La déroute

Il serait faux de dire qu’elles ont pris le pouvoir. On leur a donné. Nous n’étions plus assez nombreux pour peser dans la balance, tout simplement. 
Sur ce coup là, la testostérone avait tout emporté. A force de se prendre pour des supers héros aux pouvoirs illimités, à force de se balancer les bombes gonflées de nos égos, il ne restait plus grand nombre d’entre nous.

A des kilomètres à la ronde, nos corps déchiquetés jonchaient le sol. Partout, c’était le même spectacle macabre. On servait d’engrais à une nouvelle ère. 
Nous avions bien essayé de résister un peu histoire de garder une part du gâteau. Quand je dis nous c’était ceux du monde d’avant la déroute. Ceux qui avait le droit d’avoir le choix, et qui s’était payé le luxe de rentrer de la bataille et oui on était encore suffisamment influent pour cela. C'était notre dernière carte chance au Monopoly de l'existence.

Certes, j’étais rentré un brin diminué. Mais j’étais vivant. Les autres, les pauvres étaient morts nombreux au combat et ceux revenus n’étaient plus vraiment en état de faire quoi que ce soit. La guerre avait fait bien des dégâts.

En politique, on avait tout testés, sauf des femelles au pouvoir. Après des siècles d'errance forcée, elles en avaient soupé. Elles étaient plus que prête à remplacer notre masculinité toxique auto détruite. L'autre moitié de la populace, celle qui n'avait rien demandé était fatigué de payer les pots cassés, usé d'écouter nos salades sur disques rayés.

On allait créer un nouveau monde, un monde meilleur, plus juste. De toute façon, il ne restait plus grand chose, des murs d'immeubles édentés, des sols éventrés. Une nature qui nous faisait sentir que l'on n'était plus les maîtres à bord. L'atmosphère alourdit du sel de toutes les femmes qui avaient vu leurs enfants crevés. Des  nuages gris perpétuels au dessus de nos têtes. Nous n'avions même plus comme perspective la couleur du ciel. L'humanité était a terre.

On parlait de miracle en sous marin seul vestige encore debout la grande bibliothèque avait été épargné,  la connaissance dans les livres.  Nos souvenirs dans le regard des femmes. Elles s'était terrées loin des grandes villes pour celles qui avaient pu s'enfuir. les autres avait vécu en sous sol presque à l'abri des bombes et de la folie des hommes.Lorsque les bombes, les cris, les rales et les pleurs des suppliciés avait cessé. Elles étaient sorties.

Voila ce qu'il restait de nous, des femmes, des livres tout un tas et une poignée d'homme plus ou moins valide et plus ou moins stériles.

Internet etait retourné dans le vortex d'où il était sorti. Pour elles, qui avaient pris les choses en main, ce n'étaient pas une priorité. Non dans un désir de controle, c'était pour laisser  le monde reprendre sa ronde en vitesse lente. Selon elles, nous n'avions pas besoin de plus. L'essentiel était dans les livres, dans la transmission entre vivant. La proximité, le contact. Tout ce que l'on avait négligé et perdu dans le monde d'avant. Elles se sont remis a cultiver les champs. Parce qu'avec nos conneries de courses au profit, on avait perdu le sens de la terre. En revanche, on a comprit le sens du mot lenteur. On a eu le temps d'avoir faim, on a eu le temps d'avoir peur, on a eu le temps d'avoir froid, on a eu le temps de voir les plus faibles dépérir. On a continué à cotoyer la mort dans le monde d'après.

Il nous restait un but commun, survivre. Alors on a cultivé la patience. On est revenu au basique. Il fallait nourrir l'essentiel. L'âme et le réel. On communiquait comme on pouvait, on se déplacait à pieds, à cheval ou à vélo, en attendant que l'on remette toute une civilisation en marche.

