Illusion d'un non-sens

Notes de l’auteur : Un texte plus long, plus aboutit peut-être, et qui a beaucoup de valeur à mes yeux...^^

La vie, c’est un peu comme tes yeux. Ouverts, fermés. Peu importe. La vie, c’est un peu comme ton œil brillant. Évasif. Il dévore le monde ; tu n’en as donc jamais assez ? La vie, c’est un peu comme ta pupille d’encre noire. C’est un peu comme la nuit, celle qui se pose sur le monde. Bienveillante. Je t’en prie, pose ton regard sur mon monde.

Je ne veux plus avoir peur.

 

La vie, tu sais, c’est un peu comme l’étincelle de ton regard. Sans elle, pas d’espoir. Pas d’illusions, pas de rêves. Je crois que j’ai perdu la mienne. Petite luciole. Elle s’est envolée, l’étincelle de mon regard. Vagabonde. Elle est partie rejoindre les étoiles, tout là-bas. La vois-tu ?

 

L’esprit embué. Le vent m’aspire, le vent me frappe. Il déchire ma conscience, et je sombre.

 

Souvenirs d’un autre temps.

 

Les souvenirs sont toujours d’un autre temps.

 

C’est bien pour cela qu’ils sont si cruels.

 

Apesanteur.

 

· .● ° ●. ·

 

Sourires d’hiver. Sourires de neige. C’est si beau quand on sourit. Tout s’éclaire ; tout s’écroule pour laisser place au bonheur. Vrai. Pur. Sincère. Le seul qui puisse mériter ce nom. Car le bonheur l’est rarement.

Vrai.

Pur.

Sincère.

 

Le silence d’un soir résonne entre nos murs. Entre nos cœurs. Égarés. Nous sommes égarés, c’est vrai. C’est si beau quand tu souris, me dis-tu. Et tes yeux sourient aussi. Lumineux.

Tu restes assise devant la fenêtre. Derrière toi, la neige coule. Elle coule sans jamais s’arrêter. Floraison d’un blanc d’ivoire. La neige tombe, elle se pose presque sur tes épaules. Elle aimerait tant atteindre l’étincelle de ton regard. Vivante.

 

Ce soir, j’ai vu une ombre. Une ombre dans ton œil de rêves. Elle tremble. Éphémère. Elle a déjà disparu. C’est si beau quand tu souris. C’est si beau quand tu souris, me dis-tu, et pourtant j’ai si peur… Si peur de cette ombre. Si peur du sombre reflet de tes pensées.

Mais ce n’était pas assez, me dirais-tu, et tu aurais raison. Avoir peur, ce n’était pas assez. La peur n’a jamais sauvé personne.

Je l’ai compris, tu sais, j’ai compris que j’avais tort, ce soir-là.

Je l’ai compris trop tard, bien sûr.

 

Comme toujours.

 

Comme toujours, pourrais-tu me dire. Et tu aurais raison.

 

Malgré tout, je te souris ce soir encore. L’ombre, je l’ai oubliée. Envolée. Égarée. Elle est partie quand sont arrivés tes mots. C’est si beau quand tu souris, me dis-tu, et tout s’efface, tout se brise pour ne laisser à mon âme que la contemplation d’un monde de verre. Un monde transparent ; un monde qui laisse paraître toutes ses imperfections. C’est bien cela qui le rend parfait, n’est-ce pas ? Le monde est un aveu. C’est l’aveu murmuré, confié avec la peine du cœur. C’est l’aveu d’une nuit, toute d’encre et de lait. Car c’est le contraste qui fait la valeur du temps. Car la ressemblance nous rend faibles. Insignifiants. Monotones.

Car la différence est bien la seule force qui nous reste.

 

Entre nos murs, entre nos cœurs, je me sens presque bien. L’ombre n’est plus là ; son écho résonne pourtant. Reflet d’un univers à contre-jour. Je me sens presque bien. Presque. Seule cette résonante dissonance vient déséquilibrer la raison de mes sens.

Érosion de mon âme.

J’aurais dû l’écouter. J’aurais dû écouter tes yeux. Les yeux ne mentent jamais.

 

C’est trop tard, à présent, n’est-ce pas ?

 

Pourtant, ce soir-là, nous sourions. Nous sourions du bonheur que tu m’arracheras bientôt. Nous sourions parce que le silence d’un soir résonne entre nos murs. Nous sourions parce que nous sommes égarés. Nous sommes égarés, c’est vrai. C’est si beau quand tu souris, me dis-tu. Et tes yeux sourient aussi. Lumineux.

