda en laissant en suspens toutes les questions d’ordres surnaturels :
-où est ce qu ‘on est géographiquement parlant ?
Aimé lâcha :
A première vue je pense que nous sommes à Nelgatar, un empire qui recouvre tout le continent.
David jeta un regard septique sur les environs.
-Alors si l‘Empire n’est qu’une vaste forêt aux dimensions des Etats-Unis on n’est pas sortit de l’auberge.
-Non cela ne fait que quatre fois les dimensions de l’Angleterre rectifia posément le vendeur de jeu vidéo.
David darda sur lui un regard si noir qu’il eut du mal à ne pas baisser le yeux : si c’est pour dire cela tu peux t’abstenir.
Aimé ne releva pas le ton acide de la réplique de son fils, ,son attention était portée sur une plante à quelques mètres d’eux qui ne lui était pas étrangère. Il courut vers elle en encourageant son fils et sa future belle fille puis s’accroupit juste au dessus d’elle.
- Qu’est ce qu’il y a maugréa David .
-Regarde bien la plante lui ordonna son père
Ce végétal tenait du croisement entre du brome et une pivoine, ses graines formait une guirlande verte de dix centimètres.
- Inconnu au bataillon lança le jeune homme après avoir jeter un bref coups d’œil.
-Et pour cause approuva son père, elle ne pousse que dans ce monde où on la nomme aquephile. Cela te dit quelque chose ?
David secoua la tête de droite à gauche.
- Aqueux, aqueuse ,formule aqueuse…tout cela ,ça te dit toujours rien.
-Bah si, acide, quoi.
-Et où est ce qu’on trouve des sols acides ?Où il y a du sel.
David ne put s’empêcher d’acquiescer, son cours de physique lui paraissant soudainement bien loin. Faut dire que dans ce cours, il avait pris option sieste. Après le repas s’était un peu normal…
…Il y a deux façons pour extraire le sel dit il pour se racheter ,dans des mines et dans des marées salants. Et généralement ils sont fortement espacés par la distance.
- Dans ce cas présent la distance est de mille kilomètres au moins affirma son père.
Tu nous aide pas beaucoup là fit remarquer David .
-T’as raison mais…(aimé scruta les alentours à la recherche d’indice puis il sourit lorsque son regard se posa sur un arbre aux feuilles étoilées derrière son fils)…si tu te retourne tu verras une espèce d’arbre qui ne pousse que dans la baronnie de Faldenshir, exactement à cinq lieues de la cité minière de Monsol
.Et c’est loin d’où l’on veut aller? demanda Élodie légèrement horrifiée d’être dans un monde inconnu .
- Ne t’inquiète pas ,j’ai décidé d’aller voir un ami qui habite dans la Comté de Beaupré. Là bas il nous trouvera un logement ainsi qu’une situation stable : il a une certaine influence sur le beau monde qui n’est pas négligeable. Pour ce qui est de la distance elle doit être d’une centaine de lieues…
A ses mots David parut s’affaisser :on n’ est pas prêt d’y être soupira t-il .
-Si tu te lève pas c’est sur approuva Aime, surtout qu’on doit partir d’ici le plus rapidement possible.
-Et pourquoi demanda ironiquement David. T’as encore des copains de bureaux qui t’attendent?
Aimé eut un sourire désolé et se dit que les allusions et les quolibets n’étaient pas prêt de s’arrêter.
-Non, ce n’est pas pour cela. Sache que la création d’une telle porte dégage une telle énergie que tous ceux qui sont doués de magie dans les environs peuvent la percevoir. Ça n’a pas du échapper au Loinvoyant de la Tour Aiguille chargé de surveiller la baronnie. Celui là va envoyer une équipe de Censeurs sur les lieux qui vont enquêter pour savoir ce qu’en est la raison. Car ces mecs comme tu dis ont peur de tomber sur un sortilège genre destruction massive et je ne veux pas être en face d’eux en étant vagabonds. Cela annoncerait pas mal de problèmes en perspectives et peut être aussi une corde en lin.
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Armien somnolait au sommet de la tour lorsque quelque chose vint percuter sa conscience et le fit tomber de sa chaise.
-Et merde fit il en jetant un coups d’œil à la maquette quadrillée représentant la baronnie.
-Faut qu’un mage à la noix envoie un sortilège de classe huit alors qu’il me reste à peine cinq minutes de faction ! Il n’aurait pas pu attendre que ce soit Drew de garde hein? Oh non maintenant c’est à moi de faire toute la paperasse. Armien envoya alors ses pensées vers le Censeur de service et communiqua avec lui:
-Censeur Frack ici Loinvoyant Armien. Un sortilège de classe huit à été détecté au coordonné B1/ D6.
-Ah ouais le coupa le censeur d’un air sarcastique. Il m’a si bien refilé la migraine qu’à mon avis on à du le sentir jusqu’aux Îles Blanches.
-Allez voir quand même ce qu’il en ressort fit le Loinvoyant avant de se demander quel puissant sortilège avait été lancé pour le tirer de son sommeil.
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Les nouveaux voyageurs inter-dimensionnaux marchaient dans le forêt depuis des heures en suivant une petite piste d‘animaux. Aimé marchait en tête suivit de Bonav puis d’Élodie et de David. Ce dernier était plongé dans ses pensées et se demandait pourquoi il n’avait pas posé plus de questions à son père sur sa mère. Il avait bien une photo d’elle dans son portefeuille que son père lui avait donné à quatre ans mais il ne lui avait pratiquement jamais parlé de son histoire. Il ne connaissait rien de ses grands parents à part qu’ils étaient morts bien avant sa naissance. Il ne savait pas non plus s’il avait des oncles, des tantes ou des cousins. Et le passé de son père était aussi insondable. Et bizarrement cela ne l’avait jamais dérangé auparavant.
Élodie quand à elle ne cessait de se demander se qu’elle faisait là, dans une forêt d’un monde qui ne devrait pas exister avec une tenue plus adaptée pour le bal que pour une excursion en foret
(excepté son manteau à deux cent euros que son père lui avait acheté avec réticence mais qui sur le coup lui sauvait bien la mise)
qu’elle ne devrait pas être là car sa seule erreur avait été de vouloir passer un peu de temps avec celui qu’elle aimait. Maintenant du temps, elle en aurait autant qu’elle le voudrait vu qu’il était impossible de faire le chemin inverse. Enfin c’est-ce que disait Aimé, celui-là même qui avait pourtant crée la porte multidimensionnelle. Elle voulait bien lui demander qu’elle en était la raison mais au moment où elle ouvrit la bouche quelque chose l’en dissuada. La peur, l’incompréhension? Elle ne le savait pas. Alors elle se mura à son tour dans le silence, dépitée. Ce fut David qui , excédé creva l’abcès quelques temps plus tard.
Merde j’en ai marre cria t-il , j’ai faim et soif. Où est-ce qu’on va et qu’est-ce qu’on va faire pour Bonaventure? On va pas le laisser comme cela! Il ressemble à un zombie! Merde répéta t-il fait quelque chose si t’es un grand mage comme tu le dis.
Aimé se retourna doucement et regarda son fils d’un air résigné. Il savait depuis le début de cette aventure qu’il aurait des crises à gérer et des accusations à démonter. Mais à vrai dire il l’attendait plus tôt. Ils avaient presque parcourus trois lieux sans un seul bruit. En fin de compte cela avait eu juste du mal à leur monter au cerveau.
Aimé soupira en sortant un paquet de BN et un litre d’eau de sa sacoche et tendit le tout à son fils.
-Ça suffira pour l’instant dit il.
-Ah ouais tu m’étonnes répondit David, avec un litre et demi pour trois faut pas avoir grande soif ou alors avoir du sang de chameau dans les veines.
-Ça suffit pour l’instant répéta le père, on trouvera bientôt une source dans la forêt.
Pour ce qui est de ton imbécile de copain, on va le ramener chez des amis à moi qui sont plus réceptifs à la magie. Si ça peut te soulager sache qu’on se trouve sur leur territoire mais que ce dernier est vaste et que ses habitants sont nomades.
-Oh super on va jouer à cache -cache avec des gens magiques. Et toi qui te dit magicien, t’es pas capable de nous sortir de ce merdier? Ch’ pas moi , fais nous apparaître un kebab frite et une tronçonneuse pour qu’on se taille la route fit il ironiquement.
Excédé Aimé balaya la remarque du revers de la main comme s’il chassait une mouche indésirable.
- La magie ne fait pas fait pas tout, et d’ailleurs je ne suis pas un génie sortit de sa lampe magique pour exaucer tous vos souhaits. Et pour le reste cela fait trop longtemps que je n’ai pas pratiqué, laisse moi me réhabituer à cette sensation. Même si toi pour l’instant tu ne ressens rien , cela ne va pas tarder car tu as ça dans le sang tout comme moi répondit il.
A cette affirmation David en resta comme deux ronds de flancs.
-Non, tu déconnes fit t-il hésitant entre être terrifié ou content de cette nouvelle.
-Bah, oui je ne vois pas pourquoi il en serait autrement vu que le Lien est plus fort ici que sur la terre.
Le jeune homme n’en revenait pas. Quoi , cela existe aussi sur terre?
Son père approuva,
- seulement seuls les mages les plus puissants peuvent le ressentir. Et pas moi comme tu le semble le croire.
Voir son fils dépité soulagea curieusement son cœur.
David reprit la marche , la mine boudeuse et Élodie haussa les épaules avant de le suivre.
****
Du haut de son démon personnel (vu que c’était trop la galère pour pouvoir emprunter un griffon ou un frelon à cause de la tonne de paperasse, Vive l‘administration!), le Censeur Frack survolait la zone où avait été signalé le sortilège quelque temps auparavant ( plutôt en heures vu que le censeur s’était résigné au dernier moment de prendre son véhicule personnel pour une mission d’utilité publique alors qu’ il y avait des coursiers qui ne faisaient que dormir dans les écuries.)
