Jeanne

Par Roxy

Elle parait tellement seule. Avec pour seule compagnie ses rides qui semblent se démultiplier. En repensant à sa vie une larme coule le long de sa joue. Elle se revoit jeune et belle, blonde comme les blés. Elle séduisait à tour de bras, ses grands yeux de biche pouvaient envouter n'importe quel cœur. A présent, c'était bien loin de son quotidien. Elle s'était marié il y a bien longtemps. Son cœur appartient toujours à ce mari perdu par la maladie. Son quotidien se déroule dans un petit appartement insalubre et sans lumière. dans une rue étroite où personne n'aimerait vivre... Les gens qui ne la connaissait pas se permettaient sans cesse de la juger comme une vieille fille avec ces trois fidèles chats. Ils étaient comme les enfants qu'elle n'avait jamais eu, par manque de temps sans doute. Elle se disait souvent que les jeunes vivaient à toute vitesse comme s'ils n'avaient jamais le temps. Elle même bien sûr avait été jeune, elle comprenait cette impression d'être toujours sous pression et de sentir le besoin de ne jamais se reposer. A présent elle pouvait prendre le temps mais elle restait seule et pleine de regrets de ne pas avoir accompli tout ce qu'elle désirait. Elle était fatiguée de la vie, fatiguée par la vie. Jeanne ne voyait aucune solution, aucune sortie. Elle était comme piégée  dans une vie dont elle ne voulait plus. Elle se sentait comme un enfant qui n'avait eu de cesse de quemander par caprice une chose qu'il avait fini par obtenir mais dont il ne voulait plus. C'est pourquoi elle s'accrochait tant que possible à l'idée que la fin était proche. La nuit lorsqu'elle fermait les yeux, elle espérait ne plus avoir à les ouvrir. Elle rêvait de retrouver sa raison de vivre, son amour, son âme. Ce mari perdu il y a si longtemps et pourtant si peu en même temps. Chaque jour s'ajouter à une éternité qui tournait dans sa tête. chaque souvenir, chaque moment de bonheur lui tirait des larmes si lourdes qu'elle avait l'impression que lorsqu'elles coulaient, ses joues s'enfonçaient toujours un peu plus. Chaque douleur, chaque peine se faisaient sentir un peu plus chaque jour. Jusqu'à ce jour, celui là même où elle croisa une jeune fille étourdie qui lui lança un sourire et lui dit : 

"La peine a beau être toujours plus lourde tant qu'on a de l'espoir il fait bon de vivre"

Ce jour-là, Jeanne resta muette et se dit l'innocence de la jeunesse était toujours belle à voir. Et pourtant, une si petite phrase lui changea la vie.

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