Alors on leur a donné les clés de l'Elysée, les portes de l'assemblée se sont ouvertes sur deux hémisphères qui arrivaient à se regarder sans se sauter à la gueule. Ca avait de l'allure. Une "dame" de 25 ans a été élu. Aucun titre pompeux pour la désigner. C'était juste la dame au même titre que les milliers d'autres qui ont ecouté sont discours d'investiture avec ferveur à la radio. Tout ce qui est arrivé on le lui doit.

De mon point de vue d'ancien politique cynique elle etait aussi percutante que bandante .Elle a fait de notre vie, nous les hommes aptes, un long tunnel à l'issue incertaine.

Cela faisait naitre l'espoir partout. C'etait bien c'était nouveau. L'entrain de la nouveauté contre le déclin de l'ancien. Des femmes unies comme un seul homme. Ces femmes lisaient, ces femmes écrivaient, ces femmes n'avaient plus besoin de nous, ces femmes nous faisaient taire. On ne faisait plus le poids. Puis assez vite, certaines ce sont questionnées  sur le rôle des hommes, sur leur place dans cette société qu'ils s'etaient évertués à dominer. Il ne fallait plus jamais que cela se reproduise. Il fallait tirer les lecons du passée.

C'etait martelé, répété pour que cela rentre dans la tête des gens. C'etait une marotte entêtante, pleine de sens sutout lorsque l'on vit dans la boue. Comme nous n'avions plus de rôle quelle était donc notre place? La réponse fut vite trouvé. On en a fait des débats télévisés sur les chaines qui restaient, celles que l'on arrivait encore a diffuser. Elles ont osées le référendum c'est là que notre sort a été scellé. Faire semblant de demander au peuple alors que la réponse était déjà toute trouvé. C'était de nous ca à la base!

L'idée est sorti de l'hexagone, elle a fait son chemin, c'est très vite devenu virale. Comme une pandémie mais moins meurtrière!

Quand j'ai commencé à me dire que ca sentait le roussi, ma femme avait déjà fait ses valises avec mon petit bonhomme sous le bras. Elle en avait eu marre de moi, de mon desespoir à perdre le pouvoir, de ce combat perdu d'avance qui sentait le rance. Je ne l'avais pas ménagé par le passé, elle a juste saisit l'opportunité de vivre ailleurs que dans l'ombre d'un politique qui croyait tous savoir parce quil avait l'habitude de tout avoir.

La baisse de natalité et la fertilité en déclin est devenue une fatalité a contrer une urgence a neutraliser. Elles se sont dit qu'un mec qui n'était pas apte à travailler pouvait etre bon à relancer l'humanité apres avoir contribué à la pietiner. Les autres les valides avaient le droit de travailler, ils etaient a peu près libre de choisir leur vies tant que c'etaient dans le respect. Nous devions filer droit!

A leurs yeux, c'etait un juste retour des choses. Ces héroines, ces nouvelles amazonnes étaient occupées à reconstruire ce que l'on avait démolit, à légiferer ce que l'on avait passé du temps a dezinguer, a soigner chaque putain de pan de notre société minée, a éléver les enfants que l'on avait abandonné. Enfin ceux qui restait...

Ton identité, ta couleur  importait peu, ta valeur résidait dans ta semence et sa vigueur. C'etait une autre avancée, on ne te jugeait plus sur le faciès sur la beauté, si tu avais un sexe en état de marche, tu etais apte. Si tes spermatozoides étaient fringuant, tu etais apte.

Un monde nouveau... Nous étions dedans jusquà l'os.

Un soir de grande écoute à la radio " la dame" a enfoncé le clou

"Les hommes avaient bien prouvés les siècles précédents qu'ils etaient passés maître dans l'art de baiser les femmes. Alors il était temps de mettre en pratique nos talents... pour la nation".

Voila comment ont été définis notre rôle et notre place dans la société. On devenait en quelques sortes des hommes bon à marier.

Quelques voix humanistes se sont fait entendre. On touchait à la liberté de l'autre, on mettait en place un système à la morale douteuse.