Il aurait mieux préféré que le Loinvoyant le mette sur la piste de ses lanceurs de sorts indésirables mais cet abrutit n’était pas capable de garder le contact sur eux plus de cinq minutes. Et encore, quand il y arrivait ses indications n’avaient rien de bien brillants. Du genre, ils sont prêt d’un grand chêne placé lui-même entre un bouleau et un tilleul ,comme s’il y avait qu’un seul chêne prêt d’un bouleau dans toute la foret! Maintenant, lui le Censeur en chef, sortit major de sa promotion devait enquêter sur le terrain comme un vulgaire premier. Il fit donc atterrir sa bestiole et se mit à la recherche d’indices. Son gralumetre, l’appareil qui indiquait la présence magique ne tarda pas à sonner , même à trépigner comme si à cet endroit on avait lancer un méga sortilège genre destruction massive. Pas de doute songea -t-il les gars qui ont fait et quelque soit la chose ,ils sont des pros.
La chose, il ne tarda pas à la savoir en suivant à rebours une série d’emprunte. Sont quatre murmura -t-il en voyant leurs traces dont deux en forme de virgule. Des traces qui s’arrêtaient brusquement au milieu de nulle part. Le Censeur remarqua que ces dernières empreintes étaient plus enfoncées que les autres, comme s’ils avaient tous sautés de quelque chose. C’est à cet instant que choisit son gralumetre pour exploser.
****
Quelques heures avant que le jour ne décline, Aimé décréta une halte pour la nuit dans une vaste clairière, la trouvant idéale pour s’endormir.
-Okay on s’arrête ici pour ce soir moi je vais nous chercher quelque chose de consistants pour manger, tandis que vous allez ramasser du bois mort. Du bois mort, hein? N’ arrachez pas une branche d’un arbre, sinon là on va pas s’en sortir vivants si on énerve les dryades.
-Des Dryades? Y a des Dryades dans le coin demanda David soudain intéressé .
-Oui répondit Aimé, ils nous observent depuis que nous sommes arrivés dans cette forêt mais seulement eux choisiront l’heure de notre rencontre. Peut-être que nous les verrons jamais s’ils trouvent que nous leurs sommes d’aucune utilité.
-Ah? fit son boy légèrement refroidit.
Le père renchérit avant de partir chasser.
-Elles sont d’un naturel timide mais on ne sait jamais trop comment elles peuvent réagir, surtout si elles pensent que nous sommes un problème.
Alors Elodie et David cherchèrent du bois mort aux abords de la clairière non sans jeter de fréquents coups d’œil nerveux sur les environs.
Aimé revint rapidement de sa chasse. Il jeta un regard en coin et sourit malgré lui quand il vit Elodie accroupie en train de ramasser des brindilles, le bas de sa robe traînant par terre et récupérant toutes les feuilles possibles comme un attrape- poussière. Elodie avait vraiment le look avec son gros manteau rose, les franges de sa robe dépassant comme une collerette de fleur défraîchies et ses talons aiguilles sans talons.
Heureusement aussi que de l’autre côté l’hiver s’était installé sinon ils auraient eu de graves risques d’hypothermie sans linge conséquent pensa Aimé alors qu’un courant d’air frais lui chatouilla la nuque.
Elodie sentant sa présence surprit son regard et se méprit dessus: Nous avons déjà apporté du bois dans la clairière . Il y à un bon tas sourit elle.
Le Padre le lui rendit, ce qui rendit son visage plus beau.
- c’est bien et où est Dav?
- Il va revenir il est partit chercher du bois par là fit elle en indiquant l’est.
Aimé eut l’air soucieux, ne vous éloignez pas de trop, je ne pourrais pas venir vous chercher tout de suite avec votre jeune ami.
Ils savaient tous les deux que Aimé parlait de Bonav resté au camps, incapable de faire quoi que ce soit.
-Ne vous inquiétez pas nous ne sommes pas assez fous pour faire du tourisme dans un endroit inconnu rigola-t-elle.
Aime trouva son rire aussi rafraîchissant qu’une brise printanière qui balaya pendant un instant tous leurs soucis.
-Bon alors vous avez trouvez à manger demanda l’adolescente, plus pour changer de sujet qu’autre chose.
Elle applaudit en riant lorsque Aimé tendit à bout de bras un lapin mort.
Les enfants après quelques secondes de répulsion (même Bonav!) regardèrent avec envie les mains bouger avec célérité pour préparer le garenne. Ces dernières semblaient douées de vie propre tellement elles travaillaient vite. Aimé ne faisait aucun geste inutile et le lapin fut vite dépouillé, vidé.
David ne pu s’empêcher de remarquer: Ouah, on dirait que tu as fais cela toute ta vie.
Son père sourit pour ce qu’il prit pour un compliment:
- Les gestes reviennent d’eux même, c’est incroyable. Après tant d’années je n’y aurait pas cru. Puis tout à coup il eut un sourire mystérieux en se dirigeant vers un petit tas de bois sec qui n’attendait qu’une petite allumette pour prendre feu. Il s’accroupit devant et le fixa si intensément qu’on aurait cru qu’il voulait l’empêcher de s’en aller . Cela dura si longtemps que David se vit obliger de vanner son père.
-Euh, papa? Si tu veux te réchauffer , faut que le bois brûle surtout si on veut faire cuire la viande. Car la bidoche crue ça me tente pas vraiment.
Aimé ne répondit pas puis tout à coups une flamme jaillit si soudainement de nulle part, embrassant brusquement le bois qu’il tomba sur le cul.
Il eu un moment de silence où les adolescents regardèrent avec stupéfaction Aimé les quatre fers en l’air, sa dignité perdue, sur le dos telle une tortue échouée. Pendant quelque instant on n’entendit résonner dans la clairière que le crépitement des flammes puis un raclement de gorge indistinct sorti de la bouche de Aimé, prenant plus en plus d’ampleur jusqu’à ce que David réalise que son père était en train de rire à gorge déployée. Et malgré leur soucis les adolescents rirent avec lui.
-J’aurais pas cru que cela aurait été si fort dit Aimé une fois la crise de rire passée.
(il se sentait mieux la tension avait mystérieusement quittée ses épaules et paraissait même plus léger. Son petit faux pas avait permis de les rapprocher plus vite qu’il n’y avait pensé )
Enfin c’est pas si mal pour une première fois.
David regarda tour à tour son père puis le feu et reporta enfin son attention sur son paternel.
-Oh la tuerie fit le gosse, comment tu fais?
Aimé sourit.
-j’ai imaginé, pensé comment devrait être le feu, la couleur de ses flammes, son intensité que j’ai eu du mal à doser. En fait fit son père, des fois quand tu imagines des choses trop brutales, le sortilège ne fonctionne pas ou alors trop excessivement comme là.
D’accord mais en gros comment tu fais?
Le sorcier soupira sachant d’avance qu’expliquer la magie à un néophyte était une tache ardue.
Okay, il existe deux sortes de grandes dominantes magiques dans ce monde:littéraire et scientifique. Cette dernière se compose de calculs, des équations et de formes géométriques qui permettent de créer des cercles d’invocations ou de transmutations. Ceux qui l’utilisent sont appelés Scientics.
L’autre dominante connaît plusieurs variantes:elle se compose de l’écriture de runes magiques , de la lecture de parchemins. Il y a aussi l’art du Dessin réservé à une petite catégorie de personnes, une des formes de magie que je pratique . Pour celle là tu n’as pas besoin de support, ton esprit remplace la feuille et permet de créer presque ce que tu veux, à proportion de ton attachement au Lien.
Il y a aussi la magie vocale qui fait autant partie que les autres à la magie des Penseurs.
Bien sur, les sources de magies sont vastes mais celles là sont les plus grandes dominantes et des grands mages peuvent mélanger les deux pour créer des sortilèges puissants.
La seule façon de pratiquer la magie quelque soit la façon dont on la manipule est de pouvoir ressentir et de se connecter aux flots des lignes telluriques qui imprègnent ce monde.
Oh mais c’est super lança le garçon enthousiaste et toi donc tu es un Penseur.
En fait avoua Aimé je pratique toutes les sortes de magie, même si en effet je me sens mieux avec celle des lettres.
Donc, si je comprend bien tu peux créer tout ce que tu veux.
Non pas tout car chaque sort jeté demande une contrepartie et épuise son utilisateur en fonction de sa puissance. C’est pour cela que certains utilisent des objets ou des runes pour ne pas risquer leurs vies à chaque fois qu’ils font de la magie.
La nuit était finalement tombée et le lapin mangé. La vie nocturne quand à elle commençait seulement à se réveiller. Non loin d’eux un hibou faisait ses vocalises tandis qu’un pic vert s’excitait sur un tronc d’arbre avec la régularité d’ un métronome. Pendant un moment ils écoutèrent tous cette symphonie nocturne sans rien dire, baignés dans cette douce quiétude. Allongé sur le dos, son trench coat roulé en boule sous sa nuque pour atténuer la dureté de la souche d’arbre lui servant d’oreiller, Aimé désigna de la main droite la voûte céleste.
- Vous voyez les quatre lunes?
Pendant un moment les enfants ne répondirent pas. Bonav allongé lui aussi sur le dos avec son manteau ouvert en guise d’oreiller regardait les étoiles sans prononcer un mot, comme d’habitude. David, lui la tête posée sur le ventre d’Élodie caressait doucement ses cuisses de la main gauche et de l’autre tenait celle de sa petite copine.
