Jusqu'ici, tout va bien.

On ne peut jamais ouvrir en grand les fenêtres des hôpitaux et des cliniques. Vous savez pourquoi n’est-ce pas ?

« C’est l’histoire d’un mec qui tombe d’un immeuble de cinquante étages, et qui au fur et à mesure de sa chute se répète sans cesse pour se rassurer : jusqu’ici, tout va bien… jusqu’ici, tout va bien… jusqu’ici, tout va bien… mais l’important c’est pas la chute… c’est l’atterrissage ».

(Introduction du film « La Haine »)

Cette phrase squatte mon esprit et y tourne en boucle, m’usant les neurones, les plombant un par un. Et je n’entends jamais la fin : « … c’est l’atterrissage », parce que je la sens directement me broyer de l’intérieur, essayer de me réduire à l’état de bouillie pour bébé.

Sous mon crâne, valsant avec cette litanie et son finish, il y a aussi d’énormes rochers, ronds comme de petites planètes, qui menacent de m’écraser à n’importe quel moment. Une frousse terrible me retourne l’estomac lorsque je me vois obligée de jongler avec. Ils vont finir par m’écrabouiller, forcément, il ne peut pas en être autrement.

L’atmosphère est trop lourde, je sens la nausée qui me remonte dans la gorge. Cette pression qui m’écrase, anormale et insaisissable, m’empêche de réfléchir, d’agir. Comme si la gravité de mon putain d’univers s’était décuplée sans me prévenir.

Je suis asphyxiée par cette peur qui ne me quitte pas, qui me poursuit jusque dans ma réalité, au lieu de rester à l’état de cauchemar.

J’étouffe, j’écoute mon cœur s’accélérer.

J’étouffe, je sens mes larmes couler.

J’étouffe, j’ai envie de crier.

J’étouffe, j’ai besoin d’air.

J’étouffe.

OUVREZ CETTE PUTAIN DE FENÊTRE ! J’ÉTOUFFE !