Savoir draper son impudeur d’un voile de timidité, en laissant à peine transparaître l’éclat d’un mystère, sans jamais briser l’illusion. Posséder l’art délicat de devenir, aux yeux de l’autre, un rêve intouchable, la douce fragrance du fruit défendu. Sentir dans l’air les traces invisibles de ses gestes, les effluves de caresses imaginées, les murmures de désirs silencieux. Voir les joues s’empourprer sous le poids de pensées secrètes, éveillées par une présence effleurant l’irréel.
Et quand vient la nuit, dans la chaleur silencieuse de ton lit, tu fais danser ces instants dans les méandres de ton esprit. Les regards volés, pleins d’une attente brûlante, nourrissent l’écho d’un souvenir doux-amer. Tu te perds dans cette fièvre douce, où le feu de tes pensées embrase ton désir et inonde ton être d’une chaleur délicieuse. Seule, dans l’obscurité complice, les paupières closes, tu laisses ton imaginaire effleurer l’ivresse, guidée par l’ombre d’un plaisir secret. Après que quelques vagues puissantes et destructrices se sont écrasées sur les dunes tièdes de Vénus, tu finis par enlacer le fils d’Hypnos et de Nyx, espérant que les songes maintiendront cette douce chaleur jusqu’à l’aurore.