-Ouais c’est de la baaalle p’pa fit-il d’un ton faisant entendre qu’il s’en fichait complètement
-David! le rabroua sa copine d’une tape sur la mimine.
-En fait ce que je voulais dire sourit le jeune homme d’un air contrit, c’est que c’est étonnant. On se rend vraiment compte en regardant ce ciel étoilé que nous ne sommes plus sur terre. Ça me rend tout chose je t’assure exagéra-t-il.
Et comment s’appelle ces étoiles?
Aimé sortit un paquet de cigarettes de sa sacoche, en prit une et retira avec ses dents le filtre qu’il cracha au loin. Il coinça sa cibiche aux commissures des lèvres et fit frotter le pouce et le majeur à son bout faisant naître ainsi une flamme qui alluma sa cigarette. Il inspira profondément et rejeta la fumée par le nez avant de soupirer:
- Tu vois celle qui est Bleue et plus en retrait que les autres ? Sans attendre de réponse il continua : et bien c’est le Vieil Astre. Et l’autre à sa droite la Mère. La rouge le Forgeron. Celle qui est brillante comme le métal c’est l’Orphelin , l’étoile de tous les voyageurs car il indique toujours le nord.
Comme l’étoile de Berger en fait fit distraitement Élodie avant d’étouffer un bâillement. Dans le noir Aimé acquiesça comme si on pouvait le voir puis il répondit, se rendant compte de l’inutilité de son geste:
- oui c’est pareil mais je trouve que celle -la est plus belle, tu ne trouves pas?
Quelques minutes plus tard un doux ronflement lui répondit, elle s’était endormit entre les bras de David qui lui aussi avait sombré dans ceux de Morphée tout comme Bonav. Aimé soupira en les voyant ainsi et sortit de son sac à malice quatre couvertures de survie encore dans leurs emballages. Il en couvrit les enfants. Ses gestes étaient lents, décortiqués comme s’il prenait son temps pour se souvenir de ce moment.
Le lendemain matin et cela pendant quatre jours, les voyageurs se levèrent au petit jour malgré les protestations de certains et partirent après avoir mangé quelques gâteaux.
Cela dura ainsi quelques temps jusqu’à ce que Bonaventure ne s‘évanouisse brutalement.
Mu par l’instinct David le retint juste avant qu’il ne s’écroule à terre puis accompagna sa chute pour l‘étendre sur le sol. Aimé alerté par le bruit se retourna et courut vers les enfants lorsqu’ il se rendit compte qu’ils avaient un problème. Il tomba à genoux devant les enfants en interrogeant son fils du regard, « qu’est-ce qu’il a ? »
David qui avait posé la tête de son ami sur ses cuisses ne pu que hausser les épaules.
- je ne sais pas fit il d’une voie blanche.
Alors Aimé posa la paume de sa main droite sur le front de l’évanoui puis secoua la tête.
- Il est fiévreux. A mon avis il doit être malade depuis pas mal de jours et vu qu’il est Dinguedong il n’ a rien put dire.
-Qu’est-ce que vous allez faire demanda Élodie qui s’était aussi agenouillée à coté d’eux.
Aimé ne répondit pas tout de suite, comme si lui aussi était désemparé.
-Pour commencer faut déjà que la fièvre tombe pour que son corps se rétablisse. Mais ça va être coton vu qu‘il n‘y à plus personne aux commandes.
Le père fouilla dans son sac et en sortit un paquet d’aspirine ainsi qu’une gourde en peau.
Il pinça le nez de Bonav pour ouvrir sa bouche et y fourra rapidement les deux cachetons qu’il fit passer avec une bonne rasade d’eau.
Le liquide dégoulinait un peu aux commissures mais le jeune malade ne s’étouffa pas, ce qui fut une bonne chose. Aimé ayant pourtant de bonnes connaissances en magie de guérison n’essaya même pas d’apaiser le garçon avec. Il savait qu’elle serait inutile tant que le moribond ne retrouverait pas ses esprits . Elle serait sans effet ou pourrait même le tuer car la fièvre n’était qu’une réaction normale d’un corps privé d’esprit aux commandes.
-Est-ce que je pourrais vous aider demanda la jeune fille visiblement bouleversée.
Aimé ne s’attendant pas à cela leva brusquement la tête. Tu veux vraiment m’aider? Dans sa voix percevait de la fierté. Même en étant plus bas que terre la jeune fille voulait aider alors que sa situation était aussi précaire.
Le visage ruisselant de larmes la gamine parla sans fioritures :
- Si il y a quelques chose que je peux faire pour l’apaiser dites le moi car je ne veux plus le voir ainsi, je ne peux plus.
Aimé hocha la tête malgré lui car ma foi la belette parlait juste.
-Okay ma belle, alors si tu veux l’aider, faut que tu humidifie son front pour faire baisser sa température corporel pendant que moi je vais chercher des plantes médicamenteuses fit-il en sortant de son Small bag une outre à moitié pleine et un chiffon.
(David se demanda comment le sac de son père pouvait contenir autant de choses alors qu’il paraissait la plupart du temps vide et mit cela sur le compte de la magie).
La jeune fille prit ce qu’on lui tendait sans un mot et mouilla le torchon pour rafraîchir son malheureux ami. Aimé la regarda faire un instant et décida qu’il était entre de bonnes mains
(de toute façon avait il vraiment le choix ?!)
car il se leva après un petit signe de tête et partit en courant. Ça faisait trop longtemps qu’il n’était pas venu ici! Pesta -t-il après avoir fouillé une heure dans les environs.
Faut quand même être con pour appeler un démon avec une invocation pour esprit siffla l’exilé entre ses dents. Il mériterait bien que je le soulage sur le champs de la douleur et qu’il passe son chemin de l’autre coté de la clairière.
Il y a quelques années il l’aurait expédié chez Adès sans hésiter si la situation du malade aurait compromit la survie du groupe. Et vite fait bien fait, sans douleur en plus. Mais la donne avait changé depuis et fallait reconnaître que lui aussi. Il ne voulait pas passer pour un k monstre devant son fils et il essayerait de tous les sauver sans casse. Même au mépris de sa vie.
Il inspira profondément et prit une décision importante.
Il s’agenouilla et ferma les yeux en plongeant ses mains dans les feuilles mortes, pourries et la terre noire. Et ainsi il se mit à psalmodier « Moi Calaar fils d’Aiegir , seigneur des Strates Inférieures et de Morgawana la sorcière folle appelle à lui l’esprit de la foret. »
Pendant quelques instants rien ne se passa puis un brusque coups de vent souffla, faisant bouger, bruisser les branches des arbres leur donnant ainsi le don de parole: Nous Esprits Sylvains t’avons entendus et feront ton bon vouloir en souvenir de ton aide passée.
Puis le silence redevint maître des lieux et Aimé ouvrit les yeux. A ces pieds se trouva un tas de feuilles vertes qu’il connaissait sous le nom d’Ambroisia. Il se pencha en avant pour les récupérer lorsqu’il entendit comme un écho aux paroles des arbres.
« Suis le Lapin blanc » fit la voie végétale. Aimé se retourna juste à temps pour voir le plus gros lapin qu’il avait jamais vu en train de vaquer à ses occupations, se déplaçant en mâchouillant en brin d’herbe par çi par là.
Heureusement pour Aimé, le Lapin Blanc n’avait pas aujourd’hui rendez vous avec la Dame de Cœur et sautillait en direction de l’endroit où se trouvait les enfants. Aimé n’aurait pas ainsi à faire de choix cornéliens. Il suivit le Lapin d’assez loin pour ne pas l’effaroucher bien qu’il avait l’intuition qu’il fallait bien plus qu’un homme pour le déranger de son destin car cette bestiole était l’envoyée de la foret.
Puis le gros rongeur déboula dans la clairière des enfants. Elodie mouillait un chiffon pour le tendre ensuite à David lorsque le lapin s’arrêta à quelques mètres d'eux. Peu de temps après Aimé arriva lui aussi et s’agenouilla aux pieds des enfants. Il arracha presque le moribond des mains de son fils puis le jeta sur ses épaules sous les regards interdits des enfants avant de se lever et de tourner les talons avec son fardeau. Éberlué, David crut que son père allait abréger les souffrances de son ami sans explication mais il le rassura rapidement sans pour autant ralentir le rythme.
-Si tu veux sauver ton ami il faut suivre le lapin.
Alors commença ainsi la petite randonnée pour les quatre étrangers; l‘un en équilibre sur l‘épaule de l‘autre, au rythme des bonds du rongeur.
Ils firent des petites haltes de cinq minutes durant la journée mais ils ne s’arrêtèrent vraiment qu’une ou deux heures avant le crépuscule, le lapin se coucha en boule sous un tas de feuilles mortes une fois le soleil ccouchant. Les enfants cherchèrent alors du bois tandis que Aimé partait chasser. Seulement le premier soir il ne revint pas qu’avec des faisans mais aussi avec deux perches en bois. Lorsqu’il vit son padre sortir une bâche de son sac ainsi que de la ficelle, David comprit que son père construisait un brancard. Avec ce brancard leur quotidien leur paru plus aisé. Ils se relayèrent tous les trois à tour de rôle pour le tirer, même Elodie y allait de sa personne, ne renaclant pas sous l’effort.
Le soir après avoir soigner Bonav avec ses herbes, Aimé allumait toujours le feu d’une façon différente pour montrer les variances de la magie. Il partageait aussi toutes ses connaissances sur ce monde. Il vantait toutes ses beautés et ses yeux brillèrent de plaisirs lorsqu’ il parlait des créatures magiques telle que les pégases, licornes, capricornes, griffons et autres chimères. Tous les soirs alors que les autres dormaient profondément Élodie et David s’éclipsaient pour être enfin seul et goûter l’odeur de l’autre. Sentir son doux contact sur sa peau.
