J'ouvre mes yeux avec difficulté, luttant contre l’engourdissement qui s’est emparé de mon corps. Je suis baigné dans une obscurité impénétrable. Le néant. Y a-t-il un problème avec mes yeux ? Je les frotte de mes mains moites. Mes épaules et mes coudes se heurtent contre une épaisse paroi. Étrange. Je remue et tente de m'asseoir. Impossible.
Je suis enfermé dans une boîte.
Je suis coincé en position fœtale et très vite, chaque muscle de mon corps commence à me faire souffrir. Mon rythme cardiaque s'accélère dans ma poitrine ; je me mets à trembler. De crainte qu'on ne m'entende, je me répète en boucle et en silence, « du calme, du calme ». Je me concentre sur ces deux mots et tente de faire le vide dans mon esprit. Lorsqu'enfin je m’apaise, j'analyse la situation. Je n'ai absolument aucune idée de l'endroit où je me trouve, ni de la raison pour laquelle on m'a enfermé là. À vrai dire, je ne me souviens même pas de ce que je faisais avant de me retrouver ici. Dans l'espoir de découvrir un indice, je tends l'oreille, mais le silence est aussi impénétrable que l’obscurité. Je me recroqueville, tente de ne pas céder à la panique. Alors, sans vraiment m'en rendre compte, je me mets à fredonner une berceuse. Je ne me souviens pas des paroles, mais la mélodie est ancrée en moi aussi profondément que la voix douce et tendre qui me la chantait. Mon cœur s'apaise et je me rendors.
Je me réveille en sursaut. J’entends des voix étouffées, aux propos inintelligibles. Une voix en particulier, parvient à mes oreilles et me titille l'esprit. Elle m'est familière. C’est la voix de la berceuse. À l'extérieur, l'agitation est palpable. Que se passe-t-il donc ? Mon cœur repart de plus belle dans sa course effrénée contre la terreur et mes poumons se mettent à réclamer plus d'oxygène. Je me tortille et me recroqueville, la tête dans les genoux. Je n'ai pas le souvenir d'avoir jamais souffert autant; mon corps tout entier se contracte, tendu, et n'aspire plus qu'à une seule chose : respirer. L'idée de devoir rester enfermé ici une seconde de plus m'est insupportable.
En quête de liberté, je commence à donner des coups de pied vigoureux contre les parois de la boîte, espérant qu'elles se fissurent assez profondément pour me permettre de m'évader. Ma première tentative est un échec, mais je n'abandonne pas. Je regroupe mes dernières forces, assène des coups de pied à n'en plus finir. Allez, brise-toi ! Libère-moi !
Soudain, un cri. Mon sang se glace. D'où provient-il ? Ça avait l’air si proche. Quelle chose abjecte peut donc faire crier un être humain avec autant d'effroi ? Cette personne est-elle également enfermée dans une boîte ? J’arrête de m’agiter et ouvre la bouche pour l'appeler, pour lui dire qu'elle n'est pas seule, que je suis là, moi aussi, tout près, juste là ! Mais ma voix reste bloquée dans ma gorge. Je recommence à étouffer. Affaibli et frustré par tant d'efforts inutiles, je ferme les yeux et replonge dans l'obscurité, immobile. Je ne peux pas sortir d'ici, c'est tout bonnement impossible. Peut-être que si je me montre suffisamment patient, quelqu'un viendra me trouver, et m'expliquera enfin ce qu'on attend de moi...
Moi…Qui suis-je ? Stupéfait, je me rends compte que je ne me souviens pas de mon nom. Qui suis-je ? Et qu’est-ce que je fais là ? De frustration, je lance un dernier coup de pied.
Alors, sans prévenir, une fissure apparaît dans l'une des parois de la boîte et un faisceau de lumière agresse mes pupilles, m'aveugle. Je ferme les yeux aussi fort que je le peux alors que mes paupières se teintent d'une lueur écarlate. On m'extirpe de la boîte à travers la fissure et je me retrouve à l'air libre. Ah, enfin ! Besoin vital de crier, de toutes mes forces. De remplir mes poumons d'oxygène. Cet oxygène tant attendu qui me brûle les poumons. Une brûlure revigorante. Je hurle, et ça fait du bien.
