Age : 30 ans
Lieu : Paris
Situation amoureuse : solo
Situation professionnelle : au RSA
Mood : WTF is wrong with my life !?
J- 29
On est samedi. Hier je suis sortie, j’ai un peu la gueule de bois mais rien de trop grave. Je fini l’aprèm au parc avec Léna pour aller voir le bébé de mon pote. C’est le premier enfant de la bande de potes. C’est complètement dingue de se dire que Cécilia a pu pondre ça. Elle est adorable cette petite mais comment ça a pu sortir de quelqu’un d’autre !? Je sais que c’est fou le corps humain mais bon, c’est dingue quand je la vois comme ça. Je trouve ça mignon les bébés mais il y a une partie de moi que ça panique complet : est-ce que j’en aurais un aussi moi ? quand ? avec qui ? est-ce que j’en ai vraiment envie en fait ? est-ce que mon corps sera capable d’un tel miracle ? Enfin bref, il est 17h et Julia m’envoie un message : elle veut sortir ce soir. Son date Bumble mixe à la Java du coup elle veut y aller. Flemme. Mais bon après tout en ce moment je ne fais rien de ma vie, je n’ai pas vraiment d’excuse. Allez, je laisse le bébé qui chouine et go faire une sieste.
Une belle sieste 19h-21h à l’ancienne, comme quand je vivais en Espagne. 22h je sors du lit. Petit haut Zara sexy que j’avais encore jamais mis et le jean de la frippe que j’adore surtout quand il sort du lavage et qu’il est encore bien serré. Rendez-vous au bar à côté de chez moi avec Julia, je commence par un Coca (zéro obviously). Ambition : pas d’alcool ce soir, je sais m’amuser sans et mon foie m’en remerciera. 2eme tournée : un cocktail (alcool obviously). Ouais en vrai on est samedi, faut pas déconner. Une dose d’alcool avant d’aller en boite écouter de l’électro ça me parait nécessaire. Ecouteurs dans les oreilles à gueuler dans la rue du Santa Recommence Moi, du Hannah Montana, High School Musical et autres dingueries sonores des années 2000. Merci Julia de partager cette passion avec moi franchement ça manque dans ce groupe de pote. Petit métro ligne 2 et nous voilà à minuit dans une boite du 11eme, basse de plafond, sol qui ne colle pas encore mais qui est clairement un sol collant, canapés en sky sur les côtés et chiottes délabrés avec un pauvre mec qui nous donne du papier et nous demande de la monnaie que plus personne n’a en 2024.
La musique est cool heureusement, le date de Julia derrière les platines donc je sais qu’elle ne me lâchera pas de suite. Petit tour dehors pour fumer ses clopes et on revient dedans. Les mecs sont plutôt beaux dans la boite. C’est mon truc à moi de scanner comme un radar dès que j’entre quelque part. Je sais que c’est mal mais je juge, et je suis plutôt dans le genre juge exigeante. Simon Cowell des soirées parisiennes pour ceux qui auront la référence de X factor. Dans le lot y’en a un qui sort : grand, brun, petit style sympa en teeshirt jean avec une chemise nouée autour de la taille. Je sens que son groupe de pote mate un peu en arrière. Mais bon, syndrome de l’imposteur usuel, je me dis que c’est pour elle et pas pour moi. Entre temps Julia avait retrouvé son DJ donc les coups d’œil n’étaient pas que pour elle. Je fini par prendre mon courage à deux mains et aller lui parler.
On échange quelques mots mais je ne comprends rien, il est grand, je suis petite, je dois me hausser sur les points de pieds. J’ai des bouchons parce que mes tympans sont en PLS dès qu’on dépasse les 60 décibels (la trentaine tmtc). Il a la voix grave, franchement c’est pénible on ne se s’entend pas. Il s’appelle Jules. Petits bisous de découverte mais rien de très caliente ni ambitieux. Pause clop avec la Julia, elle me file un chewing-gum parce j’ai peur de puer de la gueule. Allez, on est en soirée, t’as bu, attrape-moi la bouche et fourre y ta langue là putain ! Je reviens dans la boite, mon haleine mentholée ne change rien à la situation et on reste sur des petits bisous. J’hésite à le ramener chez moi (dernier jour de règles on-going) mais je fini par sortir de la boite avec lui.
A la lumière des lampadaires de la rue il est encore plus beau, un grand sourire à la Edouard Baer, j’aime bien. Il me dit qu’il doit envoyer un texto à sa mère pour la prévenir qu’il ne rentre pas dormir à la maison. Je me marre. 26 ans le gamin, c’est limite du détournement de mineur mais 26 ans et dormir chez maman c’est gênant. En banlieue loin de surcroît. Arrivé chez moi il se lave les mains (j’aime les gens qui se lavent les mains) et il me demande même s’il peut emprunter ma brosse à dent pour se laver les dents (j’aime les gens qui osent faire ça et je ne comprends pas les gens qui ne veulent pas prêter sachant que je compte bien mélanger ma salive à la sienne juste après). Finalement ça ne change rien, on reste sur des petits bisous, pour la grosse galoche on repassera.