Le quatrième jour ils tombèrent sur un monument de pierre en plein milieu de la foret. Ils en furent si interdits que David ne pu s’empêcher de lâcher: Ah ben merde alors ici aussi ils ont un Stonehenge.
Aimé fut si surprit par la remarque qu’il faillit s’étouffer.
-Pas du tout, c’est un dolmen entouré d’un cercle de pierre . Cet assemblage d’ordre religieux est un sanctuaire pour les elfes et ceux qui savent l’utiliser.
-Pourquoi faire? demanda Élodie.
-Parce qu’il se compose de plusieurs runes magiques et que dans toutes celles de protections, il y en a une d’alarme.
-Une d’alarme ? David ne comprenait pas ou avait peur de comprendre.
Oui , comme une balise. Quand quelqu’un l’actionne elle émet un signal qui est seulement perçu par son peuple. Cela leur permet ainsi de venir sauver un des leurs qui se retrouve en mauvaise posture.
Sur ces mots Aimé franchit rapidement la distance qui les séparaient du monument et se laissa tomber près du cercle de pierre. C’était si comique de voir son père se pencher au dessus de ses cailloux, la mine soucieuse qu’il ne pu s’empêcher de le vanner
(et oublia l’état de son ami un instant ainsi que le White Rabbit qui disparu de l‘histoire)
: Tu sais que tu ressemble à un vieil archéologue frustré?
Si concentré qu’il était, Aimé ne prit pas la peine de relever la boutade.
« Il y a un sortilège de Répulsion qui empêche tout étranger de venir profaner le sanctuaire et si quelqu’un passe outre un attrape Foudre le frappe de plein fouet ainsi que des dizaines de malédictions. Un vrai travail d’orfèvre » sourit- il .
David qui s’était approché et ne connaissait rien à la magie en convint quand même. Il admira le tracé des courbes, des pleins et des déliés gravés à même la roche. Les symboles magiques brillaient d’une lueur jaune fluorescente.
-C’est beau remarqua Élodie.
-Tu m’étonnes fit Aimé faisant le tour du cercle pierreux à genou.
Tout à coup il s’arrêta devant une rune et regarda les enfants, une lueur d’excitation dansant dans les yeux .
-Je l’ai trouvé dit il juste avant de la recopier dans l’air.
Il leva les mains au niveau de son visage et ferma les yeux et son esprit à toute distraction extérieure. Ses doigts doués comme d’une vie propre s’agitèrent, se mouvèrent dans le vide tel le maître d’orchestre donnant la mesure à sa troupe. Une rune prit alors forme et se mit à grossir avant de disparaître.
C’est à ce moment là qu’Aime se rendit compte qu’on lui parlait.
-J’aurais préféré que vous ne fassiez point cela soupira une voix derrière lui.
Il allait se retourner quand un phénix de flammes apparu soudainement sur les monolithes de granite. Il déplia tout à coup ses ailes et dans un cri strident prit son envol comme un fusée en direction du firmament.
Perplexe, le Censeur Drew continua d’observer le ciel dix minutes après que l’oiseau de feu eut disparu de sa vue. Puis il eut un sourire entendu. L’oiseau quelqu’ il était venait de prendre son envol non loin de l’endroit où devait se trouver son gibier. Il décida aussitôt de passer à l’action car ces mecs n’étaient finalement pas à prendre à la légère. Surtout s’ils étaient capables d’invoquer un phénix. Il prit alors sur lui d’arrêter la filature et de prendre en flag les partisans des voyageurs. Car depuis maintenant une vingtaines d’années toutes personnes suspectées de passer entre les mondes et ceux qui les aidaient étaient arrêtées interrogées et exécutées pour raison d’état et accusées d’espionnage pour une quelconque puissance obscure.
*****
Aimé soupira en découvrant près d’un chêne une fille verte vêtue seulement d’une grosse feuille de chêne qui cachait son entrejambe. Ses longs cheveux plutôt moussus, descendaient jusqu’à sa taille et ses yeux marrons foncé n’avaient pas de pupilles. Cette créature sembla sourire en indiquant le chêne comme si elle les invitait à entrer dedans
-C’est quoi demanda David éberlué et légèrement fasciné par les diverses courbes avantageuses de la créature.
-Une dryade fit Aimé en suivant la jeune fille qui disparut dans l’arbre. Juste avant de la rejoindre, il s’arrêta et regarda les enfants d’un air anxieux.
-J’espère que vous n’avez pas cassé une branche ou offensé un arbre en faisant vos besoins sur un tronc.
Les adolescents s’entre-regardèrent un moment, ne sachant pas trop comment l’autre allait réagir.
Ce fut Élodie qui répondit : non
Aimé paru soulagé, bon ça va alors.
****
David ne comprenait rien à ce qui venait se passer. Avec son père, sa copine et son pote il avait suivit une fille verdâtre qu’il trouvait quand même pas mal jusqu’à ce que cette dernière disparaisse à ’intérieur de l’arbre. Quand ce fut à son tour de passer à travers l’écorce il ferma les yeux , redoutant inconsciemment de se cogner contre le tronc et d’avoir l’air plus ridicule que d’habitude. Mais il ne se cogna pas et se retrouva à l’intérieur d’un immense hall d’entrée, haute de plafond, voûtée comme une église. L’intérieur de l’arbre était deux fois plus gros que son extérieur laissait paraître, nul doute que la magie y était pour quelque. Du lierre luisant accroché un peu partout au mur éclairait la pièce d’une lueur phosphorescente. Au fond de la pièce se trouvait un très grand escalier tournant. La jeune fille qu’ils avaient vus dehors les attendaient d’ailleurs devant, sans s’occuper des autres dryades qui vaquaient à leurs propres occupations. La plupart étaient des femelles mais les rares mâles qu’on voyait suffisait pour savoir que ce n’était pas à eux qu’on la racontait. Aussi nus que leurs compagnes ( Élodie rougit d’ailleurs en les regardant), ils étaient cependant plus grands qu’elles et donnaient l’impression à David de pouvoir mettre une raclée à un bataillon de trolls sauvages bien qu’il n’avait jamais vu ces créatures, en captivité ou à l’état sauvage. Une fois que Bonav eu passé le seuil du tronc la jeune dryade commença son ascension. Son popotin bougeait si bien que David en fut si hypnotisé qu’il loupa une marche. La jeune donzelle verte se retourna et sourit comme si elle avait lu dans ses pensées (Oh non, elle ne peut pas lire dans mes pensées, hein c’est ridicule n’est ce pas?) avant de continuer à gravir les étages. Aimé prit son fils par l’épaule et lui chuchota à l’oreille: bloque tes pensées si tu veux qu’on sorte d’ici vivants. Ce fut au tour du garçon de rougir. Oh merde se dit il, elle à tout entendu.
-Et ouais fit son père comme si lui se mettait aussi à fouiner où il ne fallait pas alors que tout simplement lui aussi avait été un jour un adolescent.
A chaque palier l ’escalier était flanqué de grandes salles qu’on franchissait en passant sous des arches cagneuses et noueuses.
Arrivée au dernier niveau La jeune fille franchit l’une d’entre elles.
Cette pièce très grande grouillait de monde, de dryades bien entendu qui s ’affairaient à des tâches connues d’elles seules.
Elles se séparèrent et laissèrent un chemin que la jeune fille suivit. Le jeune homme fut légèrement horrifié lorsqu’il imagina le chemin se refermer derrière comme les mâchoires acérées d’un piège à loup. Il se sentait légèrement oppressé et se mit à faire de l’humour en voyant la densité de la foule.
-Ouha, j’espère que c’est tes amis, ces gentilles personnes sinon on risquerait d’avoir des ennuis.
Aimé haussa les épaules.
-à vrai dire cela fait si longtemps que je ne suis pas venu dans ce monde que je ne me rappelle plus trop de mes ennemis.
La vue de la tête de son fils le fit sourire et il lui tapa sur l’épaule avant de se retourner. Au fond de la pièce se trouvait un vieil homme assis sur un fauteuil. Élodie se rendit compte que c’était le seul homme d’âge mur présent dans l‘arbre ou du moins dans cette pièce. Ses joues bien rondes étaient d’un brun verdâtre légèrement taché de gris, tandis que sa chevelure éparses de même couleur paraissait avoir subi les assauts du vent. Même assis sur son fauteuil le vieil homme paraissait imposant avec ses bras gros comme des troncs, ses mains noueuses posées sur des cuisses musclées et son ventre arrondi telle une barrique.
Aimé s’arrêta à deux mètres de l’ancien et fit quelque chose qui surprit son fils. Il mit un genou à terre et posa son coude droit sur le genou gauche et colla son poing sur sa tête baissée . Il déclara alors :
-Vénérable nous sommes fiers que nos routes se croisent et nous apprécions l’honneur que vous nous faites. Que vos pousses soient nombreuses et la dormance courte.
A ces dernières paroles , le vieux dryade sourit:
- A l’époque vous aviez dit exactement la même phrase bizarre mais comme je vous l’avait dit c’est gentil de votre part de vous inquiétez de ce moment pénible.
Aimé n’eut pas le temps de répondre que sa voix se fit soudain plus dure:
- vous ne vous souvenez donc pas? Je pourrais prendre cela pour une offense vous savez? Le vieux dryade n’avait pas finit sa phrase que David ressentit dans son dos la présence de plusieurs personnes genre armoire à glace. Qui disparu dès que l’être fut une parodie de sourire.
