Je me souviens...

Par Alwenah
Notes de l’auteur : Ecrit pour un concours ! :)
 
 

Je me souviens...

Ses cheveux de neige me rappellent la couleur de l'hiver. La fraicheur du vent donne à ses joues une teinte pourpre, et ses mèches presque blanches virevoltent autour de son visage enfantin. Tes cheveux éparses me chatouillent la nuque, frémissante. C'est ces yeux soudainement heureux, lorsque tu m'aperçois, comme si enfin ta vie et la mienne recouvraient un sens auparavant dissimulé et obscur. C'est ton rire de cristal, coulant telle une mélodie mystique le long de mes tympans rougis...

 

Je perçois encore le crissement si familier de ses pas contre ce manteau clair qui avait comme recouvert le monde. L'hiver, pour moi, c'est ses doigts pourtant de glace entremêlant les miens, presque douloureux. L'hiver, c'est la chaleur de son visage doucement niché au creux de mon épaule, j'aurais aimé que jamais les émotions qui l'habitaient en cet instant ne la quittent. Mon pouce caressait sa peau d'albâtre sans vraiment en être conscient. Loin, si loin, mes pensées avaient dérivé sur une plaine enneigée, si glissante...

L'hiver, c'est ses lèvres qui, enfin, étaient venues apprendre les miennes le temps d'un baiser fugace, trop timide. Un baiser qui aurait presque pu sauver son âme égarée dans les limbes de son passé. Je n'aurais pu taire les sauts incessants que l'organe me servant de cœur s'évertuait à effectuer, caché au creux de ma poitrine. Peut-être avait-il senti les prémisses de son éloignement futur au travers de ses prunelles humides ? Peut-être était-ce une mise en garde que je n'ai su interpréter... Peu importe, ils n'étaient pour moi qu'une sorte de folie heureuse, bien que inommablement passagère. L'espace d'un instant, j'avais espéré connaître tout cela. J'avais espéré l'imaginer avec elle et ses phalanges gelées refusant de lâcher les miennes, encore tremblantes de peur. Pourtant, lentement, sans que je ne puisse rien y faire, ses doigts m'ont oubliée. La dure réalité de l'hiver et son insensible visage m'étaient soudainement apparus. Abandonnée, seule au milieu de ses anonymes, j'ai erré. Longtemps, bien longtemps, mes pupilles effarées ont cherché leur jumelles de glace.

L'hiver, c'est aussi ces si fréquentes rencontres avec son regard froid, c'est mon cœur qui doucement se refroidit, la chaleur de son corps qui s'éloigne. Jamais il ne m'aura paru si long, si froid et dénué de sens, privé de ses rires brûlants. Les nuages sombres ont recouvert mon ciel déjà blanchâtre, obstruant mes sens, et ma vie est devenue floue par de là le brouillard oppressant qui m'enveloppait le myocarde. La fraicheur de la lune me paraissait si fade, perçue à travers mes yeux fanés. L'ouragan de mes sentiments ne semblait que la frôler, impuissant face à sa froide et simple indifférence...

C'est l'impression que mes pas s'enfoncent dans la neige, m'étouffant, m'éloignant encore un peu plus de toi. Une folie indicible m'imprégnait et m'étreignait... Un seul de ses sourires aurait pourtant pu briser le glacier qu'était devenu mon cœur, un seul aurait pu le faire fondre et changer mes prunelles en un brasier infernal. Juste, poser le regard sur les lambeaux de ma chair déchue, le temps d'un soupir de résurrection, pour que la cacophonie cesse enfin. Telle une renaissance, le vent réunirait la poussière de mon être savamment dispersée au quatre coins de son visage, je l'ai tant dessiné...

Je me languis de tes caresses, de la douceur de tes mains, et de tes joues que je rêvais pourtant d'embrasser. Quelque chose me chuchote à présent que j'ai cruellement manqué de courage. Peut-être cette chose est-elle les séquelles de ton brusque départ. Peut-être que ta voix est toujours aussi profondément ancrée en moi, suinte entre mes pores, entre mes veines, et qu'elle me reproche mes silences, telle une litanie...

Devant, derrière, ou bien à mes côtés, je ressentais ta présence rassurante. J'entendais même ta voix chaude et suave me susurrer, réchauffant cet air qui se plait à me glacer les os, m'embrumer les sens... Je ne suis jamais vraiment parvenue à combler le vide qu'a laissé ton visage candide. Il y aura toujours une petite place, là, tout au fond, au cas où tu changerais d'avis, je crois. Cette place est aujourd'hui emplie d'une poussière nauséabonde, je n'y suis jamais retournée. Trop à perdre, j'ai déjà essayé...

Pourtant, contre toute attente, l'hiver restera pour moi le doux souvenir de ton sourire... Comme si jamais il ne m'avait quittée.  

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Sunny
Posté le 21/12/2010
Un texte bien de saison, et surtout très beau. Un agréable moment de lecture, donc. =)
Alwenah
Posté le 21/12/2010
Merci beaucoup ! :D
dominosama
Posté le 01/12/2012
Merde ça me rappelle une personne... L'hiver était sa saison préférée, c'est pour ça qu'il avait choisi de mourire au printemps. Pas un jour ne passe... Et l'hiver c'est pire.
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