Direction mon lit, petite logistique en semi scred d’enlever mon tampon, heureusement que mes toilettes sont vraiment à 1m50 de mon lit (y’a une porte entre les deux hein). C’est cool parce que pour un mec de 26 ans, il se démerde bien. Je sens que mon corps réagit, ce n’est pas l’extase non plus mais j’aime bien. Petite déception, je sens qu’il n’a pas l’engin de l’année mais ça reste bien. Je sens que c’est un mec timide, qui n’a pas hyper confiance en lui. Il me partage un peu sa vie, un contexte familial pas des plus évidents, une petite errance pendant ses études, je commence à cerner le personnage, du moins je le pense. Il me fait rire. J’aime son rire et encore plus son sourire. Il sent bon et il ne ronfle pas. Il part le lendemain, ni trop tôt genre le type qui a hâte de s’arracher, ni trop tard pour que je sache plus comment le faire partir de chez moi. On échange nos numéros.
J-24
Quelques textos par-ci par-là dans la semaine, et on se revoit un soir. Il vient tard après le foot. Franchement heureusement pour lui qu’en ce moment je ne travaille pas parce que ça me soule trop d’attendre les gens past my bed time you know. Petit verre au bar à coté de chez moi pour pas faire trop direct, j’suis pas une meuf facile vous savez. Une bière à côté d’un groupe de papas des Batignolles qui a raté le virage et qui se sont pintés la face un cran trop loin un jeudi soir. Et puis, vu que je suis quand même une meuf facile avec des mecs beaux, sympas et drôles on rentre chez moi.
J-15
On continue d’échanger des messages de temps en temps mais rien de très profond, histoire de garder le lien sans non plus devoir se répondre dans la seconde. Je dis toujours que je suis « pas trop message » à cause de ce type d’échange que j’ai souvent au début de mes bails mais après je fini toujours par me voir en train de sourire quand je reçois un message donc bon, je suis comme toutes les meufs finalement. On se voit 3 autres fois les deux semaines qui suit, c’est toujours aussi cool. La 4eme fois il me demande même de rester le matin pour qu’on profite un peu, on se fait à manger, on chill à la maison. Les moments sont doux.
J-13
Un truc chelou commence à me trotter dans la tête : il m’embrasse peu. Déjà c’est que des petits bisous et surtout très peu entreprenant à venir m’embrasser moi, même pendant qu’on couche ensemble. Je me dis qu’il faudrait que je lui en parle, lui dire que moi je kiffe ça, que je suis généreux en bisous, ou bien tenter de savoir pourquoi il les « évite ». Je mets entre guillemets parce qu’il ne les évite pas mais il ne vient vraiment pas les chez chercher quoi.
J-12
Une angine bactérienne de la mort qui tue franchement j’ai ne jamais eu ça de ma vie. C’est surement Julia qui me l’a refilé à une soirée samedi. C’est ouf comment ça m’a tué. Je sais que je n’ai pas des défenses immunitaires en béton mais là, violence. Je n’ai pas vu Jules de la semaine. Il m’a manqué un peu mais en vrai je n’ai même pas l’énergie pour qu’il soit vraiment dans ma tête. Samedi à la soirée j’ai chopé un gars et passé la soirée à parler avec un autre. Je voulais rentrer avec lui, je voulais qu’il m’embrasse mais ça ne s’est pas fait. Si je n’avais pas eu le bail avec Jeremy en cours je crois que ça m’aurait soulé parce que Julia avait chopé elle. Enfin bref, angine fulgurante, je suis couchée dans mon lit, j’ai la mort et envie de mourir (oui je suis marseillaise). Je sors enfin de mon coma angineux après une semaine pour le mariage de mes potes. Petite forme, deux potentielles chopes mais rien au compteur, juste une gorge défoncée à coup de Céline ou autre chansons animées et grands fou rires avec mes voisines de table. Je sais que je vais revoir Jeremy donc je pense que je préfère passer un moment de bonheur, de m’amuser plutôt que courir derrière quelqu’un qui peut-être ne veut pas de moi. Trop de couples autour de nous en plus, pas envie d’être à la foi la seule célib et celle qui se prend un râteau, non merci.
J-6
Lundi soir, je revois Jeremy. On discute au lit et il me demande à quand remonte ma dernière relation. Je lui explique la situation et retourne sa question. Il a tenté un truc sérieux avec une meuf il y a 3 mois mais finalement ça ne l’a pas fait. Il voulait que ça marche mais finalement la distance des vacances lui ont fait réaliser que la fille ne lui manquait pas vraiment. Il me dit que cette relation lui a créé « quelques blocages » - je cite. Je panique. Le mot « blocage » dans ce lit, à cette place me rappelle une discussion tellement désagréable qu’elle est imprimée au fer rouge dans ma mémoire. J’élude la discussion, balance quelques généralités « tu sais parfois c’est juste une question d’alchimie, on peut pas savoir, c’est la vie ». Allez merci au revoir, next topic please.
J-5
Je me dis que j’aurais dû creuser la question. Une impression qu’il m’avait tendu une perche, est-ce que ça aurait pas pu être l’occasion de parler de nous, de cette « relation », de savoir ce qu’il veut.