Mais je ne m’en formalise pas trop. On peut en oublier des choses en trois cent ans…
(trois cent ans ??!mais quel âge à son père ??!! se demanda Elodie qui avait jusque là encore l’impression d’être dans un rêve Oh oui je suis encore en train de dormir dans mon lit et je fais un rêve à la mode seigneurs des anneaux à cause de David qui me gave avec la fantasy ! ).
Malheureusement elle savait aussi que ses rêves ne pouvaient pas être aussi précis et que les fragrances et les textures étaient trop réelles.
…Moi je m’en souviens comme si c’était hier. Vous étiez accompagné par des Grand’ Oreilles et vous vous teniez ici même devant moi pour présenter vos vœux de fertilité.
Pendant une dizaine de secondes Aime ne parut toujours pas se rappeler ce moment et David réalisa avec horreur que leur survie dépendait de la mémoire apparemment défaillante de son père sur un évènement arrivé il y a des lustres.
Bizarrement il ne fut pas troublé de savoir que son père avait déjà vécu plusieurs fois la vie d’un homme normal
(Oui allons encore plus dans l’étrange soupira t il intérieurement.)
Heureusement ce dernier se ressaisit rapidement et un de ses rares sourire chaleureux éblouissa son visage à l’évocation de son passé.
-Vénérable Ankhmorph… rien ne me fera oublier notre rencontre du solciste d’été…
Le vieil homme lui rendit son sourire, dévoilant par la même occasion ses dents d’écorces brunâtre.
-ah je suis vraiment content que vous vous en rappeliez mon ami. A cette époque les races peuplant la forêt vivaient en bonne intelligence, maintenant ce n’est qu’indifférence. Cela fait des lustres que les grandes oreilles sont venus nous voir…
Le regard perdu dans le vague il semblait se remémorer des moments plus chaleureux.
Puis il revint rapidement à la réalité, ses traits redevenant plus grave.
-Mais ce n’est pas pour évoquer le bon temps où j’étais une jeune pousse, bon peut être plus qu’une jeune pousse rectifia-t-il devant le sourire d’Aimé.
Je vous aurais laissé passer votre chemin sans me faire rappeler à votre mémoire si vous n’aviez pas eu de gros problèmes.
Là, Aimé devint fort attentif, sa concentration se lisait sur son visage.
-Quel genre de problème ? grogna -t-il
- Du genre mortel à qui vous avez indiqué votre position.
-Je ne savais pas que j’allais invoquer un phénix crut bon se justifier Aimé.
Le vieux dryade mâle haussa les épaules: Enfin bon le mal est fait, cela ne vous fait qu’un ennemi de plus et vous n’êtes plus à un près n’est-ce pas? Devant le silence de l’humain il continua.
-Vous savez que l’ouverture de la porte s’est répercutée à travers le monde et jusqu’aux Strates Inférieures?
A ces mots Aimé pâlit si fort que David cru son père en train de mourir.
Ce dernier se remit rapidement de la nouvelle. Dès qu’il avait passé la porte il avait su que son père retrouverait tôt ou tard sa piste. Enfin pas si rapidement quand même.
-Le mal est fait fit Aimé fataliste, mais d’où vient le problème le plus pressant.
-Il vient d’un mage d’état, un Censeur qui vous suit à la trace depuis le début. Je peux vous dire que s’il l’aurait voulut, votre cavalcade se serait arrêtée depuis longtemps déjà.
-Il nous à laisser filer pour pouvoir remonter toute la filature et capturer ceux qui nous offriraient leurs aides comprit alors le voyageur.
-Oui acquiesça le vieil être et la vue du phénix l’à décidé à passer à l’action.
-Etes vous sûr que ce soit un mage d’état et encore plus un Censeur?
-Bien sur mais si vous voulez le voir par vous-même ,il n’y a pas de problème.
Voyant que Aimé ne répondit pas, le Vénérable leva un doigt décharné tandis qu’une vingtaine de femelles se rassemblèrent en un groupe compact, se donnèrent la main et reculèrent pour former un grand cercle.
David sourit malgré lui. Cela lui rappelait ses vertes années alors qu’il allait encore à la MJC du quartier où il faisaient des cercles pour jouer à la tomate.
Les dryades quand à elles se mirent à tourner dans le sens contraire des aiguilles d’une montre.
Élodie se rappela tout à coups un livre de conte où les sorcières dansaient ainsi pour faire naître des sorts.
Vois, vois notre magie, une magie sauvage et indomptée. La magie de la nature et de l’arbre fit le vieil homme
A ce moment des voix s’élevèrent en un chant doux et lancinant qui s’accéléra en même temps que la vitesse du cercle. Qui devint peu à peu qu’une masse indistincte jusqu’à ce qu’un gigantesque rayon lumineux blanc éclatant piqua du plafond pour converger au milieu du cercle. Il y forma l’image floue d’une forêt quelconque puis devint plus précise. Pour y montrer une personne vêtue d’une capeline. C’était un homme d’une quarantaine d’années d’un mètre soixante quinze au corps sec. Sa cape rabattue sur sa nuque laissait voir un visage anguleux, aux yeux sombres et enfoncés où se lisait une vive intelligence ainsi qu’une chevelure drue finissant en une queue de cheval.
Il était vêtu d’une tunique verte sous une cape rouge brodée du symbole des mages d‘état, un pentacle surmonté d’une Balance pour l’Équilibre. Ces deux dessins montrait son appartenance à l’ordre des Censeurs. Les mages d’Etat étaient des sorciers qui, en échange d’une totale liberté sur leurs recherche et un libre accès à la bibliothèque Impériale se mettaient aux services de l‘Empereur, formant ainsi la pierre angulaire de son armée. Car les mages d’Etat se retrouvaient dans toutes les sphères de l‘empire, du domaine administratif et financiers au Guet.
Les Censeurs quand à eux veillaient à ceux que leurs collègues respectent l’ Équilibre et les préceptes magiques fondamentaux à leurs ordres.
-Alors vous nous croyez maintenant demanda l’ancien lorsque la farandole s‘arrêta brusquement, faisant disparaître l‘image de l‘homme.
Aimé baissa la tête écœuré d’avoir mit en doute la parole du dryade mâle.
-Je m’excuse de ne pas vous avoir cru mais nous ne pouvons rien contre le destin.
Le vieil être haussa les sourcils,
-mais si bien sur, ma demeure peut être votre demeure jusqu’à ce que les grand’ oreilles viennent voir pourquoi une rune vieille de milles ans s’est soudain activée. Le murmure du vent peut aussi les prévenir de votre présence pour pouvoir se préparer en conséquence ajouta-t-il après un moment de silence.
-Je ne veux pas abuser de votre hospitalité murmura Aimé
Allons, allons ne soyez pas si bête je vous en prie. Cela ne nous gène pas du tout conclut l‘ancien.
Les invités furent alors conduits dans une pièce des étages inférieurs pour leur seule exclusivité.
La salle très spartiate avait pour tout mobilier un divan et une table basse où se trouvait quatre gobelets en bois ainsi qu’une cruche emplis d‘un liquide légèrement visqueux. Quatre nattes soigneusement roulées attendaient patiemment qu’on les déplies pour dormir par terre.
David s’allongea sur le divan avec ses amis et regarda son père faire les cents pas dans la pièce , la mine anxieuse.
-Qu’est-ce qu’on fait demanda David, on va pas attendre toute la vie ici?
-Que veux tu qu’on fasse rétorqua Aimé excédé. Il faut attendre ici que l’autre embarras s’en aille et que mes amis viennent nous chercher.
****
Dépité , Drew tapa du pied.
Par tous les Dieux ! ils ne pouvaient pas s’être échappés ! Et pourtant il avait bien suivit la piste jusqu’au cercle de pierre. Le sol à cet endroit était si humide qu’on pouvait même percevoir l’endroit où l’un d’entre eux s’était agenouillé. La terre gorgée d’eaux à certains endroits était suffisamment tassée qu’on on pouvait même lire le nom de l’autre, là Nike (personnellement Drew trouvait bête d’écrire son nom sur sa semelle). Puis après plus rien. Pas une piste, pas une trace. Rien. Nadal. Cela s’arrêtait au pied d’un chêne, comme s'ils avaient tous grimpé dans ses frondaisons. Ridicule. Il savait grâce au traces rectilignes que les fuyards avaient avec eux au moins un type mal au point qu’ils devaient traîner sur un brancard de fortune. Il se maudit de ne pas leur être tombé sur le paletot plus tôt. Tout ça parce qu’il voulait remonter la filière. Bah elle est belle la filière hein. Du coup il ne lui restait plus qu’à rentrer les mains vides.
Il eu un sursaut d’orgueil. Non il ne pouvait pas faire cela. Il devait les retrouver. S’il le fallait il appellerait l’armée pour fouiller la forêt de fond en comble mais il ne connaitrait pas l’opprobre de la défaite. Après deux heures de recherches infructueuses il se résigna finalement à aller taper à la porte de la garnison la plus proche.
****
Les voyageurs restèrent dans la chambre trois jours entiers jusqu’à ce qu’une dryade leur signal le départ du Censeur et l’arrivée des Grand’Oreilles . Alors après avoir remercié le Vénérable de son hospitalité, Ils établirent un campement à l’intérieur du cercle de pierre
C’était autour d’un feu de bois vacillant et une tasse de café que le groupe reçu les éclaireurs elfiques. Car c’étaient bien des elfes. Leur capuche rejetée sur la nuque découvrait les oreilles fines et pointues qui trahissaient tant leur origines. Au nombre de cinq, ils montaient tous une licorne, chacune plus belle que les autres. Elles avaient toutes une robe de couleur identique d’un blanc étincelant. Leur corne unique brillait au milieu de leur front telle une étoile.