Je me sens ballotté, passer de mains en mains. Je ne comprends pas ce qui m’arrive. Je suis maintenant au cœur de toute cette agitation. On me nettoie le visage, on m'enroule dans une couverture toute douce et toute chaude. Et puis, j'entends de nouveau cette voix, cette douce voix qui m’avait réveillé, alors que j’avais abandonné tout espoir de m’échapper. Cette douce voix qui chuchote à mon oreille "Bienvenue parmi nous, mon bébé.''
J'ai adoré ton texte, il est génial et l'idée est bien trouvée.
La chute est excellente, j'ai commencé à me poser des questions quand tu as fait allusion à la voix de la berceuse, puis ai à moitié deviné quand tu as parlé de coups de pieds.
C'est très fluide et bien écrit, bravo à toi, tu as une belle plume :)
Merci pour cette belle lecture, au plaisir de te lire !
Fy
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C’est avec ce texte que je découvre ta plume. Il est très court, mais il ne manque rien. C’est très intéressant de présenter les choses de cette façon. Contrairement à d’autres, je n’ai pas deviné la chute à l’avance. Tu as bien su rendre l’atmosphère oppressante et le soulagement qui suit. Je trouve que ce récit est bien construit et j’aime bien ton écriture.
Au niveau de la forme, je suis une pinailleuse, alors voici un petit relevé.
Coquilles et remarques :
Etrange /A vrai dire / A l'extérieur [Étrange / À ; l’Académie française recommande de mettre les accents sur les majuscules parce qu’ils ont pleine valeur orthographique.]
Je remue et tente de m'assoir [m’asseoir]
je me répète en boucle et en silence [Dans les incises, il faut faire l’inversion du verbe et du sujet. Je comprends qu’ici, tu ne veuilles pas écrire « me répété-je ». Tu peux ruser par exemple comme cela : < « Du calme, du calme », c’est ce que je me répète en boucle et en silence, de crainte qu'on ne m'entende. >. Tu peux aussi ordonner différemment la phrase : < De crainte qu'on ne m'entende, je me répète en boucle et en silence :« Du calme, du calme ». >]
mon corps tout entier se contracte, tendu et n'aspire plus qu'à une seule chose [Il faudrait mettre « tendu » entre deux virgules. / Il me semble qu’il y a un espace de trop avant « mon corps ».]
assène des coups de pieds à n'en plus finir [coups de pied ; comme tu l’as écrit ailleurs. Si tu veux insister sur le fait que cette fois, c’est avec les deux pieds, tu peux le préciser.]
Peut-être qu'en me montrant suffisamment patient, quelqu'un viendra me trouver, et m'expliquera enfin ce qu'on attend de moi... [Syntaxe : après « Peut-être qu'en me montrant suffisamment patient », tu dois continuer avec « je ». Je propose : « Peut-être que si je me montre suffisamment patient »]
Stupéfait, je réalise que je ne me souviens pas de mon nom [« je me rends compte » ou « je m’aperçois » ; dans cette acception, le verbe « réaliser » est un anglicisme à éviter.]
une fissure apparait dans l'une des parois de la boîte [apparaît ; comme tu conserves l’accent circonflexe dans les autres mots, il faut le mettre ici aussi par souci de cohérence. Les rectifications orthographiques de 1990 autorisent à omettre les accents circonflexes sur les « i » et les « u ». Exceptions : les terminaisons verbales du passé simple (ex. : « nous vîmes », « vous lûtes ») et du subjonctif (ex. : « qu'il partît », « qu'il eût voulu ») ; dans « jeûne(s) » (le fait de jeûner), les masculins singuliers « dû », « mûr » et « sûr », et les formes de « croitre » qui, sinon, seraient homographes de celles de « croire ».]
Je ferme les yeux aussi forts que je le peux alors que mes paupières [aussi fort ; ici, « fort » a valeur d’adverbe. / Il me semble qu’il y a un espace de trop avant « mes paupières ».]
Je me sens balloté, passer de mains en mains [ballotté]
Voilà. (Pas taper.)
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J'apprécie grandement que tu aies passé tant de temps à relever toutes ces erreurs et surtout, à les expliquer. Je tâcherai de bien tenir compte de tes remarques sur la syntaxe et le choix du vocabulaire dans mes futurs écrits :)
Tu as très bien réussi à retranscrire cette atmosphère d'opression et de panique, bref j'ai beaucoup aimé !
J'adore ton idée de personnage de boite à musique, ça pourrait donner une histoire génialel !
Merci pour ton commentaire Elyon :3