 

J’aimerais tant sourire encore.

 

Je t’en prie, pose ton regard sur mon monde.

 

Une dernière fois.

 

Invisible.

 

· .● ° ●. ·

 

La mer me frôle de ses longs doigts d’écume. Je me redresse. Étourdi. C’est la lune qui a fait avancer la mer. C’est la lune qui nous envoie ses vagues d’espoir, me disais-tu un jours.

 

Tu sais, quand ce soir lointain me revient en mémoire, une porte s’ouvre. Sourires d’hiver. Et je retrouve presque ce bonheur. Cette joie. Cet éclat de douceur et d’envies. Et je me dis que tu saurais quoi faire.

Les regrets ne servent à rien, me disais-tu. Il faut sourire. Il faut sourire encore.

Tu sais, j’aimerais tant sourire encore…

 

Mais parfois la tristesse prend le dessus.

 

Parce que l’égarement m’a pris à la gorge.

Parce que mes sanglots ne parviennent pas à trouver le chemin de la réconciliation.

Parce que la vie, tu sais, c’est un peu comme l’étincelle de ton regard. Sans elle, pas d’espoir. Pas d’illusions, pas de rêves.

Parce que j’ai perdu la mienne. Petite luciole. Elle s’est envolée, l’étincelle de mon regard. Vagabonde. Elle est partie rejoindre les étoiles, tout là-bas. La vois-tu ?

 

La vois-tu, de là-haut ?

 

Je ne sais pas si tu pourras m’entendre. Tu sais, je crois que tu ne m’entends pas. Cri de mon âme. Entends-tu l’appel d’un esprit à la dérive ? Entends-tu mes yeux, ceux qui n’ont pas su lire les tiens ? Je sais que tu ne pourras pas me répondre.

Je ferme les yeux. À quoi servent les yeux lorsque l’on est seul ? À rien, c’est vrai. Alors je ferme les yeux.

 

Mais je t’en prie, ne m’oublie pas.

 

Pas encore.

 

Je pense toujours à toi, tu sais ?

 

· .● ° ●. ·

 

L’homme se lève. La lune lui sourit. Sourire triste ? Sourire amer ? Sourire moqueur ? Il ne sait pas ; il ne sait rien. Le monde ne veut plus dire grand-chose.

L’homme recule. Un pas. Deux pas. Trois pas. Trois pas en arrière, et la douleur le transperce. Ses dents se serrent ; il ne veut pas pleurer à nouveau.

 

Pourtant, une larme s’enfuit.

 

Une larme s’écoule.

 

Brise son visage.

 

Meurtrière.

 

La tristesse, c’est un peu comme le soleil. C’est un peu comme le soleil qui se lève. Il se lève ; que peut-on donc y faire ? Et les larmes coulent, et elles sont autant de rayons d’or. L’or doux des mots d’antan. L’or sombre d’un passé d’ambre pâle. L’or vicieux des souvenirs anthropophages.

Et le soleil nous noie, il nous noie de lumière.

Et la tristesse nous dévore. Elle dévore nos instants perdus. Les reverrons-nous donc un jour ?

 

· .● ° ●. ·

 

L’illusion d’un non-sens a traversé nos esprits.

Mais le réel reprend le dessus. Toujours. Toujours la pensée combattra nos délires avides et capricieux. Pourtant c’est bien la folie qui nous fait vivre encore. Que signifie vivre lorsque le cœur ne tremble plus ?

Rien.

Rien qu’un mot écrit. Blanc sur blanc. Illisible dans sa claire perfection.

Rien qu’un mot tracé de noir sur le noir de nos vies.

 

Et l’illusion nous forge.

Et la désillusion nous rend forts.

 

Parce qu’il faut bien souffrir.

 

· .● ° ●. ·

 

Parfois la mort nous sépare. Parfois la vie nous abandonne à la tristesse de l’impuissance. Alors seule l’illusion nous sauve. Et nos souvenirs nous rendent une vie, la vie de cet autre que l’on sait parti pour toujours.

Et nos souvenirs nous blessent. Sourires d’hiver. Et ce mal nous fait du bien.

 

Parce qu’il faut bien souffrir.

 

Ne sommes-nous pas bien lâches de regretter l’irréparable ?

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