Leurs maîtres restèrent un instant pétrifiés en voyant devant eux quatre humains qui les attendaient en buvant un café. Visiblement le message du vénérable ne devait leur être parvenu qu’à moitié. Avant qu’ils ne se remettent de leur surprise, Aimé posa sa tasse de café à terre puis s’agenouilla ,la tête inclinée et le front sur son poing;.
-Aux noms de nos unions passées et futurs nous demandons aide et assistance auprès de vous, Peuples Sages fit il d‘une voix humble.
L’un des elfes, sûrement le plus ancien se remit plus rapidement que les autres et hocha la tête. Mais David ne savait si cela voulait dire que leur requête était accepté ou qu’il l’avait seulement comprise.
-Es tu le Père du groupe demanda l’elfe.
Aimé paru réfléchir à la question, se demanda ce qu’allait impliquer la réponse. Parce que de telles choses impliquaient beaucoup de responsabilité même s’il ne savait pas lesquelles à cet instant. Puis il sourit fièrement et dit d’une voix qui aurait appartenu à un grand seigneur. Oui je suis le Père, je suis Calaar , fils d’Aiegir Seigneur des Strates Inférieures et de la sorcière rousse Morgawana la Folle. Il fit ensuite un geste vague du bras englobant les enfants. Ceci est mon eashira.
Voici Élodie, Bonav et mon fils David
A chaque nom l’elfe salua la personne désignée qui répondit de la même façon. Alors Calaar, comme je m’en doute tu dois connaître les lois de mon peuple et sais que ce n’est pas à moi de répondre à ta demande mais à notre Mère. Cependant, durant votre passage chez nous vous ne manquerez de rien affirma -t-il. Un elfe blond fit brutalement: Celui que vous prétendez être était plus grand que vous. S’il était encore vivant, bien sur et ce qui m’étonnerait fort. A cette heure là son corps doit encore fertiliser la colline de Caracosis.
Tais toi le coupa brutalement le vioque. Les légendes embellissent tes souvenirs surtout que tu n’étais qu’un enfant à cette époque. Moi je l’ai bien connu et je reconnaîtrais partout sa gueule d’ange.
Aimé hocha la tête, merci Nemrod le Tondu. Au fait ta chevelure n’a pas récupéré sa couleur naturelle remarqua l’homme en passant distraitement la main dans ses propres cheveux.
Plus maintenant fit l’elfe qui paraissait content d’être appelé par son ancien nom. Maintenant c’est Nemrod à la Blanche Chevelure.
Aimé opina comme s’il acceptait le nouveau nom de son ami. Il se souvenait encore de la raison de l’ancien. C’était pendant la Guerre des Coalitions il a plus de quatre cents ans. A cette époque, les Orcs, les Ogres et les Gobelins s’étaient ligués contre les humains, Elfes et Centaures et une partie du Petit Peuple. L’autre servant la Coalition.
Aimé avait fait partie des rares humains qui avaient choisis de se battre au coté des Elfes en s'engageant dans la compagnie rouge d’ Abraxar, compagnie de mercenaire hétéroclite composé d’humain et de non humain. L’une des premières compagnie qui avait autorisé l’ engagement inter- raciale. Il s’était donc retrouvé avec une partie des Elfes d’Alar à la passe D’Igbar, protégeant l’Empire Humain contre des milliers de Gobelins et d’Orcs. Ils avaient été le dernier rempart de l’Empire face à la barbarie. Un jour alors qu’Aimé et Nemrod se trouvaient en première ligne, un Baveux était entré dans la bataille. Un baveux ressemblait à un tamanoir noir au poil ras aussi grand qu’un éléphant, ses yeux semblables à deux puits de flammes. Le danger se trouvait surtout dans son immense langue qui à chaque claquement produisait des milliers d’étincelles brûlant tout sur son passage. Nemrod s ‘en était brusquement retrouvé devant un et avait perdu sa chevelure qui s’enflamma durant le combat lui donnant ainsi le nom de Nemrod le Tondu.
Aimé allait dire quelque chose quand son fils lui toucha le bras. Quelque chose dans son regard le fit se retourner. Des elfes arrivèrent par dizaines dans la clairière. Certains marchaient au milieu de licornes utilisées comme bête de somme. Elles tractaient derrière elles des travois et des chariots bâchés d’où on percevait quelques fois des enfants et des femmes. Quelques unes préféraient suivre à coté des animaux, serrant contre leurs poitrines leurs nourrissons. Élodie fut surprise par le nombre d’enfants qui couraient autour des adultes en riant. Elle soupira en se rendant compte que ce peuple nageait dans le bonheur. Il n’était pas dans un monde inconnu pourchassé par des gens qui voulaient les tuer parce qu’il n’était pas d’ici. David leva les yeux au ciel et fut stupéfait de voir des Elfes montés sur des frelons aussi gros qu’une moto.
D’emblée ces bestioles lui mirent la trouille avec leurs grosses pattes velues, leurs mandibules et leurs immenses yeux. Le jeune homme reporta difficilement son attention sur leurs maîtres qui étaient soit vêtus d’amples robes richement brodées soit d’un surcot vert de chasseurs. Quoi qu’il en était ils donnaient tous une impression de grâce et de beauté que même les rares armes portées par quelques uns n’affaiblissait pas. Puis deux superbes licornes montées s’arrêtèrent devant les hommes. Elles plièrent les pattes de devant comme pour s’agenouiller et baissèrent la tête. Aussitôt leurs propriétaires sautèrent galamment à terre. L’un d’entre eux , enfin l’une d’entre elles plutôt rejeta en arrière sa capuche dévoilant ainsi ses traits. Qui appartenait à une magnifique jeune femme d’une trentaine d’années aux cheveux roux bouclés et aux yeux vert captivants. Ses lèvres étaient si pulpeuses que David eut soudain envie de poser délicatement les siennes dessus. Elle était vêtue d’une ample robe verte finement brodée et d’une paire de bottes noires. Tandis qu’elle et son compagnon qui n’avait toujours pas dévoilé ses traits s’approchèrent des étrangers, Nemrod expliqua la situation.
« Mère, Calaar est revenu parmi nous demandant aide et assistance au clan de Chaslion. »
La jeune femme hocha la tête comme si elle avait toujours su la raison de leur présence. Je suis Ayerdel, la Mère de ce clan. Celle qui guide ses pas le long du sentier de la vie. Je suis contente de te revoir, Calaar. Nous te croyons déjà de l’autre coté de la clairière.
Aimé se gratta la joue du plat de la main droite. A vrai dire la Mort est joueuse avec moi et c’est pour cela que je demande l’aide du peuple Elfe. Il montra Bonaventure du doigt :celui-ci est un oublieux depuis son face à face avec un démon qu’il à invoqué avec un sortilège prévu pour les esprits.
La Mère paru sincèrement désolée. Encore un qui se prenait pour un grand sorcier n’est-ce pas?
Même si ce n’était pas vraiment passé dans telles circonstances l’homme acquiesça, Oui Mère.
Il faut tout d’abord que tu sache que notre poids politique s’est affaiblit durant ton absence fit cette dernière. Mais cela n’a pas été perdu pour tout le monde, surtout pour les mages d’État et leurs Censeurs qui se sont rendus compte que de là ils pouvaient influer sur les ordres de l’Empereur. Et pour le commun des mortels le Sénat ne cesse de prendre de la place dans le paysage politique n’hésitant pas à tenter d 'affaiblir politiquement l' Empereur.
Ils intriguent donc fit Aimé qui n’y croyait pas. Même si cela faisait trois siècles qu’il était partit, il ne croyait pas que la famille Impériale puisse se faire manipuler ,elle qui était de son temps si orgueilleuse.
Oui approuva gravement Ayerdel en faisant référence aux Censeurs. ils intriguent et prennent part à presque toutes les décisions Impériales. Notamment celles qui traitent des Voyageurs. Faut dire que le nombre d’étrangers venant d’autres mondes n’a cessé d’augmenter ces dernières années. Ils ont beau essayer de passer inaperçu, les Censeurs les retrouvent toujours et les arrêtent pour espionnage ou seule raison d’État. Bien que la plupart du temps ce ne sont que des pauvres âmes égarées qui ignorent comment elles ont passé le voile entre les mondes. Même si le lien entre la période sombre et la présence d’étrangers n’est pas clairement établi, les censeurs se servent de cette excuse pour assoir leur domination. Elle se tut un instant et un silence éloquent s ‘abattit sur le groupe. Et ceux de ce monde qui les aident sont accusés de haute trahison.
La femme plongea son regard enivrant dans celui d’Aimé: Nous réfutons catégoriquement ces lois car nous aimons profondément ces Voyageurs qui nous apportent en retour beaucoup de connaissances inestimables.
Mais pourquoi veulent ils nous arrêter demanda David, mon père est originaire de ce monde.
-Oui concéda l’encapuché mais vous ne trouverez personne pour le prouver. Je ne connais aucun humain pouvant vivre trois siècles, pas même chez les mages.
-Mais vous, vous pouvez le prouvez.
- Et c’est là que les Censeurs crieront au complot. Ils nous accuseront encore une fois de plus de saper l’autorité de l‘Empereur.
-Est ce que l’Empereur est si crédule que cela?
-Non mais les Mages d’état ont déjoués in extrémis un complot visant sa personne alors que même ses contres- assassins n’ont rien vu venir.
-Même les Chiens de Gardes ? Demanda Aimé sceptique.
Oui et eux aussi perdirent beaucoup de prestige dans cette affaire ainsi que la confiance Impériale. Depuis ce temps Il ne se repose que sur les Mages et ne parle plus aux autres membres de son Conseil.
Mais que disent-ils à l’Empereur pour qu’il vous dénigre.
Ils ne cessent d’affirmer que nous jetons le discrédit sur tout l’Empire en ne nous rangeant pas sous sa bannière.