La dame pragmatique avait retorqué qu'elle le concevait mais que chaque personne personne vivante devait contribué a relancer, a guérir, rendre la nation plus forte. Valide ou non, apte ou non. C'etait nos obligations en tant que citoyen. Nous n'avions plus la technologie, nous nous battions contre des epidemies, la nature avait repris ses droits. Non seulement nous n'étions plus de taille mais nous n'avions ni le temps ni le luxe d'attendre que la machine se remette en marche.

Elle laissait une porte de sortie au reticent, l'isolement loin du groupe. J'avais perdu mes bras lors des dernieres batailles cela sonnait comme la galère en solitaire ou la mort au tournant. Cétait comme jouer à la roulette russe avec un barrilet remplit. Les voix s'étaient tus.

On avait perdu alors que nous avions créer ce jeu. C'était devenu légale, et pour nous les inaptes au travail  en quelque sorte létale. J'en soupconnais certaines d'avoir aimé nous rendre la monnaie de notre pièce. Elles pouvaient s'identifier, voir ce que cela faisait de se glisser dans le costume du pouvoir.

Il y'avait tout de même des exceptions, elles ne touchaient pas au plus jeune, elles voulaient les laisser grandir normalement. Elles leur laissaient l'opportunité de ... De quoi? Et bien de devenir autre chose que nous. Si tu étais transgenre, homosexuels, tu étais aussi dispensé, c'etait la revanche de l'histoire sur une bande de tocards qui avaient fini par revêtir la peau des outsiders.

La vie a le sens de la farce tout de même, vu de la elle pouvait même passer pour une foutue garce.

On ne nous écoutait plus, notre avis ne comptait plus. Nous étions plus apte à décider, juste apte à procréer.

Après avoir passé 40 à me comporter comme un homme un vrai, pas le meilleur, je l'avoue. Je n'allais pas déroger à la règle. J'ai essayé d'endosser le costume d'une catégorie que je tolérais à peine à l'époque. Etre gay ne me paraissait plus si innaceptable, cela devenait même une position enviable. Tant que je pouvais éviter le devoir pour la patrie, j'aurai pris la peau de n'importe qui.

C'était sans compter sur les femmes que j'avais quelque peu bousculé, cocufié, avilie. Elles se sont rassemblées en meute vengeresse. J'ai été dénoncé, politique, narcissique, arrogant, un brin charmeur dans ce monde là, ce n'était plus vraiment vendeur.

La nouvelle génération aurait surement trouvé un hashtag viral, juste pour célébrer ma trogne de nouveau loser. Heureuse fut ma dignité, les réseaux sociaux n'avaient plus lieu d'être.

Avec d'autres hommes invalides, nous nous etions regroupé, nous nous entraidions, nous palions les manques en revivant l'histoire. Elles sont venues nous chercher un matin. Pour nous emmener dans les maisons du devoir. Une facon un brin communiste de désigner, nos nouveaux habitats. Certains se disaient que quitte a être utile ce n'était pas si mal. ,Moi je trouvais cela indigne, j'avais des principes, je voulais avoir le choix, j'avais l'habitude de choisir mes conquêtes, un truc avec mes instincts de chasseur primitif peut etre.

Ma premiere danse, je l'appelle comme ça pour garder le côté romantique de la première fois. C'était avec Danielle, 40 ans. Elle paraissant timide presque timorée, son mari était mort sur le front russe je crois. J'ai compris quand les femmes parlaient de siéeration, d'être étranger à son propre corps. C'est fou ce que ca donne comme idée un estropié,  elle n'était pas si timide que ça Danielle...

Vous me direz que j'étais du mauvais côté de la barrière, forcément je trouvais tout cela indigne.  Je vous repondrais alors qu'elles n'ont pas fait mieux, elles ont utilisés les même ficelles. Vous me direz aussi que cette nouvelle société à changé les choses à bien des égards,  je vous répondrais encore que l'on était le prix a payer, que l'on était des points de details traités comme du bétails. Vous me direz que ce n'était pas parfait mais que l'on a eu le mérite d'essayer. Sûrement...je suis a court d'arguments.