J-1
Je suis en soirée avec Mélanie, j’ai un peu envie de rentrer vu que son mec vient de nous rejoindre et donc je peux la laisser. Jules m’envoie un sms sans queue ni tête : alcool ou téléphone complétement destroy qui a fini par rendre l’âme ? Appel manqué, je le rappelle : il me dit qu’il vient chez moi. Je pars de la soirée alors qu’il a enfin de la musique fun, un peu con mais bon j’ai envie de le voir. J’arrive chez moi, il est assis sur les escaliers devant ma porte, carrément bourré, il veut me faire un câlin dans l’escalier, pinte vide posée sur le paillasson. On rentre, il me fait marrer, là, tout bourré, à vouloir des câlins, c’est nouveau. Bon je ne vous l’apprend pas mais le combo bourré+capote c’est vraiment un échec garanti pour faire l’amour. Echec sur échec, il tente dans la nuit de remettre ça mais je le repousse. Franchement, je ne vais pas céder à ses demandes d’y aller sans protection et il me soule.
J-0
8h du matin, il me balance un « bon et si on parlait français ? on est quoi là ? qu’est-ce qu’on fait ». OK, cette fois je ne fais pas demi-tour mais j’y vais à tâtons « heu, je sais pas, c’est cool non ? je t’aime bien, on passe des moments sympas on peut continuer ? ». Je m’embrouille un peu dans mes explications, lui faire comprendre que je sais pas trop où j’en suis dans ma vie, que je peux rien lui dire de concret mais que je l’aime bien, sans faire la meuf trop à fond. Il fini par enfouir sa tête dans l’oreiller et j’entends un « je sens que je vais souffrir dans cette histoire » étouffé. On change un peu de sujet sans vraiment être arrivé à une conclusion. Je fini par craquer et on fait l’amour sans préservatif. C’est un carton rouge, un zéro pointé, je sais. Sous là douche, il me balance un « ne me regarde pas avec ces yeux là, des yeux d’amoureuse ». Je botte en touche « ne confond pas amour et désir ». J’ai peur de lui dire que je l’aime vraiment bien et qu’il prenne peur, on les connait les mecs hein.
Direction le Carrefour, on se fait à manger, ça chill devant la télé, on retourne au lit. C’est cool, la tension de cette nuit est retombée. On discute rando et notamment des Dolomites, je lui montre des photos d’il y a quelques années quand j’y suis allée. Il s’intéresse à la gueule de mon ex qui y figure dessus, OK why not. La journée passe et il fini par partir, as usual, petit bisou sur le front et un « à plus bisous rentre bien ». Merde, j’avais un dernier train à 17h40 pour rentrer chez mes parents mais c’est trop tard, va falloir que je prenne un avion qui coute la peau du cul. Flemme, c’est pas comme si on était au RSA en ce moment.
Le soir je vais voir l’Amour Ouf au cinéma avec des potes. C’est beau, c’est émouvant, les jeunes acteurs crèvent l’écran et moi je fonds en larmes. C’est beau l’amour putain. Je suis en train de réaliser ce que j’ai fait et je panique : même s’il n’y a que très peu de risques, je vais à la pharmacie pour récupérer une pilule du lendemain. C’est la deuxième que je prends dans ma vie, mais ça, c’est une autre histoire, avec un autre prince pas charmant, que je vous raconterai une autre fois. Je drop un petit texto à Jules pour lui dire que le film était grave bien.
J+2
Ça fait 2 jours que je suis chez mes darons. Jeremy ne m’a pas répondu, je relance un petit « alors ton weekend ».
J+5
Je suis soulée. Jeremy ne m’a toujours pas répondu, c’est officiellement un ghost. Je crois que je n’en n’avais jamais vécu des aussi violents, je crois que je m’en foutais un peu mais là, j’ai mal. J’ai mal à mon égo, un peu mal au cœur et mal au bide. C’est quoi ces mecs ptain. Demande de conseil à mes potes et je drop un dernier message, une dernière perche « Plus aucune news d’un jour à l’autre, c’est ça le projet du coup ? Je pensais que si tu voulais qu’on arrête de se voir tu aurais le courage de me le dire ». N’hésitez pas à réutiliser le prompt si vous aussi vous avez affaire à des chiens de la casse. Evidemment ça n’a pas mordu. J’espère qu’il ne m’a rien refilé ce vieux gars. Ce qui me choque le plus c’est que vraiment je n’attendais pas ça de sa part. C’était pas le profil type du ghosteur. Après visiblement, c’est monnaie courante maintenant, merci Bumble et Tinder d’avoir dématérialisé à ce point les relations amoureuses.
J+15
J’ai fait mes tests, je suis clean. J’attends mes règles un peu avec plus d’impatience que d’habitude en tout honnêteté. Not Thank You, but Next.
J'ai beaucoup aimé ton texte. Je trouve que le ton que tu emplois colle très bien au thème et contribue à ce que l'on soit emporté.
Bon par contre...j'espère pour toi que tout ceci n'est que pure fiction!
A bientôt