-Mais c’est intolérable! S’exaspéra Aimé, ils contestent votre liberté ! Ils oublient que vous êtes l’une des premières races libres à vous être rangées sous la bannière du Premier Empereur durant la Période Noire.
La Mère opina.
-Nous le savons mais on ne peut guère les blâmer étant donner que nous aussi avons gardé très peu de souvenirs de ces tristes événements. Sauf qu’ils étaient synonymes de peur et de sang.
David paru étonné.
Je croyais les elfes capables de vivre mille années?
-C’est vrai concéda l’elfe inconnu mais ces faits se sont déroulés il y à des millénaires, au de là de ce qu’un elfe peut vivre et nous ne possédons aucune note ou récit orale probant traitant de cette période.
Et toutes les recherches sur cette époque sont interdites par un édit de l’empereur, seuls les Tiquaires Impériaux peuvent effectuer des recherches et des fouilles archéologiques. Le résultat de leur recherche est ensuite emmené dans les profondeurs de la Tour Étincelante. Ceux qui contreviennent à cet ordre sont exécutés.
Aimé paru réfléchir puis résuma la situation
-En fait vous ne pouvez nous venir en aide.
Ayerdel haussa les épaules effectivement nous ne pouvons faire grand-chose à part peut-être nous occuper de votre ami.
- Nous pouvons le garder jusqu’à ce qu’il aille mieux…La Mère avait à peine finit sa phrase que deux elfes prirent le brancard et l’emmenèrent lui et son contenu . Devant le regard muet d’Aimé, elle ajouta, nos guérisseurs feront tout leur possible et pour les mages d’état et leurs sbires il sera le fils d’un ami des Elfes de Chaslion
Mais pour vous, nous ne pouvons guère plus que vous donner l’hospitalité durant quelques heures compléta l’autre elfe. Après avoir jeter un coup d’œil à leur dégaine il ajouta :
Et aussi peut être des vêtements plus adaptés à votre nouvel environnement.
David se regarda lui et les siens avant de porter son attention sur leurs sauveurs et ne put qu’abonder dans leur sens. L’ere du blue jeans et des chaussures en caoutchouc fabriquées par des petits pakistanais ne leur étaient pas encore parvenus.
‘ Heureusement pour leur planete’ soupira le jeune homme.
Aimé lui jeta un regard en coin mais laissa son fils tranquille lorsqu’il vit ce dernier les yeux dans le vague et préféra remercier leurs futurs donateurs.
Tandis que Aimé leur expliqua succinctement leur situation sans trop rentrer dans les détails (bien que les elfes connaissaient déjà le principal car même sans le message du Père de la Forêt ils avaient aussi sentit la vague magique secouer leur territoire) le campement ne tarda pas à se construire autour d’eux et des tipies en bois recouverts de peaux animale apparus dans la clairière.
Alors la reine ellfique prit élégamment congé des visiteurs qu’elle laissa aux bons soins de l ’encapuchonné qui les conduisit jusqu’à une tente sombre couverte de signes cabalistiques.
Avant d’y entrer, Aimé secoua la tête tel un enfant prit en faute.
Est-ce bien toi, Alfino le chaman du clan ?
Ce dernier avant de rentrer à l’intérieur de la tente se retourna en baissant son capuchon, dévoilant un magnifique sourire illuminant un visage parsemé de petites rides, témoignant de son âge ainsi que de sa sagesse. La douceur et la gentillesse se lisait tellement sur ses traits que David inconsciemment en voulut en faire son ami, son confident.
-ouida répondit le chaman d’une voix chaleureuse.
-mais pourquoi donc la reine ne vous a-t-elle pas présentée elle-même ? demanda alors Aimé.
Alfino eut une mine soucieuse
-elle ne sait pas quel problème va engendrer votre retour car même si elle ne vous l’a pas dit il y aura tôt ou tard des répercussions, qu’elles soient l’œuvre des Dieux ou bien des hommes. L'attente ainsi que l’indécision n’est pas vraiment son fort même pour quelqu’un comme elle âgée de plusieurs centaine d’années. Alfino eut un haussement d’épaule jugeant la chose futile. Ce n’est pas grave C’est assez courant chez les elfes qui n’ont pas encore dépasser le cap des six cents ans.
(Six cents ans ! Elodie et David s’entreregardèrent stupéfaits. La Mère n’avait pourtant l’air que d’avoir effleurer la trentaine.)
Ils sont encore plein de fougue et pensent trop au lendemain, tandis que nous les vieux prenons la vie comme elle vient.
Je comprend opina Aimé une fois le seuil de la tente passé, je vous remercie une fois de plus pour votre hospitalité car malgré les risques encourus vous nous ouvrez grand les bras.
Alfino balaya la remarque d’un mouvement de la main.
Allons n’en parlons plus et profitons plus tôt du moment présent voulez vous ?
A ses mots ils ne purent qu’acquiescier et enfin se mirent à explorer du regard leur étonnant environnement. Tout comme le chêne des dryades, l’intérieur semblait plus vaste que ce que l’extérieur laissait entendre. La pièce était richement décorée et d’épaisses peaux de loups recouvraient le sol. On trouvait ici de nombreuses choses comme des ustensiles de cuisines, un chaudron ou des armes, arcs, flèches, épées. Au fond, des coussins servaient de fauteuils derrière une table basse.
Alfino désigna les coussins et s’assit dessus pour montrer l’exemple. Ses invités se mirent de part et d’autre de la table en essayant de ne pas paraître désorientés, par la nouveauté enfin surtout David qui en vrai fan de Tolkien jetait des regards enfiévrés dans toutes les directions à la fois.
Élodie elle aussi semblait émerveillée mais contrairement à son fiancé savait se tenir. Elle se retenait de dévorer du regard et essayait de comprendre la situation.
Aimé tenta de relancer la conversation : quoi qu’il en soit je suis content de revoir le Protecteur du clan, celui qui protège l’Équilibre. Aimé se tourna vers les enfants et leur expliqua le statut du vieil elfe. La seule et unique charge du Protecteur était de conseiller la Mère en se référant aux événements passées et de veiller à ce que certaines réponses posées à certaines questions ne déstabilise l’Équilibre du monde et détruise le clan. Car parfois il valait mieux ne pas avoir de réponses à certaines questions dit il d’un air entendu en fixant David qui en retour s’efforça de ne pas capter le regard de son Padre.
L’elfe disposa sur la table basse des tasses qu’il sortit d’une caisse avant de les remplir à l’aide d’une théière en argile rouge vif. Il commença le service par le Père du groupe qui le remercia d’un signe de tête. Quand ce fut son tour, David regarda avec intérêt le liquide ambrée légèrement laiteux tombée dans sa tasses telle une chute d’eau brûlante. La tasse pleine, le jeune homme sourit et leur hôte passa à Élodie puis se servit lui-même. Aimé attendit qu’Alfino prenne sa tasse pour prendre la sienne et fit signe aux enfants de faire pareil. Une fois que tout le monde eu sa tasse en main, Alfino la porta à ses lèvres après un bref coups de tête que ses invités lui rendirent. Juste avant de boire, Aimé murmura ‘Chelem’ en levant son verre en direction de l’elfe qui en fit autant avant de boire sa boisson. Mais juste avant qu’Alfino ne fasse disparaître ses lèvres dans sa tasse, David cru apercevoir un sourire énigmatique poindre aux lèvres de l‘ancien. Il se rendit compte que son père le regarda d’un air soupçonneux et il se rendit compte que lui seul n’avait pas bu son thé. Il se dépêcha donc de faire disparaître le breuvage dans son gosier et posa en premier son verre sur la table. Il fut suivit peu après par Élodie qui s’essuya la bouche du revers de la main droite
(au diable les bonnes manières)
pour enlever la mousse onctueuse posée sur ses lèvres.
David sourit en la voyant, cela lui faisait penser à une publicité pour les produits laitiers.
Sa mie lui rendit un sourire gêné comme s’il l’avait prise en faute. Puis peu à peu David sentit sa vue se brouiller et le sol tanguer sous lui, lui donnant ainsi l’impression d’être à bord du bateau ivre. C’était pas normal, comme s’ils avaient bu des litres bières au lieu de …
De quoi en fait? Qu’Est-ce qu’il avait bu?
Du lait chaud de vache, de chèvre , ou pourquoi pas de licorne avec du miel? Et pis encore quelque chose pour les droguer?
Qu’est-ce qu’ils en savaient après tout? Ces mecs auraient pus être à la solde des Censeurs quoi qu’ils en disaient. Tout à coups il eu la conviction qu’on les avait…
-On nous a empoisonné cria David en essayant de se lever mais le mouvement de balancier fut si fort qu’il retomba en arrière sur les coussins.
-Je nous ais drogués rectifia posément Alfino en fixant Aimé.
‘Chelem’ soupira ce dernier en basculant sa tête en arrière les yeux mi clos.
-Mais cela veut dire quoi bon sang s’énerva Elodie ( enfin essayant de s’énerver vu que la boisson embrumait son cerveau). Elle s’attendait à ce que l’elfe lui réponde mais Aimé fut plus rapide avec une voix néanmoins pâteuse, engourdie.
C’est Chelem, un voyage initiaque qu’on ne peut faire qu’avec ayahuasca une plante chamanique qu'ils ne partagent qu’entre eux et avec de rares élus. Pour l’instant ça roule ou plutôt ça tangue devrais-je dire mais ce qu’il faut savoir C’est que ses effets sont étonnants.
Elle permet à ses consommateurs de voyager et parfois de voir son avenir dans un kaléidoscope de couleurs et de flashs. Aimé parlait lentement, essayant de ne pas s’endormir pour finir son explication.
Enfin cela dépend de la personne conclu-t-il.