En réalité, j'ai la lucidité de penser que l'on aurait fait pire, nous les hommes, mais je n'ai pas l'honnêté de le dire à voix haute.

Je suis l'un des derniers, on a réussi à sortir de nos maisons du devoir. Les reproducteurs de la nouvelle ère avaient mérité une retraite dorée. La vérité était qu'après 20 ans, la machine de l'humanité avait été relancé, on a été remercié puis liberé. Il est encore trop tôt pour dire ce que l'on fera de cette nouvelle chance. Et moi je suis trop vieux pour espèrer autre chose que du repos.

Je ne sais pas quand on trouvera ce que j'ai écris sur ce temps là. J'ai posé mes ratures et fêlures sur ces feuilles de papiers quand je rêvais d'évasion entre deux tentatives de procréation.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Lueur_Songeuse
Posté le 19/05/2023
J'adore ce texte, il m'a donné des frissons grâce à sa manière d'amener l'idée des viols sans le dire explicitement.
Le mélange poétique/langage "des rues" contribue à le rendre très actuel.
Je ne peux m'empêcher d'attacher au protagoniste le visage de certains politiciens notables de notre temps...

J'avais une question (par pure curiosité), quand a lieu l'apocalyspe évoqué dans le texte, en terme d'année ?
Nephtys17
Posté le 22/05/2023
Hello :-)
Pardon pour ma réponse tardive!
Merci pour ton retour et tes ressentis. C’est très instructif pour une débutante comme moi d’avoir des retours comme le tien. C’est encourageant.
En toute sincérité, et au risque de décevoir j’ai écris ce texte un soir sans vraiment savoir où j’allais. C’est sorti de ma tête et j’ai suivi l’inspiration sans réflexion, ni plan… 🙈
A.W. Zephyrus
Posté le 19/01/2023
Eh bien... voilà un chapitre fort fort intéressant ! Il est très bien raconté je trouve. Je n'ai pas d'énormes références ni assez de chapitres pour juger de l'œuvre entière, mais ce début à des airs très nets de roman classique (je précise ma pensée pour les puristes) dans l'atmosphère qu'il installe.

La façon dont l'histoire est déroulée, le phrasé du personnage, l'ambiance sombre des histoires dont on sent qu'elles sont déjà écrites et qu'elles se terminent sans doute mal, mais qui malgré tout nous défient de tourner les pages (ou en l'occurrence, de scroller vers le bas).

Ce n'est pas vraiment mon genre mais je salue la performance et, ne serait-ce que par curiosité, passerai aussi lire le deuxième chapitre.
Nephtys17
Posté le 23/01/2023
Hello :-)
Merci pour ton avis encourageant. Je dois avouer que je ne sais pas si suite il y aura.
Même si il pourrait y avoir plusieurs pistes d’évolution, je ne me mets pas la pression. Et on verra comment vient l’inspiration.
Je vais déjà terminer ce chapitre là et advienne que pourra ☺️ merci encore de m’avoir lu c’est enrichissant d’avoir vos avis.

!Brune!
Posté le 15/01/2023
Bonjour,
Un pitch accrocheur et un premier chapitre extrêmement court, préambule synthétique et plutôt percutant.
On a envie d'en savoir plus sur l'univers apocalyptique dont tu traces les grandes lignes dans quelques paragraphes rythmés et très sombres.
Par contre, je n'ai pas compris la phrase :"En politique, on avait tous testés, sauf des femelles au pouvoir." Ne serait-ce pas "tout testé"?
Amicalement,
Brune
Nephtys17
Posté le 15/01/2023
Bonsoir Brune,

Je te remercie d’avoir faire un arrêt par ici! Et merci pour ton commentaire encourageant.
Le chapitre n’est pas encore fini, je dois encore relire certaines parties et en corriger quelques autres.
Je voulais poser le début de l’histoire, histoire de me mettre un petit coup de pied aux fesses et arrêter de me planquer derrière mon ordi.
Tu as tout à fait raison pour l’erreur que tu as relevé. Je la corrige de ce pas!
A bientôt
Béatrice
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