Cool fit distraitement David. Sa voix se faisait lointaine, il était déjà partit dans les bras de Morphée . Et pis ce fut soudain les Ténèbres. Et la sensation de chute et de tourbillons qui l’accompagnait après une beuverie ou une journée à Eurodisney à faire tous les manèges à sensations fortes.
Mais là il avait l’impression que quelque chose clochait sans pouvoir mettre le doigt dessus.
Puis tout à coups, la lumière se fit dans son esprit.
C’était différent, le contexte n’était plus même et lui non plus.
Il se sentait, non pis encore il était devenu Gandalf le Gris lors de son combat contre le Balrog durant sa chute dans les profondeurs du monde. Il sentait les griffures du fouets des Enfers mais s’en foutait car il ne se battait pas pour lui mais pour la survie du monde. C’est à cet instant que le monstre disparu pour être remplacé par le sol qui fonça à toute vitesse sur l’adolescent redevenu lui-même. Il tenta de fermer les yeux pour ne pas voir sa propre mort mais une puissance cruelle et sarcastique l’en empêchait et il se contenta de serrer les dents à s’en faire péter l’émail, s’attendant dans une vague, un tourbillon de panique à s’écrabouiller sur le sol d’un moment à l’autre.
Mais grâce à Dieu il s’évanouit juste avant.
Derrière ses yeux pourtant clos un éclat rouge vif tente de forcer ses paupières. C’est grâce à cette gène qu’il prend conscience d’être vivant. Il hésite pourtant à ouvrir les yeux devant cette agression car il ne sait pas encore où il est tombé. Finalement il rassemble son courage et ouvre son regard sur un monde nouveau. Tout d’abord il plisse les yeux pour s’habituer au soleil éclatant qui brille haut dans le ciel. Un coups d’œil en direction de la voûte céleste lui apprend en une seconde qu’il n’est pas retourné sur Terre mais qu’il est encore bien sur ce nouveau monde : Il distingue encore les quatre astres. Une fois cela fait il se rend compte qu‘il se trouve au sommet d‘une falaise battue par les vents froids. il reste interdit un instant ,stupéfait de ce qui s’étale sous ses yeux. En contrebas une vaste plaine herbeuse est traversée par une rivière qui fuie lentement en direction du soleil.
D’où il se trouve, David distingue des taches sombres le long du cours d’eaux qui ne pouvait n’être que du bétail en train de s’abreuver.
A quinze kilomètres à l’Est, à la limite de son champs visuel il aperçut une grande colonne de fumée. Sans savoir pourquoi il se sentit aussitôt mal et ne voulut pas savoir ce qui brûlait ainsi. Pourtant il détourne difficilement le regard pour se concentrer à ce qu’il y a derrière lui. A savoir la lisière d’une immense foret. Mais son impression de malaise s’accentue lorsque il entend des pleurs.
Sa petite voix intérieure, celle de la raison lui hurlait de faire demi tour et de s’en aller loin d’ici en courant.
Mais une autre ressemblant à celle du chat dans Alice aux pays des Merveilles lui susurra à l’oreille :
« Vas voir qui couine ainsi. C’est peut être un donzelle égarée qui ne cherche que du réconfort dans tes bras musclés. »
Le ton moqueur et sarcastique ne lui échappe pas mais il va quand même en direction des bruits.
Il a conscience qu’il y a plus que la curiosité qui l’entraîne
(un mot, sortilège tente bien de briller dans son esprit embrumé )
mais cela ne le perturbe pas outre mesure.
Car le chat est un ami qui lui veut du bien. C’est le Chapelier fou qui l’a dit.
Plus il s’approche de la forêt et plus les jérémiades s’amplifient. Il ne tarde pas à découvrir un corps recroquevillé sur le sol. Secoué par ses hoquets de pleurs.
David se rend compte que le Chat l’a trompé comme il avait trompé Alice avant lui. Parce que bien entendu il n’y à aucune vierge effarouchée dans les parages, mais…
(L’autre voix, celle de la raison s’écrit triomphalement «Je t’avais bien dit de te barrer d’ici à toutes jambes tant qu’il était encore temps. Maintenant tu vas croquer! »)
…Son double.
Et lui aussi est près de péter les plombs. Son visage défiguré par le chagrin.
Sa figure est sale et enflée comme s’il s’était pris des baffes pleins la tête, puis des larmes ont tracées des sillons gris en se mélangeant à sa crasse.
Il se demande pourquoi il/lui est dans cet état.
C’est à cet instant qu’il réalise l’inconcevable : Il est tout seul! Où sont donc son père et Élodie!
David veut se jeter sur son alter égo pour le faire parler. Il est même prêt à lui rajouter des bleus si ce con ne veut rien lui dire. Il ne lui vient même pas l’idée qu’il est invisible et puis de toutes façons il s’en fout.
Il avance en direction de son Jekill (lui-même devenu Hyde) dans la ferme intention de lui parler du pays quand il s’arrête intrigué et légèrement inquiet.
Les branches des arbres ne bougent pas et pourtant il sent un courant d’air glacial sur son cou.
Ne sachant trop pourquoi, il regarde derrière lui mais ne voit rien. Jusqu’à ce qu’il lève la tête pour voir un cyclone se fondre sur lui. Et là, il se met à hurler. Avant de sombrer dans les ténèbres
David ouvre les yeux et soupire. Son imagination fait vraiment une fixette sur le Seigneur des Anneaux et Docteur Jekill and Mister Hyde car lui et son alter égo se retrouve dans une vaste salle circulaire tendance moyenâgeuse et gothique par rapport aux voûtes.
Son double est agenouillé à la vue de l’assemblée, au pied du trône d’un seigneur Elfe. A son visage fier et souriant, David se rend compte que les affaires vont mieux. Mais toujours aucune trace de son père et de sa petite copine. Avant qu’un éclair venu de nul part ne l’éblouisse soudainement, et qu’il s’en aille pour de nouvelles aventures.
( quelle nuit mouvementée!)
Il garde comme souvenir la bannière du château au dessus de l’estrade royale, une Licorne blanche se cabrant sur fond violet.
David se retrouve une fois de plus dans l’obscurité, quoique là, elle n’est pas totale.
Car le Vieil Astre, la Mère, le Forgeron et l’Orphelin entourées de leur cours d’étoiles éclairent le ciel de leurs présences et dévoilent par la même occasion les alentours à David
.
Il se trouve en fait sur les toits d’un quartier malfamé qui est un vrai coupe gorge, repaire de tous les malfrats, violeurs et voleurs en tout genre. D’ailleurs en dessous de lui retentit les bruits d’une rixe. Plutôt que de le faire fuir, le fracas des armes l’attire et l’adolescent légèrement inconscient s’approche du rebord. La ruelle ressemble vraiment à un décor de film à l’ambiance glauque avec son étroitesse, son odeur pourrie et son pauvre éclairage qui permet à peine de distinguer les protagonistes. D’où il est David arrive à s’apercevoir que la plupart des guerriers sont des jeunes qui se battent contre de la vieille raclure qui est deux fois plus nombreuse. Et là-dessous point de différence d’âge, ils se battent tous avec des lames bien vicelardes plus adaptées au combat de rue que les épées trop grandes. David se rend compte que les gamins ne doivent pas être si jeunes que ça vu que plus de la moitié de leur ennemi est à terre. Tout leurs gestes sont voulus, ils ne laissent rien à la légère. Ils se déplacent comme des fauves et tout leurs coups touchent au but. Bien qu’il ne soit pas de ce bord là, quelque chose attire son regard sur un des jeunes guerriers. Il est un peu plus grand que lui, porte comme ses camarades de jeux des vêtements sombres adaptés au combat et à la dissimulation. Ses cheveux sont bruns et bouclés comme les siens, quand il ne les coupe pas. Au moment où il plante son couteau dans le cœur de son ennemi, le guerrier tourne son visage dans sa direction. David se retient de hurler. Car même si on voit sur son visage que les années ont passées en lui laissant quelques traces, il reconnaît ses traits plus marqués, plus durs, ce regard plus froid. C’est lui plus vieux avec un peu plus de la vingtaine.
Il à du se passer une couille car là il n’est plus dans une salle de trône et ne semble porter aucunes armoiries. Puis son alter ego reporte son regard sur sa victime et rive ses yeux aux siens pour qu’il soit la dernière personne à voir dans ce monde.
Cette nuit n’est vraiment pas une nuit comme les autres. David s’en doute vraiment. Il fait trop de rêves bizarres pour qu’il soit dans un sommeil normal. La boisson des Elfes doit y être pour quelque chose. Sûrement une boisson pour shooter. Sûr que le vieil Elfe a mit des champignons hallucinogènes dans son breuvage. Parce que là, il trouva dans le ciel, non pas appuyé sur quelque chose mais vraiment dans le ciel au milieu de rien et sur rien. En dessous une forteresse assiégée avec ses habituels assiégés et assiégeants. Alors que tout les défenseurs se cachaient des flèches derrière les créneaux, un homme était carrément debout dessus, contemplant calmement la marée humaine en dessous.
Avant de se refaire encore une fois emporter par une tornade (pire que Twister dis donc!) David n’a qu’une seule pensée: merde c’est encore moi.
Puis il tournoie, tournoie sur lui-même de plus en plus vite jusqu’à en devenir fou. Et ha ha…
Aimé se retint d’hurler de justesse et ouvrit difficilement les yeux , comme si ses paupières étaient collées. Et là il siffla de surprise quand il se rendit compte de l’endroit où ils se trouvaient. Car aux dernières nouvelles lui et ses enfants auraient dus se trouver sous une tente en compagnie d’un vieil elfe , partageant ainsi son hospitalité et pas dans la pampa au milieu de nulle part.